« Je veux rentrer chez moi à Cuba »

Gilberto Martinez, 50 ans, vient d’être expulsé de son logement avec femme et enfants à Valencia en Espagne. Un cas parmi des dizaines de milliers d’autres dans ce pays où la gestion de la crise par un pouvoir de droite corrompu se traduit par le démantèlement des services publics, une misère galopante et une violente colère populaire. Rien d’extraordinaire le sort de M. Martinez, sauf qu’il s’agit d’un « dissident » cubain ayant choisi la « liberté » il y a quelques années après un accord entre l’Eglise cubaine et le gouvernement socialiste de M. Zapatero et qu’il demande « une seule chose : rentrer chez moi à Cuba ».

M. Martinez n’hésite pas en rajouter : « On nous a menti, dit-il. Si on m’avait dit ce qui se passe en Espagne, je serais resté dans mon pays ». Pour M. Martinez, les photos dans la presse avec les dirigeants socialistes du PSOE et de la droite du PP relèvent de l’histoire ancienne ; les allocations s’élevant à environ 1000 euros par mois ont été annulées ; les articles à la gloire du « courage » de M. Martinez font place à des critiques englobant tous les « dissidents » sous les étiquettes de « profiteurs », de « faignants », de « marginaux » et aux réflexions du genre « tout ce qu’on nous disait sur le communisme était mensonge, mais le pire c’est que tout ce qu’on nous a raconté sur le capitalisme est vrai ».

M. Martinez n’est pas un cas isolé. La plupart des « dissidents » cubains – à l’exception des reconvertis dans les bandes criminelles - résidant en Espagne vivent aujourd’hui dans le dénuement et ne bénéficient plus de l’intérêt des politiques et des médias. Plusieurs d’entre eux ont approché l’ambassade cubaine à Madrid pour évoquer un possible retour. On leur prête même l’intention de créer une « coordination ».

Au même moment, plusieurs « dissidents » cubains de haut vol font le tour du monde avec passage obligé à Miami, célèbre station balnéaire spécialisée dans les résidences dorées pour anciens dictateurs latino-américains à la retraite et repère de la mafia cubano-américaine. C’est dans cette ville que la chef des « Dames en blanc », un groupe financé directement par le gouvernement des Etats-Unis, demande publiquement le maintien du blocus pour « asphyxier » les Castro. La bloggeuse sponsorisée par le journal « El Pais » et quelques officines US, Yoani Sanchez, véritable femme d’affaires aux comptes en banques bien remplis, à Barcelone notamment, saute d’un avion à un autre, mène grand train de vie et se croit obligé d’affirmer qu’elle n’est pas membre de la CIA tandis qu’un certain Guillermo Farias va recevoir un prix au Parlement européen. Les trois précités n’ont pas de souci à se faire : l’intendance est assurée. En revanche, en Espagne, M. Martinez n’a plus rien à attendre de ses anciens protecteurs. Il a servi avant d’être jeté comme un kleenex usagé.

Les candidats cubains à l’exil avaient à chaque étape de la révolution des raisons diverses pour quitter leur pays : politiques, économiques…Les difficultés de la vie quotidienne, les illusions sur le mirage doré du capitalisme ont entraîné de nombreux départs. Durant ces longues années, les gouvernants des Etats-Unis ont maintenu le blocus, adopté des lois scélérates contre tous ceux qui à travers le monde souhaitaient commercer avec la Grande Ile, protégé les terroristes coupables d’attentats sur le sol cubain, financé et dirigé les fameux « dissidents ». Pour quel résultat ? La révolution cubaine reste debout. Des jeunes dirigeants progressivement accèdent aux plus hautes fonctions. Sur l’ensemble du continent latino-américain, Cuba bénéficie d’une reconnaissance populaire affectueuse et solidaire.

En Espagne, M. Martinez, cubain « dissident » n’a plus un sou, plus de logement, plus d’école pour les enfants, plus de couverture sociale. Rien. Nada. « On ne m’avait pas dit cela », répète-t-il.

José Fort

COMMENTAIRES  

17/05/2013 11:56 par Sierra

Qu’il croupisse en Espagne, le temps de méditer au fait qu’il s’est largement essuyé les pieds sur son pays. Pays qu’il réclame désormais.

17/05/2013 15:12 par Lionel

Et pendant ce temps l’exil des jeunes espagnols diplômés vers Cuba est proche de l’hémorragie, entre 1000 et 2000 par mois d’après un article ( à moins que ne soit chez Mermet... ) !
Le " si j’aurais su, j’aurais pas venu " de ce monsieur me semble étrange, ils n’ont pas été très nombreux dans son cas.

17/05/2013 16:23 par legrandsoir

ils n’ont pas été très nombreux dans son cas.

Si vous parlez de "dissidents" choyés par les médias, c’est vrai qu’ils ne sont pas nombreux à le faire. Et pourquoi le feraient-ils ? Les dissidents cubains sont choyés, entretenus et promus. Yoani Sanchez croule sous le pognon.

On dirait que quelqu’un en Espagne en a eu marre de tout ce cirque et a décidé de les traiter comme n’importe quels immigrés. Et le miroir aux alouettes se brisa.

Quant aux Cubains "normaux"... mince, c’est vrai que les médias ne leur donnent jamais la parole.

17/05/2013 16:50 par Sierra

@LGS

Que les espagnols n’en peuvent plus de ceux la, ça ne date pas d’aujourd’hui. Rappellez vous leurs déclarations tonitruantes envers leurs hotes, lorsque cette fournée la est arrivée sur le sol espagnol.

Et puis on parle des "dissidents", et si on parlait des dizaines de milliers de réfugiés politiques qui, sans Cuba, auraient purement et simplement disparu.

18/05/2013 06:37 par herve

ARTE avait fait un reportage de propagande type guerre froide sur ces cubains qui découvraient l’opulence du "monde libre"
Gageons que la déontologie de ce média nous fera un suivi de cet évènement !!!!
Je pense aussi à DE LA VILLARDIAIRE de M6 qui aime beaucoup CUBA à sa manière....

18/05/2013 07:57 par babelouest

Bouh... Cuba est encore l’un des derniers pays "vivables". Dommage que je ne parle pas espagnol.

19/05/2013 17:32 par Anonyme

Spécial Babelouest

1. Se dire que l’espagnol est une langue latine plus proche du français que l’anglais.
2. Se dire qu’on a au moins pas à apprendre des caractères d’écriture différents, comme c’est le cas en Grec, en Chinois, en Russe, en Arabe, en Persan, par exemple (Mais, non, ce n’est pas de la géopolitique !), ce qui est un avantage une fois que mémoire et restant d’années à parler sont en diminution
3. Cesser de pleurer
4. Taper dans un moteur de recherche : "Apprendre l’espagnol à La Havane". Il y a beaucoup de résultats. Ceux qui ne sont pas assortis d’un logement en hôtel sont peut-être plus intéressants. Ce site indique des prix. Celui-là est conseillé par un prof. Celui du Routard donne du "vécu" d’utilisateurs :
5. Choisir. (Prix = prix du voyage (Peut-être la nouvelle ligne d’aviation de l’Angola, pays ami de Cuba, fera-t-elle escale à Paris comme c’est prévu) + prix de l’hébergement + prix des cours. Transports à La Havane : le prix varie de 0 centimes d’Euros si on prend les pieds à... )
6. Répéter "Venceremos !"
7. Partir ! (Ne pas emporter de gros pulls, c’est pas la peine)
8. Revenir en France...

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