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Législatives : la victoire du PS et la défaite de la gauche

Le premier tour est donc terminé. Les commentateurs reconnaissent assez largement une victoire de la gauche qui s’approche de la majorité absolue à l’Assemblée Nationale, tandis qu’ils soulignent, faussement étonnés, la percée du FN qui se maintient dans des triangulaires tout de même assez nombreuses : 32 en tout.

Les projections en sièges à l’Assemblée estiment donc de 310 à 356 sièges pour la «  gauche parlementaire », tandis que la «  droite parlementaire en obtiendrait 224 à 261. Avec le Modem de 0 à 3 et le FN de 0 à 2 ; la majorité absolue se trouvant être à 289 sièges.

Regardons maintenant la composition précédente : 359 pour la droite, 26 pour le Modem, et 170 pour la gauche.

Si l’on considère les élections sous l’angle des projections actuelles (et donc non définitives), il est évident de parler d’une victoire de la gauche, encore que l’écart pourrait se resserrer lors du second tour, mais nous n’en sommes pas encore là .

Car pour le moment on peut aussi -et surtout- parler d’une continuité dans le fonctionnement des institutions qui imposent le bipartisme, et qui -depuis la mise en place du quinquennat- accorde presque automatiquement à la majorité présidentielle fraichement élue une autre majorité, à l’Assemblée Nationale. En soulignant la quasi-disparition du modem, l’effondrement du Front de Gauche et la montée du FN.

Mais doit-on s’arrêter là  ?

32 triangulaires avec le FN, cela pose question à droite comme à gauche d’un point de vue stratégique d’une part, et d’une autre part d’un point de vue idéologique. Et il apparaît qu’avec l’installation dans le champ politique du FN et le rejet des idées du PS le «  front républicain » cher au bipartisme classique vole en éclat, au profit d’une droitisation que certains membres de l’UMP ne nient désormais plus. C’est qu’en s’alliant avec le FN, la droite serait presque en mesure de faire vaciller l’équilibre de l’Assemblée Nationale de son côté.

Car cette hypothèse, qui n’a certainement pas pu échapper aux analyses des différents partis, implique pour chaque camp de ne pas se tromper d’ennemi : le PS engage à conserver le front républicain (même en laissant l’UMP gagner les triangulaires ils conserveront la majorité), le FN maintient tous ses candidats (ce qui met l’UMP au pied du mur quant à son positionnement), et l’UMP se trouve bien embarrassé avec d’un côté une large victoire du PS en cas de refus d’une alliance avec le FN, et d’un autre une alliance gênante qui la contraindrait à faire une place non négligeable au FN à l’Assemblée.

Résultats : pour l’UMP, dans tous les cas une scission entre ceux qui souhaitent l’alliance et ceux qui la refusent (les uns accuseront les autres de l’avoir -ou de ne pas l’avoir- acceptée). Ensuite, et quoi qu’on en dise ou en pense un scandale démocratique si le FN n’obtient pas de siège à l’Assemblée Nationale ; un Front de Gauche qui aura tout perdu dans cette bataille. Un centre moribond, et un mouvement écologiste désintégré…

Il semble pourtant que l’UMP n’ait pas souhaité franchir d’un seul coup et la fin du Front Républicain et l’alliance officielle avec le Front National (voir ici) en laissant pour ainsi dire l’option d’un désistement en faveur du FN à la discrétion des candidats eux-mêmes. Mais il est désormais évident qu’avec les législatives on assiste à un éclaircissement progressif du champ des possibles politiques, avec une droitisation de plus en plus assumée de la «  droite parlementaire », et la mainmise du PS sur le pouvoir exécutif et législatif sans l’aide du Front de Gauche ni des écologistes… Quand on pense que l’Assemblée Nationale est censée représenter le peuple…

Au final, cette «  victoire » de la gauche n’est sans doute pas celle à laquelle s’attendaient bon nombre de citoyens, et il apparaîtra sans doute bientôt qu’en l’absence d’une opposition véritablement à gauche le curseur idéologique du PS penche lui aussi sur sa droite (ils feront eux-aussi payer le peuple). J’espère maintenant que la soumission des Français au sort qu’on leur prépare n’augure pas de celle des Grecs qui constituent aujourd’hui le dernier rempart à la généralisation de l’austérité et à la mainmise des marchés sur l’Europe. S’ils acceptent eux-aussi, alors l’Europe prendra peut-être bientôt le visage d’un autre empire bien connu, qui s’appelait «  Oceania »…

Caleb Irri
http://calebirri.unblog.fr

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