RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Quand acheter bon marché nous revient cher

Trois, deux, un, zéro. Les soldes sont déjà là . Promotions, réductions, % d’épargne…occupent les vitrines des magasins et des centres commerciaux. C’est le moment d’acheter et d’acheter à bon prix. Mais ce que nous achetons est-il réellement aussi bon marché ? Que se cache derrière ces vêtements et ces appareils électroniques ? Qui sont les gagnants et les perdants avec nos achats ? En réalité, ce qui semble bon marché revient souvent très cher.

Mango, Zara, H&M, Bershka, Pull&Bear, Stradivarius, Gap, Oysho… nous disent offrir, et c’est encore plus le cas en période de soldes, des prix bas. Ce qu’ils ne nous disent pas, et qui se cache derrière une étiquette made in China, Bangladesh ou Maroc, c’est comment ils obtiennent de tels prix. La délocalisation industrielle est la clé : produire en payant le coût le plus minimum possible pour la main d’oeuvre et, par conséquent, en violant les droits humains et les droits les plus élémentaires des travailleurs. Ainsi l’expliquent et le documentent de manière exhaustive plusieurs rapports de la Campagne Vêtements Propres. Des pratiques qui, il est vrai, ne sont pas très différentes des grandes marques qui vendent des produits un peu plus chers ou de haute gamme. La logique est la même. Derrière le « glamour » ou le « luxe » se cache la sueur de travailleurs mal payés.

Le rapport « La mode espagnole à Tanger : travail et survie des ouvrières de la confection », de la Campagne Vêtement Propre de Setem, est l’une des nombreuses enquêtes qui l’énonce noir sur blanc. Le rapport analyse la situation des travailleuses dans les ateliers textiles de Tanger qui fournissent d’importantes firmes internationales. Il met en lumière les conditions de travail dans ces centres de confection marocains : des journées de travail qui vont jusqu’à 12 heure par jour, six jours par semaine et avec un salaire qui ne dépasse pas les 200 euros par mois - et qui parfois peut même être inférieur à 100 euros mensuels - ; l’arbitraire à l’embauche et au licenciement ; les obstacles à l’organisation syndicale, etc. Une situation extrapolable à de nombreux autres pays. Ce n’est pas pour rien que la majeure partie de nos vêtements sont confectionnés en Asie, en Amérique centrale, en Europe de l’est ou en Afrique.

Mais ce ne sont pas seulement les travailleurs des centres de productions qui en sortent perdant. Ici aussi les employés des centres commerciaux et des points de vente sont soumis à des conditions de travail précaires, flexibles, avec des difficultés pour s’organiser syndicalement. La pression pour obtenir des coûts les plus bas possibles retombe ainsi également sur eux. Les responsables du chômage et de la précarité au Nord ne sont pas les travailleurs des pays du Sud, mais bien les élites économiques et patronales qui cherchent à faire du profit avec nos vies, tant ici qu’à l’autre bout de la planète.

C’est ainsi que, selon la revue Forbes, Amancio Ortega, propiétaire de Inditex, et qui a sous sa coupe des marques telles que Zara, Bershka, Pull&Bear, Stradivarius, Oysho, Massimo Dutti, est devenu en 2012 le troisième homme le plus riche du monde malgré - ou plutôt grâce selon le point de vue - la crise économique.

Et le même schéma se répète dans la production, la distribution et la vente d’électroménagers, de produits informatiques et même pour la nourriture. Cette minorité ne profite pas seulement de conditions de travail précaires ou inexistantes, mais aussi de législations environnementales extrêmement faibles. Ainsi, le système de production actuel de biens de consommation dévore et exploite des ressources naturelles limitées, il rend malade ou empoisonne des travailleurs et des communautés et pollue là où nos yeux ne peuvent voir. Le tout, évidement, à zéro coût.

Et ils nous disent ensuite que nous pouvons acheter à bon prix ! Et que les soldes sont le meilleur exemple de cette pratique. Mais ce que nous achetons est-il tellement bon marché ? Le modèle actuel de production et de consommation comprend une série de coûts occultes que nous finissons tous par subir. L’exploitation du travail, la précarité, les salaires de misère, les droits syndicaux faibles ou nuls… Que ce soit dans les pays du Sud ou au Nord, cela génère pauvreté, inégalités, faim, expulsions. Et c’est l’Etat qui doit gérer de telles situations et conflits, avec tout ce que cela implique en coûts sociaux et économiques.

La même chose se produit avec les entreprises qui polluent et qui exploitent sans contrôle ni limite les ressources naturelles, qui provoquent avec leurs pratiques le changement climatique et la destruction environnementale. Qui paye pour une production fragmentée, délocalisée et kilométrique, accro au pétrole et génératrice de gaz à effet de serre ? Qui paye pour les communautés déplacées, les travailleurs malades et les territoires rendus inhabitables ? Qui assume les conséquences d’un modèle agricole et alimentaire qui détruit l’agrodiversité, la paysannerie et nous rend dépendants de la malbouffe ? C’est nous. Pour les entreprises, c’est gratis. Il s’agit des coûts invisibles liés à des pratiques abusives que personne n’est supposé assumer. La dure réalité nous démontre, au contraire, que c’est la société qui paye la note. Et cher.

Le plus scandaleux de tout cela c’est que, pour mener à bien ces pratiques, les multinationales comptent sur le soutien actif de ceux qui sont présents dans les institutions et qui élaborent les politiques économiques, sociales, écologiques, du travail… au service des intérêts des premières. Comme on l’a répété à plusieurs reprises dans les rues, nous vivons dans une démocratie séquestrée. Et bien qu’ils nous disent jusqu’à la nausée qu’en « achetant bon marché on y gagne tous », la réalité est toute autre : le bon marché coûte cher. Et au final, c’est nous, la majorité, qui payons la facture.

Esther Vivas

*Article publié dans « Público », 09/01/2013.

**Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera. http://www.avanti4.be/actualite/article/quand-acheter-bon

+info : http://esthervivas.com/francais/

URL de cet article 18954
  

Guide du Paris rebelle
Ignacio RAMONET, Ramon CHAO
Mot de l’éditeur Organisé par arrondissement - chacun d’eux précédé d’un plan -, ce guide est une invitation à la découverte de personnages célèbres ou anonymes, français ou étrangers, que l’on peut qualifier de rebelles, tant par leur art, leur engagement social ou encore leur choix de vie. Depuis la Révolution française, Paris est la scène des manifestations populaires, des insurrections et des émeutes collectives. Toutes ayant eu un écho universel : la révolution de 1830, celle de 1848, la Commune, les (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

A force de tout voir on finit par tout supporter...
A force de tout supporter on finit par tout tolérer...
A force de tout tolérer on finit par tout accepter...
A force de tout accepter on finit par tout approuver.

Saint Augustin

La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.