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Les lectures malsaines d’Herman Van Rompuy

Au moment où l’extrême droite, les fascistes de tout poil font plus que relever la tête en Europe et dictent les ordres du jour, le fait que le président du Conseil européen, le chrétien-démocrate flamand Van Rompuy ait osé publier sur son site un poème (daté de 1909) d’un prêtre flamand nazi, antisémite, condamné à mort par contumace à la Libération, et ce dans l’indifférence totale des opinions publiques, est extrêmement préoccupant.

Un ami belge (wallon) me dit qu’il a toujours pris soin de ne pas tenter le diable du nationalisme flamand, mais que, à partir du moment où la question est posée, quand le président du Conseil européen prend comme référence un curé nazi qui a été condamné à mort par contumace en Belgique et qui n’a jamais été réhabilité, il n’est plus possible d’éluder le débat.

Né en 1874, Cyriel Verschaeve devient vicaire en 1911. Durant la Première Guerre mondiale, , il est conseiller spirituel du mouvement intellectuel nationaliste flamand le Frontbeweging. Après l’Armistice, la condamnation de ce mouvement par les autorités belges convainc Verschaeve qu’il n’y a plus rien à attendre de la Belgique. Dans les années trente, il se détourne de la politique belge et de la démocratie. Il se rapproche du mouvement national-solidariste Verdinaso.

Durant l’été 1940, il affiche par écrit sa sympathie pour l’Allemagne nazie. Le 6 novembre 1940, il est nommé par l’administration militaire allemande à la tête du Conseil culturel flamand. En 1941, il soutient la Légion flamande SS, pour contrer le « bolchévisme satanique ».

Selon un historien belge, Verschaeve a même tenté de convaincre Himmler de renoncer au paganisme et se voyait déjà en pape du nazisme !

Fin août 1944, il devient consultant du « gouvernement flamand en exil ». Il s’enfuit en Autriche en 1945, où il résidera jusqu’à sa mort en 1949. Les Autrichiens ne l’extraderont donc pas, bien qu’il ait été condamné à mort. En 1973, une organisation flamande fasciste, le Vlaamse Militanten Orde, exhume son corps et le rapatrie illégalement en Flandre.

En pays flamand, Verschaeve a laissé son nom dans la toponymie de plusieurs rues. On trouve encore une Cyriel Verschaevelaan (avenue Cyriel Verschaeve) à Zoersel et à Kapelle-op-den-Bos ; une Cyriel Verschaevestraat (rue Cyriel Verschaeve) à Courtrai, à Lanaken (à deux pas de Maastricht, ainsi qu’à Puurs (près d’Anvers), à quelques centaines de mètres du camp de concentration de http://www.breendonk.be/fr/Breendonck.

Le poème a été publié en 2007. Il n’a jamais posé le moindre problème à l’homme politique belge de premier plan, pétri, n’en doutons pas, de valeurs européennes.

Reste que Van Rompuy n’est pas qu’un simple politicien flamand (indépendantiste « à titre personnel » : il est censé incarner l’Europe. Est-il dès lors acceptable qu’il se livre à une telle réhabilitation d’un poète nazi, fût-il Flamand ? L’Union a-t-elle encore une quelconque légitimité à condamner le premier ministre hongrois Viktor Orban lorsque celui-ci se livre au même exercice avec l’écrivain nazi Jozsef Nyiro ?

Que dirait-on chez nous si Copé citait Brasillach ?

http://bernard-gensane.over-blog.com

PS : Cet article est le 500ème publié par moi-même dans les colonnes du Grand Soir depuis 2007. J’adresse toute ma gratitude aux administrateurs historiques de ce bel espace de liberté et de luttes pour un monde meilleur.

COMMENTAIRES  

07/02/2014 20:47 par le fou d'ubu

Les "nazionistes" sont en train de refermer un piège contre les peuples ... IL faut plus que s’en inquiéter ...

08/02/2014 00:38 par Caster

" l’extrême droite, les fascistes de tout poil font plus que relever la tête en Europe et dictent les ordres du jour"
Grotesque...
Continuez à vous tromper d’ennemi et on sera encore dans la même merde dans 1 siècle...
Quand au sujet de l’article en lui même, et alors ? Il avait des sympathies nazies ? (plus que des sympathies visiblement)
Et alors ? Cela ôte-t il de la qualité à son poème ? (que je n’ai pas lu la poésie m’intéresse peu)
Je suppose donc que dans votre monde on brule les livres de Céline (pour ne citer que lui...) au prétexte des 3 pamphlets et d’une visite dans une horrible exposition et qu’on passe donc à côté d’une des plus poignantes (dans la littérature française en tous cas) description de la souffrance du peuple allemand en 1944-45 (Nord, Rigodon, D’un château l’autre) et d’une des plus amusantes description de la bassesse des pétainistes vaincus (D’un château l’autre)

Mal Absolu, Bien absolu sont des concepts dignes d’une enfant de 4 ans et amènent systématiquement à jeter le bébé avec l’eau du bain et c’est absurde... même le "diable" peut dire des choses justes... et elles n’en deviennent pas mois justes sous prétexte que lui les a dites...

Les néo-nazis (les vrais pas ceux des fantasmes) sont une infime minorité en Europe de l’ouest... Par contre ils sont largement soutenus en Ukraine par tous les dirigeants européens et une partie de la gauche et de l’extrème gauche française... On combat donc 25 illuminés en France en soutenant un parti structuré, para-militaire et représentant une valeur à 2 chiffres de l’électorat dans certaines régions de l’Ukraine...
où comment se tromper de combat

08/02/2014 03:38 par Shanan Khairi

Je suis Belge. Je n’aime pas les idées politiques de Van Rompuy. Je n’aime pas plus ses actions politiques. Et je n’aime pas sa personnalité. Mais sous-entendre qu’il a des sympathies nazies parce qu’il apprécie l’oeuvre littéraire d’un auteur qui par ailleurs a collaboré est malhonnête et confine à la diffamation.

J’aime de nombreuses oeuvre de futuristes italiens et n’hésiterais pas à en mettre en ligne si l’envie m’en prenait. Le fait que certains futuristes se soient pour le moins compromis avec le fascisme n’autorise pourtant personne à me traiter pour autant de fasciste ! Tout comme le fait que j’aime les premières oeuvres de Rimbaud ne fait pas de moi un esclavagiste et un marchand d’armes !

Quant à Orban, ce qu’on lui reproche ne sont pas ses goûts pour la prose de Nyiro mais sa politique. Il a fait passer des lois et modifications constitutionnelles discriminatoires envers des minorités ethniques et homosexuelle, réduisant la liberté de la presse, affaiblissant le pouvoir judiciaire, criminalisant les indigents, etc... et de vouloir réhabiliter Nyiro. C’est à dire d’effacer ses crimes de guerre, ce qui n’a rien à voir avec le fait d’aimer sa prose. C’est ça qui importe.

08/02/2014 04:11 par le fou d'ubu

@ Caster
Comment se tromper de combat comme vous dites si bien ... où d’ennemis ...
Bonne nuit ... vous allez être content du voyage ...

08/02/2014 06:15 par RedGuff

Bonjour.
Voilà qui va encourager celles et ceux qui considèrent l’union européenne comme le "4e empire allemand".

08/02/2014 09:19 par Bernard Gensane

Je ne vais pas répondre à “ Caster ” car, n’ayant que quatre ans, je ne saurais prétendre me hisser à son niveau.

Sur la page Wikipédia de l’homme politique belge, on trouve ceci qui nous dit beaucoup sur la manière dont les éminences bruxelloises pensent l’Europe, lui y compris :

Le 11 novembre 2009, Mario Borghezio, député européen italien (Ligue du Nord) [ancien militant de Jeune Europe, de la droite extra parlementaire, suspendu trois mois de la Ligue du Nord pour avoir défendu Breivik, grand admirateur de Brasillach, soutien du Bloc Identitaire français] avait évoqué la possibilité que les candidats aux postes de président et ministre des Affaires étrangères, comme Jan Peter Balkenende, David Miliband, Herman Van Rompuy parmi d’autres, pourraient être ceux des « groupes occultes » Bilderberg et Trilatérale et non simplement ceux des forces politiques des pays. La veille, Herman Van Rompuy s’était rendu au Château de Val Duchesse pour une réunion du Groupe Bilderberg où il donna, dans un discours, sa vision quant à la gouvernance de l’Europe. Il y exprimait l’idée selon laquelle l’Europe devrait être fédéraliste à l’image des États-Unis, et devrait pouvoir prélever un impôt au niveau européen.

08/02/2014 09:35 par gérard

@ Bernard Gensane,
Mais que dit ce poème ?
On n’en sait strictement rien...
30 années séparent ce poème des dérives politiques de son auteur...
C’est énorme !
Est ce la même personne après tant d’années d’écart ?
Aucun élément pour en juger...
Qu’a donc fait Rimbaud de ses années (enfin de ce qu’on connaît) mercantiles qui ont suivi son adolescence créative ?
Tout le monde s’en fout, et c’est tant mieux...
Dois-je, dans cette même "optique", brûler ce qui est pour moi un des plus grands chef-d’œuvres de la littérature : « Voyage au bout de la nuit » de Louis Ferdinand Destouches dit Céline ?
Tant le risque d’amalgame par "le doigt" m’apparaît énorme...
On n’est vraiment pas "sorti de l’auberge" !

08/02/2014 13:51 par Anne Wolff

Le poème, intitulé « La mouette » parle du vol solitaire de la mouette au-dessus de l’immensité marine « là où on ne distingue plus la moindre petitesse ». Il fait partie d’un recueil « symphonie de la mer ».
Je ne suis pas assez bonne en flamand pour distinguer s’il contient à titre prémonitoire des affirmations de fascisme à une époque où ce terme n’avait pas encore été inventé, ou simplement la légitime aspiration des flamands de l’époque de se soustraire à la domination francophone. Le français est alors seule langue officielle de la Belgique,…, et toute la grosse bourgeoisie flamande, à Gand comme à Anvers… a pour langue le français (pratiquant des rudiments de flamand de cuisine qui sert seulement à donner des ordres aux domestiques). Les flamands qui font l’objet de procès se retrouvent dans des tribunaux ou le français est la langue officielle… une discrimination qui ne sera pas sas influer sur le ralliement de nombreux flamands au germanisme nazi…
Qu’il y ait des critiques à faire sur Van Rompuy, pour qui l’union Européenne, n’est qu’une Etape de formation d’une Gouvernance Mondiale dont la politique serait la grande absente supplantée par l’Economisme Marchand et les institutions juridiques internationales OMC, FMI, Centre International de Règlement des Différents Relatifs aux Investissements… Que Van Rompuy ait été de ceux qui ont estimé qu’il ne devait pas y avoir de consultation populaire concernant la construction de l’Europe et qu’il ne fallait pas tenir compte des peuples qui y étaient opposé… Qu’il soutienne inconditionnellement le principe du Monde Marché et de la « concurrence libre et non faussée » ce gros mensonge Cheval de Troie de la mainmise des transnationales sur les économies nationales et locales… là oui, il y a matière à critiquer.
Mais ce n’est pas avec un procès de chasse aux sorcières, qui utilise les mêmes méthodes qui ont servi à stigmatiser, Balme, Theodorakis ou… Le Grand Soir que l’ont arrivera à braquer le projecteur sur cette remontée mondiale des fascismes, néonazisme et néofascisme… publier un texte illisible dans une langue que les lecteurs ne comprennent pas relève d’avantage du procès d’intention que de la critique politique fondée et argumentée (dont nous aurions grand besoin pour combattre le fascisme sous toutes ses – nombreuses – formes et dans toutes ses – nombreuses - manifestations !!!).

08/02/2014 13:59 par Bernard Gensane

Âgé de 67 ans, Van Rompoy est dans la politique active depuis 40 ans. Il sait exactement ce qu’il fait (en particulier quand il se dit indépendantiste "à titre personnel"), même quand il s’agit de poésie.

La mouette est le symbole des nationalistes néerlandophones. C’est le symbole du parti de Geert Wilders, le député d’extrême droite hollandais. Le problème n’est pas que Van Rompoy soit allé chercher au plus profond de la mémoire rance de la la poésie flamingante plutôt moyenne. Le problème c’est qu’il l’a laissé sur son site, et qu’il devient alors le véhicule de l’infamie fasciste.

Assumer ce poème, c’est faire un signe très amical à l’extrême droite de son pays et de toute l’Europe. L’un des fondements de la construction européenne est le libéralisme (Monnet and co). Mais c’est aussi l’extrême droite, le Revanchismus. Souvenons-nous de Walter Hallstein, premier président de la Commission, pendant neuf ans, sous De Gaulle ! Il fut membre d’associations de juristes nationaux-socialistes. Il fut doyen de la Faculté de droit de l’Université de Rostock. Il fut l’un des penseurs de la “ Nouvelle Europe ” chère à Hitler en négociant pour son gouvernement avec l’Italie mussolinienne. Avant de négocier le Traité de Rome au nom de l’Allemagne fédérale. Cet inventeur de la construction européenne était un nazi. De Gaulle obtiendra son départ en 1967, après un an de politique de “ la chaise vide ” de la part de la France. Voir ici.

Point besoin d’aller chercher Céline, raclure antisémite ET auteur de génie (pour quelques-uns de ses livres, pas tous). Le Voyage au bout de la nuit est à la fois un chef d’œuvre absolu et en même temps le travail d’un type pour qui les Noirs étaient moins que des chiens. Chacun a ses contradictions.

08/02/2014 14:23 par Bernard Gensane

À Anne Wolff, le poème n’est pas illisible :

DE MEEUW
Waar men geen kleinheid kan ontwaren,
Maar zij alleen nog blijven leven :
De hemel waar de wolken varen,
De zee waarop de baren streven,
Daar streeft zij, vaart zij met haar mee
En hangt in den hemel boven de zee.
Als zeeschuim wit, blauw als de baren,
Mag zij haar moeders kleuren dragen ;
Haar wentlend-boogde vleugels varen,
Gelijk de baren wiegewagen,
Ver, eenzaam ver van elke ree,
Alleen bij zijn moeder, ‘t kind van de zee.
In ‘t maatloos ruim van ijle luchten
En wijde zeeën blijft zij hangen ;
Hun eenzaamheid doet haar niet vluchten.
Hun woede ziet zij zonder bangen,
Hoog in des zeewinds storm of vree
Daar hangt zij en volgt het leven der zee.
De zeewind is de zeedrift, vogel !
Als zeeliefde breed, als zeehaat machtig.
O span en stijf uw sterken vlogel,
Houd in den wind u, worstel krachtig,
Leef ‘t reuzen-driftenleven mee :
Al wie haar drift voelt, leeft met de zee.
Zij houdt haar driften eeuw op eeuwen ;
Zij doen haar naar den hemel zingen
Of naar de donkre helle schreeuwen.
Blijf hangen in haar eeuwige kringen,
Al kost het moeheid, worstlen, wee ;
Slechts wie van haar drift lijdt, vat ook de zee.
De zee te zien, haar drift te voelen
Den afgrond-wijden zieleboezem
Met brede golven binnenspoelen,
O daarvoor mag men tot den droesem
Den kelk wel legen van haar wee.
Slechts ‘t bittere water wordt ook de zee.
Blijft heel uw deel in de zeedrift vergen,
En, stormt hij langs de oneindige banen,
Huil, lijk uw broeder uit de bergen,
Met al de stormen en de orkanen
Het eindloos lied der grootheid mee,
O wildschone meeuwe, o arend der zee.
(12 october 1909)

08/02/2014 15:00 par Christian

Est-ce qu’on pourrait savoir ce qu’il y a dans ce poème et de quoi il traite. C’est peut-être un poème qui n’a rien de politique et qui ne véhicule aucune idée antisémite ni nazie. Je préfèrerais de Rompuy lise tous les poèmes qu’il veut et qu’il dégage de son poste. Attention aux procès d’intention !
L’honnêteté intellectuelle consiste à donner la traduction du poème (au minimum)

08/02/2014 15:15 par Christian

Ce poème n’a rien de nazi. Bernard GENSANE a perdu le bon sens. C’est dans le genre de l’Albatros de Beaudelaire. Bernard GENSANE va nous mettre la moitié des bons poètes au feu. C’est typiquement communiste comme attitude (vous n’êtes pas dans la médiocrité moyenne dictée par le parti et vous devez être supprimé). C"est terrifiant.

08/02/2014 15:25 par le fou d'ubu

Croyez pas qu’on s’en fout de ce que lit où pas ce bonhomme ! Mais qu’est ce que c’est que cette malhonnêteté intellectuelle qui se répand dans les commentaires ... Que rompuy ne soit pas condamnable pour ses lectures est une évidence, sinon nous le serions tous !!! Et vous croyez que j’ai attendu cet article pour savoir que ce sinistre personnage a des sympathies nazillardes ???? Et si on parlait de sa politique, vu que c’est notre président ... Ses lectures comme les nôtres, " ne sont que des petits bouts de vérité qui nous mèneront vers une vérité plus grande " ... Ce forum vaut mieux qu’une polémique sophiste ...

08/02/2014 16:50 par Anne Wolff

@ Bernard Gensane
Merci au moins c’est clair et argumenté... il aurait sans doute fallu commencer par là. Présenté comme dans le billet, il est difficile de comprendre même pour moi qui suis belge, mais vit la Belgique réelle qui se manifeste plus dans les bonnes relations qui unissent une grande partie des belges par delà les frontières linguistiques alors que beaucoup de flamands s’installent en Wallonie dans une bonne entente et acceptation réciproque.
Quand au texte, pour le lire j’ai du le chercher ailleurs et faire appel à mes faibles connaissances en néerlandais pour essayer d’en comprendre la substance... je doute donc que les lecteurs français même en version claire mais flamande puisse en analyser la teneur.
Quand au danger de la remontée du fascisme, de néonazisme, à la nature profondément fasciste du corporatisme transnational qui domine le Monde-Marché et sa participation à la construction de l’Europe je n’ai aucun doute à ce sujet. Plus j’approfondis le rôle de soutien de ces corporations à l’Allemagne nazie, l’Italie de Mussolini et son aide aux insurgés franquistes, plus je peux lire d’auteurs - le dernier en date Günter Walraff et son "Journaliste indésirable" - qui témoignent de la non-dénazification du monde et de l’Allemagne, ou de l’émergence depuis une dizaine d’année de groupes néo-nazis dans toute l’Amérique Latine,... où de la pénétration des néonazis dans les institutions des pays de l’Est qui culmine en Pologne, de la professionnalisation de leur para-militarisme, et beaucoup de etc... plus j’ai conscience de ce que la seconde guerre mondiale témoignait des petites prémisses d’un mal que nous devons affronter aujourd’hui dans toute son ampleur sans qu’il n’y ait plus vraiment d’endroit refuge qui ne soit contaminé par les métastases du nazisme.
Ces jours-ci ce sont les troupes fascistes de Leopoldo Lopez qui se déchaînent au Venezuela.

08/02/2014 17:52 par Bernard Gensane

Le problème n’est pas les lectures (le fou d’Abu) de VR., mais ce qu’il affiche. Imaginez qu’on affiche des pages de Michael, le roman plutôt médiocre de Goebbels ou encore Les sept couleurs, très beau livre de Brasillach. Vous diriez quoi ? Bien sûr que “ La Mouette ” n’est pas un poème nazi. Seulement voilà :
Verschaeve était comme Céline avant les écrits antisémites : un bon poète flamand qui a perverti sa vision poétique en s’identifiant à l’esprit conquérant germanique des nazis, tout comme Céline a détourné vers l’antisémitisme sa révolte contre la catastrophe sociale si bien décrite dans Voyage au bout de la nuit.

Après la guerre, le principal slogan de la milice néo-nazie VMO (Vlaamse Militante Orde – ordre militant flamand) – interdite depuis 1985 – qui a sévi à Louvain lors de l’expulsion de la section francophone de l’Université et dans les années soixante, dans les Fourons, était “Storm op Zee” (Tempête en mer). Cela rejoint l’état d’esprit d’un Verschaeve qui leur servait de référence.

C’est Eriksson, le leader du VMO vers 1980 qui a ramené clandestinement le corps de Cyril Verschaeve inhumé en Autriche, vers le cimetière de son village en Flandre.

08/02/2014 19:02 par le fou d'ubu

@ Mr Gensane

Nous sommes bien d’accord. Le problème VR ne vient pas de ses lectures mais de la politique qu’il défend. Et derrière toute politique il y a une idéologie ...Mon premier com très bref à déclenché des élucubrations d’autodafés crétines d’un apprenti sophiste qui a joué au "con" faute de mieux ...Il faut lui dire que Protagoras est mort depuis longtemps et que se style est détectable par un enfant de quatre ans ... En attendant, cela fonctionne toujours, le "débat" à tourné sur les lectures et non sur l’idéologie de notre Rimbaud du jour ... Alors, après tout VR est peut être sympa...même mieux il nous veut du bien ...et je fantasme que 1 au pouvoir vaut pour 100 000 ...

Ps : Tristan Bernard doit bien rire de nous ...

08/02/2014 20:03 par gérard

Beaucoup font une analyse qui me chagrine, c’est à dire assimiler les extrême-droite nationalistes avec l’autre extrême droite, appelons la « le Système », qui elle est foncièrement néolibérale et internationaliste ; penser qu’elles ne font qu’une est une très grave erreur, et je maintiens qu’elles sont antagonistes.
Le Pen à une époque était un adepte du libéralisme, mais ça, c’était à une autre époque, celle de De Gaulle, avant les avancées en puissance de la Mondialisation.
D’où les nouvelles prises de position du FN (contre la mondialisation) que beaucoup jugent comme étant opportunistes ou électoralistes, enfin peu importe...mais à mon avis, c’est une grossière erreur d’interprétation. Le FN n’est que "l’idiot utile" du Système, dans le sens qu’il occupe la galerie pour éviter que soient posées les véritables questions qui dérangent. Il est déjà difficile de s’opposer à l’Europe sans être traité d’extrême-droite !
Ceux qui sont véritablement à l’extrême droite, consciemment ou non, manipulés ou non, ce sont ceux qui font le jeu de ce que la Gauche se refuse plus ou moins de voir, le Nouvel Ordre Mondial. Je suis conscient de tout ce que contient ce terme tant galvaudé, mais je n’en trouve pas d’autre.
Ces gens là sont tout aussi bien dans la droite "classique" qu’au PS et même plus à gauche, ceux là le sont principalement par aveuglement, enfin j’espère...
Van Rompuy viendrait donc de cette extrême droite nationaliste flamingante qui par nature devrait être contre le Système puisque attachée à ses pouvoirs locaux, traditions etc....Son "job" serait donc en contradiction avec ses valeurs et convictions profondément nationalistes...
N’y a-t-il pas quelque chose qui cloche dans cette histoire ?
C’est un secret de polichinelle de dire que Jean Monet travaillait pour la CIA, et que la construction européenne a été voulue et financée par les américains et pour les américains pour faire contre-poids à l’Union Soviétique. Le plan Marshall, avait été un lourd investissement qui réclamait un "retour"...en investissement !
Les anglo-saxons ne sont pas des philanthropes, loin de là !
Dire alors que l’extrême droite a œuvré pour la construction européenne, c’est exact à condition d’inclure les États Unis dans cette "mouvance", et à bien étudier sa politique étrangère, il n’y a pas pire dans le style.
Les extrême-droite bien visibles sont de la "roupie de sansonnet" à côté de l’autre, le Système.
Mais j’avais tout dit dans cet article, il n’y aurait plus qu’à actualiser :
http://www.legrandsoir.info/une-extreme-droite-peut-en-cacher-une-autre.html
@ Bernard Gensane
« Céline, raclure antisémite »
Michel Simon et Céline étaient potes ; Michel Simon était d’origine juive ; bon ça ne justifie peut-être pas tout, mais enfin....
Comme c’est le centenaire de cette effroyable boucherie que fut la "Grande Guerre", Simon raconte quelques premières pages de « voyage au bout de la nuit », écoutez, c’est simplement sublime :
http://www.youtube.com/watch?v=mZP505va-7Y
Céline était beaucoup plus complexe qu’une simple "raclure".
J’avais une anecdote vécue, le titre le libraire juif, Céline et "bagatelle pour un massacre", mais une autre fois, j’ai déjà pris trop de place...

08/02/2014 21:04 par Torsade de Pointes

C’est effectivement, comme l’a signalé un intervenant précédent, un poème sans message politique direct. La comparaison avec l’Albatros de Baudelaire paraît pertinente : oiseau majestueux qui plane au-dessus de la mêlée, qui ne se soucie pas des remous sous lui. À moins que Cyriel Verschaeve n’ait songé à l’aigle Mussolini… — assez improbable en 1909. Par ailleurs, l’emblème des jeunesses nationalistes flamandes, au sein desquelles du reste toutes les tendances politiques sont représentées, n’est pas la mouette (meeuw), mais le fulmar boréal (blauwvoet). Je ne sais pas si Van Rompouille (ainsi que son nom est prononcé en Espagne) a voulu délivrer un message occulte avec sa mouette (l’Union européenne comme altière mouette, imperturbable, évoluant au-dessus des péripéties et effervescences des démocraties nationales), ou simplement mettre en exergue un poème pour ses seules qualités littéraires. Le taxer de fasciste est non seulement léger et excessif, mais faux. C’est un ultralibéral, mondialiste, cosmopolite et élitiste. Fascisme et nazisme ont un sens précis : ce sont des idéologies autoritaires et militaristes, s’appuyant sur un racisme explicite et un nationalisme exacerbé. Rien de tout cela dans nos élites occidentales apatrides, même si on perçoit çà et là des tendances tyranniques, dont on ne sait pas pour l’heure jusqu’où ce petit penchant autoritaire pourrait un jour les conduire. Il est vrai aussi que le capitalisme, quand il est aux abois, peut avoir recours, mais en dernière extrémité, au fascisme pour se maintenir à la manœuvre : le fascisme sert d’idéologie de réserve.

Plutôt qu’une montée de l’extrême-droite, je vois une prolifération d’accusations de fascisme lancées inconsidérément à tout bout de champ, et injustifiées dans l’immense majorité des cas. Sur tel site, je lis que le Jour de colère a été une réunion de fascistes, rétrogrades, cathos intégristes et souverainistes, comme si le souverainisme (c’est-à-dire l’attachement à l’indépendance de son pays) était assimilable à l’extrême-droite. Sur le site de Danièle Bleitrach, excellent par ailleurs, je trouve une petite phrase où sont mis sur le même plan le fait de contester la version officielle du 11 septembre (laquelle de toute évidence ne tient pas la route et qu’il est donc légitime de mettre en doute) et le fait de nier l’existence des chambres à gaz. Ce reductio ad Hitlerum permanent finit par devenir étouffant, paralysant, et à mon sens c’est l’envie de bousculer tout ça, mieux qu’une réelle recrudescence de l’extrême-droite en France, qui explique le phénomène de la quenelle.

08/02/2014 21:52 par legrandsoir

Sur le site de Danièle Bleitrach, excellent par ailleurs

Euh... (tousse, tousse)

08/02/2014 21:35 par Torsade de Pointes

Ne mélangeons pas tout. « Storm op zee » est une allusion à « Vliegt de blauwvoet ? Storm op zee ! », slogan de la Blauwvoeterie, mouvement nationaliste flamand du XIXe siècle, de type romantique — rien à voir donc avec la mouette de Verschaeve. Il faut rappeler que le mouvement flamand visait à l’émancipation socilae et politique des Flamands, longtemps considérés comme des citoyens de second ordre dans une Belgique dominée (y compris en Flandre même) par une haute bourgeoisie francophone. Le mouvement avait donc un fort aspect socialisant, ce qui il est vari n’a pas empêché une partie du mouvement flamand à dériver vers le fascisme à partir des années 30.

09/02/2014 17:47 par act

Comprendre la situation belge ne peut faire l’économie de quelques recherches et analyses.
Elle semble fort complexe, pourtant le mécanisme est connu et vise le démantèlement du bien public.
Le communautarisme n’est qu’un prétexte et une stratégie, ici comme ailleurs.

Pour aller plus loin :
Une histoire belge (bref historique iconoclaste)
Belgique, requiem pour modèle démocratique et social
La stratégie de la frite

Les textes datent de la dernière crise qui vit la Belgique au bord de la rupture et sans gouvernement durant plus d’une année, ils permettront de mieux comprendre celle qui vient à l’approche des prochaines élections qui verront les nationalistes/séparatistes de la droite extrême (NVA) triompher en Flandre.

Et pour répondre à plusieurs commentateurs, si la référence de HVR et le lien revendicatif vous échappe, il ne fait aucun doute pour tout belge qui connait son histoire et certainement pour tout nationaliste (comprendre séparatiste) qui se respecte.
Bernard a donc parfaitement raison quand il y voit un "signal discret" donné aux initiés flamingants, sous le couvert de l’alibi culturel. D’autres prise de positions plus franches d’HVR confirment cette analyse.

10/02/2014 15:06 par Martillo

Je suis d’accord avec vous M. Gensane, par contre tout vos commentaire fais par après, auraient mérités d’étayer l’article et de l’expliquer mieux, parce que dans l’article tel quel on ne voit pas bien ou vous voulez en venir. C’est une dénonciation, une simple accusation ou le but est de souligner les véritables accointance d’une élite politique (Belge et international pour le coup) et ses relents idéologique nauséabond ? A la lecture du seul article c’est difficile à dire et on pense autant à ça, qu’à une simpliste dénonciation culturel (et la réaction de certain lecteur me devient alors tout à fais compréhensible). Or pour avoir lu d’autre article de vous, je sais que vous pouvez faire mieux.

Sur le fond, c’est assez étonnant (et en même temps pas du tout) que rien n’ait jamais filtré, ne fût que dans la presse Belge. Que les médias soient bien souvent les portes paroles des politiques traditionnel n’empêche généralement pas la réaction de certain d’entre eux à ce type de symbole et de propos (surtout dans un climat ou le communautarisme francophone se développe de plus en plus et ou la presse, du Sud donc, se délecte de ce genre de détail). Van Rompuy est comme Yves Leterm (autre ancien homme fort de son parti le CD&V et ex 1er ministre-1er ministre faisant fonction, notamment durant la cris gouvernementale) un indépendantiste et un nationaliste flamand, il est pour une Europe Fédéraliste dans laquelle la Flandre serrait indépendante et parfaitement intégrée en tant que région autonome (ce qui est plus facile dans une Europe Fédérale qu’isolé dans une semi-UE au semi-accord commerciaux), une Europe de libre marché ou sa douce Flandre (lisez celles des élites politico-économique) pourrait lutter avec force pour conserver sa position dominante en matière d’économie et s’affranchir des bases syndicales forte du Sud comme du Nord du pays en les coupant en deux (et donc en détruisant le mécanisme de lutte solidaire N-S Belge). Divisé pour mieux régner, enfin démanteler l’appareil de Sécurité sociale le plus possible et conserver pour la seule bourgeoisie flamande les précieuses richesses que sa région produit et les précieux subside accordé et augmenté grâce au précieux impôt prélevé sur sa propre population (qui vivrait peut-être un temps mieux que les quatre mais finirait par en subir un jour l’autre les conséquences de la soif de profit de sa propre bourgeoisie)..

Ce n’est pas un programme différent de celui de la NVA (parti nationaliste flamand), qui elle même n’est pas si éloignée que ça du Vlaams Belaang (extrême droite flamande). La différence résident sans doute dans le fait que la NVA est ouvertement nationaliste et à un discours plus agressif sur l’Europe (on peut donc dire plus souverainiste Flamand) que le CD&V, comme le VB, ce qui ne veut pas dire, contrairement à ce qu’il essaye de faire croire (faut bien se donner un côté anti-système et quoi de mieux que de s’attaquer à l’Europe) qu’in fine la NVA veut absolument se débarrasser de l’Europe. La différence entre la NVA et le VB ? Et bien on il y a moins le côté ouvertement raciste et anti-immigration, ce qui ne veut pas dire qu’il n’existe pas. Quand on a pour première objectif de diviser un pays sur base linguistique et culturel, pour conserver un peu plus les richesses produite par sa région, au moment ou elle domine économiquement, au risque de plonger dans la misère un partie de la population du Sud.

Je me demande bien ce que pourrait la politique de tolérance à l’immigration et au minorité déjà établie d’un parti comme celui là ? Pour ceux qui se posent la question, allez à Anvers et vous comprendrez à quel point la NVA et le VB n’ont que peut de chose qui les séparent et pour ceux qui doutent de la tendance nationaliste, fascisante du CD&V, renseignez vous sur la ministre de l’immigration Belge Mme Deblock (qui est du même parti que HVP) et vous comprendrez plus aisément. Certes il y a des courants différents au sein du CD&V, mais celui qui domine et auquel appartient HVP, c’est une droite nationaliste qui tire doucement vers l’extrême droite et ce serait si étonnant de la part d’un parti de droite chrétien Européen ? Moi ça ne me choque pas plus que ça personnellement.

Par contre effectivement, l’idéologie de l’auteur ne doit pas amener à condamner tout ceux qui l’ont lu, les taxant automatiquement de fasciste et en ce lançant dans une chasse au sorcière dangereuse qui au fond, leur sied à eux qu’à nous... Mais quand la référence existe, la réaction inverse de minimiser systématiquement ne doit pas non plus être adoptée. En définitive sur la question du poème et du sens à lui donner au regard l’histoire Belge du XXième et plus (un peu trop) récente du XXIième, je rejoins "act" et j’ajoute que si ne n’apprécie pas (vous l’aurez compris), HVP, je lui reconnait une culture générale importante et une bonne connaissance de l’histoire Belge et des mouvements d’émancipations flamands (culturel et social). Qu’il a comme tant d’autre avant, contribué à transformer, dans la mémoire collective et dans les faits aujourd’hui, en mouvement flamingant, indépendantiste et nationaliste et à mon sens confinant en définitive au racisme anti-francophone. La référence chez lui n’est pas innocente, enfaîte elles le sont rarement et il est friand de ce type de procéder, évacuant les débats d’un geste de la main (non sans bon sens il est vrai), comme l’ont fait bien des commentaires ici, probablement avec la même argumentation d’ailleurs (la différence c’est ceux avec qui je suis en désaccord ici, je ne les considère eux pas comme du même bord que HVP).

Quand à savoir si c’est un néo-nazi ? Non, il n’est pas aussi grossier et stupide, comme ses collègues il n’est d’ailleurs sans doute pas sincèrement raciste ou malveillant, simplement le produit d’une pensée à laquelle il a d’abord adhéré consciemment et qui l’a conduite sur ce chemin là, en lien avec l’évolution du contexte Belge et Européen.

Et c’est vrai aussi que les néo-nazi sont minoritaires, ne sont pas le danger principale à l’ouest (et ne comprennent souvent pas eux-même vraiment ce qu’est l’idéologie nazie), par contre, ceux qui s’inspire de l’Allemagne nazie, de la politique (et du discours) national et économique de cette dernière ou du fascisme Italien et de sa capacité à transcender le nationalisme par l’évocation d’un glorieux passer lointain, qui ferait d’une telle ou telle nation l’étendard de la civilisation, qu’il faut préserver. Oui ils existent et quoi qu’avec des mots, un masque et des discours différents, ils n’en sont pas moins l’évolution de leurs aînée des années 20-30 et 40. Leur expression la plus simple, c’est les partis comme le FN, mais on en retrouve un peu partout, comme le montre, la politique appliquée du PS en France ou du CD&V et de la NVA en Belgique (ou du PS dans certaine ville du côté francophone ex : Charleroi).

Faut-il paniquer ? Non (on ne parle pas encore de régime fasciste à proprement dit). Faut-il être vigilant ? Oui. Faut-il dénoncer l’utilisation de symbole comme ce poème ? Oui, parce que même si on peut se tromper ça a au moins le mérite de déclencher un débat qu’on fuit trop souvent (on en parle tout le temps ? Ah bon ? Qui en parle ?). Mais et surtout parce qu’on peut avoir raison et alors il est extrêmement important de le dire. Et oui ce poème est un symbole pour pas mal d’extrémiste flamand (et de milice) qui sont carrément du bord fasciste et ceux qui connaisse ces mouvements le savent et c’est précisément parce ce que sont auteur était plutôt de leur côté. Le texte en lui-même n’est pas politique, peut-être, sans doute enfaîte, mais l’utilisation qu’on en fait, l’est, elle, depuis longtemps. Il est toujours bon de le souligner...

PS : Ceux qui connaisse vraiment l’histoire (populaire) de la Belgique sont assez rare et pour cause, elle n’est pas vraiment enseigner... On lui préfère une version édulcorée, patriotique (ou communautariste selon le professeur/l’école/la région), qui masque pas mal d’événement et leur déroulement même, qui est transcrit de manière tronqué.

NB : Loin de moi l’idée de charger uniquement le Nord du pays Belge, il y a des HVP au Sud aussi, quoi que sous un jour un peu différent, le communautarisme Francophone se développe et c’est le PS qui en est l’étendard...

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