Les militantes saoudiennes détenues pourraient être condamnées à la peine de mort.

Middle East Eye

Les accusations de trahison et de conspiration contre l’État pourraient mener à la peine capitale, avertissent les experts juridiques.

Sept militantes saoudiennes détenues, qui ont fait campagne pour la levée de l’interdiction de conduire des femmes, risquent la peine de mort, a rapporté le journal Okaz dimanche.

Selon les avocats et les juges saoudiens, les militants des droits des femmes, qui ont été arrêtés la semaine dernière et qualifiés de "traîtres" par les médias pro-gouvernementaux, pourraient être condamnés à mort si les enquêtes aboutissent à des accusations de trahison et de complot contre l’État.

Un activiste saoudien, qui souhaitait garder l’anonymat par crainte pour sa propre sécurité, a déclaré à Middle East Eye : « Ce que nous voyons, c’est qu’il n’y a aucune tolérance d’aucune sorte pour tout type d’activité [militante]. »

« L’objectif est d’envoyer un message clair au peuple, que personne n’est censé parler des affaires publiques, personne n’est censé s’engager dans la société autre que l’État. »

Selon un communiqué du gouvernement saoudien, ces sept personnes ont été arrêtées pour avoir offert un soutien financier à des ennemis à l’étranger et pour avoir eu des contacts suspects avec des entités étrangères. La déclaration les accusait également de travailler ensemble de manière organisée pour violer les valeurs religieuses et nationales, sans nommer les détenues.

Les groupes de défense des droits humains ont demandé aux autorités de libérer les détenus. Six d’entre eux ont été identifiés comme étant Eman al-Nafjan, Lujain al-Hathloul, Aziza al-Yousef, Aisha al-Manea, Ibrahim Modeimigh et Mohammed al-Rabea.

Les militants, hommes et femmes, ont fait campagne pour le droit des femmes à conduire, que le royaume conservateur est prêt à accorder à partir du mois prochain après l’avoir interdit pendant des décennies.

Progrès au point mort

La décision de lever l’interdiction a été saluée par beaucoup comme la preuve d’une nouvelle tendance progressiste dans le pays sous la direction du prince héritier Mohammed bin Salman (MBS), qui s’est présenté comme un réformiste. Dans le même temps, MBS a été à la tête d’une répression de la dissidence, qui a vu des dizaines de personnes emprisonnées, torturées et dépouillées de leurs biens.

Samah Hadid, directeur des campagnes d’Amnesty au Moyen-Orient, a déclaré lundi : « Malgré les protestations internationales et les appels à la libération de ces militants, ils sont toujours détenus pour leur travail pacifique en faveur des droits humains. »

« Il est clair que sous le battage médiatique, les réformes du Prince héritier Mohammed bin Salman excluent l’activisme en faveur des droits humains... Nous continuons d’appeler à la libération immédiate et inconditionnelle de tous les militants qui sont toujours détenus uniquement pour leur travail en faveur des droits humains. »

Un hashtag a commencé à circuler sur les médias sociaux accusant les détenus d’être des « agents d’ambassades », ainsi qu’une image des activistes avec le mot « traîtresses » estampillé au-dessus de leur tête - langage utilisé à maintes reprises dans les médias saoudiens.

« Le genre de reportage que nous voyons dans les médias nationaux en Arabie saoudite a pour but d’étouffer la dissidence à l’intérieur, et de terroriser quiconque serait inspiré par ces personnes », a déclaré le militant anonyme.

Les groupes de défense des droits humains ont remis en question le programme de réforme du Prince héritier saoudien Mohammed bin Salman samedi après les arrestations.

« La "campagne de réforme" du Prince héritier Mohammed bin Salman a déclenché une vague de peur chez les véritables réformateurs saoudiens qui osent plaider publiquement en faveur des droits humains ou de l’autonomie des femmes », a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient de Human Rights Watch.

« Le message est clair : quiconque exprime son scepticisme à l’égard des droits du prince héritier risque la prison. »

Le militant anonyme pense que la période actuelle est particulièrement dangereuse pour les Saoudiens qui s’expriment ouvertement, et a déclaré que la répression des autorités révèle que la volonté réformiste apparente de MBS n’est que poudre aux yeux.

« Pourquoi exclure tous ceux qui veulent participer à ces réformes ? A moins bien sûr que ce ne soit pas vraiment réformateur... » , a dit le militant.

La peine de mort

L’Arabie saoudite a procédé à près de 600 exécutions depuis le début de 2014, selon Human Rights Watch.

Le groupe a documenté plusieurs cas dans lesquels les tribunaux saoudiens ont prononcé des condamnations à mort à la suite de "procès inéquitables".

Alors que le royaume a ratifié la Charte arabe des droits humains, qui exige que la peine de mort ne soit utilisée que pour les "crimes les plus graves" et dans des circonstances exceptionnelles, l’Arabie saoudite applique la peine de mort à un certain nombre d’infractions, dont des infractions non violentes liées à la drogue et à la sorcellerie.

« C’est déjà assez grave que l’Arabie saoudite exécute tant de personnes, mais beaucoup d’entre elles n’ont pas commis de crimes violents » , a déclaré Mme Whitson dans un rapport d’avril sur 48 personnes exécutées depuis janvier. La moitié des personnes exécutées ont été accusées d’infractions non violentes liées aux drogues.

L’Arabie saoudite a l’un des taux d’exécution les plus élevés au monde.

Selon le groupe Reprieve, le taux d’exécution en Arabie saoudite a doublé depuis que Mohammed bin Salman a été nommé prince héritier en 2017.

Le groupe a déclaré en mars que 133 exécutions ont eu lieu au cours des huit mois qui se sont écoulés depuis sa nomination en juin dernier, contre 67 au cours des huit mois précédents.

Il a déclaré que plusieurs des condamnés à mort en Arabie saoudite ont été condamnés pour des crimes commis alors qu’ils étaient encore des enfants.

Maya Foa, la directrice du groupe, a dit : « Le doublement des exécutions sous le nouveau prince héritier révèle que, sous son image publique lisse, Mohammed bin Salman est l’un des dirigeants les plus brutaux de l’histoire récente du royaume ».

« Des manifestants, y compris des enfants à l’époque, ont vu la peine de mort confirmée malgré les allégations de torture et d’aveux forcés ».

Traduction "Hé Macron, ton pote MBS il est vraiment cool" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles

 http://www.middleeasteye.net/news/detained-saudi-womenrs-rights-activists-could-face-death-penalty-saudi-media-944280895

COMMENTAIRES  

23/05/2018 16:59 par depassage

Hypocrisie, quand tu nous tiens ! J’avoue que je méfie énormément des organisations des droits de l’homme, non pas parce que je suis contre les droits de l’homme, mais parce que, derrière, il y a souvent des manipulations politiques inconscientes pour certaines et délibérées pour d’autres. Quelque part, on est piégé. Quand un dirigeant commence à déplaire à l’Occident, il y a anguille sous roche. Les journaux saoudiens sont à l’image des journaux occidentaux, Le nivellement de l’information est à son comble.
Je pense plutôt à une remise en cause de certains contrats d’armement. Comme les dirigeants saoudiens sont impulsifs et croient que rien ne peut leur résister, ce qui est une attitude de tous ceux qui sont choyés et très riches, ils risquent de se faire avoir comme d’habitude.
Il existe toute une liste d’officines défendant les droits de l’homme en Occident, souvent financées par les pays du Golfe, qui n’ont pas l’air de déranger qui que ce soit, alors que leur travail consiste à participer à la déstabilisation de pays qui ne font pas l’affaire de l’Occident. La plus connue de ces officines est l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

23/05/2018 20:35 par irae

Comment "nos amis saoudiens" que l’on recoit en grande pompe, qu’on décore, feraient de vilaines choses. Ce ne sont certes pas nos merdias qui relaieront en boucle cette information.

Le terme dictature est comme chacun le sait maintenant, que le gouvernement français des ultra-libéraux a choisi l’alignement avec le trumpisme des EUAN, réservé au Venezuela.

23/05/2018 23:49 par vagabond

De toute façon MBS est peut-être mort.

24/05/2018 00:16 par act

@depassage : la meilleure manière de montrer l’hypocrisie des "droitdelhommistes" est de les confronter avec les droits/textes qu’ils sont supposés défendre.
Comme sur d’autres terrains de luttes, ce n’est pas parce que l’adversaire détourne ou récupère des combats légitimes comme les droits hummains, la lutte contre le(s) racismes et le sexisme, etc. qu’il faudrait les lui abandonner, au contraire. Il font partie intégrante de la lutte des classes. L’adversaire, lui, l’a bien compris.

24/05/2018 19:56 par depassage

act
Soyez sérieux act, la France est intervenue dans au moins deux conflits, syrien et libyen, au nom de la protection du peuple contre son régime politique. En quelque sorte, au nom des droits de l’homme. Macron avait la certitude que des armes chimiques avaient été utilisées par Assad contre son peuple et avait décidé de participer à un bombardement de la Syrie. Je ne vois pas comment on peut défendre les textes, puisque si au nom de ces textes mêmes qu’on agit.

25/05/2018 10:08 par act

@depassage
Je suis très sérieux, il doit y avoir un malentendu,. Relisez mon commentaire ou les déclarations des droits de l’homme : vous constaterez que les Français (ou autres) qui motivent leurs forfaits en Libye (ou ailleurs) par ces textes sont des hypocrites³.
Autre exemple : ce n’est pas parce que le P"S" français trahi le socialisme que le socialisme ne serait plus défendable. Idem pour les autres thèmes évoqués précédemment.
BàV

25/05/2018 10:19 par act

PS : l’empire utilise régulièrement les droits de l’homme comme prétexte pour attaquer Cuba...qui est pourtant un des pays de la planète à en respecter le plus grand nombre d’articles, contrairement à ses détracteurs prétendument "démocrates".
Il faut cesser de céder du terrain à l’adversaire, la révolution communiste et/ou le socialisme, sont plus à même de garantir les droits humains, la diversité dans le respect, l’égalité des chances ou devant la loi, etc. que le capitalisme et la réaction.

25/05/2018 17:41 par depassage

Act
Je crois qu’il y a un malentendu entre vous et moi. Ce n’est pas parce qu’il y a beaucoup d’injustice qu’il faut arrêter de lutter pour la justice. Cuba par exemple, si elle défend réellement les véritables droits de l’homme, elle n’est pas pour autant perçue ainsi. C’est plutôt tout le contraire, et ce, même de la part des milieux dits progressistes. La moindre incartade peut lui être reprochée comme un crime impardonnable tandis que d’autres peuvent tout bafouer sans que personne le leur reproche excepté quelque brebis perdues, parce que qu’ils ont les moyens de s’acheter des images qui sont tout le contraire de ce qu’ils peuvent être réellement. Mes interventions sont contextuelles et sont relatives à l’article ci-dessus et sa manière de présenter l’Arabie Saoudite en faisant fi des contradictions qui la traversent. Les membres de l’élite saoudienne ont été formées soit en Angleterre soit aux USA, donc ils connaissent l’Occident et ses valeurs autant que n’importe qu’Occidental ou peut-être mieux. Alors comment cela se fait-il que l’Arabie Saoudite reste empêtrée dans des archaïsmes douteux ou plutôt comment essaye-t-on de la maintenir dans ces archaïsmes et réduire sa politique à des luttes de sérail.
Bien sûr comme dans tous les pays, il y a des luttes de sérail comme en France par exemple ou en Angleterre. Certains me diront que la comparaison est exagérée et pourtant elle ne l’est pas. Un pouvoir de classe reste toujours un pouvoir de classe quelles que soient les formes qu’il peut prendre. Par contre, il n’y a aucune comparaison à faire au niveau des structures économiques de la France ou de l’Angleterre avec les structures économiques de l"Arabie Saoudite qui restent des structures économiques rentières, mais les rentiers n’existent pas qu’en Arabie saoudite. Le capitalisme de nos jours est aussi rentier dans plusieurs domaines.
J’essaye de résumer pour ne pas trop allonger le commentaire. La famille royale de l’Arabie saoudite est devenue pléthorique et divisée en clans. Certains sont puissants et d’autres moins, mais l’ensemble peut être remené à deux clans plus précisément. L’un est pro-américain ou pros occidental jusqu’ au bout des angles. Il est représenté par le prince héritier Mohamed ben Nayef Saoud qui a reçu la légion d’honneur de la part de François hollande et qui a éte écarté par la suite et remplacé par le roi actuel par son fils dont la politique se veut diversifiée et multilatérale, mais il n’a pas les coudées franches. Cela ne plaît pas beaucoup à l’establishment occidental qui a d’autres visées à assigner à l’Arabie Saoudite. C’est vrai que le nouveau roi multiplie les actes pour rassurer l’Occident, mais au même temps il multiplie les contacts avec d’autres pays comme la Russie, la Chine et même avec les chiites Irakiens.
Comme tout pouvoir, il a besoin d’un corps social qui puisse le porter et le légitimé, ce corps est ce qu’on appelle en Occident la société civile, qui, en Arabie Saoudite, est remplacée par une sorte de clergé très puissant à cause de son rôle dans la gestion des lieux saints. Un clergé dans le pouvoir ne peut s’en passer sans se couper les genoux. Vouloir moderniser l’Arabie Saoudite, il faut passer sur le corps de ce clergé et faire face à la grogne des frères musulmans que le Qatar et l’Occident soutiennent. Il n’est pas sûr que les militants des droits de l’homme arrêtés l’aient été sur l’injonction du Prince héritier actuel qui risque sa peau et dont l’amateurisme et le manque de maturité politique sont semblables à ceux de Trump et son gendre.
Toutes les officines ( c’est ce qu’elles sont réellement) sur les droits de l’homme sont tenues par les frères musulmans, en Espagne, en Suisse, en Allemagne, en Angleterre (la matrice), et j’en passe. Jouer avec le feu, ce n’est pas dangereux que pour les enfants. C’est aussi dangereux pour les adultes.

28/05/2018 18:40 par bostephbesac

A propos "des droits de l’ homme" : l’ année dernière, à la Foire Exposition/Comtoise de Besançon (mai 2017), il y avait un stand de "Reporters sans Frontière" . Dans "leurs combats", il y avait celui pour soutenir "un journaliste" de l’ opposition Vénezuellienne (la droite faciste, bien sur !) . Quand j’ ai posé des questions aux "gentilles dames" tenant le stand, et que j’ ai commencé a révéler certaines choses sur la dite "opposition Vénezuellienne", immédiatement ces dames ont coupé toute discution (même pas essayées de me contredire !) et m’ ont délibérément ignoré, comme si j’ étais un pestiféré . J’ ai juste regretté qu’ il n’ y ai pas eu d’ autres visiteurs auprès de ce stand à ce moment là, histoire "qu’ on rigole un peu" . Mais, visiblement, vu qu’ elles n’ ont même pas essayé de me contredire, je suis certain qu’ elles savaient que le "pauvre victime de l’ opposition" était tout sauf "un saint"................et elles étaient pourtant prêtes à le défendre face à des visiteurs "ignorants" alors qu’ elles se prétendaient "pro-droits de l’ homme"...........mais pas pour les "anti-Empire" ; droits de l’ homme à géométrie variable !

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