Les cobayes humains de l’armée française.

Nicolas PLUET

01/04/1960 : 150 prisonniers algériens utilisés comme cobayes humains lors du second essai nucléaire français à Reggane.

01/04/1960 : 150 prisonniers algériens utilisés comme cobayes humains lors du second essai nucléaire français à Reggane.

René Vautier est mort le 4 janvier 2015.
Résistant à 15 ans, il fut, avec pour seule arme sa caméra, engagé sa vie durant contre le colonialisme et les injustices ; emprisonné dès son premier film à 21 ans ; censuré comme nul autre réalisateur français ne le fut.

Lui qui avait des liens si forts avec l’Algérie s’était fait l’écho d’un témoignage terrible qui, jusqu’ici n’a pas été évoqué dans la presse française. Il est temps de le faire.

Cela se passe au CSEM (Centre Saharien d’Expérimentation Militaire) situé à Reggane, à 700 km au sud de Colomb Bechar. Les tirs sont effectués à Hamoudia, à une cinquantaine de km au sud-ouest de Reggane. Le premier avril 1960 a lieu le second essai nucléaire français, sous le nom de code “Gerboise blanche”. La bombe dégagea environ 4 kilotonnes.

Le tir a été l’occasion d’étudier la résistance des matériels militaires (avions, véhicules, parties de navires...) à une explosion nucléaire.

L’armée française a mené des essais sur des rats, des lapins et des chèvres.

Des exercices militaires en ambiance « post-explosion » ont été réalisés. Ils commencèrent vingt minutes après les tirs.

Mais environ 150 hommes vivants furent aussi exposés aux effets de la bombe, ligotés à des poteaux, à environ 1 km de l’épicentre.

Nous sommes en pleine guerre d’Algérie, cette guerre qui a fait plusieurs centaines de milliers de victimes algériennes, militaires et surtout civiles. Beaucoup de victimes meurent torturées. Pour le colonialisme français et son armée, la vie des algériens ne vaut pas cher à l’époque...

René Vautier, avait monté son film “Algérie en flammes”, tourné dans les maquis algériens dans les studios de la DEFA (Deutsche Film-Aktiengesellschaft) en RDA.
Karl Gass, réalisateur documentariste à la D.E.FA. avait recueilli le témoignage d’un légionnaire français d’origine allemande affectés à la base de Reggane.

Le témoin affirmait avoir reçu , juste avant l’explosion, l’ordre de récupérer dans des prisons et des camps de concentration, 150 Algériens qui devaient être utilisés comme cobayes à proximité du point zéro . Il déclarait les avoir fait venir, les avoir remis à ses supérieurs hiérarchiques, et ne les avoir jamais revus. Ce légionnaire a été affecté ailleurs en 1961.

M. Mostefa Khiati, médecin à l’hôpital d’El Harrach et M. Chennafi, enlevé avec cinq de ses amis de Staouéli (ouest d’Alger) à Reggane où ils devaient travailler, confirment ce témoignage (voir encadré “Ce que disent les Algériens”).

En Algérie, la presse et les médias algériens, la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, des juristes, des médecins évoquent ces questions.

Le 14 février 2007, le quotidien Le Figaro cite une réponse à l’interpellation des Algériens. Elle est faite par le responsable de la communication du ministère de la Défense, Jean-François Bureau : "Il n’y a jamais eu d’exposition délibérée des populations locales »". Il s’agit, selon lui, d’une légende entretenue par la photo d’une dépouille irradiée exposée dans un musée d’Alger. "Seuls des cadavres ont été utilisés pour évaluer les effets de la bombe", ajoute-t-il.

Mais alors, quels sont ces cadavres ? D’où venaient-ils ? Quelles étaient les causes des décès ? Où sont les documents tirant les enseignements de leur exposition à la bombe ? Et surtout, peut-on sérieusement croire qu’en pleine guerre d’Algérie, l’armée française pouvait transporter des cadavres sur des centaines de km pour des essais “éthiques” alors qu’elle torturait et tuait quotidiennement civils et combattants algériens ?

Qui peut croire aussi, qu’un pouvoir qui se dote à grands frais d’une arme nouvelle, qui fera l’essentiel de ses forces, va s’abstenir d’en faire l’essai jusqu’au bout ? La logique “technique” à défaut d’être humaine, c’est de la tester “en vraie grandeur” c’est à dire sur des êtres humains vivants ... Tous l’ont fait : lisez, pays par pays, l’ encadré à ce sujet.

Pourtant, il n’y a pas eu de scandale d’Etat à la hauteur de ce fait qui relève du crime contre l’humanité.

Le fait que le FLN avait accepté, dans le cadre d’"annexes secrètes", que la France puisse utiliser des sites sahariens pour des essais nucléaires, chimiques et balistiques pendant quatre années supplémentaires a sans doute créé des conditions propices à ce silence officiel...

En effet, ces essais se sont poursuivis dans les conditions de mise en danger des populations locales et des travailleurs algériens sur les sites contaminés, le pouvoir algérien ne souhaitait sans doute pas voir ce dossier sensible resurgir.

Derrière elle, l’armée française a laissé des poubelles nucléaires à peine ensablées
(voir L’Humanité du 21/02/2007), des populations victimes de multiples cancers, des nappes phréatiques radioactives.

Mais elle laisse aussi le souvenir, mieux caché pour l’instant, d’une épouvantable expérimentation effectuée sur des êtres humains vivants.

Merci à René Vautier pour avoir tenté, durant des années, de lever la chape de plomb sur ce crime.

A présent les bouches et les archives doivent s’ouvrir.

Comme la Ligue Algérienne des Droits de l’Homme, exigeons l’ouverture compète des archives militaires sur les essais nucléaires dans le sud du Sahara (algérien) dans les années 1960 à 1966.

Demandons aux nombreux militaires et civils français et algériens qui ont servi sur la base de Reggane et ont pu être témoins direct ou recueillir des témoignages de dire ce qu’ils savent.

Que la France officielle reconnaisse aujourd’hui le crime.

A défaut de pouvoir le réparer, qu’elle prenne ses responsabilités pour atténuer les conséquences de ses essais nucléaires sur les population algériennes :

La réhabilitation des sites d’essais nucléaires, conformément à la législation internationale.

La création d’une structure de santé spécialisée dans le traitement des maladies cancéreuses causées par la radioactivité. La mise en place d’un registre du cancer dans les régions d’Adrar, Tamanrasset et Béchar. La prise en charge totale des malades.

La création d’un pôle d’observation des différents sites ayant servi aux essais nucléaires comme ce fut le cas pour l’Angleterre et ses sites en Australie.

Auteur : Nicolas Pluet, militant communiste et ami de René Vautier.


Sources et éléments pour des encadrés éventuels complétant le texte principal.
Eléments pour un encadré sur
Ce que disent les algériens

Du côté algérien, des recherches ont été faites dans les années 2000 et résumées ainsi par l’avocate Me Fatima Ben Braham : « L’étude iconographique, de certaines de ces photos, nous a permis de constater que la position des soi-disant mannequins ressemblait étrangement à des corps humains enveloppés de vêtements. A côté de cela, nombre d’Algériens détenus dans l’ouest du pays et condamnés à mort par les tribunaux spéciaux des forces armées [français] nous ont apporté des témoignages édifiants. Certains condamnés à mort n’ont pas été exécutés dans les prisons, mais ils avaient été transférés pour ne plus réapparaître. Ils avaient, selon eux, été livrés à l’armée. Après consultation des registres des exécutions judiciaires, il n’apparaît aucune trace de leur exécution et encore moins de leur libération. Le même sort a été réservé à d’autres personnes ayant été internées dans des camps de concentration. »

Après des recherches, l’avocate a retrouvé une séquence des informations télévisées montrant un combattant mort sur une civière entièrement brûlé, ainsi commentée : « Et voilà le résultat de la bombe atomique sur un rebelle. »
De plus, une étude minutieuse des photos de mannequins, et particulièrement une, où plusieurs corps (5 environ) étaient exposés, indique que les mannequins auraient une forte ressemblance à des corps humains.

Elle a alors réuni un groupe de médecins et de médecins légistes à l’effet de faire le rapprochement des corps exposés avec de véritables corps humains dans la même position (tête, bras, jambes, bassin, buste, etc.)
Les résultats ont été concluants : il s’agit bien de corps humains (même le poids a été déterminé) et leur mort était certaine.
En 2005, la question a été posée aux autorités françaises qui ont d’abord répondu qu’il s’agissait uniquement de mannequins et de rien d’autre, pour tester les habillements face aux essais.

Après insistance des Algériens, les autorités françaises ont rétorqué que « s’il y avait des corps à la place des mannequins, il faut se rassurer que les corps étaient sans vie ».

Source : http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/cobayes_humains.htm


Lors d’un documentaire, réalisé par Saïd Eulmi et diffusé à l’ouverture du colloque, il a été rapporté que des prisonniers de guerre avaient été utilisés comme cobayes lors des essais. Des images de corps humains calcinés accrochés à des poteaux ont été montrées. « Les corps de ces martyrs (...) ont été retrouvés durcis comme du plastique », a souligné Mostefa Khiati, médecin à l’hôpital d’El Harrach. « Les conventions de Genève ont été violées. Il s’agit de crimes de guerre », a estimé Abdelmadjid Chikhi, directeur des archives nationales.

Source : Metaoui Fayçal, El Wattan


Le témoignage de M. Chennafi, « un sexagénaire, enlevé avec cinq de ses amis de Staouéli (ouest d’Alger) à Reggane où ils devaient travailler jour et nuit et préparer l’installation de la bombe nucléaire : « Après l’explosion de cette bombe, les victimes étaient parties en fumée. Même les ossements ont disparu ». Plusieurs militaires et médecins Français ont confirmé l’utilisation par l’armée française d’habitants de la région ou de Ghardaia afin de "tester l’effet des radiations" sur eux. Ces derniers ont été placés dans les lieux servant de théâtre des opérations sans protection aucune. Les survivants n’ont bénéficié d’aucun traitement contre les radiations nucléaires par la suite.

Source : Planète non violence (webzine)


Ligue Algérienne des Droits de l’Homme

La LADDH pense que l’exposition directe, par la France, de prisonniers dans l’expérience nucléaires constitue “une flagrante violation de la convention de Genève relative aux prisonniers de guerre et à leur traitement.

Le FLN a accepté, dans le cadre d’"annexes secrètes", que la France puisse utiliser des sites sahariens pour des essais nucléaires, chimiques et balistiques pendant cinq années supplémentaires. Onze essais se sont ainsi déroulés après l’Indépendance du 5 Juillet 1962 et ce, jusqu’en février 1966.

La LADDH est porteuse d’exigences vis à vis de la France (voir article principal).
Source : http://ekopol.over-blog.com/2014/08/les-essais-nuclaires-francais.html


Eléments pour un encadré sur :
Radiations imposées.

Même les militaires n’étaient pas protégés.

Si l’on compare avec ce qui a été fait en Polynésie pour la protection des populations – des blockhaus pour Tureia qui se trouve à 110 km de Mururoa et des « abris de prévoyance » sommaires pour les Gambier, Reao et Pukarua, dans le Sahara algérien, les précautions prises pour la protection des personnels militaires et des habitants des palmeraies voisines ont été très sommaires, voire inexistantes.
Quelques documents estampillés « secret » permettent d’avoir une idée du mépris des autorités militaires à l’égard de leurs hommes. on peut constater que pour les populations sahariennes de Reggane (environ 40 km d’Hammoudia) et quelques palmeraies encore plus proches des points zéro, la protection était nulle. Aucun abri ou autre bâtiment n’a été construit pour ces populations, tout aussi bien que pour les personnels militaires de la base de Reggane Plateau ou les quelques dizaines de militaires et civils qui restaient sur la base d’Hammoudia pendant les tirs.

A Reggane au Sahara, à moins de 5 km de l’explosion, on donnait des lunettes noires aux soldats pour se protéger les yeux. Mais ils étaient en short et chemisette.

Des retombées à plus 3 000 km, des conséquences sanitaires terribles.
Outre dans tout le Sahara algérien, les retombées radioactives ont été enregistrées jusqu’à plus de 3000 km du site (Ouagadougou, Bamako, Abidjan, Dakar, Khartoum, etc.).

24 000 civils et militaires ont été utilisés dans ces explosions, sans compter l’exposition aux radiations de toute la population de la région.

A Reggane où les essais ont été atmosphériques et ont couvert une vaste zone non protégée, selon les médecins l’exposition aux radiations ionisantes provoque plus 20 types de cancer (cancers du sein, de la tyroïde, du poumon, du foie, du côlon, des os, etc.).
Les leucémies dépassent de manière sensible la moyenne dans la région. Des malformations touchent aussi bien les adultes que les enfants, les nouveaux nés et les les fœtus. On constate également une baisse de fertilité des adultes. Des cas de cécité sont dus à l’observation des explosions. A Reggane le nombre de malades mentaux est très important. Des familles entières sont affectées, sans parler des lésions de la peau, des stigmates physiques et des paralysies partielles, ainsi que d’autres phénomènes sur lesquels les médecins n’arrivent pas à mettre de mots.

Le bilan des décès causés par les maladies radio-induites ne cesse de s’alourdir à Tamanrasset. Au total 20 cancéreux, entre femmes, hommes et enfants, sont morts en juillet dernier, s’alarme Ibba Boubakeur en 201447, secrétaire général de l’Association des victimes des essais nucléaires à In Eker (Aven), Taourirt.

« Nous avons assisté à l’enterrement d’enfants amputés de leurs membres inférieurs et de femmes à la fleur de l’âge. Le pire, c’est qu’aucune de ces victimes ne possède un dossier médical, hormis les quelques certificats délivrés par les médecins exerçant dans la région », se plaint-il. 52 ans après cette tragédie que la France ne veut toujours pas réparer.

« On ne peut pas avoir le nombre exact de victimes. En 2010, un recensement partiel faisant état d’un peu plus de 500 victimes a été réalisé dans les localités relevant uniquement de la commune de Tamanrasset, à savoir Inzaouen, Ifak, Toufdet, Tahifet, Indalak, Izarnen, Outoul et Tit. Nous y avons constaté beaucoup de maladies, des avortements, des malformations et toutes les formes de cancer ».

Selon une étude réalisée par des experts, 21,28% des femmes de cette région sont atteintes de cancer du sein et 10,13% du cancer de la thyroïde.

Sources :

http://www.reperes-antiracistes.org/article-dossier-algerie-les-essais-nucleaires-francais-au-sahara-hammoudia-113118039.html

Ligue Algérienne des Droits de l’Homme. http://www.lematindz.net/news/15070-essais-nucleaires-en-algerie-la-laddh-exige-des-reponses-de-la-france.html

http://lavoixdesidibelabbes.info/laven-salarme-des-deces-causes-par-le-cancer-a-tamanrasset-partage-par-notre-ami-memoria/

http://ekopol.over-blog.com/2014/08/les-essais-nuclaires-francais.html

http://www.djazairess.com/fr/elwatan/60683

Le jour d’Algérie » du 13/02/2007


Eléments pour un encadré sur :
Essais humains : la France n’est pas la seule.

USA
Le secrétaire d’Etat à l’Energie américain, Hazel O’Leary, a révélé que son pays a mené des expériences sur quelque 700 "cobayes humains". C’était dans les années quarante, on administra à plus de 700 femmes enceintes, venues dans un service de soins gratuits de l’université Vanderbilt (Tennessee), des pilules radioactives exposant les foetus à des radiations trente fois supérieures à la normale. On leur faisait croire qu’il s’agissait d’un cocktail de vitamines. ..
En 1963 (là, on était pourtant édifié sur les effets de la radioactivité !), 131 détenus de prisons d’Etat de l’Oregon et de Washington se portèrent "volontaires", en échange d’un dédommagement de 200 dollars chacun, pour recevoir de fortes doses de rayons X (jusqu’à 600 röntgens) aux testicules.
Mais l’expérimentation humaine principale avait été menée lors des bombardements atomiques d’Hiroshima et Nagasaki les 6 et 9 août 1945 et après eux.
le Japon avait de toute façon déjà perdu la guerre et s’apprêtait à négocier, avant les bombardements nucléaires.
Les USA choisissent Hiroshima et Nagasaki pour leurs configurations différentes et y expérimentent deux bombes de types différents : plutonium pour Nagasaki ; uranium 235 pour Hiroshima . Plus de 2 00 000 victimes immédiates, sans compter celles des décennies suivantes.
Les archives américaines ont révélé , que quatre des plus grandes villes japonaises avaient été retenues comme cibles potentielles et interdites de tout bombardement, afin de pouvoir attribuer à la seule bombe atomique les dégâts observables. Par ordre de « préférence », il s’agissait de Hiroshima, Niigata, Kokura et Nagasaki.
Après les bombardements les USA construisent tout un hôpital, implantent un camp de scientifiques pour examiner les survivants et mener des expériences sur eux, quelques semaines seulement après le bombardement. Mais ne soigneront personne.

URSS
En septembre 1954, l’armée soviétique exposa sciemment des civils et des militaires aux retombées d’une bombe atomique de 20 kilotonnes, explosée à 350 m au-dessus de la ville de Totskoye, dans l’Oural. outre les 45 000 soldats qui furent exposés - quand les généraux décidèrent de leur imposer des exercices militaires sur les terrains encore brûlants de radioactivité -, il y avait aussi des civils : un million de personnes environ, réparties dans un rayon de 160 km autour du site de l’expérience. En effet, Kouibichtchev (aujourd’hui Samara), alors peuplée de 800 000 habitants, se trouve à 130 km à l’ouest du site et Orenbourg, 265 000 habitants, à 160 km à l’est.
Au Kazakhstan un quart du territoire kazakh est occupé par les terrains d’essais et des usines militaires. On y a fait exploser 466 bombes atomiques : 26 au sol, 90 en altitude et 350 sous terre. Lors de l’essai, en 1953, de la première bombe à hydrogène 14 000 personnes furent exposées aux retombées. Une vaste région de ce pays est contaminée. Elle a subi une irradiation d’un niveau comparable à celui de Tchernobyl pendant quarante ans.
Source : http://atomicsarchives.chez.com/cobaye_humains.html

Chine
Le site d’essais nucléaires chinois de Lob Nor, dans le Xinjiang, est le plus vaste du monde : 100 000 km2, dans le désert du Turkestan oriental, dont environ un cinquième a été irradié.
Les populations locales se sont plaintes à de nombreuses reprises de maladies inhabituelles : cancers de la thyroïde ou malformations à la naissance. Les estimations du nombre de victimes vont de « quelques décès » selon les autorités, à 200 000 selon les sympathisants de la cause ouïghoure (ethnie majoritaire au Xinjiang). Des tests indépendants, conduits dans quelques villages, ont montré des taux de radioactivité très supérieurs à la limite d’alerte, et 85 000 personnes au moins vivent encore à proximité immédiate des anciennes zones d’essais. Au début des tests, ces riverains n’étaient même pas déplacés. Dans les années 70, on les faisait évacuer quelques jours avant de les faire revenir.
Source : Denis DELBECQ et Abel SEGRETIN

Royaume Uni :
le gouvernement britannique a eu recours à des soldats australiens, anglais et néo zélandais pour les utiliser comme cobayes lors d’essais nucléaires.
Des centaines d’aborigènes ont probablement été contaminés à proximité du site d’essais de Maralinga.


COMMENTAIRES  

12/11/2015 00:13 par njama

Merci pour l’article
pour compléter USA

Les US ont procédé à une bonne centaine d’essais nucléaires en atmosphère au nez et à la barbe de leurs concitoyens !
Un témoignage assez hallucinant !

Paru aux Etats-Unis en 1993, ce livre a été traduit en français à l’initiative de deux membres d’un groupe antinucléaire parisien aujourd’hui disparu. Puis, il fut proposé à divers éditeurs, grands, comme petits. Tous ont renoncé à le publier, essentiellement semble t-il pour des raisons financières. C’est pourquoi ce livre est maintenant publié en ligne sur Internet.

AMERICAN GROUND ZERO
LA GUERRE NUCLÉAIRE SECRÈTE

CAROLE GALLAGHER MIT 1993

Le 27 janvier 1951, quelques minutes avant les premières lueurs de l’aube, un bombardier B50 de l’Air Force tourna à gauche au-dessus des genévriers et des arbres de Josué [ Yucca du sud-ouest des États-Unis] et lâcha une bombe atomique dans le désert, à l’ouest de Las Vegas. La lumière de l’éclair réveilla les fermiers habitant plus au Nord, dans l’Utah. La secousse fit voler en éclats des vitres dans l’Arizona. Les radiations se répandirent dans toute ’Amérique, contaminant les sols de l’Iowa et de l’Indiana, les côtes de la Nouvelle Angleterre et les neiges de l’État de New-York, au Nord.

Ainsi commençait le programme d’expérimentation scientifique le plus prodigieusement téméraire de l’histoire des États-Unis d’Amérique. Durant les douze années qui ont suivi, les acteurs gouvernementaux de la guerre froide firent exploser 126 bombes atomiques atmosphériques dans les 2 150 km2 du site d’essais du Nevada. Chacun des nuages roses qui dériva au-dessus des plateaux et des vallées interdites appartenant aux terrains d’essais atomiques contenait des doses de radiation comparables à la quantité relâchée en 1986 après l’explosion du réacteur de Tchernobyl.

Les États-Unis ont condamné l’Union soviétique pour avoir passé sous silence le désastre de Tchernobyl pendant trois jours, empêchant ainsi les Ukrainiens et les Européens de prendre des mesures contre les radiations. Mais de leur côté, les patrons de l’industrie des armes nucléaires américaines ont, pendant 30 ans, tout fait pour sauvegarder le secret médical et scientifique, afin de camoufler la contamination de vastes zones de l’Amérique du Nord résultant des explosions atomiques sur le site d’essais du Nevada.

AMERICAN GROUND ZERO
LA GUERRE NUCLÉAIRE SECRÈTE
CAROLE GALLAGHER MIT 1993
le livre est en PDF téléchargeable ...
http://www.dissident-media.org/infonucleaire/American_Ground_Zero.pdf

Extraits :
page 53 in témoignage de Pat Broudy

"Ils ont détruit des documents, et tout ça a été révélé pendant le procès. Finalement le gouvernement a admis qu’on connaissait les dangers des radiations depuis le début des années quarante. On savait que ça causait des cancers, on savait que ça pouvait causer des aberrations chromosomiques, mais on a considéré que ça valait le coup de sacrifier quelques hommes pour le bien du pays.”

page 42 in témoignage de Ted Przygucki

(photo) Cages pour les animaux cobayes près du point zéro à Frenchman Flat 1990.

“Alors que lors de ma visite guidée du site d’essais des officiels du Departement of Energy ont nié l’existence d’expérimentations sur les animaux à l’époque des essais en atmosphère, les vétérans de l’atome ont certifié avoir vu des animaux et des humains enchaînés dans des cages près du point zéro.
Frenchmen Flat est le site de 27 explosions atmosphériques et était jonché de détritus de motels, d’abris anti-atomiques expérimentaux fait de matériaux divers, de chambres forte, de tanks, de camions, de morceaux de ponts et d’autoroutes... et de cages.

Page 40 témoignage de Robert Carter

Après l’essai, quelques gars de la section eurent des motifs supplémentaires d’être choqués et épouvantés. Alors qu’ils balayaient la zone pendant leurs manœuvres, certains d’entre eux avaient vu des cages et des clôtures. Certaines contenaient des animaux brûlés au point d’en être rendus méconnaissables. Quand Carter m’a dit que les autres renfermaient des êtres humains menottés et enchaînés aux clôtures, je commençai à douter de sa crédibilité. Je savais qu’un aspect clinique de la dépression profonde était la paranoïa, et peut-être même la détonation avait-elle déclenché chez lui un épisode psychotique. Peut-être s’était-il agi d’une sorte d’hystérie de masse chez des hommes soumis à un stress psychologique et physique aussi dur.

Toutefois, pendant les trois années suivantes, je recueillis la même histoire, chaque fois venant d’hommes ayant participé au tir de Hood. Le récit du sergent des Marines, Israel Torres, figurant dans un dossier juridique constitué par l’avocat William A. Fletcher et publié dans le Whashington Law Review, était identique à celui de Carter. Effectivement, quand les soldats déclaraient avoir vu des restes d’êtres humains brûlés et entravés sur le champ de bataille nucléaire, on les soumettait au même programme de “déconditionnement” psychiatrique

J’ai vu une autre chose horrible... Là-bas dans le désert après avoir été décontaminés et nous être installés dans nos camions. Nous n’avions fait que peu de chemin quand l’un de mes hommes a dit : “Bon Dieu, regardez ça !” Je regardai dans la direction indiquée et ce que je vis m’horrifia. Il y avait des gens sur une palissade - une clôture faite de chaînes avec du fil de fer barbelé attaché au sommet. Leurs cheveux tombaient et leur peau semblait peler. Ils portaient des jeans mais pas de chemise... Mon Dieu, mon Dieu, c’était épouvantable. Alors que j’étais à l’hôpital, je dis à mon infirmière ce que j’avais vu. Le lendemain lorsque le docteur m’examina, il dit : “l’infirmière m’a raconté une histoire peu banale. Parlez-moi de ces gens que vous dites avoir vu au site d’essais du Nevada ?”
...

12/11/2015 08:26 par Frédéric Boutet

Bonjour,

Merci pour cette enquête.
J’ajoute que vous devriez également citer le film "Gerboise Bleue" de Djamel Ouahab sorti en 2009.

« "Gerboise Bleue raconte l’histoire des vétérans français et des Touaregs algériens victimes des premiers essais atomiques français dans le Sahara de 1960 à 1966.
Pour la première fois, les derniers survivants témoignent de leurs combats pour la reconnaissance de leurs maladies, et révèlent dans quelles conditions les tirs se sont véritablement déroulés.
Pour la première fois, je me rends sur le point zéro de Gerboise bleue, premier essai atomique français en atmosphère quatre fois supérieur à Hiroshima, interdit d’accès depuis 47 ans par les autorités algériennes."
 »

12/11/2015 11:37 par njama

Il y a aussi de nombreux articles concernant les essais nucléaires français sur le site de LDH-Toulon
voir dans la Page : http://ldh-toulon.net/-les-essais-nucleaires-.html

Aux essais nucléaires sur le continent américain, il faut ajouter celles de l’Opération Crossroads dans l’atoll de Bikini au cours de l’été 1946, il s’agissait des premiers essais atomiques depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est aussi la dernière grande expérimentation du projet Manhattan ...

Image de l’ explosion Baker le 25 juillet 1946 :
(selon Wikipedia) 520 explosions nucléaires expérimentales ont été effectuées dans l’atmosphère entre 1945 et 1980 par cinq États :
Etats-Unis 210 / URSS 216 / Royaume Uni 21 / France 50 **/ Chine 23
** France, chiffre incertain, sous évalué ? 50 ou 58 ?

Ajoutons à cette pollution radioactive de plus de 500 essais nucléaires, les accidents nucléaires de Three Mile Island (Pennsylvanie), Tchernobyl et Fukushima ce qui pourrait expliquer en partie le nombre de cancers attribués à d’autres causes souvent incertaines que confirmées, ... à juste titre et pour cause, puisque le corps médical n’étant pas plus informé que le commun des mortels sur ces expérimentations et pollutions radioactives, comment pourrait-il établir quelques corrélations pertinentes.

On peut aussi rappeler que l’OMS est sous le joug de l’AIEA depuis l’ Accord WHA 12-40 le 28 mai 1959 entre l’OMS et l’AIEA , par lequel l’OMS doit déclarer toutes ses intentions d’études à l’AIEA et travailler avec ou céder la place à l’AIEA. L’accord précise qu’aucune des deux agences ne doit subir de nuisances de la part de l’autre : Le commerce nucléaire de l’AIEA ne doit donc pas pâtir d’études médicales qui pourraient l’entraver.

Ainsi donc, aussi longtemps que perdurera le pacte qui enchaîne l’OMS à l’AIEA, l’opacité sera de mise pour tout ce qui touche au nucléaire.

La catastrophe de Tchernobyl et la santé
par Michel Fernex, Professeur émérite, Faculté de Médecine de Bâle, ex-membre de Comités Directeurs de TDR (Programme spécial de Recherche pour les Maladies Tropicales), OMS.

Ce texte publié en mai 2000 décrit et dénonce une situation et des faits d’une gravité exceptionnelle, dont l’origine est à rechercher dans l’existence d’un accord formel peu connu, conclu entre l’OMS et l’AIEA. Cet accord limite l’OMS dans l’information des populations sur les conséquences d’accidents comme celui de Tchernobyl, s’il n’y a pas l’accord préalable du lobby nucléaire. Les scientifiques qui enfreignent cette règle ont leur carrière compromise. Ils risquent la prison.
http://www.bioeco.org/docs/328.pdf

Depuis 50 ans, l’OMS censure toute étude sur l’impact de l’industrie nucléaire
http://www.voltairenet.org/article160442.html

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