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Les buts de guerre de l’Allemagne

Le 30 avril 1913, alors que la guerre ne peut encore apparaître que comme très lointaine, le futur chancelier allemand Gustav Stresemann écrivait : "La paix perpétuelle est une utopie. C’est l’épée qui tranche toutes les questions vitales des nations. Le partage du monde ne se fait pas par des pourparlers dans des conférences."

Gustav Stresemann a d’abord été un solide partisan des "annexionnistes" allemands. Voici, selon l’historien Jacques Bariéty, de quoi il s’agissait :

"Le 8 décembre 1914, Stresemann, en tant que vice-président du Bund der Industriellen [l’Union des Industriels], est reçu par le chancelier Bethmann-Hollweg ; son programme de buts de guerre à l’Ouest s’est précisé. Il demande Calais, le bassin de Briey-Longwy, le versant lorrain des Vosges et le Maroc."

Rien que ça !

Mais nous comprenons mieux encore le sens général de ce projet lorsque nous lisons ce que le même personnage en dit trois semaines plus tard au chef de son parti, Ernst Bassermann :

"Le grand moment de l’histoire mondiale est arrivé : nous allons atteindre les mers mondiales : nous allons faire de Calais un Gibraltar allemand."

Ce n’est certes pas ce qui pourrait nous permettre de comprendre la politique de l’Allemagne d’aujourd’hui. Mais ce n’était pas non plus la seule piste envisagée par l’Allemagne de 1914... Voici l’autre, telle que Riezler, le confident du chancelier allemand Bethmann-Holweg, la développe le 29 août 1914 pour le chef du service de presse du ministère allemand des Affaires étrangères :

"Le but de la guerre est de nous garantir, à l’Est et à l’Ouest, pour une durée prévisible, par l’affaiblissement de nos adversaires. Mais cet affaiblissement ne sera pas forcément provoqué par des annexions. Celles-ci peuvent devenir pour nous des sources de faiblesse. L’affaiblissement de nos adversaires peut être économique et financier - par des traités de commerce, etc."

C’est alors que nous commençons à tendre l’oreille...
Avec encore un peu plus d’inquiétude quand nous découvrons ce que le chancelier Bethmann-Hollweg écrivait au secrétaire d’État à l’Intérieur, Delbrück :

"L’union de l’Europe centrale ne se fera pas sur la base d’un accord sur des intérêts communs mais seulement par une paix dictée éventuellement par nous et sous la pression de notre supériorité politique."

Voilà donc ce que l’Allemagne n’a jamais obtenu par la guerre. Voilà ce qu’elle obtient maintenant, et jour après jour, grâce à la paix.

Mais c’est le fruit d’une très longue histoire que la France ferait bien d’étudier de près : c’est aussi la sienne.

Michel J. Cuny

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