RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Le soulèvement chiite en Arabie Saoudite inquiète le Golfe

Les autorités saoudiennes ont beaucoup de mal à empêcher la vague de protestation qui submerge plusieurs pays arabes d’envahir l’Arabie Saoudite. Pour éviter l’effondrement de la monarchie ou l’affaiblissement de sa légitimité, elles ont recours à deux méthodes : améliorer les conditions de vie des citoyens ou faire d’énormes cadeaux financiers aux pays voisins comme la Jordanie (1,4 milliards de dollars).

Cependant, il semble que ces efforts, malgré leur importance, n’ont servi qu’à "retarder" les évènements ; de fait, les manifestations populaires qui ont éclaté dans la ville chiite d’Al-Awwamiyah ( le gouvernorat d’Al-Qatif) ces deux derniers jours et ont mené à de violentes confrontations avec la police, ont pris tout le monde par surprise et ont confirmé que les barricades édifiées par le régime saoudien contre le printemps arabe n’étaient pas assez solides.

Le monarque saoudien, Abdallah Bin-Abd-al-Aziz, a pris conscience du danger que représente la vague de protestation qui a démarré en Tunisie et a déjà renversé deux régimes arabes (le régime du président tunisien Zine El Abidine Ben Ali et celui du président égyptien Housni Moubarak) et s’est hâté d’adopter des mesures préventives. La première de ces mesures est économique : il a débloqué 120 milliards de dollars pour augmenter les salaires, financer la construction de maisons pour les jeunes, éponger des dettes privées et accorder des cadeaux financiers et des indemnités de chômage. La seconde mesure est sociale et politique : il a fait passer une loi qui permet aux femmes de participer aux prochaines élections municipales en tant qu’électrices ou candidates.

Ces mesures ont contribué à calmer le peuple saoudien ou du moins une bonne partie de ce peuple. Il n’y a plus de déclarations ni de pétitions réclamant des réformes politiques et signées par de nombreux militants, ou plutôt il y en a moins. Cependant, l’effet de ces mesures est temporaire parce que les revendications des Saoudiens dépassent la simple possibilité pour les femmes de participer à des demi-élections municipales pour élire des conseils qui n’ont qu’un pouvoir limité à cause de la présence des gouverneurs régionaux, les Amirs, qui ont le dernier mot en tout.

Les Saoudiens réclament une monarchie constitutionnelle, un parlement élu, un système judiciaire indépendant, un pouvoir exécutif transparent et redevable et la guerre contre la corruption.

Les citoyens saoudiens chiites de la région de l’est (la province d’Al-Ihsa), où se trouvent les réserves en pétrole les plus importantes et la plus grande partie de l’industrie, réclament —en plus de ce que demandent les autres citoyens saoudiens et qui vient d’être cité— la suppression des discriminations dont ils souffrent et l’accès aux postes de responsabilité de l’état, de l’armée, du corps diplomatique et aux portfolios ministériels proportionnellement à leur nombre dans la population qui est évalué à environ 10 % des 19 millions d’habitants.

En accusant un pays étranger d’être à l’origine des manifestations dans la région d’Al-Qatif, les autorités saoudiennes faisaient référence à l’Iran. Les autorités saoudiennes ont dit à propos de l’Iran : "Ils veulent nuire à la sécurité et à la stabilité de notre pays" en incitant à la violence et "en s’ingérant ouvertement" dans les affaires du royaume. Les autorités saoudiennes ajoutent à cette accusation la demande que les Chiites saoudiens choisissent entre la loyauté à leur pays et la loyauté à l’Iran et ses autorités religieuses. Les autorités saoudiennes cependant précisent, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur, que ceux qui auraient l’idée de le faire (choisir l’Iran) le paieraient très cher.

La menace saoudienne rappelle des menaces similaires proférées par des régimes arabes qui ont été le lieu de manifestations semblables comme la Tunisie, l’Egypte, le Yémen et la Libye. Ces menaces, qui ont été suivies d’une répression sanglante des services de sécurité, n’ont pas empêché l’effondrement de régimes ni la déstabilisation d’autres qui se battent toujours pour se maintenir au pouvoir.

Ce qu’il faut noter c’est que, selon une déclaration officielle saoudienne, les manifestants de Al -Qatif ont utilisé des armes à feu au cours des confrontations avec les policiers venus les disperser et ont blessé 11 policiers.

On ne se sait pas si cela est vrai ; cependant on peut se rappeler ce qui est arrivé au Barhein pendant les manifestations chiites similaires ; les manifestations au Barhein ont été pacifiques et aucune arme à feu n’a été utilisée ; au contraire, ce sont les forces de sécurité du Barhein qui ont tiré sur les manifestants et tué des dizaines d’entre eux en les expulsant de force du square Al-Lu’lu’ah.

L’ironie c’est que l’étincelle qui a allumé le feu de la protestation dans la région orientale chiite d’Arabie Saoudite est la même que celle qui a déclenché le soulèvement en Syrie à peu de choses près. En Syrie, les pères des enfants qui ont écrit des slogans anti-régimes sur les murs de leurs écoles ont été arrêtés et humiliés, et dans la région Al-Qatif de l’Arabie Saoudite la police a pris en otage deux hommes âgés pour forcer leurs deux fils à se rendre à la police.

La gestion du régime syrien de la crise de Dar’a s’est révélée mauvaise, arrogante et hautaine et il semble que la gestion des autorités saoudiennes de la crise chiite et des manifestations ait suivi le même schéma. Cependant, on ne peut pas prédire le développement de la situation saoudienne ni dire si la sécurité saoudienne réussira à contenir la crise et à y mettre fin ou si la crise va s’étendre et durer des mois comme en Syrie.

Les autorités saoudiennes ont envoyé des troupes pour aider les autorités du Barhein à écraser les manifestations chiites au Barhein. Il est certain que les autorités iraniennes qu’on accuse d’être derrière les manifestations en Arabie Saoudite hésiteront beaucoup à envoyer des troupes et même des armes mais ils manifesteront aux manifestants saoudiens la même sympathie qu’ils ont manifesté à ceux du Barhein et peut-être plus encore.

Les autres petits pays du Golfe ressentent peut-être une inquiétude sans précédent en assistant aux développements des manifestations en Arabie Saoudite. C’est parce qu’ils ont peur que la minorité chiite, qui souffre de discrimination dans presque tous ces pays, ne se soulève pour soutenir ses frères d’Arabie Saoudite et du Barhein, et que cette protestation communautaire ne fasse boule de neige et ne se transforme ensuite en une boule de feu avec l’aide de l’Iran.

Abdel Bari Atwan

Pour consulter l’original : http://www.abdelbariatwan.com/GulfJittersOverMilitantSaudiShi%27a.htm

traduction : Dominique Muselet

URL de cet article 14880
  

Missions en conflit
Piero GLEIJESES
Cet ouvrage présente un récit haletant de la politique cubaine en Afrique de 1959 à 1976 et de son conflit croissant avec les États-Unis. L’auteur conduit le lecteur des premiers pas de Cuba pour aider les rebelles algériens combattant la France en 1961, à la guerre secrète entre La Havane et Washington au Zaïre en 1964-65 — où 100 Cubains menés par le Che Guevara ont affronté 1 000 mercenaires contrôlés par la CIA — et, finalement, à l’envoi héroïque de 30 000 Cubains en Angola en 1975-76, qui a stoppé (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement.

H. Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.