Les bas-fonds de la politique

On savait que les pouvoirs, quels qu’ils soient, sont capables de tout pour se justifier et assurer leur pérennité… pourtant, nous sommes toujours surpris devant la bassesse dont sont capables certains hommes du Pouvoir pour atteindre leurs objectifs.

Il est des périodes plus propices aux dérives de tels mécanismes. Essentiellement des périodes de crises, de décadence où les pouvoirs en place s’avèrent incapables de dépasser les situations conflictuelles qui mettent en péril la paix sociale, mais aussi des moments où il est indispensable de masquer les scandales du Pouvoir.

LE SYNDROME DU « MAL NE »

L’Histoire est pleine de ces individus sans scrupules qui, croyant être obligés ou opportun, aux yeux de la collectivité, de « racheter » leur condition et/ou de renforcer leur étoile déclinante, persécutent celles et ceux qui ont la même origine qu’eux… C’est un mécanisme psychologique classique à la fois de défense et de séduction.

De défense, dans la mesure où ils ont fait leur la devise : « La meilleure défense est l’attaque ». Loin de se retirer du regard public, ils l’affrontent, inversant les valeurs et satisfaisant les plus bas instincts de celles et ceux qui seraient susceptibles de leur « demander des comptes », de les montrer du doigt. L’outrance de l’attitude en impose à la multitude, c’est bien connu !

De séduction, en déviant l’attention de la multitude sur des objets ou attitudes mystificateurs - discours démagogiques, compagnes faire-valoir séduisantes, esprit de conquête, « pipolisation » de sa vie privée, promesses, gouaille populaire, effets d’annonce, coups médiatiques, dénonciation de boucs émissaires,,… Leurs pratiques révèlent ce qu’ils sont réellement,… des arrivistes sans scrupules.

Quand, en plus, ces individus, souvent complexés, ne correspondent pas aux canons de la beauté physique de l’époque, sont vulgaires dans leurs attitudes, deviennent l’objet de caricatures grotesques et souvent réalistes - pas besoin d’avoir une petite moustache ridicule et une mèche frontale - et que, de surcroît, leur culture et leur niveau intellectuel laissent manifestement plus qu’à désirer - guerre à tout ce qui pense, à bas l’intelligence -, tous les ingrédients sont présents pour qu’ils jouent à contre emploi la comédie de la légitimité.

Quand un individu fonctionne sur ce mécanisme, n’a aucun scrupule - sinon dans ses discours et devant des médias,… et pense trouver un intérêt personnel - pour lui et les siens - à ce genre de politique,… tout est à craindre,… surtout le pire.

En effet, une fois au pouvoir, il n’hésite pas, sa mégalomanie, son incompétence et son manque d’éthique aidant, à détruire les acquis sociaux et culturels historiques et à ravaler la société dans laquelle il opère, à une collectivité soumise, reniant les valeurs qui étaient les siennes.

Un tel individu ne peut jouir que de la blessure qu’il provoque. La difficulté, l’angoisse et la douleur de l’autre - le bouc émissaire - sont proportionnelles au degré de satisfaction et de jouissance, factices, de la multitude, savamment excitée, qui le plébiscite, ainsi trompeusement apaisée dans ses craintes. Quant à ses courtisans, ses obligés, ses vassaux,… ils jouent le rôle de miroir narcissique.

Cette répugnante attitude est toujours, évidemment, justifiée par des raisons logiques, impératives, historiques, nationales, sociales, financières, économiques, sécuritaires, hygiéniques, écologiques, voire dans certains cas religieuses et même raciales. Raisons reprises et amplifiées par des médias aux ordres. Le qualificatif utilisé dépendant des conditions spécifiques de l’époque… L’individu n’a que l’embarras du choix ; son habileté politique et son succès, dépendent de la validité, aux yeux de la multitude, de ce choix.

LA BANALITE « DEMOCRATIQUE » DU MAL

La conquête du pouvoir et sa conservation reposent sur des facteurs spécifiques aux différentes époques. Il y a cependant une constante : tous sont les marionnettes des puissances d’argent, tous ont pour « amis », protecteurs, des féodalités financières. Certains le cachent et sont discrets, d’autres, assurément les plus stupides, le revendiquent et le montrent ostensiblement dans des manifestations aussi ridicules qu’indécentes.

L’argent leur permet de financer leurs ambitions, mais aussi d’avoir accès aux médias,… autrement dit à l’opinion publique et à la possibilité de la manipuler.

Pas besoin d’un « coup de force » pour conquérir le pouvoir, le régime « démocratique » convient parfaitement pour réaliser ce projet. Une population déboussolée, craintive dans l’avenir et sans perspective est prête à croire n’importe quoi et suivre n’importe qui.

Bien sûr, la conquête et la conservation du pouvoir ne sont pas des entreprises individuelles. Outre les protecteurs financiers, qui recevront au centuple les bénéfices de leur soutien, une équipe, un mouvement, un parti sont indispensables. En cela, pas trop de problèmes, les profiteurs, arrivistes de tous poils, hommes de mains, potentats locaux, revanchards frustrés dans leur jeunesse, idéologues de salon, intellectuels de Cour, aigrefins en recherche d’amnistie, artistes et sportifs serviles… sont légion, prêts à se vendre pour quelques miettes de préférence substantielles. Des postes distribués à bon escient, des promesses alléchantes et quelques solides dossiers susceptibles d’alimenter des chantages, permettent avantageusement d’avoir à disposition une armée de « collaborateurs dévoués et peu regardants ». On peut même, se payer le luxe de débaucher, dans l’autre clan, les éléments les plus complaisants et vénaux.

Une fois au Pouvoir, pas de problème pour se faire obéir. La bêtise, le légitimisme, la lâcheté,… dans le moins pire des cas, la routine bureaucratique et la passivité de la plupart des fonctionnaires et autres agents subalternes assurent le quotidien. Plus tard, dans quelques années, la plupart de ces soutiers de l’abject diront simplement qu’ils « n’ont fait qu’obéir aux ordres ». Quant aux responsables et autres « préfets Papon », ceux qui n’auront pas eu la délicatesse et la décence de disparaître avant, aujourd’hui plein de morgue et de certitudes, ils seront jugés, à grand spectacle, et serviront le même argument : « je n’ai fait qu’obéir aux ordres et respecter à la loi ». Dans tous les cas, la société des bien pensants dira, dans un soupir d’apaisement : « Plus jamais ça »… jusqu’à la prochaine fois.

L’élection n’est qu’une formalité. Depuis deux cent ans le bon peuple croit, naïvement, qu’il décide alors qu’il ne s’agit manifestement que d’une affaire de lutte de clans dont il est l’arbitre éternellement abusé. C’est le clan, le plus à même d’assurer la pérennité du système en place, qui aura l’appui des financiers et donc disposera d’un maximum de moyens pour promettre, tout et n’importe quoi, conditionner, séduire et gruger les électeurs (des exemples ?).

Ainsi, la légitimité est la rançon de la peur et de la vénalité. Mais la légitimité, comme l’argent, n’a pas d’odeur…

L’exercice du pouvoir se fait en toute impunité, souvent même au mépris des lois qu’il est censé garantir.… Les forces de répression, affublées de toutes les qualités « républicaines », maintiennent le troupeau à distance de ses bergers « légitimes ». A partir de là , toutes les dérives sont possibles, les outrances et vilenies permises,… toutes justifiées par la « légitimité » du pouvoir en place.

Le peuple n’a plus, officiellement, qu’une chose à faire, en méditant sur sa naïveté, et « jurant mais un peu tard que ne l’y prendrait plus »,…attendre les prochaines élections !

Ainsi soit-il !

Patrick MIGNARD

Septembre 2010

COMMENTAIRES  

13/09/2010 16:45 par Alexandria

Eh ben !... C’est de l’optimisme, ou je ne m’y connais pas !...

13/09/2010 19:03 par résistant

Je suis parfaitement d’accord avec ce texte, en insistant sur un point capital : le pouvoir politique n’est qu’un écran de fumée, et critiquer une personalité politique pour telle ou telle raison, n’est au mieux, qu’une perte de temps, mais, au pire, et c’est là qu’est à mon avis le réel danger : un leurre ! Car tout le temps que l’on passe sur les politiciens, ou tout autre sujet totalement stérile, est du temps que l’on ne passe pas à réfléchir sur nos VRAIS maitres ! Eh oui, qui sont-ils ? on ne les vois pas, c’est frustrant, on ne peut pas se défouler contre eux, alors que contre les hommes politiques, les stars, les sportifs, tout ce qui se voit, c’est facile, on a l’impression de ne pas s’en laisser raconter, alors qu’en fait, on oublie comme la grande majorité du peuple nos maitres invisibles. Tout ce qui se voit ne sert que de brouillage, ne perdez pas votre temps avec, soyez courageux et allez droit au but : QUI controle vraiment le monde ?

13/09/2010 19:40 par V. Dedaj

est du temps que l’on ne passe pas à réfléchir sur nos VRAIS maitres !

Cette question m’a toujours fascinée. J’y réfléchirai plus tard parce que ma femme me dit de passer à table, et lorsque j’aurais fini de faire la vaisselle, elle dit que je pourrai me remettre à l’ordinateur. J’avoue que je n’ai pas encore trouvé de réponse.

13/09/2010 20:14 par kounet

Le peuple devrait faire gaffe au lieu de regarder TF1, les " légitimes " ne lui laisseront bientôt plus rien !Je sais bien que la servitude est souvent consentie mais à ce stade, ça pause problème .
Et le Thibaut qui négocie bètement...un panier de crabes .

13/09/2010 22:40 par Lulu

Qui sont les maîtres, qui sont les responsables ? les 5 % de délinquants relationnels qui arrivent au pouvoir à force de trahisons, ou bien les 95 % qui renoncent à leur esprit critique, qui se soumettent aux fictions, qui obeissent aveuglément aux porteurs de miroirs aux alouettes en n’ayant que la génuflexion pour preuve d’intelligence ? Ce pouvoir politique n’est que l’excroissance cancereuse de l’âme humaine : la servitude volontaire. Que les citoyens cherchent en eux les raisons de cette réalité qui devient chaque jour de plus en plus invivable.

14/09/2010 01:54 par Nina

Bonne reflexion Mr Mignard !! comme tous vos articles d’alleurs, mais je n’ai qu’une seule réponse ( ou methode..) pour cette bande de voyoux qui dirigent "Le BOYCOTT ". Je ne leurs accorde pas une seule seconde. Il faut les ignorer,et se battre,ne pas leurs donner l’importance qu’ils n’ont pas.... Reprendre le drapeau noir et y aller, les faire taire une bonne fois et pour de bon !! A continuer à palabrer " sur eux " ils prennent de plus en plus d’assurance. Je les ignorent tous ces minables et chaque jour j’essaie de faire une toute petite chose contre "eux " Je consomme moins, je ne vote pas, j’aide mon voisin noir ou etranger,j’ai jeté ma télé etc.. Si 50% de la population boycottait ces idiots, peut-être, qu’ils commenceraient à se poser les bonnes questions. Peut-être.....

14/09/2010 03:51 par régénération

@ Lulu

Je suis tout à fait d’accord avec toi, le plupart des gens laissent les autres décider à leur place : mais je dois avouer que pour prendre des décisions intelligentes qui vont à l’encontre de l’opinion des autres (dont nos proches parfois) il faut un sacré courage et de la force pour maintenir sa parole ou son action. Le conformisme est tellement facile et tellement plus "naturel" n’est-ce pas ?

A tous : Toutefois, ne nous laissons pas abattre et allons voter pour montrer à ceux qui nous gouvernent vraiment "les maitres invisibles" que nous voulons un changement, changeons pour plus de solidarité, pour plus de fraternité, d’égalité et de liberté. Certains me diront : je ne veux pas voter parce qu’aucun candidat ne représente mes idées. Entre la poêle et le chaudron difficile de choisir, certes, mais il y a toujours un candidat dont les idées sont plus proches des vôtres, il y a toujours un candidat plus proche du bien. Personne n’est parfait ! Ensuite n’attendez pas un changement instantané et magique. Mais un changement long et profond.
Si nous votons toujours pour ceux qui défendent de nobles valeurs, les autres seront forcés de changer ou de disparaitre.
Au début, bien sûr, il y aura des hypocrites et des opportunistes, mais lorsque les mots du Bien seront en place et utilisés, les esprits se transformeront.

Faisons triompher la solidarité et le bien commun !

14/09/2010 20:11 par Lulu

@ Régénération

Le conformisme est tellement facile et tellement plus "naturel" n’est-ce pas ?

Je me demande en quoi c’est simple ou naturel de porter un masque toute sa vie. La salariés de France télécom doivent avoir des éléments de réponses, maheureusement il ne sera pas possible de les interroger.

Pour le reste :
- Au regard de ces syndicalistes avec attachés case qui passent leur temps dans les halls d’aéroports et dont la seule ambition est de cumuler des points "flying blue" pour se rendre à des réunions qui ne mènent à rien à l’autre bout du pays,
- Au regard de l’ouvrier qui a écrasé tous ses collègues pour un poste de petit chef, et qui s’avère être un "responsable" encore plus odieux que les managers formés dans ces écoles de commerce, pourtant véritables usines à abrutis
- Au regard des contis qui ont vu leurs collègues écoper de peines de prison pour avoir défendu leurs droits, et qui, 1 an aprés, votent en majorité pour la baisse de leurs salaires,

un constat d’évidence devrait s’imposer à tous : Pour paraphraser un autre article de LGS - le pouvoir n’est pas à conquérir, il est à détruire -

15/09/2010 08:27 par EW

@ Resistant :

QUI ? vraiment ?

Le peuple.
Hier comme aujourd’hui.
Eux, toi, moi ; nous façonnons le monde à notre image, comment se pourrait-il être autrement ?

De quelconques groupuscules financiers tenteront évidemment de s’en accaparer la primauté mais ce monde est le nôtre et pas seulement le leur.

Aussi ne nous laissons pas spolier de notre création : ce scandale ici et ce massacre là sont le fruit de notre labeur.

Non pas que je souhaite absolument nous accabler de tous les malheurs du monde : ces malheurs nous accablent de fait.

Nous pouvons cependant palabrer indéfiniment sur le degré de responsabilité d’untel ou d’un autre et nos salles de marché se trouveraient alors en bonne place. Il faut bien rendre à l’empire ce qui lui appartient mais auquel cas il resterait que chacun d’entre nous est coupable de les avoir laissés faire.

Il ne faut pas chercher plus loin que dans le reflet de nos miroirs le visage de l’oppresseur ou les traits de l’opprimé, nous nous affligeons nous-mêmes.

Je sais que cela n’est pas évident et que trop souvent nous nous sentons démunis face à tant de puissance brute d’un côté ou tant d’inertie crasse d’un autre. Je crois, sans pour autant sombrer immédiatement dans une théorie du complot, que c’est là précisément ce qui est souhaité : nous isoler pour mieux nous détourner de nos devoirs.

La situation en deviendrait-elle alors inextricable ?

Nous pouvons avoir mal fait, hier ou aujourd’hui, et bien faire demain, cela passe par reconnaître nos erreurs et nos faiblesses voire nos vices ; cela mérite que nous nous fustigions un peu, du moins aussi longtemps que cela a de l’importance.

(Commentaires désactivés)