Pour un code du travail digne de ce nom

CGT

La violence du combat idéologique et l’inégalité des armes conduisent en général à adopter une position défensive alors que des progrès sont encore possibles.

Il est nécessaire de fortifier le code du travail pour lutter contre l’explosion de la précarité et la dégradation de la vie au travail. La flexibilité, il n’y en a que trop ; un chiffre : 8 salariés sur 10 sont recrutés sur des CDD, pour une période de plus en plus courte. Il ne s’agit pas de réduire le Code à une sorte de déclaration de principes ou de droits fondamentaux. La mission en a été confiée à une commission de « sages » présidée par Badinter. De telles déclarations existent déjà. Les plus importantes sont au demeurant des traités ou des chartes ratifiées par la France. Il ne s’agit pas non plus de réaliser une nouvelle recodification à droit constant. La modernisation du code du travail ne peut se concevoir que visant à faire progresser le droit du travail et non pas à encourager ou à accompagner son dépérissement.

L’objectif doit être clairement posé. Il s’agit de bâtir un code du travail plus fort, plus solide pour tous les travailleurs d’aujourd’hui, plus engageant parce que sans surprise pour les employeurs.

Le droit au travail est un droit constitutionnel. Le garantir nécessite non pas d’abaisser les garanties collectives, mais d’élargir le droit du travail aux enjeux d’aujourd’hui : l’hyper précarisation du salariat, l’ubérisation de l’économie, les salariés détachés, l’auto-entreprenariat, le portage salarial forcé, etc.

Une réforme du droit du travail, digne de ce nom, devrait plutôt viser à établir un cadre juridique assurant à tous les travailleurs – salariés ou indépendants – qui concourent à cette chaîne de production des valeurs, les conditions d’un travail décent.

Les modifications induites par le numérique affectent tous les secteurs de l’économie et la société. Elles ont donc des incidences sur le travail et l’emploi, comme le reconnaît l’avis exploratoire du Conseil Économique et Social Européen du 16 septembre 2015. Elles imposent la mise en place de droits nouveaux pour garantir la liberté d’expression et les droits fondamentaux dans les conditions d’un monde du travail numérisé.

Le droit du travail doit prendre en compte les enjeux liés à la transformation de l’activité professionnelle et aux nouvelles technologies d’information et de la communication.

Ces nouvelles technologies donnent lieu à de nouveaux modes de travail parfois qualifiés d’« uberisation » de l’économie. Avec ces transformations, les salariés deviennent des travailleurs soi-disant indépendants, liés à leurs clients par des contrats commerciaux. Lorsque ces travailleurs dits indépendants subissent en réalité un lien de subordination, en se voyant « dicter leur conduite » par l’entreprise, il est possible de requalifier leur contrat commercial en contrat de travail. A l’image de ce qu’il s’est passé aux États-Unis, avec des chauffeurs Uber. Ou encore en France, avec la requalification de salariés devenus autoentrepreneurs pour l’entreprise qui les employait auparavant et ceci pour effectuer les mêmes tâches.

Lorsque la dépendance économique à son emploi est telle qu’elle génère une domination diffuse, c’est-à-dire que le travailleur n’est pas libre de rompre avec son client sans remettre son équilibre financier en cause et que cette dépendance induit une forme de subordination nouvelle, il nous semble qu’il faut octroyer le statut
de salariat à tous les travailleurs qui subissent cette dépendance et faire contribuer financièrement le recruteur (plateforme collaborative). Le salariat peut alors être envisage de façon plus large.

N’oublions pas que la priorité reste le maintien d’une grande majorité des travailleurs dans le salariat.

Dans cet objectif, il est important de revoir la définition du salariat dans le cadre de notre revendication de nouveau statut du travail salarié (NSTS).

C’est pourquoi, la CGT propose de faire évoluer les droits des salariés vers moins de subordination, plus d’autonomie, tout en sécurisant leur évolution professionnelle. Ces droits – emploi, carrière et reconnaissance des qualifications, formation, professionnelle, protection sociale – garantis collectivement ne doivent plus dépendre du contrat de travail mais être attachés au salarié et cumulables, transférables et opposables à tout employeur.

Cela nécessite d’inscrire le droit à l’emploi dans une vision nouvelle de travail impliquant la reconnaissance d’un droit à l’évolution et à la progression professionnelle, à la mobilité professionnelle choisie permettant à chacun de mettre le lien de subordination à distance.

De la même façon, nous proposons que les contrats soient maintenus entre deux emplois. C’est donc le dernier employeur qui verse le revenu socialisé, et ceci en cas de licenciement, de départ à la retraite, congé parental, bénévolat, congés sabbatiques … Cette continuité du contrat permet le maintien d’un lien entre le
salarié hors emploi et sa communauté de travail, ses représentants du personnel.

Des expériences récentes illustrent la possibilité de créer ces droits nouveaux, permettant d’éviter la rupture du contrat. Ainsi en Bretagne, un CDI « temps plein de formation » a été créé. Cette idée de la CGT a permis à une trentaine de salariés saisonniers de signer un contrat à durée indéterminé (CDI) « temps plein – formation » leur permettant d’alterner six mois de travail dans le secteur du tourisme avec six mois de formations pouvant mener jusqu’à la licence tourisme. Une centaine de nouveaux salariés devraient pouvoir signer un tel contrat
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CGT, 9 mars 2016.

COMMENTAIRES  

09/03/2016 10:02 par CN46400

La loi El Komri va d’abord servir à supprimer d’ex CDI pour les remplacer par un nombre plus léger, et plus corvéable, de neo-CDI, d’où une augmentation du chômage réel à prévoir. Il s’agit d’abord de fragiliser les prolos et ainsi de faire baisser le prix de la force de travail par une pression accrue de "l’armée des chômeurs (KM)" sur les négociations des salaires.
En clair, le contraire de ce qu’annoncent le gouvernement et le Medef !

09/03/2016 16:28 par "Personne"

Comment fonctionne le capitalisme ?
Pourquoi dysfonctionne la société ?
C’est simple ! C’est vieux comme Ésope !

L’aigle, la chatte et la laie
Une aigle avait construit son aire au haut d’un chêne ; une chatte trouvant un trou à mi-hauteur de l’arbre, y avait fait ses petits ; une laie, habitante des forêts, avait mis bas au pied : communauté fortuite, que la chatte détruisit par sa fourberie et son admirable méchanceté. Elle grimpe au nid de l’oiseau : « Ta perte se prépare, lui dit-elle, et la mienne aussi peut-être, hélas ! Tu vois cette laie perfide occupée tous les jours à creuser le sol : elle veut abattre le chêne, pour jeter notre progéniture à terre et tomber sur elle aisément. » Quand elle voit l’aigle terrifiée et l’esprit dans le plus grand trouble, la chatte descend en rampant au gîte de la laie hérissée de soies : « Un grand danger, lui dit-elle, menace tes petits ; à peine seras-tu sortie pour aller paître avec ton tendre troupeau, que l’aigle, qui se tient prête, fondra sur tes marcassins. » Voilà l’autre logis également rempli de crainte. La rusée va se blottir au fond de son trou. Elle en sort la nuit pour rôder sur la pointe des pieds : elle se gorge de nourriture avec ses petits et passe toute la journée à feindre la peur et à faire le guet. L’aigle, craignant la chute de l’arbre, reste perchée sur ses branches ; la laie ne sort pas de son gîte, pour éviter le rapt qui la menace. Bref, toutes deux moururent de faim avec leur famille, fournissant à la chatte et aux petits chats de la viande en abondance. (fable reprise par Phèdre et La Fontaine)

09/03/2016 17:39 par SEPH

Si les carnets de commandes ne sont pas plein les patrons n’embaucherons jamais et ceci quelque soit le code du travail. En conséquence, la loi Konery est une ignorance crasseuse, une ineptie inexcusable.

Ce gouvernement est criminel, en mettant les salariés sans défense, en position d’esclave, devant les actionnaires avides de profits.

Quand le PS rétablira l’esclavage
La CFDT négociera le poids des chaînes.

09/03/2016 17:55 par Jean Cendent

Le droit au travail est un droit constitutionnel
Encore 1000 ans et le droit de vivre sera peut être un droit constitutionnel ?
L’armée des chômeurs vous salut , oh, courageux et fervents idolâtres du travail .

Il était une fois la CGT en 1906 et la chartes d’Amiens ...
Le droit nouveau, commencer par démystifier la gloire du travail , pour que l’invasion des gueux chômeurs ne soit plus le cauchemar des vaillants travailleurs .

09/03/2016 22:51 par CN46400

Un aspect discret de la loi El Komri : Le salarié peut "vendre" ses congés au patron

Imaginons un entretien d’embauche :
Le patron- Si, exeptionnellement, pour l’entreprise, je vous demandais de céder quelques jours de congés ?...
le candidat 1 : - Pas de problème !
le candidat 2 : - Ah moi, les congés c’est sacré !

Qui, d’après vous sera embauché ?

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