Le sommet anti-impérialiste fait un triomphe à Evo Morales.

Le sommet de Cochabamba (Bolivia) s’est terminé par un rassemblement d’un million de personnes

(De Cochabamba, pour Le Grand Soir).

Le sommet anti-impérialiste fait un triomphe à Evo Morales.

Dans l’ambiance festive du rassemblement, il a été proposé que le président de la Bolivie soit désigné leader mondial des mouvements sociaux.

http://internacional.elpais.com/internacional/2013/08/03/actualidad/1375491529_096143.html

Le quotidien El País s’étouffe...

Dans l’ambiance festive du rassemblement, il a été proposé que le président de la Bolivie soit désigné leader mondial des mouvements sociaux.

Les organisations sociales et indigènes de plusieurs pays qui se sont réunies à Cochabamba (Bolivie) pour y tenir un « sommet anti-impérialiste et anticolonialiste » ont clôturé la rencontre en faisant un triomphe au président bolivien Evo Morales et en approuvant un éventail de stratégies allant de l’alliance des peuples contre le capitalisme au contrôle des systèmes d’espionnage après des affaires aussi retentissantes que celle de l’informaticien de la CIA, Edward Snowden.

Un mois après l’incident diplomatique concernant l’avion présidentiel bolivien, le président Evo Morales a déclaré « le deux août » « journée de l’anti-impérialisme et de l’anticolonialisme » lors de la clôture de la réunion des organisations sociales d’une vingtaine de nations ; cette date, a-t-il dit, sera historique, car elle débute avec « une nouvelle thèse politique de la libération des peuples du monde », et il s’adressait aux milliers de partisans rassemblés dans la principale avenue de la ville.

Un homme portant un casque comme celui du président Evo Morales

Le regard romantique d’un très grand nombre de participants - qui se considèrent des révolutionnaires - a retrouvé plus d’éclat devant une mer colorée de drapeaux, étendards, pancartes, ombrelles se balançant au rythme de la musique folklorique bolivienne et laissant apercevoir, par instants, des visages au teint cuivré, brunis par le soleil et le vent de l’altiplano, hommes et femmes arrivés là de l’Est et de l’Ouest, pour exprimer une fois encore leur soutien au président Evo Morales et au processus de changement en cours.

« Ici se reflètent les rêves de tous les révolutionnaires du monde », affirmait l’universitaire français Jean Ortiz. « Ce n’est pas le modèle — admet-il — c’est un laboratoire ; la révolution bolivienne est un référent ; les peuples qui ne rêvent pas ne verront jamais leurs utopies se réaliser ».

« Il y a là un parfum de liberté, un parfum de terre, un parfum de Pachamama » dit, ému, l’acteur espagnol Guillermo Toledo, tandis qu’un membre de la délégation du Chili insiste sur l’urgente nécessité de « construire un continent multinational capable d’inclure tous les êtres humains, et particulièrement les plus humbles ».

La centaine de recommandations issues des six « ateliers » ont été résumées par l’Argentin Hugo Yaski du syndicat Centrale des Travailleurs d’Argentine, lors de la séance de clôture, comme une stratégie « qui est un mandat et une volonté de lutte qui vont se répandre à travers toute l’Amérique Latine, qui ne sont pas destinés à n’être qu’un bout de papier »

On retiendra principalement l’alliance des mouvements sociaux des peuples pour lutter contre les instruments de pouvoir des grandes nations hégémoniques ; le mandat de promouvoir la décolonisation et d’amplifier l’anti-impérialisme en tant que mandat pour instituer la justice sociale, la répartition de la richesse pour que les sociétés commencent à vivre dans la dignité ; le renforcement des Droits de l’Homme et de la Mère Terre ; la lutte contre tout espionnage et toute ingérence des grandes puissances et, finalement, l’intervention des médias sociaux contre le colonialisme de la désinformation. 

« Nous savons très bien que la nouvelle stratégie des classes dominantes c’est d’essayer de manipuler les moyens de communication et aussi, bien souvent, ceux de la Justice, pour récupérer à tout prix le pouvoir » affirme le dirigeant argentin.

L’Atelier de la « Décolonisation » a proposé de désigner le président Morales leader mondial des organisations et mouvements sociaux du monde, mais, lors de la séance de clôture, il n’a pas été fait mention de cette recommandation, même lorsque des délégués étrangers ont rendu un vibrant hommage à la personne d’Evo Morales.

L’OTAN dans le viseur

Le premier « atelier » - sur le thème : « La souveraineté politique » - a concentré une grande partie de ses recommandations sur une stratégie contre l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Le ministre bolivien de la Présidence, Juan Ramón Quintana, affirma, dans son exposé et en ouverture des travaux, que l’OTAN représente un danger pour l’Amérique Latine, avec pour preuve son avancée dans la région et plus particulièrement à travers l’Alliance pour le Pacifique.

L’atelier a préconisé de créer « une organisation sociale puissante » pour répandre les « idées de libération du socialisme communautaire, décolonisateur et anti-impérialiste (en union avec les syndicats et les associations européennes) et ainsi faire face au danger que représente l’OTAN pour l’Amérique Latine ». Il propose également de « promouvoir le désarmement de l’OTAN, la réduction de ses dépenses militaires » et leur réversion dans des programmes sociaux ; il préconise de traîner l’OTAN devant des tribunaux internationaux puisque son militarisme « viole des traités internationaux et des accords fondant la coexistence pacifique ».

Le président Morales salua la recommandation de promouvoir, dans la région, l’exigence populaire de convoquer des Assemblées Constituantes et la refondation des États selon la volonté des mouvements sociaux. « Nous en avons assez de ces monarchies, oligarchies et hiérarchies. Nous en avons assez de cette anarchie des marchés. Plus jamais des pays gouvernés par des banquiers et des chefs d’industries ».

« Les ressources naturelles, renouvelables et non renouvelables, ne doivent pas être la propriété des sociétés multinationales » a déclaré Evo Morales. « Si nous voulons faire naître un mouvement politique de libération anti-impérialiste qui garantisse la souveraineté de nos peuples, ce mouvement doit commencer par faire en sorte que les ressources naturelles deviennent la propriété des peuples et de leurs gouvernements démocratiquement élus ».

Dans son discours, Evo Morales déclara : « Je ne peux pas comprendre comment quatre pays (l’Alliance du Pacifique) veulent rééditer les traités de libre commerce avec Washington et veulent privatiser les services de base qui sont un Droit de l’Homme pour les peuples ».

Il pressa également ses auditeurs à « se décoloniser du luxe », faisant allusion au comportement de certains citadins qui changent de linge plusieurs fois par jour ou ne font usage d’un vêtement qu’une seule fois avant de le ranger définitivement au placard. Il n’a pu s’empêcher de rappeler son enfance, lorsque, comme des millions de paysans, il portait ses vêtements « jusqu’à ce qu’ils tombent, littéralement, en lambeaux comme lorsque je retirais mon tricot pour en ravauder les coudes troués ou pour en ôter les poux. »

Au milieu de la multitude et des pancartes contre l’impérialisme, une femme, euphorique, coiffée d’un béret comme celui de Che Guevara, le dos enveloppé dans une whipala (drapeau indigène) et, sur son buste, le drapeau tricolore bolivien, salue, le poing gauche levé, les portraits du Che, de Castro, de Chávez et de Morales. Sous son bras droit, elle tient une énorme bouteille de Coca Cola à moitié vidée : à peine un détail de l’arrogance du pouvoir de l’Empire. Un symbole qui perdure malgré tout et malgré tous.

Tandis que le Journal bolivien CAMBIO applaudit...

http://www.cambio.bo/especial_cumbre_antiimperialista/20130801/jean_ortiz_denuncia_la_capitulacion_del_gobierno_de_francia_frente_a_los_dictados_de_washington_96712.htm

...Jean Ortiz fustige la capitulation du Gouvernement français face aux diktats de Washington

De notre correspondant au Sommet anti-impérialiste.

« Le Gouvernement français vient de porter atteinte à son prestige sur deux front, le front latino-américain et le front européen, en raison de sa capitulation face aux diktats de Washington qui exigeait que (l’avion d’Evo Morales) ne fût pas autorisé à survoler l’espace aérien français », a déclaré, hier, Jean Ortiz, membre de la délégation française au Sommet. « Notre gouvernement n’a même pas poussé un cri de colère et d’indignation pour condamner l’espionnage des institutions de l’Union Européenne et des services français par l’Agence de Sécurité Nord-américaine. La supposée présence du courageux Edward Snowden (ex-analyste de la CIA) ne justifiait aucun acte de piraterie, et même si présence il y avait eu, La Bolivie est un pays souverain et l’avion présidentiel l’est également », affirme-t-il. Jean Ortiz a déclaré que la France est devenue le vassal des États-Unis alors qu’elle a un gouvernement qui se dit socialiste et il se demande ce qu’est devenu le prestige de la France. « Comme disent les indignés, ce gouvernement ne nous représente pas ». « Pardon, camarades et frères Boliviens, au nom de tous les hommes en lutte, des démocrates et des antifascistes, la France ce n’est pas cela », a dit Jean Ortiz, et il a reconnu : « la dignité, la noblesse, le courage, la forte personnalité du président Evo Morales ».

Jean Ortiz.

(Traduction : Manuel Colinas).

COMMENTAIRES  

13/08/2013 11:10 par GIGI

Ici se reflètent les rêves de tous les révolutionnaires du monde », affirmait l’universitaire français Jean Ortiz. « Ce n’est pas le modèle — admet-il — c’est un laboratoire ; la révolution bolivienne est un référent ; les peuples qui ne rêvent pas ne verront jamais leurs utopies se réaliser ».
- Qui serait l’entremetteur qui présenterait ce Jean Ortiz à Hollande ? Puisse t-il le bercer, l’endormir et lui
chuchoter notre rêve !
- ah ! oui, il vaut mieux informer les travailleurs et les pousser au rêve ?

15/08/2013 12:28 par Gerald Lebrun

Cette image idyllique des président Evo Morales de Bolivie ou de Rafael Correa en Equateur que l’on essaie de nous imposer ne correspond pas ou plus exactement à la réalité. On nous les présente systématiquement en Europe comme socialistes, alors que ni l’Equateur, ni la Bolivie ne sont des états socialistes. On nous les présente comme indigénistes alors que depuis 2010, on constate un durcissement croissant de la répression contre les communautés autochtones qui s’opposent aux projets des gouvernements en matière d’infrastructure et de concessions aux multinationales minières et pétrolières est notoire (l’exemple du TIPNIS en Bolivie, ou récemment les condamnations à des peines de prison allant jusqu’à 12 ans pour délit de « terrorisme et sabotage » à l’encontre de dirigeants communautaires en Equateur, simplement pour s’opposer à des concessions minières ou pétrolières).
Evo Morales et Rafael Correa sont également présentés comme des nationalistes, c’est-à-dire des opposants à la mega puissance du Nord, là encore cela fait sourire quand l’on sait que cette année (2013) les lois minières ont été modifiées (presque plus de contrôle environnementaux et surtout plus de consultations préalables des populations affectées) afin de permettre les investissements miniers des multinationales étrangères et en particulier Nord Américaines.
Bien sûr si vous le souhaitez, je tiens à votre disposition toutes les sources (essentiellement en espagnol ou en anglais) pour justifier de mes propos.
Je rappelle également, que sur son blog estival Jean-Luc Mélenchon avait rajouté également Ollanta Humala président du Pérou dans la liste des bons élèves, cautionnant ainsi toute sa politique de répression, de corruption généralisée et de mise en coupe réglée du pays.

17/08/2013 10:34 par Maxime Vivas

Nous sommes quelques-uns, au GS, à ne pas tout ignorer de l’Amérique latine. Plusieurs de nos amis et collaborateurs y ont longtemps vécu (dont l’auteur de l’article) où y vivent toujours.
Nous sommes tous d’accord avec vous pour déplorer le recul du socialisme en Amérique latine alors qu’il avance à grand pas en Europe où des révolutionnaires avisés s’étant emparés des commandes de l’Etat, savent, non seulement ce qu’il faut faire ici pour continuer, mais aussi ailleurs pour que ça démarre.
Quel malheur pour tous ces latinos de n’avoir pas des Jospin, DSK ou Hollande ou ces intellectuels et philosophes des siècles passés dont l’Europe a étudié la pensée révolutionnaire (ou des morceaux choisis) pour une appropriation mécanique, figée, sectaire (pure et dure), avec les résultats que l’on voit.
Cela dit, il n’y a pas de voie royale vers une autre société, il faut défricher au coupe-coupe, donc se fourvoyer parfois dans la jungle.
Un jour viendra en Europe où il sera possible de crier "Ni Dieu ne Maître !", "Vive Trotski !", "Vive Gandhi !" Vive Lénine !", etc., en bondissant ensemble de la tranchée et sans recevoir une balle dans le dos.

16/08/2013 17:08 par nous

Enfin un espoir !Ils ont piges !!!.....maintenant c’est a nous de faire lacher prise du capitalisme a nos dirigeants afin de pouvoir embarquer dans la meme aventure. Il va falloir etre cru les ami(e)s car ces clebares vont certainement pas vouloir lacher l’affaire !
Mais une fois la besogne expedie...aaaah..fini l’escavage ,........fini les carrottes(dans le derriere)....... et retour a la paix, dans la joie et la bonne humeur ! Je signe ou hehehe ?!

Au revoir capitalisme et l’imperialisme (de mes 2) !

Vive la vie et vive l’aventure ! Y a que ca d’ vrai !!!!!!et la bonne bouffe.. sans OGM !

Tous Ensemble Pour Vivre Mieux !Ils ont des couilles les latinos ! Respect !
Pardonnez l’vocabulaire....

17/08/2013 21:08 par Emilio

Bien evidemment, d accord avec Jean Ortiz et avec le souffle revolutionnaire de Cochabamba
Ok Maxime, l Europe n est pas l Amerique latine non plus. Et certains dirigeants comme JLM peuvent ignorer la situation politique du Perou actuel (bon il pourrait regarder des docs de Telesur mais faut connaitre l espagnol ou se faire traduire par des camarades) Vu d Amerique latine , c est de toutes façons de moindre importance , chacun ses problemes mais solidaires quand meme… les luttes sociales et la conscientisation de toute l Amerique latine sont déjà bien avancee sauf qu il ne faudrait pas se faire tirer dans le dos non plus par un imperialisme colonialisme interieur au nom du peuple et.. au nom d un progres social pour tous mais au detriment des plus vulnerables et en grave peril de disparition , indigenes Indios
Oui, il y a un immense espoir et des realites dans le sous continent latino, d eveil et de souverainete des peuples et de mieux vivre. Mais ce que dit Gerald n est pas denue de sens non plus. Parce que les discours , c est bien mais il ne faut pas que les realites contredisent les intentions. La madre tierra , c est sacre et meme si les indigenes qui doivent toujours aller plus loin , fuir , sont devenus minoritaires,(50 millions sur les 500 millions estimes du 16 eme siecle) ils ont le droit a la parole et vivre, et cela , meme si la majorite s y oppose. Le socialisme c est une marche , pas un marche ! Ou alors il faut parler de sociale democratie rosatre comme projet.
Je ne connais pas assez la Bolivie ni Morales pour en parler. La Colombie , vu que j y vis (Viktor je ne suis pas un troll, et j interviens depuis peu sur LGS et pas du tout d accord avec ces trolls propagandistes , je sais trop bien que trop parler tue donc je m autocensure pour ce qui est de la Colombie..meme si je n en pense pas moins lol) . Mais l Equateur avec ses repressions d indigenes et la criminalisation (et victimes ) des communautes toujours exclues, pas d accord du tout. Ça ressemble trop avec le pays voisin frontalier du nord . L unite ok , mais pas l uniformite non plus et encore moins que le pays Equateur fasse plus d argent avec la destruction d une reserve exceptionnelle . Sous l hypocrite argument que si les pays du monde ne veulent pas donner de fric pour preserver ce tresor de l humanite , moi Correa je vais exploiter cette region ..Oui exploiter .. comme dans le capitalisme , peut etre en plus propre mais que les Indiens se taisent. Et la ,Telesur , que j admire pour sa conscientisation populaire , ne donne pas plus la parole aux indigenes concernes mais au president equatorien et son ministre uniquement. Il est ou le peuple , uniquement dans ses representants .. comme en Europe ?
Rafael Correa a pris une decision hier , grave, dramatique, sur un territoire Indios qui a comme souvent , le malheur de contenir des richesses , petrolieres en l occurence. Non Correa ne sera pas un second Chevron (du moins je l espere) , il a de brillantes reussites sociales indeniables, MAIS dans un pays qui marche dans la voie socialiste , il ne faut pas derailler non plus, surtout pas rejeter des peuples qui eux sont dans une phase avancee , de communisme primitif comme disait Marx . Qui doit apprendre a l autre ¿
http://www.rebelion.org/noticia.php?id=172621
Maxime tu connais ce site , pas une merdia fasciste neo con
c est un article qui retrace toute l histoire , pas de Trotsky ou Lenin la dedans , mais un expose clair et sans parti pris. Alors comme dit un excellent journaliste cubain, de Gran Ma> Maintenant que vous savez , c est a vous de faire votre jugement. Quant a moi ,les buffalo bill , meme en revolution citoyenne, desole mais ça reste un buffalo bill.
Bon LGS, quand vos vacances seront termines, ce serait bien de traduire cet article de rebelión .. il date d aujourd hui , du 17 aout , je veux bien attendre mais pas trop (Ironie pour Yanis d un autre article).
Et ce sera tres dur a Evo morales, si reelles intentions il a , de contredire le camarade Correa. Les progressismes latinos sont tres jeunes , attaques par les droites fascistes, j en suis bien conscient mais les indigenes qui ont rejoins pour la plupart ce courant ne doivent pas etre relegues en arriere cour non plus.

18/08/2013 23:20 par Anonyme

Quizas, Emilio puede traducir el articulo de Rebelion ?
Auquel cas, LGS (qui n’est jamais "en vacances") risque fort de le publier !

20/01/2014 14:38 par Pierre-Olivier Combelles

Bonjour Gérald Lebrun. D’accord à 100% avec votre commentaire plus haut. Puisque vous proposez d’échanger vos sources, je serais heureux de communiquer avec vous. Je vis en France et au Pérou, où j’ai une ferme dans les Andes (malheureusement dans la région de la mine Breapampa), et où je fais de la recherche (botanique). Pour en savoir plus : http://pitunilla.over-blog.com/article-mine-de-breapampa-pierre-olivier-combelles-exprime-sa-preoccupation-et-sa-colere-dans-le-journal-de-113687505.html.
Cordialement
POC

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