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Pourquoi pas un nouveau tribunal Russell ?

Un groupe de lobbyistes irakien baptisé Arab Project s’inspirant du vote récemment par les parlementaires des deux chambres du Congrès des EU d’une loi autorisant leurs concitoyens à poursuivre judiciairement des pays dont l’action a conduit à la mort d’Américains sur le territoire des Etats-Unis se propose de demander au Parlement irakien de prendre l’initiative d’un texte de loi qui permettrait lui aux victimes de l’intervention militaire étasunienne en Irak d’ester Washington en justice pour en obtenir réparation. Si elle vient à se concrétiser, son initiative mettra la moralisante Amérique devant des situations juridiques embarrassantes dont elle ne pourrait nier le bien-fondé car ayant admis que celles que ses citoyens pourront créer à d’autres Etats le sont.

Les commanditaires des attentats du 11 septembre 2001 sont à poursuivre en justice – pourvu qu’existent contre eux des preuves irréfutables. Ceux qui ont ordonné et conduit l’illégale et criminelle intervention militaire en Irak doivent l’être tout autant. Il n’y a aucun principe moral qui autorise à considérer légitime l’exigence de justice pour laquelle se sont battus les victimes américaines des attentats du 11 septembre ou leurs proches et pas celle des Irakiens ayant subi les affres indicibles de l’intervention américaine.

Dans ce vouloir que justice soit faite qu’expriment la loi votée par le Congrès des EU et le projet que le groupe de lobbyistes irakien veut faire aboutir, l’on est en présence d’une situation où il y a lutte entre le pot de fer et le pot de terre. En effet, la loi du Congrès pour aussi contrevenante au droit international qui dispose l’immunité de juridiction pour les Etats sera suivie d’effets car bénéficiant de l’argument suprême qu’elle peut requérir pour son respect la toute-puissance de l’Etat étasunien même si celui-ci a été opposé à sa promulgation. Le projet irakien du groupe Arab Project n’a lui que peu de chance, sinon aucune d’être concrétisé. Les Etats-Unis qu’il vise exerceront de dissuasives et impératives pressions sur les autorités de Baghdad pour les contraindre à empêcher Arab Project à aller au bout de son initiative et à faire échec à cette dernière si elle venait à capter l’intérêt de parlementaires irakiens.

Autant les Etats-Unis s’arrogent le droit de déférer devant leur justice des Etats ou des personnes pour des actes qu’ils jugent avoir porté atteinte à leur sécurité nationale et à l’intégrité physique de leurs citoyens, autant ils ne reconnaissent à nul autre Etat d’en faire de même contre les Etats-Unis ou ses citoyens. Selon ce principe unilatéral, l’Amérique s’estime habilitée à dicter le droit international au reste de la planète et être elle-même non concernée par son application.

La démarche du groupe de lobbyistes irakien est non seulement à soutenir, mais à aider à faire exemple. Trop de peuples sont victimes de l’interventionnisme étasunien brutal et inhumain dans ses conséquences. Des initiatives comme celle de ce groupe permettraient en se multipliant de mettre à nu cette Amérique qui se prétend n’agir que pour apporter à ces peuples liberté et démocratie alors qu’elle ne sème que chaos et mort. Même s’ils ne débouchent sur aucune condamnation contraignante, des procès contre les Etats-Unis s’imposent car il y a obligation morale de les instruire pour établir qu’elle agit de façon criminelle à l’égard de ceux qui en contestent la prétention à régir la planète comme elle l’entend.

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Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement.

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ancien secrétaire général de la CGT

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