RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Les Etats-Unis un pas avant la guerre civile !…

“Pouvez-vous imaginer combien radicalement notre monde pourrait changer si demain une guerre civile allait éclater dans la superpuissance planétaire, les États-Unis d’Amérique ? Ne vous empressez pas de sourire en pensant que tout cela n’a rien à voir avec la réalité ou que cela ressemble plutôt à de la science-fiction. Ne le faites pas parce que cela a beaucoup à voir tant avec la réalité qu’avec l’actualité nord-américaine ! Parce qu’en plus de Trump qui ne cache pas ses penchants pour la guerre civile, ils sont aux États-Unis de plus en plus nombreux ceux de ses amis et de ses ennemis qui voient se rapprocher cette perspective cataclysmique, hier encore impensable..."

Voici ce qu’on écrivait en Mars 2019 comme introduction à un article au titre éloquent “Le spectre de la guerre civile hante déjà les États-Unis d’Amérique ! » (1) En l’espace de sept mois qui ont suivi, la menace de la guerre civile aux États-Unis s’est précisée et est devenue immédiate puisque Trump fait tout ce qu’il lui est possible pour donner raison à ceux qui prévoient qu’il n’hésitera pas à ensanglanter le pays afin de rester cramponné au pouvoir ! C’est ainsi qu’on voit actuellement dominer dans les débats et l’actualité politique des États-Unis l’interrogation cauchemardesque qui torture les américains et met en question leurs certitudes (« éternelles ») concernant la solidité de leurs institutions démocratiques : « Et si Trump n’accepte pas d’abandonner le pouvoir ? »

Comme on devait s’y attendre, le lancement de la procédure de destitution (impeachment) de Trump a accéléré grandement les développements puisque la menace d’éloignement de Trump de la Maison Blanche a pris corps devenant concrète et directe. La conséquence en a été que Trump a réagi violemment adressant une kyrielle des menaces gravissimes contre ses adversaires et dévoilant en même temps ses penchants pour la guerre civile. C’est ainsi qu’il n’hésite pas à appeler « coup d’État » l’enquête parlementaire concernant sa tentative d’associer le président d’Ukraine à un complot visant son concurrent, le candidat Démocrate Jo Biden. Et aussi, à menacer de faire « exécuter » les lanceurs d’alerte de ses crimes ainsi que le « traître » président de la commission du Renseignement de la Chambre des représentants ou même la présidente du Parlement Nancy Pelosi, parce qu’ils osent se tourner contre lui. Et surtout, il n’hésite pas à déclarer publiquement que toute tentative de l’éloigner du pouvoir conduira inévitablement à la guerre civile et au bain de sang !

Alors, étant donné que Trump semble disposé de tout faire afin de rester au pouvoir, la question critique qui demande réponse est dans quelle mesure Trump est capable de traduire ses menaces en actes. C’est a dire, dans quelle mesure ses supporters, mais aussi les diverses forces (policières) armées qui lui sont fidèles seraient disposées de le suivre jusqu’au bout. Les premières informations concernant les dispositions par exemple des milices (surannées), dont certaines comptent plusieurs milliers de membres, sont très claires : toutes déclarent qu’elles attendent de la Maison Blanche le « mot » qui leur donnera le feu vert pour entrer en action ( « Mr. President. All you have to do is say the word. ») !

Cependant, les centaines de milices qui constituent de fait “l’armée privée” de Trump ne sont que le sommet de l’iceberg des dizaines de millions des citoyens étasuniens qui, au moins pour l’instant, suivent aveuglement ses actes et ses prises de position même les plus scandaleuses et extravagantes. Il s’agit de ce 30%-35% des Étasuniens – confirmé par toutes les enquêtes depuis 2,5 ans – qui restent immuables et solide comme du béton derrière un Trump qu’ils croient “providentiel” et aux capacités surnaturelles !

Mais force est de constater qu’à l’opposé de la base sociale de Trump qui lui est dévouée corps et âme, des personnalités de l’establishment Républicain ainsi que certains médias de droite et d’extrême droite qui soutiennent Trump, se montrent dernièrement préoccupés, allant jusqu’à prendre leurs distances et même à se déclarer en désaccord avec quelques unes de ses actes comme ses tentatives d’impliquer des pays étrangers dans sa campagne électorale ou sa trahison de alliés Kurdes laissés à la merci de l’armée d’Erdogan. Il s’agit d’une première brèche – sérieuse et bien prometteuse – dans l’unité du camp du président des EU, mais il faudra beaucoup plus pour qu’on voit l’establishment Républicain rompre avec Trump...

Dans le cas du parti Républicain comme dans celui de la police et de l’armée, beaucoup dépendra de la tournure que prendra l’affrontement et des rapports de force qu’il va produire. Plus concrètement, tandis que les diverses forces de police, qui sont quelque chose comme les prétoriens de Trump, sont totalement dévouées à lui, la situation est loin d’être claire en ce concerne les dispositions de l’état-major, et plus généralement de l’armée, laquelle ne semble pas trop sympathiser avec le Président. Alors, la conclusion (provisoire) est que tandis que Trump et sa base sociale paraissent bien déterminés à se maintenir au pouvoir en recourant même à la guerre civile, il est actuellement impossible de prévoir dans quelle mesure cette détermination conduira à un embrasement générale ou partiel. En d’autres termes, dans quelle mesure cet embrasement va se limiter à des actes isolés de désespoir -et de terrorisme- de quelques milices d’extrême droite, ou il va mobiliser et impliquer plusieurs millions de fidèles de Trump.

Toutefois, la polarisation de la société étasunienne et la haine abyssale qui sépare les deux camps – pour et contre Trump – sont telles qu’on ne peut s’attendre qu’à la détérioration ultérieure de la situation. C’est exactement dans ce contexte cataclysmique de crise généralisée et d’effondrement du bipartisme, que l’autonomisation de Trump par rapport aux divers centres de pouvoir traditionnels, combinée avec ses réactions pour le moins imprévisibles, « atypiques » et toujours plus déséquilibrées, créent un cocktail extrêmement explosif. La conséquence de cette situation inédite est qu’elle pourrait très bien conduire à des « coups de tête », comme par exemple à des actes de violence aveugle et de masse, dont un avant-goût nous est offert presque quotidiennement par ces supporters de Trump qui, prenant à la lettre les incitations à la violence de leur chef, provoquent des bains de sang dont les victimes sont des Afro-américains, des Latinos ou des immigrés...

Il va sans dire que l’évolution des penchants de Trump vers la guerre civile sera très influencée par les réactions du camp adverse, et plus concrètement par sa capacité de faire face à la violence d’extrême droite de telle manière que la masse des supporters de Trump ainsi que des institutions de l’État (comme par exemple l’armée) soient découragées d’appuyer en actes le Président putschiste. Sans entrer dans les détails, force est de constater que la seule force capable de faire face aujourd’hui à Trump et à ses supporters est l’énorme mouvement populaire qui est en train de se développer derrière la candidature de Bernie Sanders. Un Bernie Sanders toujours plus radical et combatif et qui n’hésite plus à déclarer que sa différence fondamentale avec sa concurrente de gauche Elisabeth Warren est ... qu’« elle est capitaliste, moi pas » ! (2) Ceci étant dit, tout est désormais possible, le meilleur mais aussi le pire, bien que les partisans de Trump soient surarmés tandis que leurs adversaires ne peuvent – pour l’instant – leur opposer que leur enthousiasme et leur détermination de bâtir un monde radicalement différent, avant qu’il ne soit trop tard pour nous tous !...

En guise de conclusion et tenant compte des événements des dernières semaines, nous prenons le risque de faire la prévision suivante concernant la direction que pourrait prendre prochainement la crise américaine : étant donné que Trump ne reconnaît pas la légitimité de la procédure parlementaire visant à sa destitution, qu’il qualifie d’ailleurs de « coup d’État », on peut logiquement prévoir qu’il ne va pas reconnaître, et par conséquent respecter, ses décisions qui lui seraient défavorables. Un tel développement conduirait alors automatiquement à l’existence de deux « pouvoirs étatiques » rivaux et antagoniques, lesquels tendraient à nier l’un la légitimité de l’autre. Et dans ce cas, l’interrogation cauchemardesque : « et si Trump n’accepte pas d’abandonner le pouvoir ? » se traduirait en l’éventualité tout à fait plausible de voir l’un de ces « pouvoirs étatiques » se revendiquer de sa « légitimité » pour essayer d’arrêter et neutraliser l’autre ! Et attention : vu qu’on est déjà bien avancé sur cette direction, la réalisation de cette éventualité pourrait n’être qu’une question de temps...

Notes

1. http://www.cadtm.org/Le-spectre-de-la-guerre-civile-hante-deja-les-Eta...

2. https://thehill.com/homenews/campaign/465547-sanders-on-difference-wit...

3. Tous les événements et développements au sommet et – surtout – à la base de la société étasunienne, ainsi que tout ce qui se passe dans les mouvements sociaux et la gauche des États-Unis, sont couverts avec des articles, des analyses, des études, et des vidéos de première main, renouvelés chaque deux heures, au Facebook : https://www.facebook.com/GreeksForBerniesMassMovement

URL de cet article 35313
  

L’Histoire m’acquittera
Fidel CASTRO, Jacques-François BONALDI
L’Histoire m’acquittera (en espagnol : La Historia me absolvera) est un manifeste d’auto-défense écrit par Fidel Castro en octobre 1953, à la veille de son procès (il est jugé pour avoir attaqué la caserne de Moncada le 26 juillet 1953, en réaction au coup d’état de Batista). Fidel Castro est diplômé en droit, il manie la plaidoirie, exercice qu’il connaît bien, avec aisance : il y explique ses actes et son implication dans le soulèvement contre Batista mais surtout, il y développe ses différentes thèses (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Ce que vous faites peut paraître insignifiant, mais il est très important que vous le fassiez.

Gandhi

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.