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La révolution selon Saint Macron

L’auteur de Révolution – c’est notre combat pour la France parla ainsi : « On se fout des programmes. Ce qui importe c’est la vision, c’est le projet ».

Si je vous dis « Les Jours Heureux, c’est le programme du CNR », voyez-vous une différence ?

D’un côté, un projet, de l’autre, un programme !

Les mots ne sont jamais anodins : le globish est le révélateur, non pas d’une modernité, mais d’une soumission à un système doctrinaire hégémonique. Les mots du monde de l’entreprise, comme « projet », qui s’immiscent, s’invitent dans le champ politique, révèlent la dénaturation de la politique. Macron veut (« ce que je veux ») que la France soit assimilée à une entreprise. Le travail de sape ne date pas d’aujourd’hui : depuis Pompidou, l’État se doit d’emprunter aux banques privées et non à la Banque de France.

Il souhaite « une révolution démocratique qui consiste à refonder nos organisations sociales, économiques, notre politique éducative, notre organisation collective pour faire fasse au défi du XXIe siècle, en étant fidèles à ce que nous sommes, c’est à dire nos valeurs. » (1)

« Je ne suis pas anti-système. Je ne veux pas respecter les règles du système politique » (1).

On devrait parler d’une « révolution entrepreneuriale » : « bonne gouvernance », « gestion », « projet » sont là pour préparer les esprits. La « révolution » se fait passive, donc en l’absence du Peuple. Les entrepreneurs sont les nouveaux aristocrates : c’est la version moderne du gouvernement des meilleurs (étymologie d’aristocratie), cher à Platon. Jusqu’à présent les entrepreneurs se satisfaisaient de n’importe quel régime politique pourvu qu’ils aient les coudées franches. Maintenant, le capitalisme est en passe de devenir une idéologie complète alliant politique et libéralisme économique. Et cela dans une relation très inégalitaire où la première se plie aux exigences grandissantes du second et se réduit à deux fonctions essentielles : libérer et protéger.

Reconnaissons-le, nous sommes de sacrés veinards, car le « (r)évolutionnaire » s’occupe de tout et sa soi-disant « (r)évolution » est abondamment sponsorisée (2) : nous n’aurons pas à connaître les vicissitudes propres aux révolutions.

Bien sûr à y regarder de plus près, notre homme est plutôt semblable au Joueur de flûte de Hamelin : je vous laisse deviner où seront entraînés les « conquis sociaux », « les enfants des luttes sociales »...

Quelle étrange « révolution démocratique » quand il y a le mot sans la chose.

En prime, la « révolution numérique », la « révolution environnementale » seraient l’avenir du genre humain.

Il n’y a, là, rien de nouveau : ces « révolutions », ces innovations ne sont faites que pour maintenir un statu quo entre dominants et dominés.

Il n’y a, donc là, rien de moderne. Relisons Le manifeste du Parti communiste de Karl Marx et de Friedich Engels (3) :

« L’histoire de toute société jusqu’à nos jours n’a été que l’histoire de luttes de classes. [...]

La société bourgeoise moderne, élevée sur les ruines de la société féodale, n’a pas aboli les antagonismes de classes Elle n’a fait que substituer de nouvelles classes, de nouvelles conditions d’oppression, de nouvelles formes de lutte à celles d’autrefois. [...]

Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange ; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l’exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale. [...]

La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux. Le maintien sans changement de l’ancien mode de production était, au contraire, pour toutes les classes industrielles antérieures, la condition première de leur existence. Ce bouleversement continuel de la production, ce constant ébranlement de tout le système social, cette agitation et cette insécurité perpétuelles distinguent l’époque bourgeoise de toutes les précédentes. [...]

Poussée par le besoin de débouchés toujours nouveaux, la bourgeoisie envahit le globe entier. Il lui faut s’implanter partout, exploiter partout, établir partout des relations.

Par l’exploitation du marché mondial, la bourgeoisie donne un caractère cosmopolite à la production et à la consommation de tous les pays. Au grand désespoir des réactionnaires, elle a enlevé à l’industrie sa base nationale. Les vieilles industries nationales ont été détruites et le sont encore chaque jour. Elles sont supplantées par de nouvelles industries, dont l’adoption devient une question de vie ou de mort pour toutes les nations civilisées, industries qui n’emploient plus des matières premières indigènes, mais des matières premières venues des régions les plus lointaines, et dont les produits se consomment non seulement dans le pays même, mais dans toutes les parties du globe. À la place des anciens besoins, satisfaits par les produits nationaux, naissent des besoins nouveaux, réclamant pour leur satisfaction les produits des contrées et des climats les plus lointains. À la place de l’ancien isolement des provinces et des nations se suffisant à elles-mêmes, se développent des relations universelles, une interdépendance universelle des nations. [...]

Par le rapide perfectionnement des instruments de production et l’amélioration infinie des moyens de communication, la bourgeoisie entraîne dans le courant de la civilisation jusqu’aux nations les plus barbares. Le bon marché de ses produits est la grosse artillerie qui bat en brèche toutes les murailles de Chine et contraint à la capitulation les barbares les plus opiniâtrement hostiles aux étrangers. Sous peine de mort, elle force toutes les nations à adopter le mode bourgeois de production ; elle les force à introduire chez elle la prétendue civilisation, c’est-à-dire à devenir bourgeoises. En un mot, elle se façonne un monde à son image. [...]

La bourgeoisie supprime de plus en plus l’émiettement des moyens de production, de la propriété et de la population. Elle a aggloméré la population, centralisé les moyens de production et concentré la propriété dans un petit nombre de mains. La conséquence totale de ces changements a été la centralisation politique. Des provinces indépendantes, tout juste fédérées entre elles, ayant des intérêts, des lois, des gouvernements, des tarifs douaniers différents, ont été réunies en une seule nation, avec un seul gouvernement, une seule loi, un seul intérêt national de classe, derrière un seul cordon douanier. [...]

À mesure que grandit la bourgeoisie, c’est-à-dire le capital, se développe aussi le prolétariat, la classe des ouvriers modernes qui ne vivent qu’à la condition de trouver du travail et qui n’en trouvent que si leur travail accroît le capital. Ces ouvriers, contraints de se vendre au jour le jour, sont une marchandise, un article de commerce comme un autre ; ils sont exposés, par conséquent, à toutes les vicissitudes de la concurrence, à toutes les fluctuations du marché.

Le développement du machinisme et la division du travail, en faisant perdre au travail de l’ouvrier tout caractère d’autonomie, lui ont fait perdre tout attrait. Le producteur devient un simple accessoire de la machine, on n’exige de lui que l’opération la plus simple, la plus monotone, la plus vite apprise. Par conséquent, ce que coûte l’ouvrier se réduit, à peu de chose près, au coût de ce qu’il lui faut pour s’entretenir et perpétuer sa descendance. Or, le prix du travail, comme celui de toute marchandise, est égal à son coût de production. Donc, plus le travail devient répugnant, plus les salaires baissent. Bien plus, la somme de labeur s’accroît avec le développement du machinisme et de la division du travail, soit par l’augmentation des heures ouvrables, soit par l’augmentation du travail exigé dans un temps donné, l’accélération du mouvement des machines, etc.

L’industrie moderne a fait du petit atelier du maître artisan patriarcal la grande fabrique du capitalisme industriel. Des masses d’ouvriers, entassés dans la fabrique, sont organisés militairement. Simples soldats de l’industrie, ils sont placés sous la surveillance d’une hiérarchie complète de sous-officiers et d’officiers. Ils ne sont pas seulement les esclaves de la classe bourgeoise, de l’état bourgeois, mais encore, chaque jour, à chaque heure, les esclaves de la machine, du contremaître et surtout du bourgeois fabricant lui-même. Plus ce despotisme proclame ouvertement le profit comme son but unique, plus il devient mesquin, odieux, exaspérant. [...]

Une fois que l’ouvrier a subi l’exploitation du fabricant et qu’on lui a compté son salaire, il devient la proie d’autres membres de la bourgeoisie : du propriétaire, du détaillant, du prêteur sur gages, etc., etc. »

Bon, assez déconné, il faudrait voir à s’y remettre.

« À quoi ? »

Au boulot, pardi ! L’argent, qui exerce sa tyrannie, attend sa part de votre travail. Il compte sur votre « surtravail », c’est une question de « survaleur »...

« Personne », pessimiste par la raison et optimiste par la volonté
23 vendémiaire an 226

(1) Extrait de la vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=odcbf5PZXuA
(2) https://planetes360.fr/macron-revolutionnaire-anti-systeme/
(3) Manifeste du Parti communiste, à lire sur :
https://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000a.htm#sect1

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