RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Le lexique d’un leader du 21ème siècle (Dissident Voice)

Pour aider tous les leaders du 21ième siècle (occidentaux bien sûr) dans leurs discours ou leurs déclarations aux médias et à leur crédules auditeurs. N.B. : cette liste n’est pas exhaustive et les leaders pourront inventer les mots et les phrases dont ils ont besoin et leurs alter ego pourront s’en inspirer.

Insurgés (aussi appelés terroristes, Moudjahidines, Al Qaeda, Talibans, Islamistes) : méchants. Nous ne les soutenons pas.

Rebelles : bons ; Nous les soutenons avec des armes et autres matériels, et ce sont nos forces (qui ne sont pas là ) qui les entraînent parce que ....

Bottes sur le terrain : nous n’enverrons pas de soldats (parce qu’ils y sont déjà partis il y a une semaine/un mois/un an).

Régimes, dictatures : les gouvernements légitimes que nous ne soutenons pas.

Gouvernements : les régimes et dictatures que nous soutenons.

"Nous sommes fiers de notre relation privilégiée’ : nous leur achetons des armes.

"Partenaires’ : nous leur vendons des armes.

Pays amis : et à eux aussi.

Alliés mondiaux : et à eux aussi.

Nous sommes heureux d’accueillir le nouveau gouvernement/le renversement du gouvernement précédent : nous voulons leur vendre des armes.

Régimes : ceux à qui nous vendions des armes auparavant.

Dictatures : idem.

Etat voyou : un état dont l’occident a entièrement perdu le contrôle.

Armes chimiques/biologiques/nucléaires : utilisez ces termes pour effrayer vos propres citoyens. Par exemple, "l’Iran/l’Irak/la Syrie pourraient nous attaquer avec des armes chimiques/biologiques/nucléaires" . Attention, soyez quand même prudent parce (1) il se pourrait qu’ils n’en aient pas et (2) vous ne vous souvenez plus si vous leur en avez vendu ou non.

Ajoutez par sécurité : "Nous avons la preuve qu’ils les ont utilisées contre leurs propres citoyens’. Ne fournissez JAMAIS de preuves. Ce que vous voulez ce sont les grands titres dans les journaux du lendemain - "Syrie/Iran/Irak accusé de…"

"Nous avons des preuves’ : généralement imaginaires ; il y a deux façons de procéder 1) Ne jamais en reparler et espérant que les gens oublieront. 2) Invoquer la "sécurité’ pour justifier votre manque de transparence et d’honnêteté.

Ferme réponse sécuritaire : tout ; des sanctions, frappes aériennes, bottes sur le terrain, à la fermeture complète de votre propre pays.

Menace : vous n’utiliserez jamais assez souvent ce mot, généralement associé aux mots ’grave’, ’réelle et actuelle’, réelle et existentielle’, ’large et existentielle’ etc. D’accord, vous ne savez pas ce que ’existentiel’ signifie et vos auditeurs non plus mais cela vous donne l’air d’être plus intelligent qu’eux. Du moins vous l’espérez.

Intervention : sanctions, frappes aériennes, invasion (mais ne parlez pas des complots, rébellions or assassinats fomentés par vos propres forces de sécurité).

Intervention pour protéger/défendre nos intérêts : leurs ressources, nos multinationales.

Nos intérêts : idem

Intervention humanitaire : prenez l’air noble en prononçant cette phrase. Vous allez vous interposer entre une population innocente et son cruel dictateur. Ne parlez pas de la politique ’une balle, un mort’ de vos forces. Qu’on appelle aussi ’Responsabilité de protéger’ et qui nécessite une Résolution de l’ONU.

Résolution de l’ONU : une série de demandes impossibles à un état voyou. Vous savez qu’il ne peut les satisfaire, et cela donne une apparence de légitimité à votre invasion.

Nous soutenons les termes de la Résolution sur la ’responsabilité de protéger’ de l’ONU : bravo, ça c’est tout à fait vrai ! Vous en avez violé tous les termes avant que la Résolution ne soit passée.

Libération : dites aux pays envahis que cela va de pair avec leur modernisation.

Modernisation : cela consiste à donner le contrôle de leurs ressources/services publics à des multinationales.

Démocratie (1) : arrangez des élections dans les pays envahis.

Démocratie (2) : assurez-vous que les gouvernements des pays envahis soient contrôlés par vos candidats préférés. Le mieux serait qu’ils aient des passeports étasuniens ou anglais et une résidence dans votre pays.

Démocratie (3) : ignorez le système de gouvernement local traditionnel et imposez des ’élections démocratiques’.

Démocratie (4) : informez vos propres citoyens que vous êtes leur leader parce qu’ils vivent dans une démocratie - dont ils devraient être fiers.

Renverser un dictateur/un régime : Précisez à vos propres citoyens que c’est dans leur intérêt. Dites-leur bien qu’il s’agit aussi de libérer les citoyens du pays envahi et qu’il est absolument nécessaire de les bombarder, etc. Qui sait, avec un peu de chance un de vos missiles de grande précision touchera peut-être le dictateur.

Frappes de précision : Dans un rayon d’un km environ.

"Important soutien de Al Qaeda/Taliban /Kadhafi/Assad tué dans une frappe’ : Montrez-vous fier de vos drones armés. Ils sont d’une précision inégalable et vous savez que personne ne peut prouver le contraire.

Nos braves soldats : notre chair à canon. Utilisez l’expression aussi souvent que possible tout comme ’Héros’.

Combattants : les combattants ennemis. Leur chair à canon. Synonyme de terroristes, etc.

Sacrifice : habituellement celui de ’nos braves soldats’ quand ils ont été tués, blessés ou capturés par ’l’ennemi’. Le ’sacrifice’ est souvent ’tragique’ - un autre mot à répéter à satiété.

Attention, quand vous utilisez le mot sacrifice, de bien cacher votre satisfaction de ne pas avoir, vous-même, à sacrifier quoi que ce soit pour le bien de votre pays.

Pour le bien du pays : Cette expression sert à convaincre les électeurs que vous avez une vision beaucoup plus large et plus profonde que la leur. On peut aussi l’utiliser avec ’sécurité nationale’ et ’intérêts’.

Civils innocents : les vôtres.

Dommage collatéral : les leurs.

Assassinats ciblés : Assurez-vous de prononcer ces mots de manière clinique et avec autorité. Il s’agit de meurtre ou d’assassinat - toute action qui conduirait vos propres citoyens en prison.

Torture : Si vous êtres britannique contentez-vous de répéter que ’la politique établie du gouvernement n’est pas d’utiliser la torture, ni de solliciter, d’encourager, ou d’approuver l’utilisation de la torture ou de n’importe quel autre traitement inhumain, dégradant ou cruel dans quelque but que ce soit, et insistez bien sur le fait que ’nos braves soldats’ ne feraient jamais une chose pareille même s’il est prouvé qu’ils l’ont fait et continuent de le faire. Si vous êtes Etasunien, dites bien que la loi étasunienne autorise ces pratiques puisqu’elle a établi que la torture par l’eau, etc. n’était pas de la torture. Vous pouvez l’affirmer en toute certitude -c’est vous ou un de vos prédécesseurs qui avez obtenu ce jugement.

L’ennemi est en fuite : nos troupes sont confinées à la base.

Rapatrier nos soldats : n’oubliez jamais d’ajouter qu’ils ont ’rempli leur mission’. Soyez certain que peu de gens se rappelleront de quelle mission il s’agit. Si vous êtes contraint de préciser, utilisez le mot ’évacuation’ plutôt que le mot ’repli’. Et dites que la ’menace terroriste mondiale’ s’est déplacée et que vous et vos forces êtes prêts à aller partout où elle pointe sa monstrueuse tête.

Mais n’utilisez JAMAIS les mots ’retraite’, ’perdu’ ou ’défaite’.

Lesley Docksey

Lesley Docksey est le rédacteur de Abolish War, la newsletter du Mouvement pour l’Abolition de la Guerre (MAW).

Pour consulter l’original : http://dissidentvoice.org/2013/01/a-leaders-lexicon-for-the-21st-century/

Traduction : Dominique Muselet

URL de cet article 19107
  

Même Thème
Les éditocrates - Mona Chollet, Olivier Cyran, Sébastien Fontenelle, Aude Langelin
Vous les connaissez bien. Leur visage et leur voix vous sont familiers. Ils signent tous les jours un éditorial dans la presse écrite ; ils livrent une chronique chaque matin sur une antenne de radio ; ils occupent les plateaux des grandes - et des petites - chaînes de télévision ; chaque année, voire plusieurs fois par an, leur nouveau livre envahit les tables des librairies. « Ils », ce sont les « éditocrates ». Ils ne sont experts de rien mais ils ont des choses à dire sur (presque) tout et, à (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Je n’ai aucune idée à quoi pourrait ressembler une information de masse et de qualité, plus ou moins objective, plus ou moins professionnelle, plus ou moins intelligente. Je n’en ai jamais connue, sinon à de très faibles doses. D’ailleurs, je pense que nous en avons tellement perdu l’habitude que nous réagirions comme un aveugle qui retrouverait soudainement la vue : notre premier réflexe serait probablement de fermer les yeux de douleur, tant cela nous paraîtrait insupportable.

Viktor Dedaj

Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
Appel de Paris pour Julian Assange
Julian Assange est un journaliste australien en prison. En prison pour avoir rempli sa mission de journaliste. Julian Assange a fondé WikiLeaks en 2006 pour permettre à des lanceurs d’alerte de faire fuiter des documents d’intérêt public. C’est ainsi qu’en 2010, grâce à la lanceuse d’alerte Chelsea Manning, WikiLeaks a fait œuvre de journalisme, notamment en fournissant des preuves de crimes de guerre commis par l’armée américaine en Irak et en Afghanistan. Les médias du monde entier ont utilisé ces (...)
17 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.