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Presse, démocratisation et justice sociale en Afrique

Au moment où la Communauté internationale rend un dernier et rutilant hommage à Pius Njawé (1) pour son long et périlleux combat en faveur de la démocratie et de l’indépendance de la presse au Cameroun, il nous apparait plus qu’opportun de surfer sur cette oraison funèbre pour dresser le lien extrêmement étroit qui lie la presse, la démocratisation et la justice sociale dans les jeunes États africains. Rappelons que les rapports entre ces trois réalités sont au coeur même de la vie politique du continent. Car celles-ci se fondent mutuellement et s’influencent continuellement.

La presse participe-t-elle de la démocratisation et de la justice sociale en Afrique ? Si oui, quel rôle joue-t-elle exactement dans le processus d’ouverture de ce continent aux principes démocratiques ? Où trouver les ressorts d’un tel engagement ? Tel est le questionnement qui se dresse en filigrane de cette réflexion.

Notre hypothèse est que les avancées démocratiques et sociales engrangées en Afrique depuis une trentaine d’années, l’ont été grâce au rôle de sentinelle joué par la presse. Cette presse semble être intimement liée au devenir de ce continent au point qu’il ne serait pas superflu d’affirmer que c’est encore à travers elle, mieux que les partis politiques et syndicats, que l’Afrique avancera sur le long chemin ô combien périlleux et difficile de la maturation démocratique.

Une précision

Il convient d’indiquer d’entrée de jeu qu’il existe dans les différents pays d’Afrique deux types de presse : la presse dite officielle et la presse dite non officielle. La presse officielle est généralement celle du service public ; c’est le cas du Soleil à Dakar, de Cameroun Tribune au Cameroun. Cette presse est chargée de relayer et l’information gouvernementale, et les activités et propagande du parti au pouvoir (2). Notons immédiatement que c’est moins l’action de cette presse que la presse dite non officielle (tous supports confondus) que nous voulons ici disséquer et analyser.

Bref rappel historique

Avant 1990, la presse non officielle est plongée dans un flou juridique qui prend les allures d’une épée de Damoclès qui pèse au dessus d’elle. Les années de régime monolithique en Afrique noire sont marquées par un régime de contrôle draconien appliqué aux organes de presse. Au Cameroun, la presse est constamment muselée par les ordonnances des années 60, avec pour principaux goulots d’étranglement : la censure administrative, les tracasseries du régime d’autorisation et le regard inquisiteur des autorités administratives sur les sources de financement des journaux.

Cette presse est tenue à chaque fois, de justifier sa ligne éditoriale, le traitement qu’elle réserve à telle actualité ou encore son refus de souscrire à l’information officielle.

Plusieurs organes de presse sont ainsi mis sur la sellette et leur avenir est plus que casuel d’un jour à l’autre. De nombreux directeurs de publication sont poussés à l’autocensure, menacés de mort et parfois tués de sang-froid comme ce fut le cas pour le journaliste Nobert Zongo (Burkina Faso).

Somme toute, jusqu’au crépuscule des années 80, les journaux vivent dans la peur constante de la censure. A cette époque, les caciques des partis aux pouvoirs ont très vite saisi l’enjeu de l’adage qui dit : « qui détient l’information, tient le pouvoir ». D’où leur volonté manifeste de contrôler les sources d’information.

Cependant, l’effondrement du mur de Berlin, le discours de la Baule et les conditionnalités (FMI, Banque mondiale) de l’aide au développement poussent les États africains à instaurer ce que j’appellerais une « démocratie institutionnelle ». Elle se résume à l’adoption de très beaux textes juridiques dépourvus cependant de toute garantie pratique.

Au niveau de la presse, on assiste sous l’impulsion de cette nouvelle donne, à une libéralisation à contrecoeur. Au Cameroun, deux textes organisent le cadre de cette mutation du paysage médiatique. Il s’agit de la Loi du 19 décembre 1990 relative à la communication sociale, et le Décret du 3 avril 2000 fixant les conditions et les modalités de création et d’exploitation des entreprises privées de communication audiovisuelle.

Deux enseignements majeurs ressortent de la loi camerounaise de 1990.

1. Dorénavant c’est le régime de Déclaration et non plus d’autorisation qui fait office règle en vigueur. Les promoteurs de journaux doivent préalablement en faire déclaration auprès du préfet du département compétent, à la première parution. La loi précise que la déclaration est faite sur papier timbré au tarif en vigueur - soit 1000 francs CFA ;

2. La suppression de la censure. En dépit des oppositions et inquiétudes, celle-ci fut initialement maintenue à l’article 14 de la nouvelle loi. Mais à la faveur des amendements de 1996, elle fut définitivement supprimée, du moins, officiellement ;

Si depuis 1990 le cadre juridique de la presse s’est nettement amélioré au point de s’arrimer aux exigences du droit international, force est cependant de constater que du point de vue pratique les organes de presse ont dû farouchement batailler, parfois au prix de leur vie pour s’arroger leur droit à la liberté d’expression et d’opinion. En effet, eu égard aux multiples obstacles, cette presse continue d’afficher et d’affirmer son indépendance face à ce qui apparait comme le règne de la pensée unique, exclusive et seigneuriale de certains « Princes ».

Un maillon essentiel du processus démocratique

Toute proportion gardée, la presse privée africaine s’est constamment positionnée dans l’espace public, comme une corporation qui a pour mission la « veille » et « l’éveil » des consciences, la mise en relief de l’expression libre et partant, le débat contradictoire.

La veille et l’éveil

Il faut dire que depuis l’embastillement de l’Opposition au lendemain des conférences nationales et des premières élections multipartites biaisées, seule la presse est clairement apparue comme « le chien de garde » des sociétés africaines. Elle en paie d’ailleurs un lourd tribut. (3)

La presse privée africaine n’hésite pas en effet, à monter au créneau pour dénoncer les dirigeants corrompus et indélicats de la fortune publique ; les irrégularités constatées lors des différents processus électoraux ou encore les violations du droit à l’information. Elle met à nue les pratiques de ces fonctionnaires qui, pris en otage par des considérations alimentaires, n’hésitent pas à exiger aux usagers, une contrepartie pour un service public gratuit en l’occurrence.

Elle frappe du marteau de la critique ces brebis galeuses qu’on retrouve par milliers dans nos forces armées et police et qui délaissent leurs missions régaliennes pour s’adonner à la corruption, à l’intimidation et aux violations des droits de la personne.

Elle s’inscrit en faux contre ces vendeurs d’illusions, pontes, apparatchiks et partisans arc-boutés du pouvoir, qui tentent au quotidien d’occulter la mauvaise gouvernance et les violations criardes et criantes des droits humains.

Elle parle ouvertement et non sans critiques, de ce défilé du 14 juillet où nos gérontocrates d’oligarques africains vont à la soupe, offerte par le parrain. De leurs regards ahuris et déconcertés admirant la puissance de la modernité d’un pays dont certains dirigeants ne cessent de piller les leurs pour se maintenir au rang des flamboyantes célestes. La presse africaine constate -pour immédiatement déplorer - l’incapacité des dirigeants africains à impulser la métamorphose économique et sociale au développement durable du continent.

La presse nous rend attentifs à ces milliers d’Africains lessivés par le labeur, habitant les ténèbres abruptes de l’anonymat, étrangers permanents de l’indifférence généralisée. Elle nous fait penser à ces ouvriers qui vont accomplir chaque jour, en toute honnêteté, l’effort national pour le développement du continent. Mieux encore, elle nous interpelle au sujet de ces Africains pauvres et malades (VIH SIDA, diabète, paludisme, cancer, etc.) qui, faute de moyens pour se procurer les médicaments, s’éteignent au crépuscule d’une longue agonie.

Très souvent bâillonnée, cette presse ne manque cependant pas d’interpeller les gouvernants au sujet de cette jeunesse considérée comme le fer de lance de la nation, mais qui au fil des années se rouille et succombe aux sirènes de la facilité, parce que ne trouvant aucun débouché. Elle parle au nom de cette jeunesse désemparée, qui se trouve obligée de s’exiler - parfois au risque de leur vie -, pour ne pas se faire dévorer par les feux du chômage et de la misère.

Elle, mieux que tout autre maillon de la vie sociale, dénonce ces débits de boissons, ces jeux de hasard, ces nouvelles religiosités et cette « feymania », devenus en quelques années les lieux de refuge d’une société en manque de repères et confrontée à une misère matérielle et intellectuelle inouïe.

Elle invite sans cesse à une réflexion radicale sur la déliquescence morale continue de nos sociétés, sur la misère d’une sexualité débridée affligeant d’atroces tortures aux valeurs morales. Elle braque les projecteurs sur ces sociétés, au sein desquelles les promotions « magico-anales » (4) ont pignon sur rue et la mort des tabous, prônée.

C’est ici le lieu par excellence où s’exprime le rôle contestataire et critique de la presse. Et le moins qu’on puisse dire est que cette critique n’est pas sans incidence sur la démocratisation et la justice sociale en plein échafaudage dans plusieurs pays africains comme le Sénégal, mais surtout le Bénin, le Ghana ou encore l’Afrique du Sud.

Au demeurant, la presse n’hésite plus à débusquer tout ce qui constitue un frein au respect des règles qui président à la constitution d’un État de droit. L’expression libre et le débat contradictoire.

Le moins qu’on puisse dire c’est que la presse africaine, non officielle, est une tribune ouverte à tous les acteurs de la joute sociale. Il suffit d’observer la profusion et la pluralité d’opinions dans un journal comme « l’intelligent d’abidjan », « Le Potentiel » ou encore les sites www.congonline.com www.camer.be. Même dans un journal comme Le Messager - réputé antipathique au régime en place -, le gouvernement bénéficie très souvent d’une tribune pour son « droit de réponse » chaque fois qu’il s’estime injustement discrédité. On peut en effet, affirmer sans risque de se faire démentir que la presse non officielle joue un grand rôle dans la formation de l’opinion publique, car elle est un espace d’expression pour les différents partenaires sociaux. Elle met en débat de nombreux enjeux sociétaux et convie les couches sociales de tout bord à débattre et à échanger.

Il est évident que cela ne se fait pas toujours dans les règles de l’art. Mais il y a cependant lieu de reconnaitre que de réels efforts sont menés par cette presse (mieux que la presse officielle) pour garantir une diversité d’opinions et un débat contradictoire signe d’une respiration démocratique. Albert Mbida, rendant un vibrant hommage à Pius Njawé affirmait : « [il] m’a permis de réviser la position dogmatique que j’avais à cause d’une maladie congénitale de la famille de la communication camerounaise ; maladie en forme de néologisme qu’on appelle : la diplomite […] Il a contribué, à sa manière, à faire avancer la liberté de la presse, à animer le paysage politico médiatique national, à faire asseoir la démocratie camerounaise et à attirer l’attention de l’opinion et du gouvernement sur certains dysfonctionnements préjudiciables à la bonne marche du pays. » (5)

Plus fondamentalement, comme nous le soulignions dans un article précédent (6), la liberté de la presse est un vecteur de démocratisation en Afrique. La concomitance entre l’avènement de la presse privée de masse et la relative liberté d’expression n’est pas fortuite. Des petits « Watergate » sont monnaie courants. Pour s’en convaincre, il suffit de s’arrêter un instant sur le rôle de la presse camerounaise dans l’Opération épervier « menée contre les gestionnaires indélicats de la fortune publique ». On peut également citer l’action d’investigation de la presse congolaise, sénégalaise et ivoirienne. Celles-ci mènent une chasse sans merci à la corruption dans le secteur des travaux publics et de la production cacaoyère. En ce début de siècle, la presse privée s’affiche clairement comme le garant d’un droit fondamental à l’information, qu’il convient d’exercer en toute liberté et indépendance.

Les dérives

Il ne viendrait à l’esprit de personne de passer sous silence les multiples vices et dangers que représente la presse privée en Afrique. Nous ne saurons nier les dérives et le manque de professionnalisme de certains journalistes. Personne encore, ne songerait à dire que les journalistes sont au-dessus des lois. Les risques de manipulation, de diffamation, de voyeurisme sont grands. A ce sujet le doyen Jean Rivéro disait déjà  : le journaliste ne doit pas se « retrancher derrière le droit à l’information pour étendre au maximum ses curiosités » (7). En effet, il est toujours bon de rappeler que la liberté d’expression s’accompagne toujours de la responsabilité.

Cependant, plaidons avec Cyrille Ekwalla, pour que « l’information soit « libérée » et ainsi les récriminations (souvent justifiées) à l’égard de certains journalistes, parmi lesquelles la responsabilité et le respect de la déontologie ne sont pas les valeurs les plus partagées, diminueront. La corporation s’assainira d’elle-même et les brebis galeuses qu’on y retrouve (beaucoup moins que dans plusieurs autres catégories, dont principalement le milieu politique) seront marginalisées ». (8)

Un hommage appuyé

Cet article est au fond un hommage rendu à cette presse africaine (non officielle) qui contre vents et marées et en dépit de la modicité de ces ressources se bat continuellement pour empêcher la société de tourner en rond et mettre en demeure la pensée unique et ses thuriféraires. C’est un témoignage distingué à cette presse qui ne cesse de dénoncer les tares qui anesthésient le développement du continent africain et freinent les aspirations profondes et légitimes des peuples africains à un nouveau contrat social, et ce 50 ans après les « indépendances ».

C’est aussi un plaidoyer pour la défense de la liberté de la presse au moment où on observe avec inquiétude la recrudescence d’actes d’intimidation, de répression ainsi qu’un appétit vorace pour les méthodes de musèlement de la presse digne de l’époque soviétique. (9)

La presse privée africaine a été au rendez-vous des avancées démocratiques et sociales sur le continent. Il est souhaitable qu’elle demeure engagée dans ce combat. Comme le dit si bien le doyen Maurice Kamto : « elle doit [continuer] à former et informer l’opinion publique [car] elle impulse et consolide le débat, la transparence, et la tolérance qui forment la pierre angulaire de la démocratie » (10) et de la justice sociale. Il faut en définitive se rendre à l’évidence que : « Bien informés les hommes sont des citoyens ; mal informés ils deviennent des sujets » (11)

Christian DJOKO

(Expert en droit de l’homme et action humanitaire/ étudiant Erasmus Mundus)

(1) Journaliste Camerounais fondateur du quotidien Le Messager, mort récemment dans un tragique accident de voiture aux USA.

(2) Le quotidien gouvernemental Cameroon Tribune étudié sur une année consacre 11 pages sur 32 aux activités du RDPC, parti du Président de la République ou des partis dits de la majorité présidentielle. ( Cf. FOUDA Vincent Sosthène, Les médias face à la construction de l’État-Nation en Afrique noire : un défi quotidien pour le Cameroun, tome 1, Paris, L’Harmattan, 2004.)

(3) En Afrique en 2008, 3 journalistes ont été tués, 263 arrêtés, 117 menacés ou agressés, 41 médias censurés, 9 enlevés. Voir http://fr.rsf.org/liberte-de-la-presse-l-annee-2008-30-12-2008,29793 (Consulté le « 22 Avril 2010).

(4) L’expression serait de Charles Ateba Yene. Il s’agit d’un terme pour décrire les promotions sociales obtenues grâces à des pratiques occultes et sexuelles.

(5) http://www.cameroon-info.net/stories/0,27083,@,albert-mbida-je-n-etais-pas-le-seul-a-reflechir-par-sept-fois-avant-d-attaquer-p.html (Consulté le 09 août 2010).

(6) http://www.lemessager.net/2010/05/liberte-d%E2%80%99expression-droit-a-l%E2%80%99information-et-dignite-humaine-au-cameroun-reflexion-autour-du-deces-du-journaliste-ngota-ngota-germain-cyrille/

(7) http://cameroon-info.net/stories/0,26539,@,chronique-journalisme-en-danger.html (consulté le 24 avril 2010)

(8) Les libertés politiques,T.II, le régime des principales libertés, Paris, PUF, coll « Thémis », 1990, p.381.

(9) Depuis la création de son journal en 1995, le journaliste William Tonet, directeur du bihebdomadaire indépendant Folha 8 (F8) subit de fortes pressions de la part des autorités angolaises. Celles-ci lui reprochent plusieurs articles très critique à l’égard du régime en place. Le 9 mai 2009, alors qu’il se rendait en Namibie, il se voit signifier par les agents de la police des migrations une interdiction de sortir du territoire. Dans la foulée, son passeport sera également confisqué.

Il y a aussi le cas Jullson Eninga (directeur de publication du quotidien Le Journal) libéré le 6 septembre dernier. Il était en effet incarcéré depuis 5mois pour « trahison ». Accusation rejetée par le tribunal de grande instance de Kinshasa, qui a estimé que cette infraction n’était pas établie ni en droit ni en fait.

Dans le même registre, on peut citer le maintien en détention provisoire du journaliste burundais Jean-Claude Kavumbagu, directeur du journal en ligne Net Press. L’assassinat, le 5 septembre 2010, d’Alberto Tchakussanga, animateur en langue umbundu à Radio Despertar, une station privée née des accords de paix entre le pouvoir et l’Union Nationale pour l’Indépendance Totale de l’Angola (UNITA).

Selon Reporters Sans Frontières, il y a actuellement (2010) une cinquantaine de journalistes emprisonnés pour la seule région Afrique. Cf. http://fr.rsf.org/barometre-de-la-liberte-de-la-presse-journalistes-emprisonnes.html?annee=2010 (Consulté le 3 septembre 2010).

(10) Droit de la presse au Cameroun (Etude comparative et prospective), Yaoundé, Fondation Friedrich Ebert, 1993, p.3

(11) Alfred Sauvy.

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