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« Pas de chance pour les Chinois » (II) : La France et le transit du matériel de guerre à la frontière entre la Chine et l’Indochine pendant le conflit sino-japonais (1937-1939)

L'attitude de la France envers la guerre sino-japonaise qui débuta en 1937 a donné lieu à divers jugements. Officiellement neutre, la France est souvent présentée comme ayant été, au moins moralement, favorable à la Chine. Si certains témoins des événements ont écrit que la France était allée jusqu'à aider la Chine, des travaux plus récents ont néanmoins évoqué le fait que le gouvernement français avait officiellement interdit le transit de matériel de guerre en route vers la Chine par la frontière indochinoise. L'étude de ce problème, c’est-à-dire de la question du transit du matériel de guerre, permet de déterminer qu’elle a été concrètement l’attitude du gouvernement français devant l’agression japonaise de la Chine, agression qui menaçait à terme l’Indochine française. Cette question est devenue de plus en plus importante à mesure que le blocus japonais de la Chine progressait et conditionnait la capacité du gouvernement de Jiang Jieshi (Tchang Kaï-chek) à poursuivre ou non le combat.

(Suite de la première partie)

3. La perception de la situation par les diplomates étasuniens

Afin de mieux comprendre quelle a été l’attitude de la France vis-à-vis de la Chine et du Japon, il peut être utile de l’observer d’un point de vue extérieur. Celui des États-Unis semble d’autant plus intéressant que ce pays avaient des intérêts considérables en Chine. William Appleman Williams a souligné que, déjà dans les années 1930, l’intérêt des États-Unis pour la Chine remontait à plusieurs décennies, au moins au déclenchement de la guerre sino-japonaise de 1894, lorsque le président des États-Unis Grover Cleveland avait déclaré au Congrès que ce conflit méritait « notre plus sérieuse attention en raison de sa perturbation de nos intérêts commerciaux croissant » ([1959] 1962, 30-31). L’attaque lancée par le Japon contre la Chine le 7 juillet 1937 affecta considérablement les dirigeants nord-américains. Le fait est que, depuis la fin du XIXe siècle, la Chine était apparue comme un « eldorado » de l’expansionnisme économique outre-mer des États-Unis, ce qui conduisit le pays à mettre en œuvre la politique de la « porte ouverte ». Williams (190) a souligné l’importance, en 1937, de la Chine pour les dirigeants étasuniens en ces termes : « l’implication en Chine était bien plus important que l’identification avec n’importe quelle puissance européenne à l’exception de l’Angleterre – et peut-être de la France ».

La diplomatie étasunienne a observé attentivement l’attitude de la France vis-à-vis de la guerre sino-japonaise et particulièrement la politique française en ce qui concerne le transit de matériel de guerre vers la Chine via la frontière indochinoise. Dans un rapport en date du 4 avril 1939, le chargé d’affaires des États-Unis à Paris, Wilson, avait fait un résumé de l’attitude de la France sur la question du transit du matériel de guerre en route vers la Chine depuis le début de la guerre sino-japonaise (USDS 1955, 746) (1). Il distinguait trois périodes. Il commença par rappeler qu’en août 1937 le gouvernement français avait interdit par décret le transport transfrontalier de munitions depuis l’Indochine et d’un certain nombre de biens susceptibles d’être utilisés à des fins militaires, tels que des avions, qui n’avaient pas été commandés avant le début du conflit.

La première période observée par Wilson est celle comprise sous les ministres des Affaires étrangères Delbos et Paul-Boncour, de juillet 1937 à avril 1938. Cette période correspond, militairement, à une succession de désastres pour la Chine. Au cours de la première moitié de novembre 1937, le Japon s’empara de la province du Shanxi. Le même mois, après trois mois de combats, Shanghai fut occupée. En décembre, ce fut au tour de Nanjing de tomber. Le gouvernement chinois se réfugia dans l’intérieur. Fin mars 1938, le Japon forma un gouvernement collaborateur. Sur le déroulement du conflit durant cette période, Rana Mitter (2014 : 96) a observé qu’en « amenant la guerre à Shanghai, Jiang Jieshi força le monde à en tenir compte ». L’auteur a ajouté que « le grand espoir de Jiang était d’obtenir une coopération étrangère pour la guerre : dans son journal, il écrit qu’il espérait que ‘chaque pays serait en colère contre l’ennemi, et ... encouragerait les États-Unis et la Grande-Bretagne à prendre part à la guerre aux côtés de l’URSS’. » Le dirigeant chinois échoua cependant à émouvoir la France.

Wilson rapportait que durant cette première période, le décret d’août 1937 fut appliqué d’une manière « favorable » à la Chine. Cette perception doit être clarifiée. Début avril 1938, l’ambassadeur de Chine à Paris, Wellington Koo, signala que, depuis le retour (éphémère) de Blum à la tête du gouvernement le 13 mars, plusieurs modèles récents d’avions militaires avaient en effet été livrés en Chine et il signala également que les permis pour le passage du matériel de guerre depuis l’Indochine étaient plus faciles à obtenir (USDS 1954b, 135-136) (2). Wellington ajouta que du matériel de guerre lourd d’origine soviétique était arrivé en Chine via Hong Kong et l’Indochine. Les deux tiers des chars et de l’artillerie apparus à cette époque dans la région de Suzhou, à l’est de Shanghai, arrivèrent en Chine depuis l’Indochine. Wellington Koo reconnut que le gouvernement français ne fit aucun problème avec le transport d’avions depuis l’Indochine, mais il déclara également qu’il avait limité le passage du matériel de guerre sur le chemin de fer du Yunnan. Toujours selon l’ambassadeur, si la Chine avait effectivement bénéficié de certaines facilités concernant l’assemblage d’avions à Bordeaux, celles-ci furent interrompue par le nouveau gouvernement Chautemps du 18 janvier 1938. À partir de cette date, les autorités françaises accrurent les difficultés concernant le passage de matériel de guerre depuis l’Indochine vers la Chine. Wellington Koo ajouta finalement que :

« le gouvernement français craignait toujours de permettre aux livraisons de passer par le chemin de fer, mais il avait récemment obtenu l’autorisation de faire transborder et transporter d’importantes livraisons de matériel de guerre qui avaient été retenus en Indochine à travers les eaux territoriales de l’Indochine vers le sud de la Chine ».

Un mémorandum de la Division des affaires d’Extrême-Orient du Département d’État daté du 20 avril 1938 indiquait que selon un « observateur militaire américain », depuis le 7 février, « un embargo [avait été] établi sur les expéditions par chemin de fer de munitions en provenance d’autres sources que celles françaises. » Embargo qui, après le 1er mars, inclut également le matériel français. Le ministère des Colonies autorisa le transport de munitions, mais le gouverneur général hésita « par crainte de représailles japonaises ». Le mémorandum ajoutait que l’embargo ne s’appliquait pas aux articles qui auraient pu être classés comme commerciaux. « Selon cette interprétation libérale, les moteurs d’avion, les pièces de moteur, l’essence, l’huile et de nombreux autres articles pourraient être expédiés (USDS 1954b, 595-597) (3). » Il apparaît que sur la période allant du début du conflit sino-japonais à avril 1938, la France a pour l’essentiel laissé les commandes passées avant le début des hostilités, des avions français et du matériel de guerre lourd d’origine soviétique, passer la frontière indochinoise. En avril 1938, selon Wellington Koo, la France avait livré peu de matériel (135-136) (4).

Quant au journal Le Temps, tout au long de cette première période, il fut extrêmement discret sur la question. Depuis le 27 août, le journal évoqua la mise en place d’un blocus maritime et l’intention du gouvernement japonais de ne pas autoriser l’arrivée de matériel de guerre en Chine, mais il semble que la question du transit du matériel de guerre depuis l’Indochine vers la Chine n’ait été évoquée qu’une seule fois, dans l’édition du 13 décembre, en rapportant les propos menaçants du vicomte Ishii au Sunday Times, l’ambassadeur extraordinaire du gouvernement japonais en Europe : « la France a été informée que si le transit des armes par l’Indochine continuait le Japon pourrait se trouver dans l’obligation de bombarder les lignes de chemin de fer françaises partant d’Hanoï et allant à Nanning et à Yunnan. » Le Temps s’abstint de tout commentaire. Le journal fasciste L’Action Française – dont le fondateur, Charles Maurras, était considéré comme un grand homme en Espagne nationaliste (Duroselle 1979, 317) – semble avoir été l’un des premiers journaux à avoir soulevé, le 3 novembre, la question du transit du matériel de guerre à la frontière sino-indochinoise. L’Action Française, par la lettre d’un « ami » d’Indochine, s’aligna sur les vues japonaises et accusa le gouvernement de soutenir la Chine en laissant passer du matériel de guerre à travers la frontière. Ce faisant, précisait le journal, le gouvernement français risquait de provoquer la colère du Japon. À l’opposé de l’échiquier politique, le journal L’Humanité souleva à plusieurs reprises la question du transit du matériel de guerre à la frontière sino-indochinoise. La position du journal était conforme à celle qu’il avait adoptée à l’égard de la guerre en Espagne. Comme l’écrit Duroselle, L’Humanité condamnait quotidiennement la « prétendue neutralité » observé par la France qui « aboutit ... au massacre de nos frères espagnols » (1979, 315). Par ailleurs, les positions du Parti communiste français sur la question coloniale avaient évolué : “Le parti communiste [était] anticolonialiste par doctrine, et certains de ses militants ont même joué un rôle actif pour soutenir les Druses et les Rifains. Plus tard, il évolue[a] en face de la montée des revendications coloniales des Etats fascistes. » Le 9 novembre, Gabriel Péri interrogea le gouvernement sur la réalité de l’interdiction du trafic d’armes par chemin de fer entre l’Indochine et la Chine. Par la suite, il condamna l’attitude du gouvernement français qui ne répondait pas aux menaces japonaises. Le 19 novembre, il écrit :

« Comme on le verra par ailleurs, la France a été avisée par le Nippon que si elle autorisait le trafic des armes destinées à la Chine à travers l’Indochine, le Japon prendrait à l’égard de l’Indochine des mesures de représailles, notamment l’occupation de l’île chinoise d’Hainan qui domine les ports indochinois.
« Le gouvernement français a demandé aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne si, dans cette éventualité, elle pourrait compter sur leur concours. Il ne semble pas que jusqu’ici la réponse anglaise et américaine ait été positive.
« Le gouvernement français paraît en conclure que, dès lors, le mieux est d’attendre et de laisser faire.
« Nous professons une opinion différente. La France doit faire, à notre avis, une proposition publique. Elle doit dire : une résolution de Genève me commande de ne pas mettre obstacle à la défense de la victime de l’agression. Le gouvernement français est disposé à appliquer cette résolution. Il ne peut le faire seul. Il a besoin de la collaboration des deux grandes puissances navales. Il leur propose publiquement cette collaboration. »

Quant à la deuxième période définie par le chargé d’affaires Wilson, elle a commença lorsqu’Édouard Daladier devint président du Conseil avec Georges Bonnet comme ministre des Affaires étrangères. En Chine, cette période fut marquée, en octobre 1938, par la prise de l’actuelle Wuhan et de Canton par les troupes japonaises. Le conflit connu ensuite une phase de stagnation prolongée. Selon Wilson, sous le gouvernement de Daladier, le contrôle des frontières devint « très rigide ».

« Il y a quelques mois, un collègue de la division d’Extrême-Orient du ministère des Affaires étrangères nous a dit que le décret de 1937 était strictement appliqué et que, comme il n’y avait presque plus de commandes passées avant août 1937, très peu de munitions transitait par l’Indochine. Sa déclaration a été confirmée par l’attaché militaire adjoint de l’ambassade de Chine. »

Cependant, le 9 mai 1938, l’ambassadeur des États-Unis rapporta qu’Édouard Daladier, président du Conseil depuis le 12 avril, avait déclaré avoir « donné l’ordre aux autorités françaises d’Indochine d’ouvrir complètement le chemin de fer à tous les transports d’avions et de munitions vers la Chine » (USDS 1954b, 164) (5). Vers la fin juin 1938, l’ambassadeur britannique au Japon, Sir Robert Craigie, observait qu’il ne faisait « aucun doute que de grandes quantités d’armes et de munitions [arrivaient] en Chine depuis l’Indochine française par différentes routes, une quantité considérable [était] passée en contrebande par les jonques chinoises » (207) (6). Selon un rapport du 19 août 1938 du vice-consul des États-Unis à Saigon, John Peabody Palmer, « du matériel de guerre [continuait] à être reçu à Haiphong et à être expédié de là à travers la frontière vers la Chine ». Palmer déclarait qu’il était probable, « en raison d’un accord avec les Japonais » qu’aucune munition n’ait été transportée par voie de chemin de fer vers Yunnanfu. Les avions et l’essence n’étaient pas interdits. Les munitions avaient été transportées par chemin de fer jusqu’à Lang Son, à la frontière, puis, de là, elles avaient été envoyées par camion en Chine. Le trafic semblait avoir été « extrêmement dense » sur cette route (605) (7).

En juin 1938, une campagne de presse japonaise accusa la France d’aider la Chine. Le journal Le Temps – qui était resté silencieux sur la question depuis le début du conflit –, rapporta néanmoins, le 19 juin, le démenti de l’ambassadeur de France à Tokyo aux allégations japonaises. Les accusations japonaises avaient été reprises, le 10 juin, par L’Action française. Le journal l’intégra à sa propagande anti-judéo-bolchevique qui ciblait spécifiquement le ministre des Colonies : « M. Mandel obéit-il, une fois de plus, aux ordres de Moscou. » Quant au journal L’Humanité, il publia, le 19 juin, un article de Marius Magnien qui condamnait très fermement l’attitude du gouvernement français :

« En octobre dernier, avant la conférence de Bruxelles, M. Yvon Delbos informait que le trafic ferroviaire entre l’Indochine et la Chine avait été arrêté parce que les Japonais avaient menacé de bombarder le chemin de fer et les ports indochinois. Première capitulation.
« Depuis, il y a eu les résolutions de la SDN condamnant l’agression du fascisme nippon contre la Chine et recommandant aux Etats membres de ne rien faire qui puisse gêner la Chine pour assurer sa défense.
« Aujourd’hui, le Japon est engagé dans la grande guerre de conquête, rendue effroyablement difficile pour lui par la magnifique résistance des troupes et du peuple chinois. La clique sanguinaire des militaires fascistes se livre en Chine à une hécatombe de civils, multiplie les crimes les plus révoltants. Mais ni Paris ni Londres ne font rien pour empêcher ces crimes, ne font rien pour faire reculer les assassins. Les timides protestations diplomatiques sont tournées en ridicule à Tokio. Deuxième capitulation.
« Mais voilà qu’encouragés par la honteuse attitude de Paris et de Londres à l’égard de l’Espagne, ayant l’expérience de l’enregistrement des soufflets de Hitler et de Mussolini par la France et l’Angleterre, les généraux-ministres du Japon utilisent la même méthode à l’égard de la France.
« La presse nippone ne le cède en rien dans les attaques contre notre pays à la presse du Duce. Le même chantage à la force est employé, mais là-bas il s’agit de l’Indochine. Ougaki accuse la France de passer des armes à la Chine. ‘Pour faire cesser le trafic’, il menace d’attaquer la colonie française – il sait que le Siam n’attend qu’un signal pour se jeter sur l’Indochine. Il commence par dire qu’il faut que le Japon s’empare de l’île d’Haïnan afin de contrôler tout le commerce avec la Chine méridionale. Maîtres d’Haïnan, transformée en base navale, les Nippons seraient rapidement maîtres virtuels de l’Indochine.
« Que fait le gouvernement français ? D’abord il renie les décisions que la France a votées à Genève en ce qui concerne l’aide à la Chine ; il proteste à Tokio qu’il se garde bien de fournir des armes à la Chine, que son attitude à l’égard de la guerre en Chine est ‘la stricte neutralité’.
« Troisième capitulation devant le chantage du fascisme japonais, se développant en virtuelle complicité avec les massacreurs de civils à Canton, à Nankin ! Tokio est arrivé à faire dire officiellement par Paris que la Chine n’a pas à compter sur quelque aide que ce soit de la part de la France.
« Et en faisant cela, le gouvernement français permet au Japon de placer une terrible hypothèque sur l’Indochine. Car la victoire du Japon en Chine serait la perte de l’Indochine.
« C’est exactement la même attitude de suicide et de trahison des autres peuples que celle qui est suivie à l’égard de l’Espagne où c’est la métropole elle-même qui est en danger.
« Non, le peuple de France n’a pas voulu cela et ne le veut pas souffrir, messieurs Daladier et Bonnet ! »

Les rapports de l’ambassade des Etats-Unis à Paris témoignent d’un renforcement du contrôle du trafic frontalier entre la Chine et l’Indochine après la signature des accords de Munich, et dans le cadre de l’offensive japonaise en direction de Guangzhou. Le 13 octobre 1938, le directeur des questions d’Extrême-Orient du ministère des Affaires étrangères, Henri Hoppenot, déclara au chargé d’affaires des États-Unis, Wilson, qu’il avait répondu aux Japonais que « depuis 2 mois, pas un seul fusil n’avait été transporté sur ce chemin de fer » sur le chemin de fer du Yunnan. Wilson (USDS 1954b, 318) (8) rapporta également cette conversation :

« J’ai demandé à Hoppenot s’il était tout à fait vrai que les Français ne laissaient aucun transport de matériel de guerre passer par la voie ferrée vers le Yunnan. Hoppenot a dit que c’était absolument vrai. J’ai remarqué que ce n’était pas de chance pour les Chinois. Il a dit que ce n’était en effet pas de chance mais que, quelque fût l’amour que les Français pouvaient porter aux Chinois, ils ne pouvaient pas risquer la guerre avec le Japon à cause de cela. »

Hoppenot (USDS 1954b, 350) (9) déclara que « même le matériel commandé par la Chine avant le déclenchement des hostilités n’était pas autorisé à passer ». Le 8 novembre 1938, le consul général américain à Hong Kong informa Washington que le consul français avait notifié verbalement aux compagnies de transport que le transit de matériel de guerre par Guangzhouwan et Hai Phong avait été suspendu (USDS 1954b, 608) (10). Au milieu du mois, l’ambassadeur des Etats-Unis en Chine rapportait que « les Français ayant arrêté le transbordement à travers l’Indochine française d’armes et de munitions à destination de la Chine, le gouvernement chinois a fait des démarches auprès du gouvernement français soulignant qu’une telle mesure en vigueur constitue [en] pratique une forme de sanctions contre la Chine » (609) (11). Le 16 novembre, l’ambassadeur de Chine à Paris déclara au chargé d’affaires des Etats-Unis que « son gouvernement serait très préoccupé par la fermeture du chemin de fer français en Indochine au passage des fournitures de guerre ». Wellington Koo a ajouté qu’avec « la coupure du chemin de fer Canton-Hankow, le chemin de fer français [devenait] une nécessité vitale pour le gouvernement chinois ». Il s’était entretenu « à plusieurs reprises » avec le ministre des Affaires étrangères, Georges Bonnet, et avait demandé « qu’on trouve un moyen permettant en secret le passage des approvisionnements ». Bonnet avait promis de le faire auprès du président du Conseil, Édouard Daladier, mais le 10 de ce mois, le ministre français des Affaires étrangères « l’avait informé qu’il serait impossible pour les Français de permettre à tout matériel de guerre, même celui commandé avant le début des hostilités, de passer par la voie ferrée (609) (12) ».

L’année suivante, en février 1939, il semble que la situation ne s’améliora pas vraiment pour la Chine. Le chargé d’affaires des États-Unis en Chine, Peck, indiqua que le directeur général du chemin de fer du Yunnan s’était rendu à Chongqing et avait affirmé aux responsables du gouvernement national que la capacité de transport annuelle de la ligne était de 120 000 tonnes et que des dispositions avaient été prises pour l’achat de voitures et de locomotives supplémentaires. Cette étape devait se traduire par une augmentation de 30 à 40 % des transports en 3 à 6 mois. Le chargé d’affaires ajouta que, selon des informations fiables, « les restrictions sur les expéditions de marchandises via l’Indochine française vers la Chine [avaient] été assouplies dans une certaine mesure [nous soulignons] ». Peck souligna toutefois que « peu ou pas d’armes et de munitions » étaient « expédiées sur ce chemin de fer à l’heure actuelle (USDS 1955, 616) (13). »

Enfin, la troisième période distinguée par Wilson suit l’occupation de Hainan par le Japon, opération qui menaçait directement l’Indochine française et qui aurait entraîné un changement d’attitude de la part du gouvernement français, mais cette évolution n’est pas sûre du tout. Le soir du 21 février, George Mandel, le ministre français des Colonies, déclara à l’ambassadeur des États-Unis qu’il n’y avait aucune restriction de transport d’aucune sorte sur le chemin de fer entre l’Indochine française et la Chine (USDS 1955, 618) (14). Pourtant, quelques jours plus tard, le 28 février, Marius Magnien interpella le ministre des Colonies sur l’attitude de la France envers la Chine dans L’Humanité : « Pourquoi M. Mandel a-t-il accepté qu’interdiction soit mise sur le transit du matériel destiné à la Chine à travers l’Indochine ? » Et de poursuivre : « Pourquoi M, Mandel accepte-t-il encore aujourd’hui que les autorités françaises d’Indochine aient interdit, LE 26 FEVRIER, le débarquement, à Haïphong, de cargaisons d’armes arrivées sur huit navires étrangers et destinées à l’armée chinoise ? »

Le 6 mars 1939, l’ambassadeur de Chine informa son collègue des Etats-Unis que la France n’appliquerait plus le décret de 1937 mais le chapitre 1 de la Convention de Genève de 1925. Cela fut fait. Le changement permit le transit de tout matériel qui pouvait être utilisé en temps de paix. Et dans son édition du 11 avril, Le Temps publia le plaidoyer de son correspondant à Tokyo, François Chevallier, concernant l’attitude de la France envers le Japon. Le journaliste admettait que Jiang Jieshi avait pu recevoir des armes via l’Indochine mais, « ce qui est certain, écrivait-il, c’est que le gouvernement français a réglementé d’abord, limité ensuite et finalement interdit ce trafic, seul de tous les gouvernements : on saura plus tard combien ces importations d’armes par l’Indochine qui ont fourni des milliers et des milliers de lignes injustes sur l’attitude de la France ont pesé légèrement dans la balance. »

L’auteur d’Aux heures tragiques de l’empire (Général X 1947, 82) a rapporté également qu’à la suite du débarquement des troupes japonaises à Hainan, Mandel aurait décidé « d’apporter aux Chinois une aide plus efficace » et qu’« il fut suivi dans cette voie par le directeur des Affaires d’Asie et le secrétaire général au ministère des Affaires étrangères dont le chef restait pour le moins hésitant. » L’auteur a également souligné que l’ambassadeur de Chine « fréquentait assidûment le cabinet de M. Mandel dont il connaissait les sentiments favorables à son pays. » Les discussions entre Mandel et Wellington Koo auraient souvent porté sur l’approvisionnement en matériel de guerre et sur la liberté de transit du matériel de guerre à travers l’Indochine. Il aurait été également question d’une alliance ou d’un accord militaire entre la France et la Chine. L’auteur précisait que la question spécifique du transit du matériel de guerre « donna lieu à de nombreuses tractations » mais, qu’en « définitive », il ne passa « jamais de matériel de guerre à destination de la Chine » (83) (15).

Au milieu de l’été 1939, la position française sur le transit du matériel de guerre reste inchangée. Le 21 juillet, l’ambassadeur de France à Washington lut au sous-secrétaire d’État, Sumner Welles, une note envoyée par le ministère français des Affaires étrangères en date du 15 juin et destinée à l’ambassade britannique à Paris (USDS 1955, 540) (16). Welles rapporta le contenu de la note comme suit :

« Le Gouvernement français fait remarquer que le moyen le plus efficace d’aider la Chine à l’heure actuelle est la fourniture d’armes et de munitions. [...] Si un transbordement à travers l’Indochine française doit être entrepris, la France insiste pour que cette ouverture de l’Indochine française au transbordement soit reconnue par le Japon à la suite d’un accord à cet égard entre plusieurs puissances parmi les plus concernées afin que le Japon reconnaisse clairement qu’une telle politique de la part de la France n’est entreprise qu’avec l’assurance du soutien de la Grande-Bretagne et des États-Unis. Il est souligné à plusieurs reprises dans la note que la France n’acceptera aucune mesure de ce caractère ni aucune mesure de représailles ou de représailles contre le Japon sans assurances des États-Unis. Le gouvernement français déclare qu’il s’agit d’une condition sine qua non. »

Les archives étasuniennes tendent ainsi à montrer que, de 1937 à 1939, la France maintint, en dépit de ses engagements pris à Genève, l’interdiction officielle du transit du matériel de guerre à la frontière sino-indochinoise. Si la colonie observa une tolérance plus ou moins grande en fonction des événements diplomatiques et militaires à l’égard de la contrebande qui s’organisa par camion ou par bateau, il reste à déterminer si cela doit être considéré comme une forme d’aide ... À propos du cas de l’Espagne, Pierre Vilar ([1986] 2004, 115) évoquait la question consistant à savoir si le fait de répondre positivement à la demande du gouvernement républicain de livraison de matériel militaire, contre paiement, constituait une forme d’intervention. Pour l’historien, c’est, au contraire, un refus qui aurait constitué une prise de position.

Conclusion

Il semblerait possible de considérer que l’interdiction du transit transfrontalier de matériel de guerre n’ait été finalement que formelle. Il faut néanmoins garder à l’esprit que de 1937 à 1939, la France a continuellement interdit le transit de matériel de guerre d’Indochine vers la Chine par chemin de fer, ce qui, malgré les passages par route et par mer, ne pouvait que nuire à la Chine en compliquant son approvisionnement. Cet approvisionnement, selon le chargé d’affaires Wilson, a également été entravé par la politique tarifaire des autorités françaises, au point qu’au début de 1939, la Birmanie était devenue le principal point de transit des marchandises en route vers la Chine (USDS 1955 , 747-748) (17). Wilson a également signalé les difficultés rencontrées par les Chinois, fin 1938 – début 1939, pour obtenir et transporter du matériel de guerre depuis l’Europe :

« À cette époque, le général Yang Che, ambassadeur de Chine en Union soviétique, vivait à Paris dans la plus stricte solitude depuis trois mois dans le but d’acheter des armements. Les Français, nous a-t-on dit, ne lui vendraient rien, mais il avait acheté des fusils et des pièces de campagne, pour la plupart de modèle obsolète, en Belgique, en Suisse, en Lituanie, en Allemagne et en Tchécoslovaquie. Ces armes ont été expédiées depuis des ports d’Europe du Nord car le gouvernement français n’aurait pas autorisé leur expédition par Marseille, ce qui aurait été moins cher et plus rapide. »

Si l’on se penche maintenant sur l’attitude de la France à l’égard des échanges en direction du Japon, on constate qu’il n’y a eu aucune réelle volonté d’imposer des restrictions. Ce ne fut pas avant l’occupation de Hainan que des mesures furent prises, si l’on peut dire, et « les ‘matériels de guerre’ impliqués étaient principalement des minerais de fer et de cuivre et du charbon ». Le gouvernement français « professait » son « incapacité à mettre un embargo sur l’exportation de matériel de guerre de l’Indochine vers le Japon » (USDS 1955, 748) (18). Et la France n’a appliqua jamais un quelconque embargo sur les exportations de matériel de guerre vers le Japon. Quant à la suspension des exportations de fer de l’Indochine vers le Japon, il n’en était plus question à la mi-1939 (USDS 1955, 538) (19). En fait, la France ne songea même pas à faire respecter ses « droits » et à s’en tenir à ses « devoirs » tels que stipulés dans la « Convention international portant sur les droits et devoirs des puissances neutres » de 1907 selon laquelle :

« Une Puissance neutre n’est pas tenue d’empêcher l’exportation ou le transit, pour le compte de l’un ou de l’autre des belligérants, d’armes, de munitions, et, en général, de tout ce qui peut être utile à une armée ou à une flotte [article 7].
« Toutes mesures restrictives ou prohibitives prises par une Puissance neutre à l’égard des matières visées par les articles 7 et 8 devront être uniformément appliquées par elle aux belligérants [article 9]. »

Quoi qu’il en soit, le Japon n’avait pas formellement déclaré la guerre lorsqu’il déclencha le conflit ...

Quant aux raisons qui ont poussé la France à se comporter ainsi en Asie, faute de sources, elles ne font pas l’objet de cette étude. Elle sont probablement similaires à celles qui ont motivés l’apaisement en Europe. Tout au plus peut-on souligner que les gouvernements français successifs entre 1937 et 1939 ne se sont à aucun moment cru capables de s’opposer à la pression exercée par le Japon. Les archives étasuniennes montrent à de nombreuses reprises que la thèse officielle de la diplomatie française était qu’elle ne pouvait rien faire sans une garantie de soutien des Etats-Unis. Il faut ajouter qu’il y avait un important courant d’opinion en France, parmi les intellectuels et au sein de la classe politique, qui considérait que la préservation de la paix pouvait passer par le sacrifice de quelques colonies (Duroselle 1979, 237-238). Le 7 avril 1935, avec les accords de Rome, Pierre Laval, alors ministre des Affaires étrangères, avait déjà concédé à Mussolini « plus de 100 000 kilomètres carrés » sur la frontière libyenne. Ces accords ne sont jamais entrés en vigueur, mais leur réalisation aurait pu constituer un danger militaire pour les colonies françaises voisines (Vernier 1947, 188-200). Cette tendance à envisager l’apaisement des puissances du pacte anti-Komintern au moyen de concessions coloniales était aussi présente parmi les fonctionnaires du Quai d’Orsay, et incluait les possessions asiatiques de la France. Le 31 juillet 1939, l’ambassadeur des Etats-Unis à Paris, Bullitt, rapportait que, selon Léger, « la situation actuelle en Extrême-Orient [était] régie par de nouvelles conditions. Les gouvernements français et britannique avaient décidé de se retirer de toutes les positions et possessions qu’ils détenaient en Extrême-Orient si nécessaire pour éviter la guerre avec le Japon » (USDS 1955, 698) (20).

Notes :

(1) « L’ambassadeur en France (Bullitt) auprès du secrétaire d’État », n° 4092, Paris, 4 avril 1939.
(2) « Le Chargé de France (Wilson) au secrétaire d’État », Paris, 5 avril 1938.
(3) « Mémorandum préparé à la Division des affaires d’Extrême-Orient », Washington, 20 avril 1938.
(4) « Le Chargé de France (Wilson) au secrétaire d’État », Paris, 5 avril 1938.
(5) « L’ambassadeur en France (Bullitt) auprès du secrétaire d’État », Paris, 9 mai 1938.
(6) « L’ambassadeur au Japon (Grew) auprès du secrétaire d’État », Tokyo, 28 juin 1938.
(7) « Le vice-consul à Saigon (Palmer) au secrétaire d’État », Saigon, 19 août 1938.
(8) « Le Chargé de France (Wilson) au secrétaire d’État », Paris, 13 octobre 1938.
(9) « Le chargé de France (Wilson) au secrétaire d’État », Paris, 29 octobre 1938.
(10) « Le consul général à Hong Kong (Southard) au secrétaire d’État », Hong Kong, 8 novembre 1938.
(11) « L’ambassadeur en Chine (Johnson) auprès du secrétaire d’État », Chongqing, 15 novembre 1938.
(12) « Le Chargé de France (Wilson) au secrétaire d’État », Paris, 16 novembre 1938.
(13) « Le chargé en Chine (Peck) au secrétaire d’État », Chongqing, 8 février 1939.
(14) « L’ambassadeur en France (Bullitt) auprès du secrétaire d’État », Paris, 22 février 1939.
(15) Résultat dont l’auteur du livre fit porter la responsabilité à la « duplicité asiatique » ...
(16) « Mémorandum de conversation, fait par le sous-secrétaire d’État (Welles) », Washington, 21 juillet 1939.
(17) « L’ambassadeur en France (Bullitt) auprès du secrétaire d’État », n° 4092, Paris, 4 avril 1939.
(18) « L’ambassadeur en France (Bullitt) auprès du secrétaire d’État », n° 4092, Paris, 4 avril 1939.
(19) « Mémorandum de conversation, par le chef de la division des affaires d’Extrême-Orient (Hamilton) », « [Washington,] le 5 juin 1939. 
(20) « L’ambassadeur en France (Bullitt) au secrétaire d’État », Paris, 31 juillet 1939.

Bibliographie :

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