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Pécresse et Fioraso balaient Hagège et Michel Serres

La mort du français à l’université

En nommant Geneviève Fioraso ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Hollande savait très bien qu’en confiant cette responsabilité à une femme d’affaires, il poursuivait et amplifiait la démarche de Pécresse, elle-même fille d’un universitaire homme d’affaires. Hollande n’a beau avoir la finance que pour « seule ennemie », la financiarisation de l’université va se poursuivre de plus belle avec les Solfériniens. Pour ce faire, il convient, entre autres, de mettre au rancart la seule arme dont disposent les gens de culture, chez nous comme ailleurs : la langue. Remiser le français, l’italien, l’espagnol, l’allemand etc. au profit du globish, de la langue de Wall Street. Fioraso a prévenu : s’ils ne basculent pas partout et tout le temps vers l’anglo-américain globish, les universitaires français se retrouveront « à cinq à discuter de Proust ». On sent bien que le mépris que voue cette personne aux enseignants du supérieur n’a d’égal que celui qu’affichait Sarkozy qui, lui au moins, avait l’excuse d’avoir raté ses études, de la 6ème au DEA.

Ci-dessous une remarquable analyse de Philippe Arnaud sur quelques minutes consacrées par le Journal Télévisé de France 2 à un basculement qui va contribuer à faire de la France une colonie, non pas des États-Unis, mais du monde de la finance.

LGS

* * *

Je m’arrête ici sur un sujet du journal de 20 h du mercredi 15 mai, par David Pujadas. Ce sujet (traité un peu après 20 h 23, comme l’annonce Pujadas) avait pour sujet : "Cours en anglais, la polémique à l’université".

On a, d’abord, une présentation générale de plusieurs sujets, parmi lesquels celui-ci, dont voici le chapeau : "A suivre : renoncement ou pragmatisme ? Faut-il développer les cours en anglais pour attirer les étudiants chinois ou indiens ? Le projet de loi enflamme les défenseurs de la langue française". Puis, après la présentation d’un autre sujet, Pujadas passe à celui qui nous occupe :

David Pujadas : "Dans l’actualité également, cette polémique, très vive, qui a trait à la défense du français et à l’évolution de l’Université. Le gouvernement souhaite, vous le savez, rendre notre enseignement supérieur plus attractif auprès des étudiants étrangers, et une nouvelle loi va élargir, même si c’est à la marge, les cours en anglais. Alors, faut-il parler d’opportunité, ou de sabordage de la langue ? Le projet, en tout cas, met en émoi une partie de la sphère intellectuelle : certains crient au scandale, d’autres estiment que c’est une chance pour la France. Enquête : Anne Ponsinet avec notre bureau à Toulouse".

[Dans une salle, d’une soixantaine de personnes, on voit un jeune professeur dire : "Good afternoon, everybody".] Anne Ponsinet : "Les étudiants sont français, le prof est néerlandophone. Mais, en mastère, depuis cinq ans, dans cette école de commerce, les cours se font en anglais même quand l’enseignant est français, c’est comme une évidence.

Un étudiant : "Il y a un vocabulaire spécifique à apprendre, qu’on n’a pas l’habitude de maîtriser dans la vie de tous les jours, mais... on se forme... à force d’entendre, on finit par ne plus faire vraiment la différence".

Le professeur [traduction du propos qu’il tient en anglais] : "Ils veulent faire une carrière dans le commerce, alors il faut parler la langue du commerce et c’est l’anglais. Ce n’est ni le néerlandais, ni l’espagnol, ni l’allemand, c’est l’anglais."

Anne Ponsinet : "Dans le sillon des écoles privées, l’université aussi s’est mise au cursus en anglais. Comme la très prestigieuse école d’économie de Toulouse. Ici aussi, on veut les meilleurs profs, quitte à faire des infidélités à la francophonie."

[Ici, intervention de Bruno Sire, président de l’université de Toulouse I : "Dans mon université, on a à peu près 10 % de notre corps enseignant qui est étranger et qui ne maîtrise pas suffisamment la langue française pour enseigner correctement en français. Donc, ces gens-là, j’ai besoin de leur permettre d’enseigner en anglais ou dans leur langue d’origine, et donc, si on m’interdit de le faire, ces gens ne viendront plus en France et ça sera une perte sèche pour nos équipes de recherche.]

Anne Ponsinet : "Pour ces universitaires, c’est une évidence, la loi doit autoriser ces cours en langues étrangères, aujourd’hui seulement tolérés. [Ici, changement d’écran, on passe d’une salle de classe à l’Assemblée nationale.] Idée combattue au contraire cet après-midi par l’UMP Jacques Myard, au nom de la défense du français"].

Jacques Myard [qui, ironiquement, s’adresse au Premier ministre en anglais] : "Mr Prime minister, I wish to ask you a question".

Anne Ponsinet : "Interpellé sur son renoncement à défendre sa langue, la ministre répond au nom de l’attractivité des universités françaises".

Geneviève Fioraso, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : "Pour accueillir les étudiants des pays émergents, la Corée, l’Inde, le Brésil, dans les matières scientifiques, économiques, techniques, qui, aujourd’hui, ne viennent pas en France, ils nous le disent, à cause de l’obstacle du langage."

Anne Ponsinet : "Loin de l’hémicycle, le philosophe Michel Serres s’inquiète de son côté de voir sa [accentué sur "sa"] langue française déserter certains domaines scientifiques ou techniques à l’université".

Michel Serres : "Dès lors qu’une langue ne peut plus tout dire, elle est virtuellement morte. C’est-à-dire, une langue n’est vivante que quand elle peut tout dire. Et par conséquent d’enseigner certains types de techniques, certains types de sciences, certains types de spécialités dans une autre langue, enlève à la langue les corpus correspondants. Et par conséquent, elle ne peut plus tout dire, elle est donc virtuellement morte".

Anne Ponsinet [Ici, vue d’un laboratoire, avec deux jeunes gens]. "Le bruit de la polémique est parvenu jusque dans ces labos de génétique de l’université Paris-Diderot. Mais cela n’ébranle pas ces étudiants, venus de partout. Ils communiquent en anglais mais chacun a derrière lui de longues années de formation dans sa langue maternelle. La loi elle-même prévoit de réserver l’enseignement en langues étrangères à un nombre

David Pujadas : "Bonsoir Claude Hagège, vous êtes un linguiste renommé, professeur au Collège de France, et vous êtes opposé à ce projet de loi. Trois questions : est-ce que ça ne fait pas partie, tout de même, du rayonnement de la France que d’accueillir davantage d’étudiants de ces puissances émergentes, qui seront, de toutes façons, immergés dans la culture et la langue françaises ?"

Claude Hagège : "Cet argument ne serait convaincant que s’il était certain que c’était la raison principale pour laquelle les étudiants étrangers viennent en France. Or la raison qui amène des étudiants étrangers dans un pays, c’est non pas la langue dans laquelle l’enseignement y est dispensé, mais la qualité de cet enseignement. Jusqu’ici, que je sache, dans un grand nombre de disciplines de pointe, la qualité de l’enseignement en France est excellente et reconnue mondialement, premièrement. Deuxièmement, le français est une langue à vocation internationale depuis le XIIe siècle, et par conséquent la France est bien le dernier pays qui peut l’admettre pour d’autres pays dont la langue ne rayonne pas dans le monde entier – qui peut vouloir ouvrir ses portes à l’anglais alors que le français est lui-même une langue à vocation mondiale. Pourquoi diable irait-on se faire hara-kiri et pourquoi est-ce qu’on donne cet argument, qui n’est fondé sur rien de sérieux, selon lequel les Indiens et les Chinois... - les Chinois, parlons-en ! Il existe en ce moment, 1400 instituts Confucius [Hagège prononce le mot en chinois et le répète à la française], la Chine, par conséquent, développe des efforts considérables, financés par des moyens énormes, pour répandre sa langue. Et nous, nous devrions, sous prétexte d’accueillir des étudiants chinois, saborder la nôtre : qu’est-ce que c’est que cette plaisanterie ?

David Pujadas : "Mais, est-ce qu’on ne risque pas, tout de même, d’avoir une université 100 % française mais un peu marginalisée ? Vous citez des étudiants chinois par exemple qui parlent français, mais ça n’est pas le cas de tous ces étudiants. Est-ce qu’il ne vaut mieux pas les avoir en France même si leurs cours, et seulement leurs cours, sont parfois en anglais ?

Claude Hagège : "Les étudiants qui viennent en France savent que la langue nationale, et officielle, de ce pays, est le français. Et, par conséquent, si ce qui les attire, c’est la vraie, et bonne et seule raison, à savoir la qualité de l’enseignement, ils apprennent le français, un point c’est tout ! Je ne vois pas pourquoi on devrait aller au-devant de cette nécessité, à supposer que, véritablement, ça attire les étudiants. D’autre part, si on veut vraiment s’assouplir en essayant de s’ouvrir à ces suggestions, il faudrait voir ce qui se passera, de manière prospective, dans les trois ou quatre ans à venir, c’est-à-dire tirer les conclusions de ce que cette loi, si elle était votée, par le Parlement - ce qu’à Dieu ne plaise - aurait permis d’attirer comme nombre d’étudiants étrangers. Tant qu’on n’en sait rien, c’est un pur pari sur l’avenir. Pour le moment, si on se fonde sur le présent, la France a 13 000 étudiants étrangers et elle se place, sur ce plan, très très bien. Le ministère prétend que on pourrait passer à un rang encore plus avancé, plus près du premier, en donnant grâce à cette loi, audience à l’anglais. En fait, on n’ose pas l’appeler l’anglais, on l’appelle langue étrangère. Jamais, sous langue étrangère, il s’agit, comme ça devrait être le cas, de l’italien, de l’allemand, du russe, de l’arabe, des [accentué sur "des"] langues étrangères. Il s’agit, sous le nom de langue étrangère, de manière hypocrite, de l’anglais seul..."

David Pujadas [impatient et un un peu narquois] : "Merci..."

Claude Hagège : "Mais, par conséquent, pourquoi voulez-vous qu’on soit... allo..."

David Pujadas : "Terminez votre phrase..."

Claude Hagège : "Pourquoi voulez-vous que l’on soit ouvert à une langue qui a pour vocation un impérialisme absolu ? Ce pourquoi je lutte moi-même, cher monsieur Pujadas, ce n’est pas le français seul, c’est la di-ver-si-té ! L’anglais est une menace mortelle pour la diversité ! Nous luttons, ceux qui sont contre cette loi, non pas pour le français seulement, mais pour la diversité des langues, c’est-à-dire pour quelque chose qui permette à notre univers d’être autre chose qu’un univers absolument effroyable...

David Pujadas [dont l’impatience est montée d’un cran] : "On a compris..."

Claude Hagège : "...Une menace redoutable, sur ce plan..."

David Pujadas : "On a compris votre point de vue... ! Merci, Claude Hagège, d’avoir répondu à notre invitation !"

Remarque 1. Cette remarque porte sur le vocabulaire et l’utilisation de certains mots.

- D’abord, celui de "pragmatisme" : le pragmatisme, dans le jargon de droite (ou néo-libéral), c’est ce qui est opposé à l’idéologie (synonyme de gauche). Le pragmatique, c’est celui qui recherche l’utilité et l’efficacité et, par glissement de sens, celui qui prend les choses telles qu’elles sont et ne cherche pas, au nom des "idéologies", à les changer. Par exemple une usine qui pollue exige d’énormes investissements pour être propre, mais si l’Etat exige ces investissements, les actionnaires délocaliseront l’usine sous des cieux moins intolérants. Alors on est "pragmatique", on n’exige rien : les ouvriers auront toujours le SMIC en salaire et le cancer en prime.

- Puis le "100 % français". Le "100 % français" est une variante, une déclinaison du "franco-français" qui, dans le langage des "élites" (mondialisées, anglophones et néo-libérales) signifie conservation de coutumes bizarres, ringardes, et, surtout, inconnues partout ailleurs, comme le smic, la Sécu, le syndicalisme politisé, le statut de la fonction publique ou la fidélité à l’ordonnance de Villers-Cotterêts (promulguée en 1539 par François Ier et qui imposait l’usage exclusif du français dans l’administration et le gouvernement en lieu et place du latin).

- Ensuite, les mots qui composent le membre de phrase "émoi [dans] une partie de la sphère intellectuelle". Il faut voir quel effet - et, surtout, quel effet négatif - est donné à cette accumulation de mots, en commençant par le dernier :

- 1. Intellectuel, est un terme qui, dans une large partie de l’opinion (générale à droite, bien représentée à gauche) a une connotation négative. L’intellectuel, c’est celui qui est "éloigné des réalités", celui qui "pédale dans la semoule", celui qui "se masturbe l’esprit", celui qui est payé - généreusement - par des contribuables travaillant dur, et qui, en échange, fournit des élucubrations, voire crache sur ces contribuables.

- 2. La sphère évoque une forme parfaite, idéale [conforme aux idées éthérées, irréalistes, des "intellectuels"] et une idée d’éloignement (les hautes sphères), ou d’isolement (on est dans sa sphère comme on est dans sa bulle, la bulle ayant, bien entendu, une forme sphérique). Si un intellectuel est déjà à une distance interplanétaire de la population, une "sphère intellectuelle", elle, en est à une distance interstellaire...

- 3. Au cas où on n’aurait pas compris la quantité négligeable qu’est cette "sphère intellectuelle" opposée à la loi, on précise qu’il ne s’agit que "d’une partie" d’entre elle. Autrement dit, pour filer la métaphore astronomique, cette sphère, ce n’est même pas Jupiter, c’est juste l’astéroïde Phobos, qui gravite autour de Mars.

- 4. Enfin, l’émoi. L’émoi, ce n’est pas l’émotion. L’émotion est forte et est suscitée par un évènement traumatisant. Les enfants qui ont vu un adulte se suicider ont eu une émotion. La grenouille de bénitier qui a vu le sexe de monsieur le curé a eu un émoi. L’émoi – par rapport à l’émotion – a une connotation d’affecté, d’exagéré, de ridicule. L’émotion, c’est ce que ressentent les Marseillais qui en sont à leur troisième meurtre depuis le début de l’année, l’émoi, c’est le lot des personnages de "La cage aux folles"...

Remarque 2. La minimisation de la chose.

- Au cours de la présentation, tout est fait pour minimiser l’ampleur (et surtout, les conséquences) de la loi : "c’est à la marge", "l’enseignement en langues étrangères sera réservé à un nombre limité de formations". [Décryptage : puisque c’est marginal, pourquoi tous ces intellos viennent-ils nous "gaver" avec leurs lubies ?].

Remarque 3. La force majeure devant laquelle on doit s’incliner.

- De même qu’Alain Madelin, jadis, ou Laurence Parisot, récemment, pour nous faire avaler le brouet néo-libéral, le comparent à des réalités physiques (la pluie, l’orage) ou humaines (la mort, la maladie, la fin de l’amour), aussi naturelles qu’inéluctables [sous-entendu, même si ça ne vous plaît pas, il faudra bien que vous l’acceptiez - ce qui constitue, d’ailleurs, un aveu de faiblesse idéologique], de même tout est-il fait, ici, pour imposer le sentiment de l’inéluctable :

- "Les cours se font en anglais, c’est comme une évidence..."

- "La langue du commerce, ce n’est que l’anglais..."

- "Si on n’autorise pas l’anglais, les Brésiliens, Indiens, Coréens, ne viendront pas..."

- "C’est tout de même le rayonnement de la France...", "de toutes façons, ils seront immergés". [On notera que ce dernier "argument" est une application de "l’argument dit du pire" : oui, nous sommes immondes, mais, de toutes façons, si nous ne l’étions pas, d’autres le seraient à notre place. Oui, c’est mal d’exploiter les ouvrières bengalies, mais si ce n’était pas nous, ce seraient les Japonais, Alors, pourquoi se gêner ?].

Remarque 4. La présentation des intervenants des deux parties.

- Tout est fait pour donner, dans cette présentation, une image valorisante de la loi et dévalorisante de ses opposants.

1. Les images présentent des étudiants jeunes, des professeurs jeunes (ils sont l’avenir, le dynamisme), alors que les opposants sont des "vieux". Jacques Myard, le plus jeune (66 ans) est filmé dans un cadre (l’Assemblée nationale) et une tenue (costume-cravate) qui, psychologiquement, ajoutent à son âge. Michel Serres (83 ans) et Claude Hagège (77 ans) même s’ils sont toujours très vifs, très incisifs, ne peuvent dissimuler leurs années.

2. Certes, à l’inverse, Bruno Sire, le président de Toulouse 1, n’est plus tout jeune (62 ans), mais il est filmé dans son bureau de l’université [décryptage : il fait partie des actifs, "lui", il intervient dans le cadre de sa fonction, lui, il répond aux "vrais" besoins des étudiants, il est "pragmatique"], alors que Michel Serres, par exemple, est manifestement filmé chez lui.

[Décryptage : intervenant de chez lui, il ne peut intervenir que pour une raison privée, personnelle, pour une lubie de vieux, une lubie qui voudrait qu’on appelle les mails des courriels ou qu’on dise "en direct" au lieu de "en live". Ce qui est bien souligné par l’insistance sur le possessif "sa" (de "sa" langue) : la langue de Serres, ce n’est pas la langue des jeunes, c’est la langue du passé]. Même chose pour Claude Hagège : il intervient à l’extérieur, dans un lieu qui a l’air d’être une cour intérieure (arbres, pelouses) entre deux immeubles modernes. [Décryptage : quand on travaille, on est à l’intérieur. Quand on est dehors, c’est qu’on se balade, qu’on baguenaude, qu’on est hors du coup...].

3. De même, pendant que Claude Hagège répond à David Pujadas, on voit l’écran se partager et Hagège ne plus occuper qu’un quart de la surface de l’écran, pendant que, sur les trois autres quarts, en juxtaposition, apparaissent les étudiants, manière de souligner la différence d’âge, et, surtout, l’importance psychologique accordée aux deux parties : le discours, l’argumentation d’Hagège sont, en quelque sorte, minimisés, contrebalancés, niés par l’importance spatiale accordée à son image.

Remarque 5.

Claude Hagège ne parle pas comme on parle à la télévision. Il fait des phrases longues, avec des incises, des subordonnées. On s’en aperçoit lorsqu’on transcrit ses propos : ce n’est pas de l’oral, avec des hésitations, des fautes d’accord, c’est de l’écrit, c’est du français lu. [Auquel s’applique l’expression, moins usitée de nos jours de "parler comme un livre"]. La respiration, le rythme, le tempo de Claude Hagège ne sont pas ceux, hachés, syncopés, de la plupart des journalistes - et, plus encore, des animateurs - de télévision.

On peut même se demander si, au-delà du /fond/ du discours de Claude Hagège (notamment de sa perspicace remarque sur l’hypocrisie de l’emploi "langues étrangères" pour camoufler le seul anglais), ce n’est pas cette /forme/ lente, désaccordée au ton du média, qui, au moment de la deuxième intervention de Claude Hagège a amené Pujadas à arborer un sourire mi-protecteur, mi-narquois.

[Claude Hagège avait-il un retour d’image et, s’il voyait sourire Pujadas ou (s’il ne le voyait pas), ce dernier a-t-il été assez inconscient, assez léger pour ne pas imaginer que des spectateurs le verraient et rapporteraient son attitude à Hagège, ou que celui-ci - comme je l’ai fait - le verrait a posteriori et y contemplerait tout le mépris s’exprimant à son égard ? Toujours est-il que, s’il est vrai que le sourire /s’entend /(à la radio ou au téléphone), Hagège a dû le pressentir car, à un moment, il a exprimé son irritation par un "cher monsieur Pujadas" - et l’on sait que, lorsqu’on donne à un interlocuteur du "cher monsieur" ou de la "chère madame", c’est qu’il - ou qu’elle - commence à nous chauffer les oreilles !].

Remarque 6.

- David Pujadas (tout comme ceux qui plaident en faveur de la loi Fioraso) se rendent-ils compte de l’imprudence que représente cette loi Fioraso ? Car, passés les quelques avantages temporaires liés à l’accueil d’une poignée supplémentaire d’étudiants, discernent-ils la dégradation qui s’ensuivra pour la culture - et donc pour les intérêts de la France ? Ne voient-ils pas que leur complaisance, au lieu de les servir, les asservit ?

- Que ne méditent-ils ces fortes paroles de René Char, dans Jacquemard et Julia :

- "...Jadis, l’herbe l’herbe avait établi que la nuit vaut moins que son pouvoir, que les sources ne compliquent pas à plaisir leur parcours, que la graine qui s’agenouille est déjà à demi dans le bec de l’oiseau..."

- "Que la graine qui s’agenouille est déjà à demi dans le bec de l’oiseau..."

Philippe Arnaud

P.S. Mon refus de l’anglais dans l’université (ou dans l’entreprise, dans le sport, dans les médias), n’est pas tant le refus de cette langue particulière que de ce qu’elle véhicule le plus souvent avec elle : le culte du fric, de la compétition (et non pas du sport), des affaires, le fétichisme de la technologie.

Je lis volontiers l’anglais qui me parle d’amour, et, plus encore, m’en parle poétiquement, ou [comme je le fais maintenant] qui me relate la guerre de 1870 (eh oui, même des anglophones se sont intéressés à cette guerre à laquelle leur pays – Royaume-Uni ou États-Unis – n’a pas participé). Je précise que mon attitude serait la même à l’égard de toute autre langue qui idolâtrerait les mêmes dieux.

COMMENTAIRES  

18/05/2013 13:38 par calamejulia

oulalà ! courage corrigeons : "même les anglophones se sont intéressés à cette guerre auquel (?)...
Les timorés reprennent du poil de la bête. Ils veulent que tout soit étatisé ! Un manque de créativité
flagrant dans un pays qui s’en laisse conter par les zinglishes !
Pour celles et ceux (bien sûr) qui pratiquent plusieurs dialectes (et autres patois) propres au terri-
toire français ou à d’autres pays, elles, ils ne peuvent ignorer avec quelle précision un dialecte
peut définir une chose locale et comment certaines fois cette précision se retrouve dans un
dialecte d’un autre continent ! Mais c’est vrai que nous avons pris l’habitude de sacrifier des
ethnies qui avaient donc un langage propre -et par conséquent- incompréhensible par la
langue de la finance qui aligne le vocabulaire sur la permanence des zéros et/ou des
virgules pour récupérer les centimes.
Décoder les images de présentation est un sport que nous pratiquons en famille et ici
il est très bien vu.
La lady (laid dis) Pécresse qui condamne une seconde fois Jeanne la Pucelle ferait
mieux d’aller apprendre à parler et surtout écrire sa propre langue car même en anglais
il faut une base de compréhension et la nôtre est le français ! pauvre langouste.

18/05/2013 14:28 par JM

Merci pour cette article qui vient renforcer la voix des résistants à la vassalisation de la France à l’impérialisme anglo-saxon. Toutes les personnes qui s’accordent sur la défense du français dans nos universités sont invités à signer cette pétition :
http://www.petitions24.net/contre_la_loi_esr_fioraso_parce_que_pour_la_langue_francaise

18/05/2013 15:32 par legrandsoir

@ calamejulia

Corrigé, merci de l’avoir signalé. Vous voyez où ça nous mène le tout anglais ?

18/05/2013 15:42 par Quidam

- 1) Qu’attend donc l’auteur du papier pour boycotter tout simplement les médias propagandistes ? Ils distillent une propagande antisociale putride & inepte ? Ben oui c’est précisément à ça qu’ils servent ! Cette bonne blague !
- 2) Qu’en a-t-on à foutre des niaiseries d’un Poujadas ou d’une Pécresse ou d’autres olibrius du Grand Café du Commerce du coin ? Pourquoi ne commente-t-il pas tant qui il y est les "réflexions" d’un crétin sidéral comme Raël ou autres illuminés "créationnistes" ou "scientologues" ? On s’en tape !
- 3) Les cocoricos francophones sont grotesques ! Prenez un Russe quelconque de la cinquantaine qui a fait ses études pendant la période soviétique, il va vous parler indifféremment dans 3 ou 4 langues, ce qui était tout à fait banal à l’époque. Prenez un gamin russe d’aujourd’hui, même si vous maitrisez parfaitement le russe, vous allez avoir du mal à comprendre ce qu’il raconte ! Alors ne lui demandez surtout pas de parler en français, anglais ou allemand, c’est clair que ça va pas le faire !
- 4) Vos cousins canadiens ont démontré qu’il était tout à fait possible d’enseigner dans 2 langues sans mettre en péril l’une ou l’autre, pourquoi bêtement ne pas procéder comme eux puisque ça marche ?
- 5) L’anglais est aujourd’hui à l’évidence la langue obligée pour tout internationaliste marxiste-léniniste, pourquoi faudrait-il s’en priver ? Pour être moins efficace ? Pour se tordre les neurones à étudier des langues exotiques ou quasi préhistoriques pratiquées par quelques milliers de péquins ?

18/05/2013 18:32 par calamejulia

@Quidam,
cela ne vous a jamais effleuré l’esprit que les personnes venant d’un autre pays en France y vivant
et apprenant le français pouvaient aimer cette langue ?
Sinon, pas de problème pourquoi ne parlent-ils pas leur propre langue sur le territoire français ?
D’autant que les Indiens parlent bien mieux que les Français l’anglais et que donc il pourraient
pratiquer l’indi tranquillement !
Ah ! mais c’est bien sûr : ils ne votent pas en France.
Désolée mais si en plus, il faut entretenir une Reine et sa famille d’éclopés de la margelle,
ce sera sans moi. :-)

18/05/2013 18:35 par Torsade de Pointes

Quidam, j’ai supposé que les points 4 et 5 de votre commentaire étaient ironiques. Ai-je eu tort ?

18/05/2013 18:35 par Ya basta!

- 5) L’anglais est aujourd’hui à l’évidence la langue obligée pour tout internationaliste marxiste-léniniste,

Hi, hi ! Si ce n’est pas un effort pour employer le langange dit "communiste" tout en y mêlant un message de la droite qui parle wall street english, ça y ressemble beaucoup ! Et certains croient ce mensonge de bonne foi, car certaines soi-disant "évidences" ne sont que l’effet d’une propagande martelée jusqu’à la nausée par tous les moyens - dont les médias et le gouvernement de la France. Dont Pécresse.

Les messages de la droite qui parle wall street english sont faux car :

- l’"Anglais" est parlé par les Américains et les Anglais, ce qui ne représente pas et de loin la majeure partie de la planète. Même si on tient compte de leurs éventuelles "colonies".
- lLe chinois est parlé pas seulement par les "Pékins", mais par toute la Chine
- lL’arabe est parlé par toute l’Afrique du nord et une partie du Moyen Orient.
- lLe russe est parlé par toute la Russie et une partie des Balkans
- lL’espagnol est parlé par l’Espagne, toute l’Amérique latine et Centrale et, pour l’hémisphère nord, par le Mexique (en dépit d’efforts soutenus pour y imposer l’anglais)
- lLe portugais est parlé par les Portugais et, aussi, en Amérique latine, par l’immense Brésil.

Par ailleurs nombreux sont les Français qui ont appris l’anglais à l’école et qui se sont rendus dans un pays voisin anglophone et qui, pourtant, ne fait pas partie de la zone euro.

Mais ce n’était pas imposé par ceux qui parlent wall street english.et ils gardaient leur liberté... de parole. Y compris leur liberté de choisir d’autres langues, parlées également par les révolutionnaires de tous les pays mais pas l’anglais, puisque les USA ont toujours lutté et luttent toujours, d’arrache-pied, contre le communisme..

18/05/2013 22:17 par Torsade de Pointes

Concernant cet argument de « l’attractivité » des universités françaises : a-t-on jamais réellement interrogé les intéressés eux-mêmes, c’est-à-dire les étudiants étrangers ? Est-il exact qu’ils aient massivement envie d’étudier en anglais en France ? Sont-ils nombreux ceux qui sont empêchés de venir étudier en France à cause de la prétendue barrière de la langue ? J’en doute, pour la bonne raison que personnellement je ne voudrais pas, jamais ! étudier en Italie sans en profiter pour apprendre l’italien, ou en Espagne sans saisir l’occasion de parfaire mon espagnol etc. J’ai fait récemment un séjour de deux semaines en Italie, et ce bref séjour a été pour moi un motif suffisant pour apprendre un peu l’italien (et j’arrive aujourd’hui à lire un texte s’il n’est pas trop compliqué, moyennant l’utilisation d’un dictionnaire). Je n’imagine pas qu’un étranger puisse venir en France, payer cher son droit d’inscription, pour ensuite suivre des cours en anglais ânonnés par des profs français, hollandais etc. Mais quel intérêt ? Autant rester dans son trou si on ne veut pas se colleter avec une autre langue, une autre culture, si on refuse de s’ouvrir à son pays d’accueil. C’est en fait une muflerie caractérisée, et en ce qui me concerne, ces étudiants-là ne sont pas les bienvenus. Il ne pourra pas y avoir, dans ces conditions, de liens d’amitié durables, comme les promoteurs du tout-anglais se le promettent. Nous n’en tirerons aucun avantage, au contraire, comme tous les chemins mènent à Rome, l’anglais mène aux pays anglophones : c’est là qu’on ira chercher ses informations, qu’on passera ses vacances, c’est de ces pays-là qu’on lira la presse et les livres, qu’on consommera les produits culturels, qu’on qu’achètera de préférence tous les produits en général.

Il est question e.a. d’étudiants brésiliens. Il me semble que les Brésiliens ne sont pas anglophones, mais de langue portugaise. Or, vu la parenté linguistique entre le portugais et le français, il est beaucoup plus facile pour un lusophone d’apprendre le français que l’anglais, les lusophones sont même à peu près les seuls à pouvoir parler assez facilement le français sans accent. Encore une fois : a-t-on demandé leur avis aux étudiants brésiliens ?

Autre interrogation : est-il réellement nécessaire de faire venir des enseignants étrangers (non francophones) dans les universités françaises ? Ce Hollandais p.ex. dont il est question dans l’article ci-haut, et qui se permet de nous faire la leçon, de quel savoir est-il porteur dont ne pourrait pas être porteur également un enseignant français, ou qu’aucun Français ne serait capable d’acquérir lui aussi ? Y a-t-il vraiment nécessité de faire venir des professeurs étrangers en France dans des matières pointues, si oui, lesquelles ? Serait-il alors excessif d’exiger d’eux qu’ils apprennent d’abord le français avant d’accepter de venir enseigner en France, ne serait-ce que par simple courtoisie ? Pour en revenir à ce Hollandais — passons sur cette fausse évidence, martelée avec cet aplomb arrogant si propre aux Hollandais, que l’anglais serait la seule langue du commerce, car ce n’est pas dans cette langue qu’on aura les meilleures chances de faire des affaires en Amérique latine p.ex. —, j’aurais bien voulu l’entendre parler anglais dans cette émission, car les Hollandais, s’ils maîtrisent souvent bien cette langue, la parlent pour la plupart avec un accent batave absolument détestable. Hormis quelques bras cassés, je ne conçois pas un seul instant que des Anglo-Saxons veuillent suivre des cours donnés en anglais par un Hollandais.

Bon, j’ai assez causé comme ça.

18/05/2013 23:24 par latitude zero

L’anglais est aujourd’hui à l’évidence la langue obligée pour tout internationaliste marxiste-léniniste,

Los internationalistas no pueden hablar la lengua del impérialismo y de la opresion.
mejor sería utilizar la lengua espanol y ellos tendrian que aprenderla , para hablar juntos !

19/05/2013 01:11 par Quidam

@ latitude zero

Sans même parler d’un Ho Chi Minh qui faisait très fort en matière de langues étrangères, je te signale tout de même que Fidel Castro Ruz - tout comme le regretté Hugo Chavez - a étudié l’anglais & le lit comme du petit lait...

19/05/2013 02:08 par Anonyme

"Los internationalistas no pueden hablar la lengua del impérialismo y de la opresion.
mejor sería utilizar la lengua espanol y ellos tendrian que aprenderla , para hablar juntos !"

Combien de fois faudra-t-il répéter que ce n’est pas pareil de parler la langue des yankies aux touristes, quand on veut, comme on veut, de lire ce qu’on veut dans la langue-des-riches si on veut, comme le font les Cubains, que si celle-ci était OBLIGATOIRE, comme en France !

19/05/2013 04:29 par Vania

Tout à fait d’accord.Merci pour l’article !!Tous les arguments de Fiorasso, de rendre l’anglais obligatoire n’ont qu’un seul objectif:préparer la France à devenir une colonie USA via le marché transatlantique.
À Quidam : Remarque 1:la langue de l’internationalisme marxiste-leniniste était le russe ! La langue de l’impérialisme yankee et le totalitarisme du marché est l’anglais.
Remarque 2 : les canadiens ne sont pas bilingues ils sont unilingues anglophones à 90 % Un nombre insignifiant de canadiens de l’ontario et autres provinces parlent le français. Les québécois "luttent "pour sauver la langue française et ont adopté depuis plusieurs années la loi 101 , loi qui est toujours "charcutée" par les fédéralistes au pouvoir.

19/05/2013 09:05 par Bernard Gensane

Je m’exprime ici en tant qu’angliciste. Il y a une quarantaine d’années, nous étions quelques enseignants d’anglais à être conscient de ces problèmes, dans un petit groupe autour de Bernard Cassen, le futur fondateur d’ATTAC, qui fut mon prof’ en fac. On s’était dit la chose suivante. La position dominante de l’anglo-américain est, pour le moment, indépassable. Rendons alors l’enseignement de l’anglais obligatoire. Mais rendons également obligatoire l’enseignement d’une seconde langue (et pourquoi pas d’une troisième), de la 6è à la terminale, qui serait la langue du cœur, de la culture. Il ne serait pas interdit non plus d’apprendre l’anglais comme une langue du cœur, vecteur d’une culture formidable.

19/05/2013 10:12 par Quidam

PS :

Proclamation by an adversary of the US government - Fidel Castro Ruz

"(...) Everything that is written about human rights in your world, and in the world of your allies who share in plundering the world, is an enormous lie. Billions of human beings live in infrahuman conditions starving, without enough food, medicine, clothes, shoes or shelter and without even a minimum amount of knowledge or enough information to understand their tragedy and that of the world in which they live. (...)"

"Sans les connaissances les plus minimes et sans assez d’information pour comprendre leur tragédie et celle du monde où ils vivent", CQFD.

19/05/2013 10:45 par Philippe Arnaud

A tous

- On n’a pas assez prêté attention à une chose : l’anglais (ou l’anglo-américain) ne sert pas à enseigner n’importe quoi ! Les exemples d’établissements qui sont donnés sont ceux d’une école de commerce et d’une école d’économie. Et Bruno Sire, le président de l’université de Toulouse 1, qui s’exprime dans le reportage est agrégé et docteur en économie et gestion et il a été, dans son université, chargé des relations avec les milieux économiques et professionnels. L’anglais n’est utile que pour des gens qui ne pensent que fric, commerce, gestion, rentabilité, etc.

- On feint ainsi de considérer que les étudiants étrangers ne viennent en France que pour l’économie, la gestion ou le commerce. Mais quid des étudiants étrangers qui viennent pour étudier Ronsard, Montaigne, Stendhal, Saint-John Perse ou René Char ? Qui peut supposer qu’ils vont les étudier en anglais ?

- Même chose pour les mathématiques : supposons un mathématicien japonais venu participer à un colloque en France. Si un agrégé de japonais (qui n’est pas lui-même matheux) asiste à la conférence, que comprendra-t-il à l’issue du cours ? Rien du tout, et certainement encore moins qu’un matheux français qui ne comprend pas un mot de japonais...

- L’usage de l’anglais n’est pas innocent, car si un conférencier indien, néerlandais, suédois s’exprime en anglais dans des matières de commerce et de gestion, à quelles normes de comptabilité, à quel droit va-t-il se référer ? Aux normes et au droit des Etats-Unis...

19/05/2013 11:14 par gérard

@ Bernard Gensane
"L’enfer est pavé de bonnes intentions".
Le "réalisme pragmatique" est la pire des "bonnes intentions", celui de l’Anglais n’est pas mal dans le genre !
Et j’ai failli le mettre en application : ma fille devait faire un stage d’ingénieur à l’étranger, évidemment dans le cadre du "réalisme pragmatique" je lui ai suggéré des pays anglophones...
Elle a choisi Lima au Pérou...
Après mûres réflexions, je lui ai donné raison...et je me suis injurié !
Je rejoins donc sans hésitation possible "Torsade de Pointes", qui peut "causer" tant qu’il veut !

19/05/2013 17:53 par latitude zero

Anonyme de 2h08

Bien sûr qu’il faut parler Anglais,ne serait ce que pour lire leurs proses et pouvoir correspondre avec d’autres, mais si, à minima, les réunions ou conférences internationales des altermondialistes et autres se faisaient en Espagnol, ça aurait une autre gueule et ce serait une bonne façon de lutter contre l’hégémonie de la langue Anglaise .
Pourquoi l’espagnol ? Parce qu’il faut une langue qui représente les peuples qui ont le plus subi et qui subissent encore l’impérialisme et le (néo)colonialisme, et parce qu’il me semble que ce soit la langue la plus accessible pour tous y compris pour les Chinois , les Arabes , ou les Vietnamiens etc ..., ce n’est pas une question de hiérarchie du malheur !

Ce qui est regrettable c’est l’unicité de la langue Anglaise dans toutes les conférences internationales, et maintenant l’infiltration de plus en plus importante de cette langue dans les universités Européennes, dans les entreprises.
La langue Anglaise, qui amène pour beaucoup au mode de vie et la culture Anglo-saxonne nous mène droit à l’ignorance et la négation des autres cultures pourtant bien souvent incomparablement plus riches et plus subtiles , et il n’y a plus qu’un pas à franchir pour qualifier ces cultures ignorées de barbares et donc pour faire court de leur piquer leurs richesses et de les écraser sous les bombes s’ils regimbent !

19/05/2013 23:25 par Christian Lavarenne

En écrivant mon commentaire je n’ai malheureusement plus sous les yeux les deux messages sur l’utilisation d’une autre langue que l’anglais, ce que j’approuve totalement ! tout en ayant des réserves sur la langue de remplacement proposée (c’était l’espagnol), ou plutôt une nette préférence pour un autre choix, qui serait, au moins symboliquement, encore plus alternatif et donc révolutionnaire : celui d’une langue que tous (sauf la minorité des anglophones de naissance) peuvent apprendre environ dix fois plus facilement et plus vite que l’anglais et qui, (souvenons-nous du "nous ne sommes rien, soyons tout") n’appartenant à personne, est pleinement et complètement celle de tous ceux qui la f(er)ont leur : l’espéranto.

Ne voyez pas dans mon message une tentative de prosélytisme. Il me semble seulement qu’un rapprochement pourrait être intéressant avec des militants qu’on classe parfois dans l’altermondialisme et qui ont choisi cette langue pour créer en 2005 une Assemblée Sociale Mondiale (espéranto : MAS : Monda Asembleo Socia), au fonctionnement particulier (travaillant exclusivement par Internet et n’ayant ni président ni comité de direction), qui édite de nombreuses traductions dont, entre beaucoup d’autres, de Marx, Engels ou Fidel Castro, ou sur la crise, l’évolution climatique ou de la Chine etc. (ceux que ça intéresse peuvent aller jeter un oeil à http://mas-eo.org/spip.php?article375 où ils arriveront sans doute à deviner le sens de la trentaine de titres déjà publiés).

Cette association, excusez le copier-coller, mais ce sera plus clair pour tous en français car leur site n’est ni dans cette langue qui nous devient d’autant plus chère qu’elle est plus menacée, ni même en anglais contrairement à presque tous les sites internationaux, mais totalement en espéranto,

vise à promouvoir la paix dans le monde, défendre les intérêts de l’humanité, la solidarité, et à contribuer à « l’élaboration d’une société à l’échelle mondiale sans classe et sans exploitation, une société qui respecte la dignité de ses membres sans distinction d’âge, de couleur de peau, de sexe, d’orientation sexuelle, d’appartenance ethnique ou religieuse - une société qui organise son économie selon les besoins se chacun de ses membres, tout en protégeant la planète Terre pour les générations futures".

On croirait presque une secte tellement ça paraît utopique, mais il s’agit juste de militants qui ont un idéal. Et qui se disent "prêts à discuter et agir ensemble pour le réaliser". Heureusement qu’il y a aussi parmi eux des Français et des francophones, avec lesquels il serait possible de discuter donc.

P.S. Je précise que je n’en suis pas (encore ?) membre. Et je vois, en le "prévisualisant", que mon texte porte le titre de l’article alors qu’il commentait des commentaires. J’ajoute donc un témoignage : pour mon DEA d’histoire contemporaine ("master" comme ça figure déjà sur mon diplôme français alors que les universités françaises et européennes, de tradition latine pendant des siècles, auraient pu choisir comme terme aussi internationalement compréhensible le mot latin : magister), en 2004 était déjà obligatoire, en plus du mémoire, le compte rendu d’un "ouvrage en langue étrangère". Mon mémoire portant justement sur l’histoire d’une langue (les plus perspicaces auront deviné que c’était l’espéranto), j’ai proposé à mon directeur de recherche de choisir une "Historio de esperanto", mais cela m’a été refusé et j’ai dû m’incliner et chercher autre chose, en anglais. Heureusement, même dans cette langue j’ai trouvé quelque chose d’intéressant pour ma recherche : A Sociological Study of the Esperanto Movement (de Peter G. Forster). Tout est bien qui fini bien, mais quand même !

20/05/2013 10:49 par gérard

@ Christian Lavarenne
L’Esperanto ! C’est une idée qui n’est vraiment pas nouvelle, et elle m’avait séduit il y a pas mal de temps...
Mais je pense que c’est une vraie fausse bonne idée.
Entre temps j’avais fait un peu de linguistique (oh très peu !) suffisamment pour me rendre compte que les deux motifs (entre autres) de la mort d’une langue sont pour ainsi dire opposés : soit elle ne se pratique plus ou soit elle n’est pas écrite...Elle a quand même plus de chance de perdurer oralement ; à moins d’être artificiellement maintenue en "vie" comme l’est par exemple le latin (par la religion, la botanique, etc...), elle meurt.
Une langue est intimement liée à toute l’histoire d’une Communauté, et cette Communauté est elle-même reliée à l’Histoire avec un grand H. Je pense que toutes les bonnes volontés du Monde n’arriveraient pas à créer une langue sans Histoire, sans son évolution historique et sans une solide base orale ; il ne faut pas oublier aussi l’histoire avec un petit h, par exemple celle des régions en France, des accents issus des "patois" qui se perdent peu ou prou, si différents de l’Alsace à la Provence en passant par la Bretagne, et pour ne citer que ces régions.
Qu’on enseigne les sciences techniques, maths, physique chimie etc, dans n’importe quelle langue, à la limite cela n’aurait (conditionnel car il y aurait aussi ici sujet à controverse !) pas ou peu d’importance, mais en ce qui concerne les Sciences Humaines (j’y inclus l’Économie et la Politique que beaucoup aimeraient voir (mal) traitées ma-thé-ma-ti-que-ment !), là je ne suis pas d’accord du tout.
On a besoin de son langage pour en faire ressortir toutes les subtilités apportées par l’(H)istoire et l’(h)istoire ; le Français (dixit un de mes profs de linguistique) serait sinon La, du moins une des langues les plus complexes au Monde...
Il est très intéressant par exemple de se pencher sur ce terme Baragouiner, c’est à lui seul toute une page d’histoire :
http://archive.org/stream/revuedestudesr05sociuoft#page/397/mode/1up
Non, décidément je ne suis favorable ni à l’Anglais, ni à l’Espéranto...
Allez vous prendrez bien un dernier coup du grand Léo (Férré)... "pour la route" :
http://www.youtube.com/watch?v=wL6QP3y_M38

20/05/2013 13:39 par Thierry Saladin

@ Gérard

L’Esperanto ! C’est une idée qui n’est vraiment pas nouvelle, et elle m’avait séduit il y a pas mal de temps...
Mais je pense que c’est une vraie fausse bonne idée. 
Entre temps j’avais fait un peu de linguistique (oh très peu !) suffisamment pour me rendre compte que les deux motifs (entre autres) de la mort d’une langue sont pour ainsi dire opposés : soit elle ne se pratique plus ou soit elle n’est pas écrite...

L’espéranto, que vous avez peut-être étudié, à vous en croire, remplit ces deux critères. Il se pratique chaque jour sur la planète et il dispose d’une littérature originale. Et ce depuis 1887.

Elle a quand même plus de chance de perdurer oralement ; à moins d’être artificiellement maintenue en "vie" comme l’est par exemple le latin (par la religion, la botanique, etc...), elle meurt.
Une langue est intimement liée à toute l’histoire d’une Communauté, et cette Communauté est elle-même reliée à l’Histoire avec un grand H. Je pense que toutes les bonnes volontés du Monde n’arriveraient pas à créer une langue sans Histoire, sans son évolution historique et sans une solide base orale ; il ne faut pas oublier aussi l’histoire avec un petit h, par exemple celle des régions en France, des accents issus des "patois" qui se perdent peu ou prou, si différents de l’Alsace à la Provence en passant par la Bretagne, et pour ne citer que ces régions.


Là encore, l’espéranto possède tous les critères que vous venez avec raison de rappeler. Et « les bonnes volontés du Monde » peuvent même parvenir à vous étonner. C’est un fait sans précédent dans l’histoire de l’humanité, si on met à part l’indonésien et l’hébreu moderne, mais une langue construite a réussi, c’est l’espéranto, parce que précisément entrent en ligne de compte l’Histoire, celle de chaque peuple, l’histoire aussi, et surtout une volonté partagée d’échanger sur un pied d’égalité par respect pour l’autre, dont on ne connaît pas encore la culture, mais qu’on essaie de s’approprier par l’échange, en toute équité. Mais ce qui semble vous conforter dans une conviction inverse, c’est précisément que l’espéranto n’a jamais été essayé. Ce qui n’est pas la même chose.

Qu’on enseigne les sciences techniques, maths, physique chimie etc, dans n’importe quelle langue, à la limite cela n’aurait (conditionnel car il y aurait aussi ici sujet à controverse !) pas ou peu d’importance, Oh, que non, et vous avez eu raison d’employer le mode conditionnel !, mais en ce qui concerne les Sciences Humaines (j’y inclus l’Économie et la Politique que beaucoup aimeraient voir (mal) traitées ma-thé-ma-ti-que-ment !), là je ne suis pas d’accord du tout. 
On a besoin de son langage pour en faire ressortir toutes les subtilités apportées par l’(H)istoire et l’(h)istoire ;
D’où l’intérêt, de lutter contre ce projet de loi scélérat. Nous sommes enfin d’accord.
le Français (dixit un de mes profs de linguistique) serait sinon La, du moins une des langues les plus complexes au Monde...
et une langue très précise, parce que peaufinée par le temps. Il est très intéressant par exemple de se pencher sur ce terme Baragouiner, c’est à lui seul toute une page d’histoire :
http://archive.org/stream/revuedestudesr05sociuoft#page/397/mode/1up 
Non, décidément je ne suis favorable ni à l’Anglais, ni à l’Espéranto...

Ce n’est pas grave, vous avez, comme beaucoup de gens, encore besoin de temps pour affiner votre réflexion. Le fait même que vous débattiez sur ce site à propos de ce projet de loi montre que déjà vous avez une conscience certaine de la question linguistique, ce que très peu de gens ont, hélas.
Allez vous prendrez bien un dernier coup du grand Léo (Férré)... "pour la route" : 
http://www.youtube.com/watch?v=wL6QP3y_M38
Bien sûr qu’il faut se battre pour défendre notre belle langue française, tout comme les autres, du reste, l’anglais y compris. Parce que le globish détruira tout, même l’anglais. Toujours d’accord avec moi, Gérard ?

20/05/2013 14:43 par Thierry Saladin

Je remercie et félicite l’auteur pour cet excellent article, ainsi que « Le Grand Soir » pour l’avoir publié.
Les fautes de frappe, et ou d’orthographe, sont inévitables sur un écran, même après relecture. Je me permets de signaler à la rédaction quelques erreurs à corriger dans sa présentation signée LGS.
Nicole Fioraso s’appelle en fait Geneviève Fioraso.
Michel Serre, s’appelle en fait Michel Serres
Pécresse et Fioraso balaient Hagège et Michel Serres
« seule ennemie » la financiarisation
entre autres
Avec le meilleur esprit.
T.S.

20/05/2013 14:53 par legrandsoir

Corrigé. Merci ô lecteur vigilant.

20/05/2013 18:05 par Lionel

L’idée d’une langue commune a toujours été tournée vers une langue universelle.
C’est probablement une idée très républicaine qui veut neutraliser les concepts et leurs forces spécifiques à chaque langue.
L’idée même d’universalisme peut être étudiée.
Le français comme quasi toutes les langues européennes ( sauf anglo-saxon et hongaro-finois ) sont des langues romanes et cette particularité d’avoir des frontières communes.
Il serait facile de mettre au point non pas une langue mais une base commune de mots qui nous permettraient de nous comprendre, n’importe quel linguiste sait cela !
Si une telle compétence passe par ici, merci de vos suggestions...
Ce serait déjà un sacré pas en avant vers un rapprochement et plus de communauté en préservant les caractéristiques culturelles propres à chaque peuple.

20/05/2013 19:21 par Claude Venezia

Bravo pour cet article bien documenté et argumenté. Il est grand temps de réagir et d’encourager chacun à éviter tous les mots anglais ou pseudo inutiles tels : podcast dont le mot français est téléchargement, buzz pour rumeur etc...

20/05/2013 19:44 par Feufollet

Puis-je, pourrais-je, commenter cet état des faits ?
La marchandisation du savoir et de la formation au savoir
Le capitalisme a besoin de cette marchandise
Pour faire de la croissance financière, du PIB
Combien de ces admirables énarques
Ont compris presque trop tard
Qu’ils auront vendu , même leur langues, au capitalisme
Le capitalisme n’a pas besoin de plusieurs langues
Une seule lui suffit et lui simplifie la tâche
Et surtout pas le français. Langue d’une révolution sociale
Que trop de français voudraient bien oublier

20/05/2013 19:45 par FAICT Denis

Merci, Monsieur Arnaud, pour cette brillantissime analyse, normalement dans ma propre langue je vous dirais que vous savez décortiquer magnifiquement les mots et surtout les intentions qui se cachent derrière ces mots. Mais avouez tout de même que vous n’avez pas trop de mal à mettre un animateur télé tel que ce "cher monsieur Pujadas", à poil !… Ce pauvre individu est tellement stupide naturellement, il est vrai que la stupidité n’empêche nullement d’être en prime méchant et arrogant, n’avez vous pas remarqué que cela est l’apanage des nabots (êtres petits, non seulement par la taille, mais surtout par l’esprit), cette espèce d’individus nous submerge c’est temps derniers ; j’ose espérer que vous êtes un grand bonhomme, de toute manière vous l’êtes par l’esprit, grand.

Merci encore pour ce moment de pur bonheur à lire du bon et vrai français, langue qui porte la révolte en elle ainsi que le merveilleux esprit des plus grandes lumières que cette terre ai pu connaître, les diplomates ne s’y sont jamais trompés de quelques nationalités fussent-ils, ils parlent parfaitement notre langue et en connaissent un peu mieux qu’un "monsieur Pujadas" ses finesses et son éloquence ; en comparaison la pauvreté de l’ anglais rend cette langue inepte à traduire correctement une pensée majeure, de même qu’une beauté subtile, le seul avantage que l’on pourrait lui trouver serait peut-être sa sonorité, chose relative en rapport des monstruosités qu’elle véhicule au travers des borborygmes qui servent de chanson dont je préfère ne pas comprendre les paroles aussi vide de sens que les têtes lobotomisées d’où sortent les sons, on est très loin de la poésie des chansons françaises ; bon je vais m’arrêter là, car je crois que l’on me taxe déjà de chauvin franchouillard mangeur, chose horrible, de grenouilles (dont je raffole, dommage qu’elle ne soient pas anglaises cela ajouterais à mon plaisir), dois-je préciser que je haïs cette engeance perfide et menteuse (l’anglais), que j’ai vue toute ma jeunesse chaque fin de semaine, remonter fin saoûle dans leur ferry à Calais, je crois que tous les habitants des ports de la Manche et de la mer du Nord ne me contredirons pas, et l’on voudrait que j’enseigne à mes étudiants la subtilité des sciences humaines dans ce jargon commercial qu’est l’anglais, il faut vraiment être un triple c**, libéralo-solférinien-menteur (notre Président) pour le vouloir et être une mante religieuse dénaturée pour le promulguer (sa ministre).

20/05/2013 20:20 par Annette

Les polémiques de chauvinisme linguistique c’est de la diversion. La vraie question n’est pas là. De plus en plus l’éducation et l’enseignement sont marchandisés et seules les classes sociales supérieures peuvent payer des études correctes à leur progéniture. Même les régimes de droite après la guerre essayaient de donner la possibilité au plus grand nombre de faire de bonnes études quelque soit leur classe sociale. Aujourd’hui même ceux qui se disent de gauche n’ont rien à faire de l’intérêt général et ne font rien pour que chacun ait sa chance quelque soit son milieu social. Ces fumiers sont en train de nous réinventer le moyen âge ! Dans un système politique digne de ce nom les études tout comme la santé sont GRATUITS et accessibles à tout le monde !

20/05/2013 22:09 par Philippe Arnaud

A M. Faict Denis

- Je vous remercie de votre aimable et élogieux message. Si cela peut vous consoler, je vous dirai que notre langue conserve encore son prestige auprès d’un certain nombre d’étrangers. Je connais ainsi une Autrichienne (remarquable traductrice de français et d’espagnol), qui m’avait dit que, chez elle, la langue française passait pour "sexy". [Elle entendait par là "séduisante", "prestigieuse", "gratifiante"].

- J’ai cependant beaucoup de plaisir à parler (juste quelques mots, et dans une syntaxe rudimentaire) quelques langues étrangères, notamment l’italien. Aussi, suis-je consterné lorsque, en Italie, dans un restaurant, un camping, un office de tourisme, une librairie, l’employé - bien que constatant que je suis francophone et voyant que je trébuche dans sa langue, s’adresse alors à moi directement... en anglais !

- De la part d’un autre locuteur d’une langue romane, je ressens alors cette invite comme celle de quelqu’un qui, en présence de ma femme, me proposerait une liaison adultérine...

20/05/2013 22:14 par gérard

@ Lionel
« quasi toutes les langues européennes (sauf anglo-saxon) sont des langues romanes »
Tss Tss ! La langue anglaise se trimbale une foultitude de mots français !
C’est le jeu favoris des lycéens de transformer un mot français...à l’anglaise, avec le risque de tomber sur des "faux amis" que cela entraîne.
La base commune avec l’anglais on l’a, mais c’est au niveau des sons que ça pêche entre les deux langues : on n’est pas avec la "perfide Albion", sur les mêmes sons, sur la même longueur d’onde (au propre comme au figuré)...D’où la difficulté qu’on a en France à causer british...
Sérieux, faut surtout pas une langue universelle ; l’anglais ayant pas mal de longueur d’avance, et les ricains étant un tant soit peu impérialistes, vous imaginez tout le monde parler l’anglais avec l’accent américain...quelle Horreur !
Quand on entend "tourne-dos Rossini et son délice d’escargot (ndt = salade) ", c’est quand même plus joli à entendre que "cheese burger frittes" non ?
Il m’arrive de me remettre à quelques humbles traductions (de l’anglais) pour des articles que je propose pour le Grand Soir, il n’y a pas photo : il y a beaucoup plus de subtilités, de nuances dans la langue française que dans la langue anglaise...insularité oblige ; nous on a été piquer des mots chez tous nos voisins...même chez les arabes ! Y’en n’a pas bézef d’accord, mais ça fait désordre ; ils seraient quand même deux cent quinze et ils n’ont jamais été expulsés !

21/05/2013 00:27 par Quidam

Gérard

"(...) il y a beaucoup plus de subtilités, de nuances dans la langue française que dans la langue anglaise...insularité oblige (...)"

Ah que nenni ! Détrompez-vous camarade - pour ce qui est de l’anglais britannique tout au moins - d’ailleurs regardez le volume de deux dictionnaires anglais britannique & français comparables ça vous donnera une idée du vocabulaire de cette langue avec en particulier de très nombreux synonymes issus de langues anciennes d’origines géographiques très différentes... Demandez donc à Bernard Gensane ce qu’il en sait & en dit ! ;-)

Pour mémoire il y a eu de très nombreuses invasions dans les iles britanniques de péquins venant de lieux très divers avec à chaque fois des influences & des apports très importants dans la langue, la langue française a par exemple même été la langue officielle en matière juridique à une époque...

21/05/2013 08:37 par calamejulia

D’accord avec @ Quidam qui nuance le propos du manque de subtilités de la langue anglaise.
Si vous avez eu entre les mains une œuvre de Shakespeare a traduire, vous ne pourrez que
constater devant quelles difficultés peut se trouver le traducteur voulant exprimer "au mieux"
la sensibilité du texte. Le tout anglais de "my taylor is rich" n’a rien à voir avec ces textes et
d’autres bien sûr, plus récents !
La nouvelle mode est l’apprentissage du chinois pour les familles qui pensent à l’avenir
radieux de leurs enfants.

21/05/2013 10:43 par Transes

Dire que l’anglo-saxon est une langue romane, c’est gravement inculte. Et le reste du commentaire est de la même veine.

Régulièrement, on nous donne le grand frisson avec la disparition du français au profit de l’anglais. Et on se fait plaisir en vouant l’anglais aux gémonies et en le traitant de sous-produit comme si c’était de la langue que venait le mal. Comme si cette insistance à nous fourguer de l’anglais (orienté, approximatif et basique) à toutes les sauces ne venait pas des idéologues et non pas de la langue employée.

Et voilà que le nouveau gouvernement de droite ne trouve rien de mieux que de proposer des cours en … anglais pour attirer des étudiants d’autres pays !
Et, déjà, si on ne barrait pas la route aux étudiants francophones ou francophiles qui viennent d’Afrique, par exemple ?
Annette a tout à fait raison. Ce sont les étudiants et l’Éducation qui ont été transformés en marchandises. C’est cela qu’il faut combattre.
L’enseignement en anglais est destiné à faire rentrer de l’argent, pas à instruire les étudiants et certainement pas à les intégrer : c’est "file l’oseille et tire-toi". Un enseignement en français risquerait de fidéliser ces étrangers, et -qui sait ? - peut-être voudraient-ils s’incruster ici ?

C’est du démantèlement de l’université française, de la fin de la gratuité (relative) des études, de l’accès aux études supérieures de la majorité des élèves et de l’ostracisme envers les étrangers dont il est question.
Et cela, depuis des années. Il serait temps de s’en rendre compte.

Dire que c’est pour le "rayonnement de la France", c’est une imposture. En quoi la "France" peut-elle "rayonner" en offrant un enseignement médiocre en langue étrangère ?
Elle ferait bien de rayonner par sa défense des droits humains et des droits des travailleurs, de l’accès de tous à l’éducation et à la culture, etc.

Et de quelle "immersion" parlent-ils, ces imbéciles ?
Comment des Chinois (ou autres) qui viennent en groupes en France pour suivre des cours en anglais et vivre en cercle fermé auraient-ils envie de se rapprocher de gens dont ils ne connaissent pas la langue et à qui ils n’auront aucune raison de parler ? Quelle possibilité d’intégration (aur)ont-ils, eux, qui s(er)ont complètement marginalisés ?
Ridicule et sournois.

Les études doivent se faire dans la langue du pays. Quel intérêt auraient des étrangers à venir en France étudier en anglais avec des profs lambda, recrutés on ne sait comment, quand ils peuvent s’inscrire dans des universités anglophones ?
Il est clair que cet enseignement n’est pas réservé au tout venant, ni à des amoureux de la langue, mais aux futurs caporaux du capital à qui on enseignera les rudiments d’une langue factice (et non pas de l’"anglais", comme on se plait à le répéter, en l’excluant des autres langues étrangères).

Ce qu’il faut exiger, c’est le développement en France de l’étude des langues étrangères qui permettent, elles, d’entendre les peuples des autres pays et de communiquer avec eux.
Or, il faut savoir que l’enseignement des langues étrangères, anglais y compris, est saboté depuis des années et n’amènera jamais personne à comprendre, à lire, à s’exprimer et à rédiger correctement dans une langue étrangère.
Seule une "élite" a accès à ces connaissances, car elle a les moyens de se perfectionner autrement, si besoin (et encore !).
Et on sait bien pourquoi.

Renseignez-vous sur le nombre d’heures d’enseignement des langues en collège et en lycée, sur les effectifs et sur la variété des langues proposées.
Car le but, c’est d’économiser le plus possible sur l’éducation de masse et ne donner à l’immense majorité des élèves que des connaissances très basiques, l’objectif étant d’en faire le vivier interchangeable et docile du capital.
Et, dans le même esprit, les larbins du capital leur imposeront peut-être comme étape suivante l’apprentissage du roumain ou du bengali, des langues mieux adaptées aux desseins de leurs maîtres.

Alors qu’on s’agite autour de l’emploi, marginal, de l’anglais dans certains cours, on occulte que c’est tout le système éducatif en France qui est démantelé et qui deviendra une entreprise entièrement sponsorisée par le capital, que les cours soient dispensés en anglais ou en français.
C’est déjà bien entamé. Mais qui s’en est ému, à part quelques excités gauchos jamais contents qui empêchent les autres d’aller en cours ?

D’autre part, pourquoi donc vouloir, pour communiquer avec les autres peuples, utiliser une langue commune bricolée artificiellement ?
Une langue est chargée de culture. Ce n’est pas un méli-mélo de mots raccrochés à une syntaxe simple, et employer une langue commune à partir de diverses langues est de la même veine que de vouloir imposer les rudiments d’une langue existante : c’est accepter que disparaisse toute cette diversité au profit d’une langue véhiculaire.

On l’oublie sciemment, ou on l’ignore, sans doute, mais il y a de très grands auteurs dans toutes les langues et même, chose incroyable, de très prestigieux auteurs de la littérature anglo-saxonne issus des quatre coins de la planète.
On se demande comment ils n’ont pas tous écrit en français afin d’avoir les outils nécessaires pour exprimer toutes les "subtilités" de leur pensée.

Pécresse, Fioraso et Hollande parlent français, Chomsky, Edward Saïd, Howard Zinn s’exprime /s’exprimaient en anglais. Qui sont les impérialistes ?
Quant à l’espagnol, certes, c’est la langue de Chavez, celle de Castro et d’autres, mais c’était aussi celle de Franco, de Videla, de Pinochet ou des Conquistadors. Et que sont devenues les langues indigènes ?
On voit toujours midi à sa porte.
Or, toutes les langues qui existent actuellement sont des langues "impérialistes" : ce sont celles des classes dominantes qui ont imposé leur langue au détriment de toutes les autres et les ont rendues caduques.

Alors, au lieu de rabâcher que l’anglais est la langue de l’"impérialisme", il s’agirait de s’attaquer aux vrais problèmes : exiger des enseignements de la langue française et des langues étrangères variés et de qualité, qui permettent à tous de s’exprimer, d’échanger et de réfléchir.
Et, déjà, au moins, le français ne serait pas de la confiture pour les cochons.

Quant aux "élites", quelle que soit la langue qu’elles veuillent nous imposer, c’est elles qu’il faut combattre et renverser. A se tromper de combat, on ne voit le rouleau compresseur que quand il a terminé de tout raser.

NB : Si on ne comprend pas les "subtilités" d’une langue, il est indécent de s’emparer de textes d’un auteur étranger à son insu pour en faire une traduction grossière.
Les auteurs anglophones (et autres, évidemment) n’ont certainement pas demandé que des amateurs incompétents massacrent leurs analyses, ou ajoutent à leurs textes des "subtilités" qu’ils n’auraient pas pu insérer à cause de la pauvreté supposée de leur langue.
C’est de la malhonnêteté et de l’arrogance.

Quant à l’"accent anglais" – ou "américain", encore un des poncifs véhiculés à l’envi, ils n’existent pas. A moins de décider d’un accent universel tout aussi factice que la langue qu’on veut imposer.
Il y a dans le monde entier, et sur tous les continents, des gens d’origines et d’horizons extrêmement différents qui s’expriment en anglais, qu’elle soit langue officielle ou lingua franca.
Et, curieusement, tous ces gens se comprennent, pour peu qu’ils aient reçu une certaine éducation.

Pour ne citer qu’un exemple pas trop compliqué, Thatcher et Reagan n’avaient pas le même "accent" : cela ne les a jamais empêchés de très bien se comprendre.

21/05/2013 14:52 par Lionel

@Transes, sans doute vous êtes-vous laissé emporter par le feu de la passion, après relecture des commentaires, je ne lis personne qui prétende que "l’anglo-saxon est une langue romane" !
Mon contradicteur Garard dit « Tss Tss ! La langue anglaise se trimbale une foultitude de mots français ! »
ce qui n’est pas faux et n’enlève rien au fait qu’elle ne soit en rien une langue romane, le français a adopté un certain nombres de mots arabes ou dérivés et n’a pourtant pas de racines communes...
La communauté des mots ne signifie pas communauté de concepts, en français le mot "sexy" ( puisqu’il en est question ) n’a pas le même sens et pour savoir ce qu’il signifie en anglais il nous faut définir le contexte sans quoi on risque un contresens !
Les langues romanes ont pour caractéristique des racines communes et en effet pour un français apprendre à s’exprimer en espagnol ou en italien est d’une grande facilité pour l’aisance dans les interprétations de concepts.
Mais avant de pouvoir être à l’aise dans l’expression par le biais d’une langue autre, il faut d’abord habiter cette langue, sans quoi nous en arrivons à un mésusage comme avec l’anglais, une langue que nous pratiquons uniquement par confort fonctionnel et pas du tout pour ce qu’elle est capable de transmettre en termes d’humanité.
Bien entendu que l’anglais comme toutes les autres langues possède ses subtilités, il est fort connu qu’une blague "étrangère" provoquera assez rarement l’hilarité générale, parce que pour en saisir les finesses il faudrait bien plus de mots et c’est vrai pour toutes les langues, la transposition n’existe pas, seule l’interprétation donc la sensibilité de l’interprète peut mener à une bonne approche.
Ce n’est pas ce qui est demandé avec les cours universitaires en anglais, on se fout de savoir si les étudiants saisiront les subtilités de langage ou l’incompétence des enseignants, dans un tel cadre l’usage de cette langue se limite à un code porteur de prérequis identiques et communs à l’univers néolibéral.
Il n’est pas question d’émotions ou de sentiments, le capitalisme n’a jamais fait preuve de sentiments, de plus en plus la tendance forte est de répondre à l’accélération insensée du monde des machines et nos dirigeants en sont les dignes serviteurs, dans ce cadre, l’anglais est un langage informatique, rien de plus et nous y perdons nos âmes !

21/05/2013 17:22 par latitude zero

Transes

Oui tu as raison sur bien des points que tu as évoqué ( j’allais dire comme d’hab !), mais tu sous-estimes l’enseignement et l’infiltration à marche forcée de l’Anglais qui n’est pas un phénomène si anodin que ça dans le délabrement organisé de l’éducation nationale.

On ne peut pas nier la mise en avant forcée de la langue Anglaise dans ce qui reste d’éducation en France.
Ce n’est pas un hasard si cette langue est largement avantagée au dépend des autres, on sait bien à quoi et à qui elle doit servir.
C’est au contraire un des piliers de la nouvelle politique en matière d’éducation nationale, qui ne date pas tout à fait d’hier.

On reste toujours dans le même problème ( dans la même problématique on dit maintenant !) et « certains ont choisi » pour nous et pour nos enfants.
Les enseignants doivent ils former les futurs citoyens libres , apprenant l’histoire, éduqués dans la diversité , dans le développement de leur pensée critique , ou doivent ils former les futurs servants du système capitaliste imposé au monde par les Anglo-Saxons ?

Pour ma part , j’ai été forcé « de faire » Anglais première langue, ce que je ne regrette pas forcément car c’est bien pratique ( Rassures toi je ne me risquerais pas à une traduction hasardeuse bien qu’ayant parler l’Anglais courant à une certaine époque)

Mais doit on forcer à apprendre une langue étrangère uniquement sur les critères de l’efficacité économique des échanges marchands, efficacité dont on sait à qui elle profite , ou doit on proposer à égalité, une plus grande diversité de langues selon les affinités et les désirs de chacun à découvrir différentes cultures , pour le partage et l’enrichissement de tous.
Est-ce que c’est un choix anecdotique ? Auquel cas on laisse passer l’Anglais pour tous et il n’y a pas d’autres alternatives !

Prenons l’exemple du Persan , parlé par plus de cent millions de personnes en Iran mais aussi en Afghanistan, Pakistan, bahreïn, Irak, etc, une langue incroyablement riche, s’exprimant quasiment sous forme de poésie et d’une subtilité pour moi inégalée .
Tout le monde se rappelle la fameuse phrase cité par Ahmadinejad « Khomeini disait, que le régime qui occupe Jérusalem, doit disparaître de (la) page du temps." traduit par les médias occidentaux par « Israel doit être rayer de la carte », une désinformation grossière rendue possible par l’ ignorance des journalistes , traduction bien sûr suggérée par qui on sait.
Cela a pris des mois et grâce à internet, a être démenti. Mais combien de gens en sont toujours à « Israel rayer de la carte » , la majorité.

Non la volonté de nos gouvernements successifs de mettre de plus en plus en avant la langue Anglaise n’est pas un phénomène marginal, mais fait partie d’un tout , planifié .
Il faut refuser les 2 alternatives qu’on nous vend , des « 5 universitaires à évoquer Proust » ... ou des milliards a ne plus évoquer QUE Shakespeare et parler la langue de Wall Street , d’abord parce que le choix est faussé et ensuite parce que c’est une arnaque !

21/05/2013 19:24 par Transes

@lionel
Comprenez ce que vous voulez, mais, pour moi, rétorquer à la phrase que "tss, tss", l’anglais comporte une "foultitude de mots français", cela ne peut que signifier, dans l’esprit du contradicteur, que c’est une langue romane.
Ou alors, je ne vois pas comment on peut interpréter cela.
Mais l’explication qui suit est tellement subjective et infondée qu’on pourrait se poser des questions, en effet.

L’anglais provient des dialectes anglo-frisons apportés sur l’île de Bretagne par les tribus germaniques. Ce n’est, donc, pas parce que l’anglais comporte des tas de mots français qu’elle est une "langue romane".
Il s’agit là d’apports ultérieurs (Moyen Anglais), surtout lexicaux, à la langue (Vieil Anglais), en grande partie prescrits par les envahisseurs normands (les ancêtres des "Français", quoi) avec Guillaume le Conquérant qui avait imposé la langue des dominateurs. Comme c’est étrange.
D’autre part, le lexique s’est également constamment enrichi d’emprunts directs au latin, au grec et à d’autres langues romanes, entre autres. Et enfin, il a connu des apports locaux.
C’est la raison pour laquelle le lexique de l’anglais est très riche, contrairement à ce que prétendent les béotiens.

Puis, en 1940, est né le "Basic English", sous-ensemble de 850 mots, destiné aux populations issues d’anciennes colonies britanniques, peu instruites, grâce au zèle des colonisateurs.
Et, ensuite, est apparu le "globish", qui est le jargon utilisé par des locuteurs de diverses autres langues pour communiquer en anglais.
Mais aucune de ces versions appauvries n’a pris la place de l’anglais, écrit et parlé par les personnes éduquées. Il n’y a qu’à se plonger dans la littérature de ces derniers siècles pour le constater.

"Et en effet pour un français apprendre à s’exprimer en espagnol ou en italien est d’une grande facilité pour l’aisance dans les interprétations de concepts."
Faux. Considérer que les autres langues sont "faciles" pour un français, c’est penser que ce sont des ersatz du français - langue suprême - et qu’elles ont évolué dans le même sens.
Il n’y a pas de "langue facile". Il n’y a que des illusions de facilité, qui peuvent, justement, conduire à des contre-sens et des fautes graves, et entraver l’apprentissage et, surtout, le perfectionnement de la langue.

"Ce n’est pas ce qui est demandé avec les cours universitaires en anglais, on se fout de savoir si les étudiants saisiront les subtilités de langage ou l’incompétence des enseignants…"
Pourquoi ? ces mêmes cours ont du sens s’ils sont dispensés en français ?

Ce n’est pas la langue qui est en cause, je le répète, mais l’usage qui en est fait et dans quel but. Et c’est cela qu’il faut combattre.
On se fiche bien de savoir si l’économie capitaliste est enseignée en anglais ou en français, c’est du même jargon qu’il s’agit, de toute façon. Mais ni l’une ni l’autre ne sont des "langues".
Sarkozy ne savait pas aligner trois mots d’anglais (je ne sais pas pour Hollande, mais ce n’est pas impossible non plus), cela ne l’a pas empêché d’être le serviteur docile du capital international.

21/05/2013 21:05 par Lionel

Merci pour les éclairages historiques.
Pour le sens à donner à la pratique d’une langue plutôt qu’une autre la seule affirmation qui me vient est que seule "la langue du cœur" est à même de véhiculer les concepts nécessaires à la transmission de messages sensés - excepté peut-être pour dire "passes-moi le sel", encore que...-
La langue maternelle seule le permet à l’exception des personnes "habitant" une autre langue devenue la leur, par métissage, par passion, par révélation intellectuelle, par adoption...Alors oui ! Cours en français ou en anglais n’auront pas du tout les effets identiques à fortiori si l’enseignant n’est pas lui-même un anglophone hors-pair.
Une langue n’est pas un objet utilitaire et la pratique de l’une au sein de laquelle est né l’individualisme protestant et le précapitalisme ne peut se faire en toute innocence et sans conséquences sur la qualité du message, ce ne sera pas dans la langue de Shakespeare que seront dispensés les cours et il n’y aura pas d’études de style, ce sera du même niveau que les stages d’entreprises avec les mêmes objectifs.
Pourquoi certaines boites de com françaises n’échangent en interne qu’en anglais ?
Pour les mêmes raisons, fabriquer des êtres soumis à certains rouages, aux non-dits et autres sous-entendus que les concepts de cette langue véhicule.
Chaque langue a sa propre lecture du monde et quand bien même nous regarderons ensemble la lune, jamais nous n’y verrons la même chose et c’est bien ainsi, c’est aussi la biodiversité, la richesse.
Beaucoup de pays d’Afrique sont le foyer de nombreuses langues, aussi les solutions sont de pratiquer en moyenne 6 ou 7 langues, la langue officielle, une ou plusieurs langues véhiculaires et enfin un ou plusieurs dialectes locaux.
Ça nous semble un peu fou mais ça faisait pas mal de siècles que ça fonctionnait et comme ailleurs il n’est pas de langue plus adaptée que sa langue maternelle pour exprimer les émotions et parler de soi !
Ces cours en anglais ne seront pas accessibles à l’émotion puisqu’aucun des étudiants ni même les enseignants n’auront l’anglais pour langue maternelle ( je vois mal les étudiants étasuniens venir en France à la place de la UCLA ou du MIT ), ce seront donc bien des cours pour former à l’efficacité managériale !

21/05/2013 21:09 par Transes

@latitude zéro
Je ne vois pas en quoi ce que j’ai dit serait contradictoire. Sauf que pour ne pas rallonger la sauce, je n’ai pas développé certains points.
J’ai dit que l’enseignement des langues en France était catastrophique, y compris en anglais. Allez donc à la sortie des lycées tester les aptitudes des élèves de terminales, après 7/8 ans d’anglais, vous serez ébahis de leur incapacité à produire une phrase correcte.
Car tout cela, c’est de la poudre aux yeux perpétuée par les médias et les responsables politiques, qui vendent leurs réformes. Pratiquement toutes les réformes visant l’enseignement des langues ont aggravé la situation précédente, parce qu’elles avaient pour but essentiel de gonfler les effectifs des classes, de réduire les horaires et de limiter les choix, tout en faisant passer les changements pour une innovation extraordinaire.
Ainsi, l’apprentissage en primaire d’une langue étrangère. Au début, il était dispensé par des locuteurs natifs ou des profs chevronnés. Ce qui était moindre mal, mais loin d’être satisfaisant dans la mesure où les écoles n’étaient pas toutes dotées pareillement.
Aujourd’hui, ce sont les instit’s eux-mêmes qui l’enseignent, avec, en général, les restes des cours de langues (en majorité de l’anglais) de leurs études secondaires (oui, ceux-là mêmes qu’on peut tester à la sortie des lycées).
C’est dire si c’est du bricolage inutile.
Il n’y a évidemment aucun test ou sondage pour le prouver et cela permet de laisser croire au grand public à l’utilité d’une telle démarche.
Les réformes successives récentes des collèges et des lycées destinées à "réduire les coûts", ont, d’abord, porté des coups fatals aux langues sans que cela en bouge une. Parce que c’était le plus facile et le moins visible à sabrer.
Aujourd’hui, la tendance est à l’exclusivité anglais-espagnol, où on peut bourrer les classes jusqu’à 35, en lycée, pour deux ou trois tranches horaires par semaine.
Là encore, poudre aux yeux, mais tout le monde s’en fiche. Tout le monde croit que les élèves étudient des langues étrangères.
L’allemand, le russe et l’italien, par ex, sont en voie de disparition parce que les postes ont été supprimés, soi-disant par manque de candidatures. Il en va de même pour les langues anciennes.
Quant à l’arabe, il est enseigné en dehors des heures de cours. Donc, tard le soir ou à l’heure de la pause déjeuner. Ce qui décourage les bonnes volontés, évidemment.

C’est à ce moment-là qu’il y avait un combat à mener pour préserver la diversité des langues et empêcher l’enseignement exclusif inévitable en globish, qui n’est que la continuité de ce qui s’est passé à bien plus grande échelle, ces dix dernières années, en particulier.
Alors, quand on m’explique que les langues étrangères sont importantes et qu’il faut de la diversité, je demande : où étiez-vous quand elles ont été laminées par les réformes ?
Parce qu’il n’y avait pas beaucoup de monde pour lutter pour les préserver.
Et c’était dans la plus grande indifférence, même de ceux qui étaient concernés directement (comme les parents d’élèves), ou dont ce serait forcément le tour incessamment.

22/05/2013 00:19 par Chemin

Concernant le débat langue véhiculaire auxiliaire neutre / langue vernaculaire pour la communication internationale, voici juste un commentaire à l’attention de tous, afin d’éviter tout débat improductif car basé sur des perceptions, des considérations ou des sentiments, qui font que l’un trouve la bouteille à demi pleine et l’autre, à demi vide.
En 09/ 2005, le Haut Conseil de l’ évaluation de l’école Français a demandé François Grin, professeur d’économie à l’école de traduction et d’interprétation de l’Université de Genève, un rapport sur le thème : « l’enseignement des langues étrangères comme politique publique », s’agissant de savoir quelle serait la meilleure solution pour résoudre le problème de la communication en Europe et pour quelles raisons : cf http://en.nitobe.info/ar/kampanjoj/grin-raporto.php
Après une analyse très pragmatique, comme cela n’avait jamais été fait auparavant, traitant trois solutions possibles, ce rapport conclut que l’enseignement de l’ espéranto est celui qui répondrait le mieux en termes d’efficacité, d’équité et d’économie.
On ne peut être crédible et parler utilement à propos de l’espéranto sans avoir lu ce rapport...et étudié quelque peu ce langage auxiliaire, cette langue « pont » entre les cultures.
Selon les intentions qui nous guident, tout ou rien nous séparera mais, lorsque des hommes comme Gandhi, Eiffel, Diesel, Einstein, J. Verne, U. Eco, M. Onfray, A. Jacquard,...se sont prononcés en sa faveur, il serait raisonnable de remettre en cause nos "à priori" contraires à cette solution qui mettrait un terme :
- au déséquilibre linguistique présent qui tend à conduire 90% de la population de la planète à parler la langue des 10% restants !
- aux tentatives de colonisations linguistiques et aux oppositions qu’elles engendrent.

22/05/2013 02:30 par Quidam

@ Chemin

C’est vrai que en matière d’improductivité - depuis la fin du 19ème siècle - les prosélytes de l’esperanto en connaissent un rayon à en juger par le nombre de ses pratiquants - si j’ose dire, hé, hé ! ;-)

Mais bon ... la foi donne des ailes, dit-on...

22/05/2013 08:42 par Transes

@lionel
Je ne comprends pas bien votre raisonnement.
Certes, la langue est un support de communication complexe, mais dans le cadre de cours d’économie, de marketing ou de matières scientifiques, je ne vois pas ce qui pourrait susciter des "émotions" entre l’enseignant et les élèves, selon la langue utilisée.
La fonction du prof est de transmettre le message contenu dans son cours selon un programme défini. Il le fera avec fougue, conviction, profond ennui, etc. C’est cela qui sera perçu par ses élèves et à cela qu’ils répondront peut-être. Mais je ne pense pas qu’entendre parler de Keynes ou de Hayek leur procure une "émotion" intense.
Ou alors, ça craint.
Dire, également :"Une langue n’est pas un objet utilitaire et la pratique de l’une au sein de laquelle est né l’individualisme protestant et le précapitalisme ne peut se faire en toute innocence et sans conséquences sur la qualité du message".
Là encore, cette généralisation n’a pas de sens pour moi, parce que cela voudrait dire que la langue seule détermine la pensée des individus, qu’ils sont tous faits dans le même moule et que c’est immuable. Ce qui est, de toute évidence, invraisemblable.

Quant à l’explication sur la langue maternelle, je ne saisis pas bien non plus :
"Ces cours en anglais ne seront pas accessibles à l’émotion puisqu’aucun des étudiants ni même les enseignants n’auront l’anglais pour langue maternelle".
Cela implique-t-il que les enseignants de langues étrangères ne peuvent pas transmettre d’"émotion" s’ils ne sont pas eux-mêmes bilingues et si leurs élèves ne le sont pas aussi ?

Quant à l’"émotion" que ressentiraient des élèves lors d’un cours, je doute qu’elle soit bien fréquente :-D.

Si ce projet de loi passe, il risque fort de ne pas pouvoir être appliqué en l’état actuel des choses.
Il faut renouveler une grande partie du corps professoral, avoir des étudiants aptes à suivre des cours en langue anglaise et en ce qui concerne les étrangers, il n’y a pas de structures suffisantes pour accueillir un nombre illimité de candidats.
Le danger, c’est que, plus tard, cette loi peut conduire à imposer de bachoter une langue adaptée en prévision de ces cours en lieu et place de l’étude d’une langue étrangère authentique, permettre aux présidents d’universités de licencier les professeurs, même très compétents dans leur domaine, sous prétexte qu’ils ne parlent pas anglais, et en embaucher d’autres au rabais, parce qu’il parleraient (ou baragouineraient) une langue de circonstance, et, enfin barrer l’accès aux études supérieures à des étudiants français sur le seul critère de la méconnaissance de la langue étrangère utilisée dans les cours.

Ce projet de loi est inique, malsain, dangereux et uniquement motivé par l’idéologie.
Bravo Hollande ! A tous les postes, il a nommé "the right man in the right place" !
On aurait cherché un président socialo plus néo-con, on n’aurait pas trouvé.
Un vrai larbin du capital, et un imposteur.

@latitude zero :
"Les enseignants doivent-ils former les futurs citoyens libres, apprenant l’histoire, éduqués dans la diversité, dans le développement de leur pensée critique, ou doivent ils former les futurs servants du système capitaliste imposé au monde par les Anglo-Saxons ?"
Hélas, les enseignants, eux-mêmes issus du système, ont, de tout temps, sans en avoir conscience, formé les enfants à respecter et perpétuer l’ordre établi et les institutions.
Aujourd’hui, enfermés dans des programmes imposés et coincés par le manque de temps, ils ont encore moins de latitude.
Alors, les néocons veulent aller encore plus loin dans le formatage ? C’est sinistre, en effet. Mais la nouvelle génération de profs, corvéable, précarisée et ballotée d’un établissement à l’autre, sera obligée de s’y plier si elle tient à garder son boulot.

Mais peut-être la fin de tout ce cirque est-elle proche ? Il serait temps que ça s’arrête.

NB : rassure-toi, Shakespeare ne sera pas plus au programme que Proust. Pourtant ce serait moindre mal ;-)

@chemin : Vous vous moquez du monde ?

Un résumé de ce rapport (le rapport, lui, est en esperanto, donc illisible du commun des mortels) nous indique que l’"étude" ne prend pas en compte les "considérations pédagogiques, juridiques, politiques, historiques, ou sociolinguistiques", que les "données appropriées sont rares" ; que "les informations dont on dispose sur les modalités de valorisation, au sein des entreprises, des compétences en langues étrangères, sont relativement peu nombreuses et surtout très vagues" ; que "l’argumentation en faveur de l’enseignement de telle ou telle langue étrangère se limite souvent aux différentiels salariaux nets provenant de la maîtrise de cette langue", etc., etc.
Eh bien, malgré l’absence totale de critères d’évaluation, devinez qui sort du chapeau ?
Gagné !
"Le scénario « espéranto » apparaît comme le plus avantageux, car il se traduirait par une économie nette, pour la France, de près de 5,4 milliards d’Euros par année et, à titre net pour l’Europe entière (Royaume-Uni et Irlande compris), d’environ 25 milliards d’Euros annuellement".
Elle est pas belle, la vie ?
Mais, 5 milliards et demi, à mon avis, c’est petits-bras à côté du manque à gagner que représente l’évasion fiscale, estimée à 20 milliards d’euros chaque année (et probablement bien au-delà de ça).

22/05/2013 19:12 par Sierra

En 2050, le français sera la langue la plus parlé sur la planète, grâce aux africains, et cela fera belle lurette que l’espagnol se sera imposé aux US.
Laissons pisser le mérinos.

22/05/2013 22:37 par Thierry Saladin

@ Quidam

"C’est vrai que en matière d’improductivité - depuis la fin du 19ème siècle - les prosélytes de l’esperanto en connaissent un rayon à en juger par le nombre de ses pratiquants - si j’ose dire, hé, hé ! ;-)

Mais bon ... la foi donne des ailes, dit-on..."
On peut difficilement dire plus de sottises en si peu de phrases. Comme Chemin l’a suggéré, commencez donc par lire le Rapport Grin, cela vous évitera de dire n’importe quoi.
Les adversaires de l’espéranto, dont vous faîtes partie, évidemment, ont tous un point commun, et toujours le même : ils répètent les mêmes âneries, sans avoir jamais, ô grand jamais, ouvert un livre d’espéranto, assisté à une conversation en espéranto, et constaté que l’espéranto fonctionne.
Alors, ils parlent, ils bavardent, ils écrivent que l’espéranto et blablabla, et blablabla...
Bravo Quidam. Vous avez raté une belle occasion de vous taire.

22/05/2013 22:52 par Thierry Saladin

@ Transes,
Du calme ! Le Rapport Grin dont la version originale est en français, est accessible à l’adresse suivante :
<http://www.ladocumentationfrancaise...>
Il compare trois scénarios :
1) le tout-à-l’anglais,
2) le multilinguisme,
3) le scénario espéranto.
Or, François Grin parle parfaitement l’anglais, et est un universitaire reconnu des langues et de l’économie. C’est pour cela que le Haut Conseil de l’Évaluation de l’école l’a mandaté en 2005 pour rédiger un rapport sur : "L’enseignement des langues étrangères comme politique publique"
Lisez-le attentivement, vous reverrez certainement votre position.
Du moins, c’est ce je vous souhaite. De le lire attentivement.

22/05/2013 22:53 par Lionel

@Transes, merci pour cette longue discussion, mon objectif n’était que de proposer des pistes existantes, bien loin de celles qui vous servent de bases de raisonnement, bien loin de considérations immédiatement politiques ( seules les conséquences le sont ! ) et se faisant une voie forte des sciences humaines et en particulier la psychologie dérivée de l’anthropologie et mariée à la linguistique.
Des chercheurs tels que F. Sironi ( les bourreaux et les victimes de tortures et de persécutions ) ou Tobbie Nathan ( ethnopsychiatrie clinique ) ont ouvert une brèche dans les vieilles croyances en la psychologie au service du grand capital.
Je parle d’une psychologie respectueuse de tout être humain dans ce qu’il est, ce qui l’habite et le constitue : sa langue maternelle et par conséquent sa vision du monde.
S’il vous plaît de croire que cette vision est statique et éternelle, il ne tient qu’à vous mais vous êtes seul à le dire !
C’est grâce à sa richesse et son infinie souplesse et capacité d’adaptation que l’univers humain est en perpétuel mouvement, mais seuls les peuples en décident, là il ne s’agit que d’observer et de tenter de comprendre.
Je vous recommande vivement la lecture d’un ouvrage que tout étudiant en sciences humaines se devrait de connaître : " De l’angoisse à la méthode dans les sciences du comportement ", Georges Devereux.
Je crois que toute discussion supplémentaire irait au-delà du sujet, sachez seulement que de mon point de vue, votre vision d’une langue me semble négliger le fait qu’une langue est avant tout un système de transmission d’émotions, pour toute autre chose les animaux non humains ne se débrouillent pas trop mal avec des cris ou de simples regards.
Les émotions sont la base de la construction psychologique et psychique de tout être humain, un enseignant incapable de transmettre ses émotions y compris lors d’un cours de techno ne peut pas avoir de bons élèves, c’est ce que nous perdons, des enseignements ( pas seulement des enseignants ) par la voie des émotions indispensables à tout apprentissage ( leçon basique de 2e année de psycho ) !

23/05/2013 01:29 par Sheynat

@ Lionel

une langue est avant tout un système de transmission d’émotions, pour toute autre chose les animaux non humains ne se débrouillent pas trop mal avec des cris ou de simples regards.

Ah bon ????
J’ai l’impression que vous vous méprenez à propos des animaux :

Ces sons peuvent parcourir des centaines de kilomètres. Les baleines vivent à une autre échelle. Pour un observateur en avion, deux rorquals communs observés à quelques kilomètres l’un de l’autre lui apparaissent naturellement comme deux individus isolés. En réalité, ces deux rorquals voyagent peut-être ensemble, de façon bien coordonnée, tout en échangeant des informations sur la présence de nourriture ou de bateaux.
(...) Le chant des rorquals à bosse est divisé en phrases musicales qui se répètent pour former des thèmes. Une série de thèmes se suivant dans un ordre spécifique forme un chant, qui dure de quelques minutes à une demi-heure. Pendant la période d’accouplement, le mâle chante des phrases musicales très complexes : il semble que ça lui serve à charmer les femelles et à intimider les autres mâles. (source)

Et aussi, ce qui démontre une belle capacité à dépasser les limites de la langue maternelle :

Au sein d’une même espèce, il est fréquent de constater des différences de chants entre les différents groupes ou même entre plusieurs nids. Chez les baleines, le contact de groupes venus de secteurs différents des océans montre qu’un des clans peut adopter et utiliser rapidement un nouveau chant. (source)

Pour ce qui est des animaux de l’espèce humaine, deux personnes parlant une langue étrangère qui sont sur des longueur d’ondes émotionnelles identiques (je pense par exemple à deux personnes qui partagent une passion commune, comme le dessin, la peinture) peuvent merveilleusement bien se communiquer leurs émotions, et par contre, être victimes de quiproquos dans le domaine de la transmissions d’informations non émotives, du fait de la barrière de la langue.
Il me semble qu’on se structure avec diverses sources de communications, la langue en est un des facteurs, mais pas le paramètre principal, et qu’une structure, étant élastique, peut changer en fonction des informations intégrées au cours d’une vie.
Pour revenir au sujet plus précisément :

il faut parler la langue du commerce et c’est l’anglais

Je pense que ça résume assez le problème. Mais je ne vais pas m’étendre là dessus, des commentateurs ont très bien expliqués qu’il faut éviter de confondre un outil de communication, avec les objectifs lucratifs qui alterneront voire détourneront cet outil de communication.

Sheynat

23/05/2013 04:28 par ADSkippy

Les Franchouillards se rebiffent.
Le Français ? Une langue d’origine "élitiste" Francilien (Ile de France), prétentieuse et pédante, difficile a apprendre et comprendre, indispensable pour des esprit tortures.
L’ Anglais ? Une langue torturée mais facile a comprendre et apprendre, pratique pour les simples d’esprit.
Anyway, who cares ? Une langue n’est qu’un moyen de communication et tant qu’on arrive a se comprendre, on pourrait parler l’Albanais ou le Papou, ça m’est égale.

23/05/2013 04:50 par Lionel

Pour mettre un frein à toute polémique et un peu savoir de quoi l’on parle : " Ces émotions qui nous fabriquent " Vinciane Despret, chercheuse en psychologie, psychologue clinicienne.
Sheynat votre matérialisme vous donne une vision de la langue faussée par un côté "utilitaire" qu’elle n’a pas et que l’on veut tenter de lui donner en inventant une langue de l’économie, alors qu’il s’agit de la langue qui véhicule le mieux les concepts du capitalisme...
Toute langue parle d’économie comme organisation de la vie sociale et pas forcément en termes de rentabilité, pas besoin de l’anglais pour cela comme pour dire "je t’aime" !

23/05/2013 12:05 par Transes

@lionel
"S’il vous plaît de croire que cette vision est statique et éternelle, il ne tient qu’à vous mais vous êtes seul à le dire !".
De toute évidence, nous ne parlons pas la même langue.

C’est vous, d’après ma langue à moi, qui définissez ceux qui pratiquent l’anglais comme une entité homogène et immuable en décrétant que les cours d’économie en anglais seront forcément orientés parce que la langue est issue de l’individualisme protestant et du précapitalisme. Par opposition, je suppose, aux autres langues, qui seraient, elles, issues de l’altruisme catholique et du présocialisme.

Et vous insistez là-dessus. Ici : " Pourquoi certaines boites de com françaises n’échangent en interne qu’en anglais ? Pour les mêmes raisons, fabriquer des êtres soumis à certains rouages, aux non-dits et autres sous-entendus que les concepts de cette langue véhicule".
Et, là (entre autres) "Chaque langue a sa propre lecture du monde et quand bien même nous regarderons ensemble la lune, jamais nous n’y verrons la même chose"

Autre affirmation péremptoire : la primauté de la "langue maternelle".
"… être humain dans ce qu’il est, ce qui l’habite et le constitue : sa langue maternelle et par conséquent sa vision du monde".
"Il n’est pas de langue plus adaptée que sa langue maternelle pour exprimer les émotions et parler de soi !"
Or, la notion de langue maternelle a été remise en question depuis longtemps par les linguistes. Et, en effet, c’est un peu plus complexe que ce que vous voulez le laisser croire. Je vous conseille vivement cette étuderemarquable sur la question.

D’autre part, considérer que l’anglais est la "langue maternelle", selon vos critères, de tous ceux qui le parlent, c’est encore une erreur.

80% de ceux qui parlent anglais dans le monde ne sont pas des "locuteurs natifs".
Et aux Etats-Unis, 55 millions (1/5) des habitants parlent une autre langue chez eux, dont 34 millions l’espagnol (langue "non issue de "l’individualisme protestant et du précapitalisme").

Sans compter les diverses religions qui y sont représentées : même si plus de 50% se classent dans la catégorie "protestants", il y a 24% de catholiques déclarés, 1,2% de juifs, 0,8% de musulmans (dont près de 30% sont des Noirs autochtones, qui n’ont, donc, que peu à voir avec les nouveaux arrivants issus d’Afrique et du MO), pour les plus importants, et, avec, au sein de chaque dénomination, des disparités importantes, en particulier chez les protestants, où chaque confession est issue d’une dissidence. Quant à ceux qui ne se revendiquent d’aucune religion (athées, agnostiques, humanistes, etc.), ils représenteraient aujourd’hui entre 16 et 20% de la population.

Dire que "chaque langue a sa propre lecture du monde", c’est, donc, considérer que tous ceux qui parlent français ont également une lecture du monde commune.
Et qu’ainsi, au Québec, sur le Continent africain, dans les Caraïbes, dans les Départements d’Outre-mer, voire en Louisiane, nous voyons les choses de la même façon.
Ce qui est absurde pour les uns est absurde pour les autres.

Il ne faut pas confondre la langue et le discours officiel des classes dominantes, qui, lui, est commun aux capitalistes du monde entier, quelle que soit la langue employée.

@Sheynat : bien vu.

23/05/2013 13:53 par Quidam

Ah bon ? Vous croyez Thierry ?

QUESTION : Plus d’un siècle après sa création, l’espéranto, combien de divisions ? ;-)

Thierry Saladin

"(...) Bravo Quidam. Vous avez raté une belle occasion de vous taire."

Quidam

"(...) C’est vrai que en matière d’improductivité - depuis la fin du 19ème siècle - les prosélytes de l’esperanto en connaissent un rayon à en juger par le nombre de ses pratiquants (...)"

25/05/2013 16:46 par Assim Bonanga

En bon français, il me semble que la négation devrait être organisée comme suit : Hollande a beau n’avoir que la finance pour seule ennemie.
Il me semble !
PS : je vous aime !
(C’est pas pour quelques fautes.)

25/05/2013 16:51 par Assim Bonanga

Une amie traductrice m’a appris que certaines notices techniques, et même venant des US, étaient écrites en latin, pour être comprises universellement.
(Ce commentaire juste pour faire avancer le schmilblick.)

28/05/2013 15:41 par Christian Lavarenne

Mon commentaire (19/05/2013 à 23h25) en ayant suscité de nombreux autres, je ne peux apporter des précisions que sur quelques-uns des points abordés.

@gérard (20/05/2013 à 10h49)
"toutes les bonnes volontés du Monde n’arriveraient pas à créer une langue sans Histoire, sans son évolution historique et sans une solide base orale"

Cela semble théoriquement vrai mais c’est pourtant ce qui s’est passé dans le cas de l’espéranto (Meillet l’ayant reconnu dès la fin de la 1ère guerre mondiale), avec ses maintenant 125 ans d’histoire propre, en plus de l’histoire de nombreuses langues européennes dont il hérite en en tirant la majeure partie de son lexique (alors que par sa grammaire il peut aussi s’interpréter comme une langue asiatique, en fait plus isolante qu’agglutinante au sens scientifique du terme) ; et je serais vexé qu’on lui refuse cette double histoire, moi qui viens de pondre une thèse de 1668 p., venant compléter un point de l’HDR (886 p.), aussi sur l’histoire de l’espéranto, de mon directeur de recherche, J.C. Lescure, avec respectivement 215 p. et 100 p. de sources et bibliographie dont une historiographie déjà abondante (mais parfois inaccessible : jusqu’en japonais etc.)

La langue a bien sûr énormément évolué en plus d’un siècle : d’un millier de racines à sa publication (1887), elle en a dépassé dès les années 60 les 15.000, ce qui représente plus de 100.000 mots (et permettrait même d’en former au moins le double).

La base orale explose grâce à skype : jusque-là l’espéranto n’était parlé qu’à l’occasion de rencontres plus ou moins ponctuelles, en famille et dans les émissions de radio quotidiennes : Radio Pékin, Radio Varsovie ; bihebdomadaires : Radio Vatican ; hebdomadaires : Radio Espéranto (hébergée par Radio Libertaire : http://media.radio-libertaire.org/php/grille.basic.php?wk=21) ; etc.

28/05/2013 15:46 par Christian Lavarenne

@Quidam (23/05/2013 à 13h53)
l’espéranto, combien de divisions ?

Plutôt une efficace cinquième colonne, d’intelligence non pas avec l’ennemi puisque les espérantistes, répandus dans au moins 120 pays (nombre où est par exemple lu le mensuel Esperanto) ne s’en connaissent pas : ils sont pour l’amitié entre tous les peuples, certains d’entre eux affirmant même former un peuple transnational comme on a par exemple parlé de la République des lettres.

Les nombres avancés étant souvent incontrôlables et même parfois assez fantaisistes je m’en tiendrai, de manière sans doute très réductrice, à des réalités : dès le début des années 80 (un peu avant le centenaire de la langue), du (Nouveau) Cours rationnel et complet d’espéranto étaient déjà parus 100.000 exemplaires en 9 éditions. Un jour préfacé par Henri Barbusse il est sans doute le manuel le plus populaire (mais loin d’être le seul).

Autres statistiques incontestables, mais la majorité des espérantistes refusent soit de mélanger espéranto et politique, soit de sacrifier leur appartenance politique pour un vote spécifique en faveur de l’espéranto : aux élections européennes la liste "Europe Démocratie Espéranto" a reçu 25.067 voix en 2004, et 28.945 en 2009 ; la pétition pour l’espéranto au bac, 33.841 signatures en 2012 (http://esperanto-au-bac.fr/) ;

et une autre, en cours, en est actuellement, bien que mal formulée, à 5.265 signatures : rien ne nous empêche de lui faire dépasser les 50.000 si tout le monde s’y met, y compris des sympathisants un peu dubitatifs face à l’hégémonie du tout-à-l’anglais (www.avaaz.org/fr/petition/Esperanto_langue_officielle_de_lUE/).

28/05/2013 15:52 par Christian Lavarenne

@Assim Bonanga (25/05/2013 à 16h51)
"certaines notices techniques, et même venant des US, étaient écrites en latin, pour être comprises universellement."

J’ai enseigné le latin mais j’ai des doutes sur la compréhensibilité du latin pour la technique, et je serais donc très intéressé par des exemples concrets (avec références précises) : merci d’avance !

Conclusion (provisoire ?) de mes messages, la loi et son article sur l’anglicisation de l’université française ont été adoptés par les députés, soit, mais comme dirait l’autre si nous avons perdu une bataille nous n’avons pas encore perdu la guerre des langues.

Et en complétant un peu une autre citation à peine détournée : "citoyens de tous les pays unissez-vous par l’espéranto" : ni par l’anglais (décidément trop impérialiste) ni par le russe (lié à une autre dictature qui ne valait en fait guère mieux, et qui a peut-être cédé à une autre qui se révèlera bientôt encore pire ?), mais, selon le titre proposé pour une éventuelle publication de ma thèse sur l’histoire de l’espéranto (2012, Paris 13, avec félicitations), par "la langue du cœur".

26/04/2014 01:17 par RedGuff

Esperanto estas bela kaj simpla.

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