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Marche des mineurs espagnols contre les suppressions d’emploi décidées par le gouvernement - Les mineurs sont entrés dans Madrid

Après 23 jours de grève, des membres des syndicats Federación de Industria CCOO et FITAG-UGT, affiliés à IndustriALL, qui organisent une marche des mineurs, ont quitté la région minière du nord de l’Espagne le 22 juin et comptent arriver à Madrid le 11 juillet.

La marche massive se terminera par des manifestations devant des services gouvernementaux, pour exiger un changement de politique permettant la survie de l’industrie en Espagne.

Beaucoup de communautés minières en Espagne, notamment dans la région montagneuse entre les Asturies, la Castille et León, seront amenées à disparaître si les suppressions d’emploi ont lieu. Huit mille mineurs perdront leurs moyens de subsistance et trente mille autres emplois seront touchés indirectement.

Les mineurs espagnols constituent le premier groupe important de travailleurs et travailleuses en Europe à se mettre en grève pour une durée illimitée contre les mesures néolibérales d’austérité, responsables de tant de dégâts. Le gouvernement de droite de Mariano Rajoy cherche à obtenir une réduction de 64 pour cent des subventions à l’industrie minière, qui passeront de 703 millions à 253 millions d’euros. Il s’agit d’une rupture de l’accord sur le plan quinquennal du charbon signé l’année dernière entre le gouvernement et les syndicats. Les mineurs participant à la marche demandent au gouvernement Rajoy de revenir à cet accord.

Cinq mille personnes ont soutenu la campagne en ligne de LabourStart/IndustriALL et écrit au gouvernement Rajoy pour lui demander d’annuler sa décision de réduire les subventions du gouvernement. Voir ici le soutien à cette campagne : http://www.labourstartcampaigns.net/show_campaign.cgi?c=1444.

Parallèlement à la grève et à la marche, des membres de FITAG-UGT et de la Federación de Industria CCOO organisent des occupations de locaux, des sit-in dans des mines et dans des services gouvernementaux, des rassemblements de grande envergure sur de grands axes routiers pour bloquer la circulation.

Dans une lettre adressée aux syndicats qui participent à la grève, FITAG-UGT et Federación de Industria CCOO, le secrétaire général de IndustriALL Jyrki Raina a déclaré : "Nous sommes revigorés par votre lutte vigoureuse contre les suppressions d’emploi décidées par le gouvernement qui constituent une menace pour l’industrie minière en Espagne. Nous restons au coude à coude avec vous dans votre juste combat, et nous allons continuer à mobiliser les affiliés de IndustriALL partout dans le monde pour qu’ils vous soutiennent" .

FITAG-UGT et FI-CC.OO. ont lancé une campagne de soutien financier pour aider les mineurs du charbon dans leur résistance historique. L’aide financière est vitale en raison des besoins de santé des grévistes, de la longueur et de l’étendue de l’action, des pressions de la police pour les amendes encourues par les actions revendicatives. Les contributions au fonds de solidarité peuvent être versées au compte suivant.


Les mineurs sont entrés dans Madrid

Plusieurs centaines de mineurs des Asturies, de Castille-Leon et d’Aragon sont arrivés dans la capitale espagnole après une longue marche et alors que leurs camarades poursuivent la grève et les manifestations dans la plupart des cités minières.

Au programme, un défilé nocturne dans les rues de la capitale, les mineurs étant entourés de milliers de Madrilènes avant la grande manifestation de mercredi. Objectif : dénoncer les plans de destruction des mines de charbon préparés par l’ancien gouvernement socialiste de Zapatero et mis en oeuvre par le gouvernement de droite de Mariano Rajoy.

Les directives de l’Union européenne sur la libéralisation de tous les marchés ne font pas de quartier en exigeant des Etats l’arrêt de leurs aides à différents secteurs industriels, pour maintenir la « concurrence libre et non faussée ».

Traduction pour l’industrie minière espagnole : diminution de 60% du montant des aides à l’industrie du charbon. Après des coupes de 300 millions d’euros l’an passé, ce sont 111 millions qui sont encore retranchés aux aides publiques en 2012. La fermeture des mines de charbon, programmée pour 2018, pourrait donc intervenir plus tôt, condamnant les 8000 mineurs encore en activité et les quelque 30.000 salariés dont l’activité dépend des charbonnages.

La brutalité de la mesure a entraîné une vive réaction des mineurs asturiens rejoints dans la lutte par leurs camarades de Castille-Léon et d’Aragon, autant de hauts lieux des luttes ouvrières hispaniques. Les mineurs rendent coup pour coup à la répression.

Au quadrillage policier des villes et des villages, aux rafles la nuit, aux interpellations dans les maisons, répondent des actions dures des mineurs. Le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy semble vouloir, à la manière de Thatcher en 1984, casser le mouvement des mineurs en employant la force et le chantage.

La population asturienne, de Castille-Léon et de’Aragon s’implique dans la lutte. Pas seulement. Madrid a su réserver aux mineurs en lutte un accueil digne, chaleureux et solidaire.

En 1934 et en 1962, déjà 

En 1934, le mineurs des Asturies en grève ont dû affronter la légion envoyée par Franco. Des milliers de morts, de blessés, d’emprisonnés. Au lendemain de l’arrivé au pouvoir de la jeune République espagnole, Dolores Ibarruri, Pasionaria, effectua son premier voyage d’élue dans les Asturies et obtint la libération de tous les mineurs emprisonnés. Il aura fallu de longues tractations avant que les autorités pénitentiaires et militaires acceptent l’ordre de la dame en noir qui deviendra présidente des Cortes.

En avril 1962, 60.000 mineurs des Asturies cessent le travail revendiquant une revalorisation de leurs salaires bloqués depuis 1959. Le mouvement va prendre une ampleur inédite. La grève gagne les provinces basques, puis celles du Léon et de Jaén, les villes de Barcelone et Cordoue… Les ouvriers de la métallurgie et de la construction navale rejoignent les mineurs, puis les « péones » des grands domaines agricoles et les travailleurs des vignobles réclament à leur tour des hausses de salaire.

Va alors commencer une épreuve de force d’autant plus remarquable que la Constitution espagnole interdit la grève et la définit, depuis octobre 1960, comme un crime d’insurrection contre l’Etat, relevant de la justice militaire. Forts du soutien de l’opinion publique, les mineurs et les ouvriers vont gagner la bataille au bout d’un mois de lutte. Le 24 mai, un décret stipule que le salaire de base dans les mines comme dans les chemins de fer passe de 35 à 70 pesetas et le salaire réel, avec les primes et les heures supplémentaires, de 95 à 160 pesetas.

Pour la première fois, le régime franquiste est obligé de négocier.

"Ils veulent liquider l’industrie du charbon"

Juan Carlos à lvarez Liébana, responsable des mines de la Fédération de l’Industrie des Commissions ouvrières (CCOO) répond aux questions de "l’Humanité" .

José Fort. Des images impressionnantes sont diffusées actuellement depuis plusieurs villes minières des Asturies. Comment expliquer ces violences ?

Juan Carlos Alvarez Liébana. La raison principale tient au non respect du pacte établi entre le gouvernement, les organisations syndicales CCOO et UGT et le patronat Carbunion. Malheureusement, les exactions des forces de police ont entraîné une escalade de la tension provoquant de violents affrontements.

Je remarque que la plupart des médias semblent plus intéressés par les images des barricades que par le fond du problème. Sur le fond, le silence est assourdissant.

JF. Restez-vous en contact aves les autorités et le gouvernement de M. Rajoy ?

JCAL. Au moment où je vous parle (dimanche 8 juillet, NDRL) les négociations sont au point mort. Depuis le 19 avril et après 7 réunions, la dernière le 2 juillet avec Don José Manuel Soria, ministre de l’Industrie, de l’Energà­e et du Tourisme, le gouvernement n’a pas modifié son intention de liquider totalement le secteur du charbon en Espagne.

Dans la situation que vit actuellement l’Espagne, l’opération en cours détruirait plusieurs dizaines de milliers d’emplois directs et indirects et rendrait la vie des gens intenable dans ces régions déjà fortement impactées par la crise

JF. La fermeture des mines est présentée par le gouvernement comme obligatoire pour raison de "rentabilité" . Avez-vous des propositions alternatives ?

JCAL. La rentabilité ne peut se mesurer exclusivement en termes économiques. Il faut aussi prendre en compte les aspects sociaux et territoriaux. J’ajoute la forte dépendance énergétique de l’Espagne. Du point de vue stratégique et social, le charbon espagnol répond à d’autres canons que ceux de l’ultra libéralisme.

JF. La marche des mineurs sur Madrid constitue un événement national. Que va-t-il se passer ?

JCAL. Nous entrerons dans Madrid mardi à 22H équipées des nos lampes de mineurs. Le lendemain , mercredi à 11h, une manifestation aura lieu dans le centre de Madrid avec la participation des familles et des amis des mineurs qui auront fait le voyage en autocar depuis les villes minières. Ils seront 30.000 à faire le déplacement.

JF. Comment allez-vous prolonger votre lutte ? Sous quelle forme ?

JCAL. Nous attendons un signe du gouvernement pour réouvrir les négociations avec la volonté de déboucher sur de véritables accords. Jusqu’à présent, le dialogue est resté artificiel, sans contenu, sans proposition permettant d’avancer vers la solution du conflit.

Le gouvernement s’empêtre dans une attitude de marketing tentant de faire croire à l’opinion qu’il négocie. C’est faux. Si le gouvernement ne modifie pas sa position, nous continuerons la lutte. Le contraire serait renoncer à notre futur. Et il ne faut pas oublier que notre revendication consiste à faire appliquer ce qui a été signé.

Il ne s’agit absolumment pas d’une nouvelle revendication mais du respect des accords signés. En ce moment, nous organisons les marches sur Madrid et la manifestation du 11 juillet. Plusieurs de nos camarades occupent des mines depuis 50 jours, d’autres font de même dans plusieurs institutions regionales et locales.

Nous prévoyons d’autres manifestations, d’autres actions dès le lendemain de la grande démonstration de Madrid.

Entretien réalisé par José Fort

http://www.filpac.cgt.fr/spip.php?article4312

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