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Pécresse et Fioraso balaient Hagège et Michel Serres

La mort du français à l’université

En nommant Geneviève Fioraso ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Hollande savait très bien qu’en confiant cette responsabilité à une femme d’affaires, il poursuivait et amplifiait la démarche de Pécresse, elle-même fille d’un universitaire homme d’affaires. Hollande n’a beau avoir la finance que pour « seule ennemie », la financiarisation de l’université va se poursuivre de plus belle avec les Solfériniens. Pour ce faire, il convient, entre autres, de mettre au rancart la seule arme dont disposent les gens de culture, chez nous comme ailleurs : la langue. Remiser le français, l’italien, l’espagnol, l’allemand etc. au profit du globish, de la langue de Wall Street. Fioraso a prévenu : s’ils ne basculent pas partout et tout le temps vers l’anglo-américain globish, les universitaires français se retrouveront « à cinq à discuter de Proust ». On sent bien que le mépris que voue cette personne aux enseignants du supérieur n’a d’égal que celui qu’affichait Sarkozy qui, lui au moins, avait l’excuse d’avoir raté ses études, de la 6ème au DEA.

Ci-dessous une remarquable analyse de Philippe Arnaud sur quelques minutes consacrées par le Journal Télévisé de France 2 à un basculement qui va contribuer à faire de la France une colonie, non pas des États-Unis, mais du monde de la finance.

LGS

* * *

Je m’arrête ici sur un sujet du journal de 20 h du mercredi 15 mai, par David Pujadas. Ce sujet (traité un peu après 20 h 23, comme l’annonce Pujadas) avait pour sujet : "Cours en anglais, la polémique à l’université".

On a, d’abord, une présentation générale de plusieurs sujets, parmi lesquels celui-ci, dont voici le chapeau : "A suivre : renoncement ou pragmatisme ? Faut-il développer les cours en anglais pour attirer les étudiants chinois ou indiens ? Le projet de loi enflamme les défenseurs de la langue française". Puis, après la présentation d’un autre sujet, Pujadas passe à celui qui nous occupe :

David Pujadas : "Dans l’actualité également, cette polémique, très vive, qui a trait à la défense du français et à l’évolution de l’Université. Le gouvernement souhaite, vous le savez, rendre notre enseignement supérieur plus attractif auprès des étudiants étrangers, et une nouvelle loi va élargir, même si c’est à la marge, les cours en anglais. Alors, faut-il parler d’opportunité, ou de sabordage de la langue ? Le projet, en tout cas, met en émoi une partie de la sphère intellectuelle : certains crient au scandale, d’autres estiment que c’est une chance pour la France. Enquête : Anne Ponsinet avec notre bureau à Toulouse".

[Dans une salle, d’une soixantaine de personnes, on voit un jeune professeur dire : "Good afternoon, everybody".] Anne Ponsinet : "Les étudiants sont français, le prof est néerlandophone. Mais, en mastère, depuis cinq ans, dans cette école de commerce, les cours se font en anglais même quand l’enseignant est français, c’est comme une évidence.

Un étudiant : "Il y a un vocabulaire spécifique à apprendre, qu’on n’a pas l’habitude de maîtriser dans la vie de tous les jours, mais... on se forme... à force d’entendre, on finit par ne plus faire vraiment la différence".

Le professeur [traduction du propos qu’il tient en anglais] : "Ils veulent faire une carrière dans le commerce, alors il faut parler la langue du commerce et c’est l’anglais. Ce n’est ni le néerlandais, ni l’espagnol, ni l’allemand, c’est l’anglais."

Anne Ponsinet : "Dans le sillon des écoles privées, l’université aussi s’est mise au cursus en anglais. Comme la très prestigieuse école d’économie de Toulouse. Ici aussi, on veut les meilleurs profs, quitte à faire des infidélités à la francophonie."

[Ici, intervention de Bruno Sire, président de l’université de Toulouse I : "Dans mon université, on a à peu près 10 % de notre corps enseignant qui est étranger et qui ne maîtrise pas suffisamment la langue française pour enseigner correctement en français. Donc, ces gens-là, j’ai besoin de leur permettre d’enseigner en anglais ou dans leur langue d’origine, et donc, si on m’interdit de le faire, ces gens ne viendront plus en France et ça sera une perte sèche pour nos équipes de recherche.]

Anne Ponsinet : "Pour ces universitaires, c’est une évidence, la loi doit autoriser ces cours en langues étrangères, aujourd’hui seulement tolérés. [Ici, changement d’écran, on passe d’une salle de classe à l’Assemblée nationale.] Idée combattue au contraire cet après-midi par l’UMP Jacques Myard, au nom de la défense du français"].

Jacques Myard [qui, ironiquement, s’adresse au Premier ministre en anglais] : "Mr Prime minister, I wish to ask you a question".

Anne Ponsinet : "Interpellé sur son renoncement à défendre sa langue, la ministre répond au nom de l’attractivité des universités françaises".

Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : "Pour accueillir les étudiants des pays émergents, la Corée, l’Inde, le Brésil, dans les matières scientifiques, économiques, techniques, qui, aujourd’hui, ne viennent pas en France, ils nous le disent, à cause de l’obstacle du langage."

Anne Ponsinet : "Loin de l’hémicycle, le philosophe Michel Serres s’inquiète de son côté de voir sa [accentué sur "sa"] langue française déserter certains domaines scientifiques ou techniques à l’université".

Michel Serres : "Dès lors qu’une langue ne peut plus tout dire, elle est virtuellement morte. C’est-à-dire, une langue n’est vivante que quand elle peut tout dire. Et par conséquent d’enseigner certains types de techniques, certains types de sciences, certains types de spécialités dans une autre langue, enlève à la langue les corpus correspondants. Et par conséquent, elle ne peut plus tout dire, elle est donc virtuellement morte".

Anne Ponsinet [Ici, vue d’un laboratoire, avec deux jeunes gens]. "Le bruit de la polémique est parvenu jusque dans ces labos de génétique de l’université Paris-Diderot. Mais cela n’ébranle pas ces étudiants, venus de partout. Ils communiquent en anglais mais chacun a derrière lui de longues années de formation dans sa langue maternelle. La loi elle-même prévoit de réserver l’enseignement en langues étrangères à un nombre

David Pujadas : "Bonsoir Claude Hagège, vous êtes un linguiste renommé, professeur au Collège de France, et vous êtes opposé à ce projet de loi. Trois questions : est-ce que ça ne fait pas partie, tout de même, du rayonnement de la France que d’accueillir davantage d’étudiants de ces puissances émergentes, qui seront, de toutes façons, immergés dans la culture et la langue françaises ?"

Claude Hagège : "Cet argument ne serait convaincant que s’il était certain que c’était la raison principale pour laquelle les étudiants étrangers viennent en France. Or la raison qui amène des étudiants étrangers dans un pays, c’est non pas la langue dans laquelle l’enseignement y est dispensé, mais la qualité de cet enseignement. Jusqu’ici, que je sache, dans un grand nombre de disciplines de pointe, la qualité de l’enseignement en France est excellente et reconnue mondialement, premièrement. Deuxièmement, le français est une langue à vocation internationale depuis le XIIe siècle, et par conséquent la France est bien le dernier pays qui peut l’admettre pour d’autres pays dont la langue ne rayonne pas dans le monde entier – qui peut vouloir ouvrir ses portes à l’anglais alors que le français est lui-même une langue à vocation mondiale. Pourquoi diable irait-on se faire hara-kiri et pourquoi est-ce qu’on donne cet argument, qui n’est fondé sur rien de sérieux, selon lequel les Indiens et les Chinois... - les Chinois, parlons-en ! Il existe en ce moment, 1400 instituts Confucius [Hagège prononce le mot en chinois et le répète à la française], la Chine, par conséquent, développe des efforts considérables, financés par des moyens énormes, pour répandre sa langue. Et nous, nous devrions, sous prétexte d’accueillir des étudiants chinois, saborder la nôtre : qu’est-ce que c’est que cette plaisanterie ?

David Pujadas : "Mais, est-ce qu’on ne risque pas, tout de même, d’avoir une université 100 % française mais un peu marginalisée ? Vous citez des étudiants chinois par exemple qui parlent français, mais ça n’est pas le cas de tous ces étudiants. Est-ce qu’il ne vaut mieux pas les avoir en France même si leurs cours, et seulement leurs cours, sont parfois en anglais ?

Claude Hagège : "Les étudiants qui viennent en France savent que la langue nationale, et officielle, de ce pays, est le français. Et, par conséquent, si ce qui les attire, c’est la vraie, et bonne et seule raison, à savoir la qualité de l’enseignement, ils apprennent le français, un point c’est tout ! Je ne vois pas pourquoi on devrait aller au-devant de cette nécessité, à supposer que, véritablement, ça attire les étudiants. D’autre part, si on veut vraiment s’assouplir en essayant de s’ouvrir à ces suggestions, il faudrait voir ce qui se passera, de manière prospective, dans les trois ou quatre ans à venir, c’est-à-dire tirer les conclusions de ce que cette loi, si elle était votée, par le Parlement - ce qu’à Dieu ne plaise - aurait permis d’attirer comme nombre d’étudiants étrangers. Tant qu’on n’en sait rien, c’est un pur pari sur l’avenir. Pour le moment, si on se fonde sur le présent, la France a 13 000 étudiants étrangers et elle se place, sur ce plan, très très bien. Le ministère prétend que on pourrait passer à un rang encore plus avancé, plus près du premier, en donnant grâce à cette loi, audience à l’anglais. En fait, on n’ose pas l’appeler l’anglais, on l’appelle langue étrangère. Jamais, sous langue étrangère, il s’agit, comme ça devrait être le cas, de l’italien, de l’allemand, du russe, de l’arabe, des [accentué sur "des"] langues étrangères. Il s’agit, sous le nom de langue étrangère, de manière hypocrite, de l’anglais seul..."

David Pujadas [impatient et un un peu narquois] : "Merci..."

Claude Hagège : "Mais, par conséquent, pourquoi voulez-vous qu’on soit... allo..."

David Pujadas : "Terminez votre phrase..."

Claude Hagège : "Pourquoi voulez-vous que l’on soit ouvert à une langue qui a pour vocation un impérialisme absolu ? Ce pourquoi je lutte moi-même, cher monsieur Pujadas, ce n’est pas le français seul, c’est la di-ver-si-té ! L’anglais est une menace mortelle pour la diversité ! Nous luttons, ceux qui sont contre cette loi, non pas pour le français seulement, mais pour la diversité des langues, c’est-à-dire pour quelque chose qui permette à notre univers d’être autre chose qu’un univers absolument effroyable...

David Pujadas [dont l’impatience est montée d’un cran] : "On a compris..."

Claude Hagège : "...Une menace redoutable, sur ce plan..."

David Pujadas : "On a compris votre point de vue... ! Merci, Claude Hagège, d’avoir répondu à notre invitation !"

Remarque 1. Cette remarque porte sur le vocabulaire et l’utilisation de certains mots.

- D’abord, celui de "pragmatisme" : le pragmatisme, dans le jargon de droite (ou néo-libéral), c’est ce qui est opposé à l’idéologie (synonyme de gauche). Le pragmatique, c’est celui qui recherche l’utilité et l’efficacité et, par glissement de sens, celui qui prend les choses telles qu’elles sont et ne cherche pas, au nom des "idéologies", à les changer. Par exemple une usine qui pollue exige d’énormes investissements pour être propre, mais si l’Etat exige ces investissements, les actionnaires délocaliseront l’usine sous des cieux moins intolérants. Alors on est "pragmatique", on n’exige rien : les ouvriers auront toujours le SMIC en salaire et le cancer en prime.

- Puis le "100 % français". Le "100 % français" est une variante, une déclinaison du "franco-français" qui, dans le langage des "élites" (mondialisées, anglophones et néo-libérales) signifie conservation de coutumes bizarres, ringardes, et, surtout, inconnues partout ailleurs, comme le smic, la Sécu, le syndicalisme politisé, le statut de la fonction publique ou la fidélité à l’ordonnance de Villers-Cotterêts (promulguée en 1539 par François Ier et qui imposait l’usage exclusif du français dans l’administration et le gouvernement en lieu et place du latin).

- Ensuite, les mots qui composent le membre de phrase "émoi [dans] une partie de la sphère intellectuelle". Il faut voir quel effet - et, surtout, quel effet négatif - est donné à cette accumulation de mots, en commençant par le dernier :

- 1. Intellectuel, est un terme qui, dans une large partie de l’opinion (générale à droite, bien représentée à gauche) a une connotation négative. L’intellectuel, c’est celui qui est "éloigné des réalités", celui qui "pédale dans la semoule", celui qui "se masturbe l’esprit", celui qui est payé - généreusement - par des contribuables travaillant dur, et qui, en échange, fournit des élucubrations, voire crache sur ces contribuables.

- 2. La sphère évoque une forme parfaite, idéale [conforme aux idées éthérées, irréalistes, des "intellectuels"] et une idée d’éloignement (les hautes sphères), ou d’isolement (on est dans sa sphère comme on est dans sa bulle, la bulle ayant, bien entendu, une forme sphérique). Si un intellectuel est déjà à une distance interplanétaire de la population, une "sphère intellectuelle", elle, en est à une distance interstellaire...

- 3. Au cas où on n’aurait pas compris la quantité négligeable qu’est cette "sphère intellectuelle" opposée à la loi, on précise qu’il ne s’agit que "d’une partie" d’entre elle. Autrement dit, pour filer la métaphore astronomique, cette sphère, ce n’est même pas Jupiter, c’est juste l’astéroïde Phobos, qui gravite autour de Mars.

- 4. Enfin, l’émoi. L’émoi, ce n’est pas l’émotion. L’émotion est forte et est suscitée par un évènement traumatisant. Les enfants qui ont vu un adulte se suicider ont eu une émotion. La grenouille de bénitier qui a vu le sexe de monsieur le curé a eu un émoi. L’émoi – par rapport à l’émotion – a une connotation d’affecté, d’exagéré, de ridicule. L’émotion, c’est ce que ressentent les Marseillais qui en sont à leur troisième meurtre depuis le début de l’année, l’émoi, c’est le lot des personnages de "La cage aux folles"...

Remarque 2. La minimisation de la chose.

- Au cours de la présentation, tout est fait pour minimiser l’ampleur (et surtout, les conséquences) de la loi : "c’est à la marge", "l’enseignement en langues étrangères sera réservé à un nombre limité de formations". [Décryptage : puisque c’est marginal, pourquoi tous ces intellos viennent-ils nous "gaver" avec leurs lubies ?].

Remarque 3. La force majeure devant laquelle on doit s’incliner.

- De même qu’Alain Madelin, jadis, ou Laurence Parisot, récemment, pour nous faire avaler le brouet néo-libéral, le comparent à des réalités physiques (la pluie, l’orage) ou humaines (la mort, la maladie, la fin de l’amour), aussi naturelles qu’inéluctables [sous-entendu, même si ça ne vous plaît pas, il faudra bien que vous l’acceptiez - ce qui constitue, d’ailleurs, un aveu de faiblesse idéologique], de même tout est-il fait, ici, pour imposer le sentiment de l’inéluctable :

- "Les cours se font en anglais, c’est comme une évidence..."

- "La langue du commerce, ce n’est que l’anglais..."

- "Si on n’autorise pas l’anglais, les Brésiliens, Indiens, Coréens, ne viendront pas..."

- "C’est tout de même le rayonnement de la France...", "de toutes façons, ils seront immergés". [On notera que ce dernier "argument" est une application de "l’argument dit du pire" : oui, nous sommes immondes, mais, de toutes façons, si nous ne l’étions pas, d’autres le seraient à notre place. Oui, c’est mal d’exploiter les ouvrières bengalies, mais si ce n’était pas nous, ce seraient les Japonais, Alors, pourquoi se gêner ?].

Remarque 4. La présentation des intervenants des deux parties.

- Tout est fait pour donner, dans cette présentation, une image valorisante de la loi et dévalorisante de ses opposants.

1. Les images présentent des étudiants jeunes, des professeurs jeunes (ils sont l’avenir, le dynamisme), alors que les opposants sont des "vieux". Jacques Myard, le plus jeune (66 ans) est filmé dans un cadre (l’Assemblée nationale) et une tenue (costume-cravate) qui, psychologiquement, ajoutent à son âge. Michel Serres (83 ans) et Claude Hagège (77 ans) même s’ils sont toujours très vifs, très incisifs, ne peuvent dissimuler leurs années.

2. Certes, à l’inverse, Bruno Sire, le président de Toulouse 1, n’est plus tout jeune (62 ans), mais il est filmé dans son bureau de l’université [décryptage : il fait partie des actifs, "lui", il intervient dans le cadre de sa fonction, lui, il répond aux "vrais" besoins des étudiants, il est "pragmatique"], alors que Michel Serres, par exemple, est manifestement filmé chez lui.

[Décryptage : intervenant de chez lui, il ne peut intervenir que pour une raison privée, personnelle, pour une lubie de vieux, une lubie qui voudrait qu’on appelle les mails des courriels ou qu’on dise "en direct" au lieu de "en live". Ce qui est bien souligné par l’insistance sur le possessif "sa" (de "sa" langue) : la langue de Serres, ce n’est pas la langue des jeunes, c’est la langue du passé]. Même chose pour Claude Hagège : il intervient à l’extérieur, dans un lieu qui a l’air d’être une cour intérieure (arbres, pelouses) entre deux immeubles modernes. [Décryptage : quand on travaille, on est à l’intérieur. Quand on est dehors, c’est qu’on se balade, qu’on baguenaude, qu’on est hors du coup...].

3. De même, pendant que Claude Hagège répond à David Pujadas, on voit l’écran se partager et Hagège ne plus occuper qu’un quart de la surface de l’écran, pendant que, sur les trois autres quarts, en juxtaposition, apparaissent les étudiants, manière de souligner la différence d’âge, et, surtout, l’importance psychologique accordée aux deux parties : le discours, l’argumentation d’Hagège sont, en quelque sorte, minimisés, contrebalancés, niés par l’importance spatiale accordée à son image.

Remarque 5.

Claude Hagège ne parle pas comme on parle à la télévision. Il fait des phrases longues, avec des incises, des subordonnées. On s’en aperçoit lorsqu’on transcrit ses propos : ce n’est pas de l’oral, avec des hésitations, des fautes d’accord, c’est de l’écrit, c’est du français lu. [Auquel s’applique l’expression, moins usitée de nos jours de "parler comme un livre"]. La respiration, le rythme, le tempo de Claude Hagège ne sont pas ceux, hachés, syncopés, de la plupart des journalistes - et, plus encore, des animateurs - de télévision.

On peut même se demander si, au-delà du /fond/ du discours de Claude Hagège (notamment de sa perspicace remarque sur l’hypocrisie de l’emploi "langues étrangères" pour camoufler le seul anglais), ce n’est pas cette /forme/ lente, désaccordée au ton du média, qui, au moment de la deuxième intervention de Claude Hagège a amené Pujadas à arborer un sourire mi-protecteur, mi-narquois.

[Claude Hagège avait-il un retour d’image et, s’il voyait sourire Pujadas ou (s’il ne le voyait pas), ce dernier a-t-il été assez inconscient, assez léger pour ne pas imaginer que des spectateurs le verraient et rapporteraient son attitude à Hagège, ou que celui-ci - comme je l’ai fait - le verrait a posteriori et y contemplerait tout le mépris s’exprimant à son égard ? Toujours est-il que, s’il est vrai que le sourire /s’entend /(à la radio ou au téléphone), Hagège a dû le pressentir car, à un moment, il a exprimé son irritation par un "cher monsieur Pujadas" - et l’on sait que, lorsqu’on donne à un interlocuteur du "cher monsieur" ou de la "chère madame", c’est qu’il - ou qu’elle - commence à nous chauffer les oreilles !].

Remarque 6.

- David Pujadas (tout comme ceux qui plaident en faveur de la loi Fioraso) se rendent-ils compte de l’imprudence que représente cette loi Fioraso ? Car, passés les quelques avantages temporaires liés à l’accueil d’une poignée supplémentaire d’étudiants, discernent-ils la dégradation qui s’ensuivra pour la culture - et donc pour les intérêts de la France ? Ne voient-ils pas que leur complaisance, au lieu de les servir, les asservit ?

- Que ne méditent-ils ces fortes paroles de René Char, dans Jacquemard et Julia :

- "...Jadis, l’herbe l’herbe avait établi que la nuit vaut moins que son pouvoir, que les sources ne compliquent pas à plaisir leur parcours, que la graine qui s’agenouille est déjà à demi dans le bec de l’oiseau..."

- "Que la graine qui s’agenouille est déjà à demi dans le bec de l’oiseau..."

Philippe Arnaud

P.S. Mon refus de l’anglais dans l’université (ou dans l’entreprise, dans le sport, dans les médias), n’est pas tant le refus de cette langue particulière que de ce qu’elle véhicule le plus souvent avec elle : le culte du fric, de la compétition (et non pas du sport), des affaires, le fétichisme de la technologie.

Je lis volontiers l’anglais qui me parle d’amour, et, plus encore, m’en parle poétiquement, ou [comme je le fais maintenant] qui me relate la guerre de 1870 (eh oui, même des anglophones se sont intéressés à cette guerre à laquelle leur pays – Royaume-Uni ou États-Unis – n’a pas participé). Je précise que mon attitude serait la même à l’égard de toute autre langue qui idolâtrerait les mêmes dieux.

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L’auteur : Christophe OBERLIN est né en 1952. Chirurgien des hôpitaux et professeur à la faculté Denis Diderot à Paris, il enseigne l’anatomie, la chirurgie de la main et la microchirurgie en France et à l’étranger. Parallèlement à son travail hospitalier et universitaire, il participe depuis 30 ans à des activités de chirurgie humanitaire et d’enseignement en Afrique sub-saharienne, notamment dans le domaine de la chirurgie de la lèpre, au Maghreb et en Asie. Depuis 2001, il dirige régulièrement des (...)
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