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Syrie : La France Asservie…

Général Henri Gouraud, le «  Saigneur » de la Syrie (1919 - 1923)

«  Saladin ! Réveille-toi ! Nous sommes revenus ! »

C’est en ces termes que le général Henri Gouraud, corseté dans sa morgue, essuyant la semelle de ses bottes sur la tombe de Saladin, lance ce défi lors de son entrée à Damas en 1919 à la tête du corps expéditionnaire français. (1)

La Diplomatie de l’Histrion 

Posture histrionique tristement célèbre dans la région, évidemment totalement occultée en France, depuis nos livres scolaires jusqu’aux travaux académiques. (2) Ce représentant de la France était chargé d’assurer le mandat confié à notre pays par la SDN, ancêtre de l’ONU, sur la "Grande Syrie". Dans le cadre du partage, entre "vainqueurs de la Grande Guerre", des nations et richesses antérieurement sous tutelle ou administration de l’Empire Ottoman. Qui avait eu le tort de s’allier à l’Allemagne pendant la première guerre mondiale.

Saladin, Homme d’Etat hors du commun, organisateur méthodique, fulgurant stratège. Chevaleresque dans l’action, mais implacable face à la lâcheté. D’une immense générosité, mais intraitable à l’encontre des voleurs, corrompus et assassins. Le libérateur de Jérusalem, au XII° siècle. Après en avoir chassé la soldatesque européenne qui prétendait s’être installée en Palestine pour «  libérer le tombeau du Christ », au grand désespoir des chrétiens d’Orient qui n’en avaient nul besoin…

C’était au Moyen-Age. Les Croisades. Le Vatican, l’OTAN de l’époque, avait pris l’habitude d’envoyer par vagues successives les armées de tous les pays d’Europe au Moyen-Orient, pour y piller, rançonner, spolier, s’y tailler fiefs, royaumes et colonies, sous les prétextes les plus vertueux et sanctificateurs. L’essentiel étant qu’en Europe ils ne se fassent pas la guerre.

Certainement, à armes égales, face à un Saladin vivant, qui écrasa l’armée des "croisés" à la bataille de Hattin (4 juillet 1187), le général Gouraud n’aurait rien perdu de son abyssale imbécillité, mais beaucoup de son arrogance…

Rien d’étonnant dans cette gesticulation, aussi stupide que grotesque, d’un général se considérant en pays conquis. Archétype des traîneurs de sabre, ganaches analphabètes de l’Histoire, générés, dégénérés devrait-on dire, régulièrement par des armées. Non pas "nationales", au service du peuple, garantes de la souveraineté d’une nation. Mais, dans le dévoiement de leur vocation initiale, devenues des instruments au service d’intérêts privés bâtissant leurs rapides et colossales fortunes sur le mensonge des fausses valeurs, pour mieux dissimuler la réelle finalité de leurs objectifs : la spoliation des peuples et nations. Dans le temps, on osait parler du «  parti colonial »…

A longueur de guerres coloniales surarmées, massacrant peuples sans défense, terrorisant populations innocentes, ce général était devenu mégalomaniaque comme beaucoup de ses pairs. A vaincre sans péril, on triomphe idiot. Boursouflé de l’indécrottable «  habitus colonial » de notre inconscient collectif. Parmi ses faits d’armes : la sanglante répression, en 1912 au Maroc, du soulèvement de la ville de Fès contre le protectorat français.

Les allemands, qui n’étaient pas en reste sur ce plan, le surnommaient «  einarmiger Draufgänger », le «  manchot cinglé » (il avait perdu son bras droit aux Dardanelles, suite à une gangrène mal soignée). (3) Stupéfaits de le voir, jour après jour, multiplier les vagues d’assaut suicidaires des soldats français, placés sous son commandement, contre leurs rideaux de barbelés et de mitrailleuses sur le front français.

Se croyant au temps des croisades, formaté par les bains de sang des guerres coloniales et les tueries des combats de tranchées, le général Henri Gouraud devint ainsi le «  Saigneur » de la Syrie, lors de son "proconsulat" de 1919 à 1923. Un des artisans les plus furieux du dépeçage de la Syrie : le plus gros morceau arraché étant le Liban et la Transjordanie. Dans les massacres, tortures, humiliations ; villages rasés, montagnes incendiées, charniers à profusion (4). Chars, aviation, bombardements navals. Toute la panoplie mortifère, dans le contentement de soi. Avec pour vecteur idéologique en guise de vision : un racisme anti-arabe, islamophobe, poussé à son paroxysme.

Inaugurant une trentaine d’années d’occupation française, l’implacable application de La Loi du Plus Fort, dans la sauvagerie d’une colonisation méprisante face au Peuple Syrien qui jamais ne l’accepta. Révoltes multiples, répressions sauvages. C’est ainsi qu’en 1945, le lendemain de l’armistice de la 2° guerre mondiale, la France tirait encore au canon sur la population de Damas :

«  Le 29 mai 1945, après dix jours de manifestations ininterrompues, les Français, sous l’ordre du général Oliva-Roget bombardent Damas pendant 36 heures d’affilée. Les morts et les blessés se comptent par centaines. Une partie de la ville est détruite par ce bombardement dont le parlement syrien. » (5)

Il est vrai que l’encre à peine séchée de l’armistice du 8 mai 1945 avec l’Allemagne, la France tout juste libérée, nos Gouraud de l’époque couraient, fusaient dans tous les sens, pour «  reprendre en main notre empire colonial » qui montrait quelques velléités d’indépendance. Ce furent des semaines et des mois d’atrocités depuis l’Indochine jusqu’au Cameroun, avec les sommets de l’horreur dans les tueries à Sétif en Algérie et à Madagascar. Des massacres de populations par dizaines de milliers. (6)

Le Peuple Syrien ne put échapper à cette folie répressive. Mais, quelle que soit son appartenance ethnique et religieuse, il a toujours résisté. La France ne l’a jamais supporté.

Et, cela continue …

L’équipée de notre ambassadeur en Syrie ces jours derniers, accompagnant l’ambassadeur américain dans la ville de Hama, pour "soutenir les manifestants contre le régime" me rappelle par son mépris affiché des devoirs et usages de la diplomatie, sans parler des lois élémentaires de l’hospitalité, la pantalonnade du général Gouraud. Sauf que la France de l’époque nourrissait la prétention d’élargir son "empire"…

Qu’importe ?... 

Imaginons un instant en France, l’ambassadeur du Brésil accompagné de l’ambassadeur de Chine allant soutenir des manifestants à Marseille, par exemple. Leur voiture blindée escortée de nervis et casseurs, les poches bourrées de cash et d’armes fournis par leurs services. Ce serait vécu comme une ingérence dans les affaires intérieures de notre pays, fomentant une sédition armée, une guerre civile. Chacun de ces diplomates serait immédiatement déclaré «  persona non grata », et vigoureusement expulsé dans la foulée. Avec en prime, des représailles sous une forme ou une autre…

Les Syriens ont réagi. Venant en masse jeter souliers et cailloux sur la façade des ambassades française et américaine. La propagande occidentale, véhiculée par les médias de la désinformation, parle «  d’attaque » ; l’ONU allant jusqu’à «  condamner les attaques contre les ambassades américaine et française en Syrie » :

«  Des partisans du régime syrien ont attaqué lundi, pour la deuxième fois en trois jours, les ambassades américaine et française afin de protester contre la visite, à la fin de la semaine dernière, des ambassadeurs américain et français dans la ville rebelle de Hama (centre), théâtre de deux manifestations monstres contre le président Bachar Al-Assad ce mois-ci. » (7)

Relevons, au passage, les hyperboles de la propagande : «  … des partisans du régime syrien… », «  … ville rebelle … », «  … deux manifestations monstres contre le président… », etc.

Mensonger et ridicule.

Mais, «  Paris hausse le ton » clament les agences de presse…

Je comprends l’indignation de nos amis Syriens. Face à cette provocation coloniale, comme eux, j’aurais réquisitionné toutes les vieilles paires de chaussures de la famille pour les déverser sur les façades de ce qui s’apparente davantage à des tripots de comploteurs, des casernes de pompiers incendiaires, qu’à d’authentiques représentations diplomatiques.

Damas - manifestation d’union nationale contre les ingérences étrangères - 17 juillet 2011

Car, ce déplacement de diplomates accrédités dans le pays, cette "virée de voyous", sont en soi un aveu, une signature. Celle de l’immixtion, l’implication, l’intervention, des pays occidentaux dans la déstabilisation par la sédition armée et la guerre civile, méticuleusement et de longue date organisées, d’un pays souverain. Loin de soutenir un mouvement démocratique.

Mais, je ne suis pas Syrien. Je suis français, limité et contraint, rageusement triste, à constater, une fois encore, l’état de la diplomatie de mon pays : en lambeaux. De la Chine au Mexique, de Cuba à l’Iran, en passant par pays arabes et africains, nos diplomates se comportent en crétins et freluquets.

Notre pays, notre diplomatie, nos forces armées, ravalés aujourd’hui à un rôle d’auxiliaire, de supplétif, au service d’intérêts étrangers. Exécutant ordres et instructions à la lettre, à la virgule, d’une politique extérieure élaborée dans les officines de l’Empire Washingtonien. Tels "nos ancêtres les gaulois", fournissant richesses et escadrons de cavalerie gauloise à l’Empire Romain.

Obséquiosité zélée à l’égard d’un suzerain, servitude assumée… (8)

Bien sûr, se donner Bonne Conscience pour justifier sa participation à de basses oeuvres est primordial. Tous nos médias et leurs affidés, les "jeteurs d’anathème patentés", ne cessent dans le martèlement d’une propagande stalinienne de diaboliser le «  régime syrien ». Les mêmes muets, dès lors qu’il s’agit de couvrir exactions, corruptions, des pires dictatures "pétromonarchiques" dans la région. Ou des crimes répétés contre le Peuple Palestinien.

Oubliant, tout aussi consciencieusement, les régimes tyranniques en Afrique protégés ou installés par nos forces armées, comme on l’a vu récemment en Côte d’Ivoire. Dissimulant les dynasties autocratiques, sinistrement burlesques et héréditaires de père en fils, des Bongo au Gabon ou des Eyadema au Togo, sur fond d’élections truquées. Il y aurait tant d’autres exemples… 

Pour ceux qui voudraient sortir la tête du goudron de la désinformation déversée par nos ’journalistes d’investigation-décrypteurs de l’information’, ’experts-charlatans’, "politiciens vendus", et autres polichinelles, sur la Syrie, je leur propose un livre fondamental :

"Quand la Syrie s’éveillera…", de Richard Labévière et Talal El-Atrache. (9)

Publié cette année, agréable surprise tant le niveau de qualité de la production d’études géopolitiques françaises sur ce pays et sa région est traditionnellement "nul", il présente l’avantage d’avoir été rédigé par deux véritables «  connaisseurs » de la Syrie. Précisons que Talal El-Atrache est l’arrière petit-fils de Sultan Talal El Atrache, l’un des prestigieux chefs de la «  grande révolte Syrienne » (1925-1927) contre l’occupation française.

Ouvrage remarquable par la pertinence de ses analyses, sans complaisance à l’égard de chacun des acteurs, et la richesse de sa documentation : références, bibliographie, cartes réalisées par Hugues Dumont. Un régal d’intelligence : comprendre les enjeux actuels des luttes ouvertes et souterraines à partir d’un contexte historique sciemment masqué, enfoui, par la propagande de l’Occident. Percevoir l’extraordinaire héroïsme du Peuple Syrien face aux entreprises impériales permanentes souhaitant sa mise sous tutelle, son éclatement en une mosaïque d’ethnies en guerre permanente.

Caramel sur la chantilly, il bénéficie d’une décapante préface d’Alain Cholet, ancien directeur du "Service de Renseignement de la Sécurité - chargé de la lutte antiterroriste, de la contre-criminalité et du contre-espionnage à l’étranger" de la DGSE (10).

Oui. Il arrive que, dans les services secrets, des "responsables" ne se contentent pas des stéréotypes d’une propagande, des compulsions racistes ou idéologiques, lorsqu’ils analysent une situation, un continent, une région ou un pays. Exerçant ce "mix" indispensable : connaissance, expérience et, surtout, honnêteté intellectuelle.

C’est avec une lassitude amusée qu’Alain Cholet résume les inusables clichés "diabolisateurs" de la propagande atlantiste à l’encontre de ce pays :

«  … la Syrie est régulièrement présentée par les médias occidentaux, en particulier français, comme une sorte de dictature ubuesque sur le modèle de la Corée du Nord avec laquelle elle partage d’ailleurs le douteux privilège d’être classée dans "l’Axe du Mal" par l’administration américaine.

Toujours selon ces mêmes médias, les dirigeants syriens cultiveraient la volonté obsessionnelle de maintenir leur population sous une chape de plomb, de rayer Israël de la carte, d’annexer le fragile Liban, de se doter d’armes de destruction massive y compris nucléaires, de soutenir toutes les entreprises terroristes, d’entretenir un désordre permanent dans l’ensemble du Moyen-Orient et d’être le dernier obstacle de la paix dans la région. » (11)

Comment lutter contre le confort intellectuel d’une propagande qui vous assure, flattant votre narcissisme, que susciter, organiser, financer, armer, la guerre civile dans un pays, est un acte hautement civilisateur engendrant, sur ses morts et décombres, les délices paradisiaques de ’La Démocratie’ ?... Piqure d’anesthésie des aventures coloniales, imparable : se ’shooter’ à la Bonne Conscience…

Les grands inquisiteurs, dans leurs prêches hystériques, ont lancé l’anathème : le «  régime syrien » est une des incarnations du Diable sur cette planète !... L’excommunication pour satanisme étant édictée, il ne reste plus qu’à brûler le pays médiatiquement et l’écarteler, le démembrer, en morceaux sous les bombes de l’OTAN, avec la bénédiction déculpabilisante des résolutions de l’ONU…

Place des Omeyyades à Damas - immense manifestation du Peuple Syrien contre les ingérences étrangères - 17 juillet 2011

Alors, qu’importe que la Syrie ait accueilli à bras ouvert de multiples populations au cours de sa longue histoire ?... Les juifs chassés d’Espagne par les chrétiens au XV° siècle et ceux chassés par les pogroms tsaristes au XIX° siècle. Les 500.000 réfugiés Palestiniens subissant la spoliation de leur terre et les nettoyages ethniques récurrents depuis la Nakba en 1948 jusqu’à nos jours, avec ses villages détruits par centaines, ses oliviers rasés par milliers. Les 2 millions de réfugiés Irakiens, suite à la destruction méthodique de leur pays par l’Empire et ses vassaux…(12)

Qu’importe qu’une partie de son territoire, le Golan, soit toujours occupé malgré les résolutions de l’ONU et les engagements internationaux ? Qu’importe qu’il soit régulièrement survolé et même bombardé par avions et navires de l’Occident ?

Qu’importe que lui soient imposés «  sanctions » et «  embargos » aussi illégaux qu’injustes par l’Empire et ses vassaux, entravant le pays dans le financement de son commerce extérieur et intérieur, son transport aérien et maritime, son système bancaire, la légalisation d’un marché des devises, encourageant ainsi contrebande, corruption et marché des changes parallèle ?... (13)

Qu’importe, malgré ces obstacles permanents, le peu de ressources naturelles par rapport à ses voisins de la région, le poids des réfugiés de toutes nationalités représentant 15% de sa population, que la Syrie connaisse un taux de croissance moyen de 5% par an, avec une dette extérieure de 8% du PNB (un des moins endetté au monde), des investissements multipliés par 12 depuis 2001, des exportations doublées depuis 2000… (14).

Qu’importe qu’en Syrie il y ait, depuis une quinzaine d’années, une évolution politique inconnue chez une dizaine de pays "alliés" de l’Occident dans la région :

«  … un parlement élu où siègent les représentants de différents partis politiques, dont un parti communiste … les femmes disposent dans les institutions syriennes des mêmes droits que les hommes… le gouvernement […] compte en son sein plusieurs femmes à des postes majeurs… les élections […] ne se différencient guère des pratiques électorales du Maroc ou de la Jordanie pourtant présentés comme des modèles de démocratie en marche… » ? (15)

Qu’importe que la Syrie ait été diffamée pendant des mois par La Communauté Internationale et ses instruments de propagande, sous l’égide de l’ONU, au prétexte qu’elle aurait organisé l’attentat contre le premier ministre libanais Hariri ? Pour reconnaître ensuite que ce n’était pas le cas… Sans regret, excuses, ni sanctions à l’encontre les diffamateurs et leurs relais…

Qu’importe que dans le contexte de tensions, de menaces, et d’agressions incessantes qu’il subit, le pays se soit organisé en gouvernement d’union nationale, qu’il tienne à son droit à l’autodétermination, au respect de sa souveraineté nationale ?

Le Saut du Cabri 

Pourquoi cet acharnement de l’Occident contre la Syrie ?...

Très simple à comprendre : le Moyen-Orient doit être morcelé en micro-Etats "ethnico-confessionnels" sous tutelle israélienne. Plan géostratégique exposé, détaillé, en particulier, par Oded Yinon dans la revue Kivunim (Orientations) publiée par l’Organisation Sioniste Mondiale à Jérusalem, le 14 février 1982. Trente ans déjà …

Avec l’objectif clairement affirmé, revendiqué, dans la légitimité et l’impunité de son bellicisme :

«  L’éclatement de la Syrie et de l’Irak en régions déterminées sur la base de critères ethniques ou religieux doit être, à long terme, un but prioritaire pour Israël, la première étape étant la destruction de la puissance militaire de ces Etats ». (16)

Meilleur moyen ?... Devenu à présent un classique : l’intervention de l’OTAN sous couvert de sauvetage humanitaire dans une guerre civile. En agissant sur deux plans :

1. Créer les conditions réelles, ou même apparentes, d’un conflit entre groupes ethniques, religieux, qualifiés «  d’opposants au régime ».

Dans le cas de la Syrie, ce ne sont pas des manifestations similaires à celles de Tunisie ou d’Egypte qui ont surgi, pacifiques, toutes tranches d’âge et de conditions sociales réunies sur des places publiques pour manifester dans une ambiance festive et solidaire. Mais de véritables raids de commandos parfaitement organisés avec des snipers équipés de fusils à longue portée. (17) Opérations coups de poing se déroulant, par rotation, de la frontière jordanienne à la frontière turque. Beaucoup de militaires et de policiers ont été ainsi tués et des administrations publiques brûlées. Les morts étant systématiquement attribués au «  régime » à renverser.

Deux opérations d’envergure ont retenu l’attention par leur mode opératoire, démontrant une puissante organisation logistique avec l’apport d’éléments infiltrés, couplée à une mise en scène de la désinformation médiatique immédiatement diffusée à l’échelon des pays membres de l’OTAN :

=> Le mitraillage de nuit d’un convoi militaire (simples camions bâchés), sur l’autoroute côtière de Lattaquié, par un commando débarqué puis exfiltré à partir de la mer. Probablement par un sous-marin. La propagande occidentale faisant état, plusieurs jours de suite, d’exécutions sommaires de militaires par des «  policiers fidèles au régime » du fait qu’ils refusaient de tirer sur la foule. Le récit des survivants et des blessés, officiers et soldats, n’a jamais été diffusé par nos médias. Leurs témoignages concordants font tous état d’une embuscade menée par des professionnels "hautement qualifiés"… 

=> L’attaque surprise et l’occupation de la localité de Jisr al-Choughour par des commandos puissamment armés et cagoulés. Massacrant tous les représentants de l’ordre, jetant les corps dans deux charniers. Incendiant les bâtiments publics. Terrorisant la population, entraînant de force plusieurs dizaines d’habitants, avec leurs enfants, de l’autre côté de la frontière turque. Afin de simuler l’exode de «  milliers » de syriens «  fuyant la répression du régime », hébergés dans des tentes, devant des caméras de TV de la propagande. Désinformation complaisamment relayée par nos médias, faisant état d’au moins 10.000 réfugiés, etc.

Les 198 habitants enlevés ont tous pu retourner en Syrie, le 18 juillet dernier, libérés par le commando une fois l’opération d’intox terminée et dans la crainte d’une opération militaire turque. Les tueurs s’exfiltrant par la partie turque du Kurdistan.

2. La «  diabolisation du régime » par une désinformation qui atteint une dimension délirante, rappelant la période précédant l’invasion de l’Irak par l’Occident. Nombreux sont ceux qui ont compris et réagi devant ce cumul de contrevérités, prenant souvent des tournures rocambolesques. Comme celle de «  la lesbienne syrienne persécutée par le régime », qui était en fait un américain gérant cette opération mensongère depuis un site en Ecosse…

Le refrain principal, obsessionnel, de la propagande est ’le nombre de morts’, ne cessant d’augmenter dans une progression exponentielle. Il est frappant de voir les médias énoncer des morts par ville et village, mais être incapables d’établir le nombre des victimes des bombardements et tueries effectués par les membres et associés de l’OTAN en Irak, en Afghanistan, à Gaza, au Liban ou ailleurs.

Avec d’autant plus d’aisance que les sources sont invérifiables, se reprenant en boule de neige, d’une agence à l’autre, d’un média à l’autre, se citant les uns les autres à partir d’un courant d’air. Dans l’inflation. Officiellement, les "sources" seraient : des organisations humanitaires sans préciser lesquelles, des particuliers «  sous réserve d’anonymat », des comités de coordination régionale inconnus, des groupes de l’opposition… Toute une faune, aussi bigarrée que fantomatique. Le principe est simple : tout mort, se multipliant comme des petits pains, est le fait des «  partisans du régime ».

Dans cette arnaque à l’information, sur le fond et la forme, prenons au hasard un exemple caricatural des multiples dépêches d’agence : celle de l’agence Reuters du 19 juillet 2011, qui précise que 10 personnes ont été tuées à Homs. (18)

Quelle sont les sources de l’agence de presse ? Un «  comité de coordination régionale », nous n’en saurons pas plus. Les responsables de ces morts ? Même pas les ’forces de l’ordre’, ou les ’policiers du régime’. Non, on passe à un degré supérieur dans la personnalisation de la diabolisation : ce sont «  les partisans du président syrien »… Donnant ainsi le titre de la dépêche : Les partisans du président syrien tuent 10 personnes à Homs.

Les Syriens ont compris la manipulation par l’Occident de leurs souhaits et espoirs. Contrairement aux schémas de la propagande des membres de l’OTAN, ils aspirent à une évolution démocratique de leur pays, dans la prospérité et la paix. Mais, refusent l’ingérence étrangère. D’immenses manifestations, se sont déroulées dans les principales villes, notamment les 17 et 18 juillet 2011, pour signifier leur volonté d’indépendance nationale, leur droit à l’autodétermination. Bien sûr, aucun média de l’Empire n’en a fait état. Aucune image. Aucune vidéo… L’autocensure de nos médias…

Le rejet de l’intervention des puissances étrangères est clair : les Syriens ne veulent pas subir, comme l’Irak ou la Libye, un pseudo «  comité de transition » composé ’d’opposants bidons’ soi-disant en exil qu’ils considèrent comme d’authentiques «  collabos », figurant depuis des années sur les livres de paye des services secrets occidentaux. Pour les Syriens, l’évolution de leur pays viendra de l’expression populaire de l’intérieur, et non pas des «  vendus à l’étranger » camouflant les manoeuvres de l’Empire.

Evidemment, il ne s’agit pas de défendre un régime par rapport à d’autres. Ou ignorer absence d’alternances, emprises de la corruption chez les uns et pas chez les autres.

Qui ne souhaite pas «  La Démocratie », pour tous ? De Gaulle disait que la construction européenne ne consistait pas à «  … crier "l’Europe !", en sautant comme un cabri ». Il en est de même pour «  La Démocratie ». Une lente et permanente construction, avec ses avancées et ses régressions, en Syrie ou ailleurs, comme chez nous.

Notre diplomatie doit-elle continuer à hystériser, s’impliquer dans une politique extérieure imposée par des Etats étrangers, réputés être des «  alliés », fondée sur l’agression et l’arrogance, contraire aux valeurs que nous prétendons représenter, et à nos propres intérêts ?

 Sachant que les prétentions de l’Occident, au Moyen-Orient, ne résisteront pas au Temps. Malgré la violence de son idéologie conquérante dissimulée sous le masque démocratique ou humanitaire pour anesthésier son opinion publique, sa propagande hallucinée de mensonges permanents, l’utilisation de sa force militaire jointe à la menace de son arsenal nucléaire. Ses implantations coloniales directes ou indirectes, ne pourront s’opposer à l’évolution et aux réalités de l’Histoire. Encore moins, celles fondées sur l’imposition d’un apartheid organisé selon des discriminations religieuses. L’effondrement des royaumes francs ou latins, imposés par les Croisades, en témoigne.

Notre diplomatie n’est pas un vecteur d’idéologie à la disposition servile d’intérêts étrangers au destin de notre pays, mais un outil d’analyse géopolitique, de compréhension, de résolution, et non pas de création, des tensions et conflits. Proposant respect mutuel, conciliation, dialogue, et coopération pour enrayer radicalisation et surenchère.

La paix, lorsqu’on la souhaite véritablement, nait de la coopération économique et culturelle. Non pas du mépris, de la menace, de la diabolisation, de l’agression. Surtout au Moyen-Orient, le plus grand foyer actuel de tensions et de risques de guerre mondiale.

C’est une action d’apaisement, de désarmement atomique, d’incitation au respect du droit international qui doit être encouragée. Une action d’incitation à l’application des multiples résolutions de l’ONU non encore mises en oeuvre à ce jour, notamment en Palestine. Certaines depuis plus d’un demi-siècle.

Paroles et actions de Paix, avant tout. Telles devraient être les priorités de la politique étrangère de la France.

Mais, qu’importe ?...

Comme ils viennent de le faire pour la Libye. Dans l’euphorie de la veulerie pour ne pas changer, les "représentants du Peuple Français" à qui ils ne demanderont surtout pas son avis, dans un vibrant élan pour «  la promotion de La Démocratie - la défense de notre civilisation et de nos libertés… » nos députés voteront la guerre coloniale contre la Syrie.

Qui ne nous a rien fait. Ni, menacés. Ni, provoqués.

Et, nos Gouraud d’aujourd’hui astiqueront frénétiquement leurs bottes, devant TV et imprécateurs de la propagande, rêvant d’en essuyer les semelles sur la tombe de Saladin.

La France asservie…                                       

Georges STANECHY

(1) Richard Labévière, Talal El-Atrache, préface d’Alain Cholet, cartes réalisées par Hugues Dumont, Quand La Syrie s’éveillera…, Editions Perrin, 2011, p. 39.

(2) Général Henri Gouraud (1867 - 1946). Amusons-nous de constater que dans Wikipedia son rôle au Moyen-Orient se limite à 3 lignes, avec la mention sirupeuse : «  Gouraud débarque à Beyrouth en 1919 ; il y reçoit un accueil chaleureux ». L’inoxydable désinformation …

(3) Julie d’Andurain, Le général Gouraud durant la grande Guerre, http://crid1418.org/doc/textes/gouraud_dandurain.pdf, (note 10).

(4) Lire le témoignage d’une française sur ces pratiques, Alice Poulleau. Choquée par la sanguinaire répression des autorités d’occupation françaises, et sa mise en scène macabre, lors des massacres de Damas pendant la révolte syrienne de 1924-1926.

Extrait de son livre : Damas sous les bombes. Journal d’une Française pendant la révolte syrienne (1924-1926), in Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit. p. 44.

(5) http://fr.wikipedia.org/wiki/Syrie_mandataire

(6) L’omerta est assurée avec vigilance par nos historiens sur ces massacres de masse, d’une incroyable barbarie, programmés et gérés par notre appareil colonial à partir de mai 1945. Bien avant les tueries des guerres d’indépendance, on estime l’ensemble des populations civiles exterminées par la France dans ses "possessions coloniales" , sous l’appellation «  d’opérations de pacification » sur trois ans 1945 -1948, à plus de 300.000 personnes. L’équivalent des massacres de Nankin par les Japonais.

Rien qu’à Sétif et ses environs, plus de 50.000 personnes massacrées. A Madagascar (le summum en 1947), plus de 100.000 personnes assassinées par nos forces armées aidées des colons organisés en milices, suivant le même procédé opératoire. Une orgie de violences cauchemardesques.
(7) L’ONU condamne l’attaque des ambassades américaine et française en Syrie, Le Monde, 13 juillet 2011, http://www.lemonde.fr/proche-orient/article/2011/07/13/l-onu-condamne-l-attaque-des-ambassades-americaine-et-francaise-en-syrie_1548073_3218.html#ens_id=1481132

(8) Cf. publication en ligne du philosophe Manuel de Diéguez, "Les imbéciles n’apprennent que par l’expérience" (Voltaire), notamment § 3 : «  Guérit-on de l’esprit de servitude ? », 10 juillet 2011.

(9) Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit.

(10) Précision pour nos amis lecteurs non francophones utilisant la traduction automatique, DGSE : Direction Générale de la Sécurité Extérieure. Autrement dit, les services secrets français à vocation ’théâtre de renseignement et d’opération’ hors du territoire français.

(11) Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., préface d’Alain Cholet, p. 9 - 10.

(12) Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 28.
(13) Tout particulièrement, le Syrian Accountability Act voté par le Congrès américain en mai 2004, unilatéralement et en infraction au droit international, repris et appliqué servilement par les autres gouvernements occidentaux…
(14) Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 97-98.
(15) Alain Cholet, préface, Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 10.

(16) Quand La Syrie s’éveillera…, Op. Cit., p. 84.
(17) Dont des mercenaires, grassement rémunérés, issus des féroces milices chrétiennes du Liban à la solde des services secrets occidentaux qui se sont illustrées de longue date dans les massacres des Palestiniens, (notamment les camps de Sabra et Chatila lors de l’invasion du Liban par Israël), les dynamitages de mosquées et lieux de pèlerinage (chiites et sunnites) en Irak (oui, ces milices travaillent aussi à "l’export" …) pour créer les conditions d’une guerre civile à dominante religieuse, et autres opérations d’assassinat.

Maitrisant parfaitement les habitudes et dialectes locaux, bénéficiant de solides couvertures identitaires et d’un support technologie du plus haut niveau (télécommunications, en particulier), ces commandos et cellules de tueurs sont «  indétectables »…

(18) Agence Reuters, Les partisans du président syrien tuent 10 personnes à Homs , 19 juillet 2011.

COMMENTAIRES  

23/07/2011 16:42 par Drizzt

Je remercie sincèrement LGS, et d’autres sites, pour la qualité de leurs articles, on en sort toujours plus édifié, à l’exact opposé de l’écoute des médias dominants. Il n y a qu’a taper le mot clé "Syrie" sur Google Actu pour rigoler un bon coup !. L’impérialisme occidental a surement crée l’arme qui viendra à bout de lui-même : Internet.

Bonne continuation chers amis.

24/07/2011 05:45 par claude brozzoni

Article passionnant dont je partage les thèses dans une large mesure. Une remarque cependant : le fait que les puissances impérialistes combattent le régime Syrien ne doit pas conduire à le sanctifier et à déconsidérer la lutte des authentiques militants pour la liberté et la démocratie.

Cordialement,

24/07/2011 12:34 par Professeur Chems Eddine Chitour

@ Georges Stanechy

Je vous remercie sincèrement pour cette lucidité. Vous avez déconstruit la "mécanique coloniale et post coloniale". Nous autres au "Sud", sommes troublés par la perte de repères de la politique étrangère de la France et de sa politique arabe en particulier. La politique actuelle est faite, le pensons -nous d’un alignement inconditionnel qui fait que la France , en tentant de s’arrimer au vaiseau amiral américain perd son âme et originalité, et surtout sa parole légitime auprès des 350 millions d’Arabes ,qui voyaient en elle-depuis de Gaulle- une lucidité faite de pondération et de non aligment sur le plus fort.
Le dernier bon exemple a été le discours de de Villepin aux Nations Unies, la France s’est dressée contre l’aventure de Bush en Irak . On connait à présente les "bienfaits de la démocratie aéroportée" , plus d’un million de morts, une société et un pays atomisés . Il faudra du temps pour revenir au niveau de vie d’avant l’invasion. Les délégations éprises de paix à l’ONU ne s’y sont pas trompés , elles ont fait au représentant de la France une standing ovation...

Merci encore une fois

Pr.C.E. Chitour

24/07/2011 18:13 par Eric

100% d’accord avec votre analyse. la désinformation est totalement délirante. En France les médias-augardeà vous n’informent plus depuis belle lurette, ils font la guerre. Mais Al Jazeera....à ce titre des assoc syriennes ont porté plainte symboliquement contre la chaine. Et hier leurs caméras ont été prises à partie par des manifestants tunisiens. Cause à effet, sur leur plateau TV ils ont enfin invité un représentant syrien à debattre. Entre temps un train syrien avait déraillé suite à un sabotage près de Homs.
Pour avoir des informations sur ce qui se passe sur place, connectez vous sur Infosyrie http://www.infosyrie.fr/
Eric Colonna

24/07/2011 19:35 par Xuan

Pas d’accord : la France n’est pas victime, elle est agresseur et pleinement responsable de ses exactions.

L’impérialisme français poursuit des objectifs propres (si on peut dire) c’est-à -dire distinct de ceux des USA, notamment autour du projet d’Union pour la Méditerranée.
Leurs intérêts convergent mais ne sont pas identiques.

L’impérialisme français possède encore de nombreux intérêts en Afrique et au Moyen Orient et les voit menacés par l’émergence de l’Afrique, du Monde arabe et par la concurrence de la Chine dans cette région.

L’histoire du colonialisme français montre que cette unité s’est accompagnée de rivalités, par exemple lors de l’affaire de Suez, mais également lors des guerres d’Indochine et du Vietnam.
Lorsque De Gaulle s’est opposé à l’impérialisme US, peut-on dire que l’impérialisme français s’était alors assagi ? Non, cette opposition répondait alors à ses intérêts, au moment où se mettait en place la Françafrique.

Affirmer qu’aujourd’hui l’impérialisme français serait simplement aux ordres des USA est une erreur d’appréciation et une simplification abusive de ce qui constitue une communauté d’intérêts momentanée.
Car le fond du capitalisme et de l’impérialisme n’est pas l’unité mais la concurrence, la rivalité et finalement la guerre.
En particulier la politique monétaire des USA, directement liée à la dette US, est une sérieuse pomme de discorde entre la France et les USA.

En particulier le renouveau belliciste de cet impérialisme ne manifeste pas l’asservissement de la France à autrui mais sa volonté d’asservir d’autres nations pour son propre compte. Comment expliquer autrement son intervention armée en Côte d’Ivoire ?
Et pourquoi D. Cameron, traditionnellement allié aux Etats Unis, s’est-il tenu en retrait du plan d’agression de la Libye prévu par Sarkozy ?

Vous avez entièrement raison de dénoncer les appétits occidentaux et sionistes concernant la Syrie.
Mais la diplomatie française ne représente ni les intérêts du peuple français ni ceux d’une puissance étrangère, elle représente les intérêts de la bourgeoisie française bien de chez nous.

25/07/2011 09:27 par Free Movement Libya

Puisque vous parlez de la Syrie, il est vain de se cacher derrière l’histoire du mandat français pour faire diversion sur les crimes et massacres commis par la dictature syrienne contre des Syriens, mais aussi au Liban durant toutes les années de guerres entre factions libanaises.

Pendant que le monde etait focalisé en 1982, contre l’Etat d’Israel et les massacres de Sabra-et-Chatila, le pouvoir syrien de Hafez Al-Assad commettait le massacre dans la ville syrienne de Hama et le bilan est estimé entre 15000 et 25000 morts.

Ce qui est encore plus grave, il n’y a jamais eu ou pas encore la moindre enquête internationale sur ce massacre, la moindre condamnation à l’ONU vis à vis de ce qui est "le plus meurtrier acte isolé par un gouvernement arabe contre son propre peuple dans le Moyen-Orient moderne" et face aux "Révoltes Arabes" actuelles du Maghreb au Moyen-Orient, le pouvoir actuel tenu par l’héritier du clan Al-Assad pratique la même répression dans toute la Syrie, avec les mêmes arguments.

Sauf que le monde a changé depuis 1982, qu’il y a désormais un "syndrome Ben Ali" chez les dictateurs arabes mais surtout la révolte des Syriens est dans toutes les villes du pays et il y aura des soldats qui retourneront leurs armes contre les "donneurs d’ordre" de tirer dans la foule.

Nb : il est inutile de béatifier la personnalité historique de Saladin, qui était Kurde et pas Arabe, pour justifier les crimes de la dictature syrienne.

Ce n’est pas cohérent de dénoncer les "etats policiers" tout en faisant la promotion de la dictature syrienne, qui en est un parmi les pires.

25/07/2011 11:28 par Candido

Piste de réflexion à propos du Général Gouraud :

Combes Émile, Louis André et l’affaire des fiches

Les purges et les discriminations combiennes affectent l’administration et l’éducation ; elles affectent aussi l’armée. Officiellement depuis mai 1904, mais sans doute depuis plus longtemps, le général Louis André, de l’état-major du ministre de la guerre, faisait établir des fiches sur les opinions et la vie privée des officiers. Les délateurs portaient en marge : " va à la messe " ; " va à la messe avec un livre ", ou bien " a assisté à la communion de son fils ". Parfois cela se résumait à des abréviations : " VLM " pour " Va à la messe " ; " VLMAL " pour " Va à la messe avec un livre ". De ces fiches dépendaient mutations ou avancements.
Vingt cinq mille fiches sont ainsi établies par les Francs-Maçons du Grand Orient de France, pour le compte du Ministère. Voilà en quelque sorte une glorieuse première, que l’on doit à la laïcité militante : la délégation d’une mission de service public à une O.N.G.

L’histoire ne dit pas combien de soldats ont été inutilement sacrifiés dix ans plus tard, pendant la guerre 14-18, par des officiers incompétents qui tenaient leur grade de leurs amitiés politiques.

Source : http://contreculture.org/AG%20Combes.html

Note : Le général Henri Gouraud, le « manchot cinglé » « einarmiger Draufgänger », n’était-il pas l’un de ces officiers dont les étoiles étaient dûes à la faveur politique ?

25/07/2011 18:24 par Mathieu

@ notre cher troll Free Movement Lybia partisan de la démocratie à l’israëlienne !

Déjà c’est courageux de poster toujours vos salades ici alors que vous n’êtes pas franchement en terrain conquis. C’est pas qu’on soit content de vous lire mais comme il est dit ailleurs, ça fait avancer le débat.

Je crois que l’article en lui même répond déjà à la plupart de vos critiques (dictatures, révolution... blablabla, répression blablabla...), mais juste pour apporter ma pierre à l’édifice !

- Vous nous dites :
"Pendant que le monde etait focalisé en 1982, contre l’Etat d’Israel et les massacres de Sabra-et-Chatila, le pouvoir syrien de Hafez Al-Assad commettait le massacre dans la ville syrienne de Hama et le bilan est estimé entre 15000 et 25000 morts."

Wouhaou, 100 000, 150 000 ! Qui dit mieux ? 250 000 adjugé pour Free Movement Lybia ! Allez, on remet les choses en place un peu plus sérieusement !

Les Frères musulmans sont une organisation islamiste ultra-radicale qui s’est implantée en Syrie vers 1930. Dans les années 70 ils commettent plusieurs attentats dont un contre le président Hafez El Assad en 1980. A la suite de ça en juillet de la même année, ils sont déclarées comme criminels aux yeux de la loi. En 1982, ils tentent une révolte armée contre le pouvoir à Hama (tient tient...) et se font en effet massacrer ! On parle de 10 à 30 mille morts, wikipédia que tu as l’air de citer monte jusqu’à 50 mille ! Bien loin des 250 000 que tu réclames !

C’est certes énorme et la réponse a peut être été disproportionnée, mais aujourd’hui la Syrie est toujours un état LAà C, dans lequel toutes les communautés, chrétiennes, juives, sunnites, chiites, alaouites, kurdes, palestiniennes et j’en passe, vivent plutôt paisiblement à défaut d’avoir les mêmes droits sociaux. La situation au plateau du golan, même si toujours tendue, n’a pas dégénérée en guerre nucléaire (unilatérale), on peut imaginer la situation si les fanatiques avaient pris le pouvoir à ce moment là  !

- Vous dites :
"Ce qui est encore plus grave, il n’y a jamais eu ou pas encore la moindre enquête internationale sur ce massacre, la moindre condamnation à l’ONU vis à vis de ce qui est "le plus meurtrier acte isolé blablabla, blablabla..."

Un petit cours de géopolitique de l’époque :

Le 20 janvier 1981, Ronald Reagan est élu Président des États-Unis. Il nomme à la tête de la CIA, William Casey, et en fait l’homme-clef de son gouvernement en lui laissant les mains libres pour décider des nouvelles orientations en matière de politique étrangère.

Dès sa nomination à la tête de la CIA, Casey renforce le rôle de l’agence et rétablit la plupart des postes supprimés par son prédécesseur. Sous son action, les activités clandestines de la CIA vont s’intensifier.

Amérique centrale, au Nicaragua, au Salvador et au Honduras où il multiplie les actions clandestines contre les socialistes, il agit aussi au moyen-orient.

En Afghanistan, où la guerre continue depuis trois ans, William Casey applique sa stratégie pour lutter contre
les communistes et l’URSS : tout faire pour enliser les Soviétiques dans une guerre qui durera dix ans et les chasser de la région.

Sous Carter, la CIA fournissait déjà des armes et de l’argent aux Moudjahidines afghans.

Mais sous la direction de William Casey, l’agence surarme des dizaines de groupes de guérilla, sans aucun contrôle, pour attaquer les Soviétiques, allant jusqu’à leur fournir des armes de pointe.

En échange de la vague promesse que l’armement ne servirait que contre les Russes, des missiles anti-aériens sont donnés à des islamistes fanatiques. Dix ans après le départ des Soviétiques, ces armes circulaient encore.

Mon point de vue : en 1982, les fondamentalistes Frères musulmans étaient surement eux aussi armés et financés par les États-Unis pour lutter contre l’ennemi socialiste El Assad ! Sauf que contrairement au Panama, au Chili, au Congo, à l’Afghanistan, en Iran, ben ça a foiré ! C’était un peu de notoriété publique pour eux et les futurs talibans, donc ce n’était pas forcement dans leur intérêt d’aller le crier une défaite face à l’URSS sur tous les toits ! Ca c’est basée sur rien, juste mes conclusions.

- Vous dites enfin :
"Sauf que le monde a changé depuis 1982"

Oui ! Je coupe le reste de la phrase parce qu’on s’en fout, mais ça me permet de faire juste une petite objection à l’auteur, avec lequel je partage tout le reste, c’est le passage "Celle de l’immixtion, l’implication, l’intervention, des pays occidentaux dans la déstabilisation par la sédition armée et la guerre civile, méticuleusement et de longue date organisées, d’un pays souverain.".

Pour le coup je pense que si le monde n’a pas tant changé, la Syrie, elle a changé sur le plan économique. En 1982, la Syrie était socialiste au sens des américains, avec que des entreprises nationales ou presque, et ça ça avait le don d’énerver les occidentaux. Depuis le printemps de Damas, et l’arrivée de Bashar au pouvoir, on est passé à une économie de marché et les Syriens font affaires avec les Saoudiens par exemple, grands alliés des USA et une frange sunnite de la population s’est enrichie au détriment du peuple (et ça les occidentaux, ils aiment) et fait des affaires avec les États-Unis sans trop de scrupules. On est pas non plus comme en Lybie qui avait nationalisé le pétrole. Donc l’interventionnisme pour des intérêts économiques qui a prévalu pendant des années et qui prévaut toujours pour Cuba, le Venezuela,le Honduras... n’est, à mon sens plus trop valable pour la Syrie.

Du côté d’Israël, même si les discours officiels sont hostiles dans les deux camps, je pense que c’est le statut quo. Israël sait qu’avec des intégristes au pouvoir juste au dessus du Golan, ce serait surement pas la même donne, mais avec une véritable démocratie, ils risqueraient d’être en "danger de paix" comme l’a écrit Marc Hillel et ce n’est pas dans leur intérêt, ça ne l’a jamais été.

D’où les condamnations orales, la propagande anti régime et tout le reste, mais pas de mouvement, d’envoi de troupe et de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU contre la Syrie, le tout au quart de tour comme en Lybie !

Sinon pour le reste chapeau.

http://www.arte.tv/fr/401364.html
http://pierre.piccinin-publications.over-blog.com/article-syrie-vicissitudes-et-realites-du-printemps-arabe-79266951.html
http://www.michelcollon.info/Syrie-un-million-de-manifestants.html
http://books.google.com/books/about/Isra%C3%ABl_en_danger_de_paix.html?id=0jkJAQAAIAAJ

25/07/2011 21:06 par yellow

que je sache les Syrien ne sont pas des Arabes...les Arabes sont en Arabie et les Syrien le savent pertinemment bien au regard de l’ingérence des Saoud qui eux, pour le coup sont des Arabes d’Arabie, et de surcroit a la délégation de l’empire au moyen Orient.
quand a L’opportunisme de "free Libia" avec l’argument des plus réac et démago en lâchant le mot qui fait peur "ARABE" est consternent, et souligne la réalité d’une volonté de mettre le moyen Orient dans le sac ARABE a civilisé et "colonisionné" bien sur par la force afin de mater une fois pour toute cette bande sauvages.
Et ben non L’histoire présente et ancienne démontre que se n’est pas possible, même en y mandatant des généraux zélé d’imbécilité et d’estime démesuré pour eux même, ses peuples chargé d’histoire et de diversité culturel sont toujours là et encore là bien au delà .
C’est bien la diversité de ces peuple qui est insaisissable et qui fait échec aux manoeuvre de l’impérialisme qui tente a jouer l’instabilité quand a initié la discorde dans cette diversité pour les dominer.
Cette diversité identitaire et culturel est un socle commun de rassemblement face à la menace de l’ impérialiste et non pas l’islam comme beaucoup aimerais en convaincre, voir libéré la terre sainte fut un temps...
Les bourgeois d’occident dans leur salon qui sont à fomenté par quel ou quel coup tordu ils pourrais s’ emparé des trésor d’orient esclave compris, ferais mieux de faire un petit tour en arrière dans l’histoire et s’apercevoir que l’orient est ; et resteras toujours L’orient.

25/07/2011 22:00 par Candido

Questionné par un certain Abdelkader Dehbi, Georges Stacheny y répond et par ricochet apporte une réponse claire à @Free movement Libya :

Cher Abdelkader

Merci de ton commentaire, permettant de compléter mon texte. Voulant, avant tout, me focaliser sur les dérives de notre diplomatie il pourrait paraître, en effet, oublieux du système politique actuel.

Je souscris entièrement à ce que tu dis : les régimes locaux, quels qu’ils soient, portent leur large part de responsabilité dans la situation actuelle et sont, tous sans exception, indignes des grands résistants et combattants qui les ont précédés (sans remonter jusqu’à Saladin...).

Comme beaucoup, j’espère et souhaite que la Syrie, comme d’autres pays, s’affranchissent du pouvoir militaire, dans la paix civile, à l’exemple de la Turquie. Qui a vécu, ne l’oublions pas, pendant des décennies sous une dictature militaire effroyable, soutenue par l’Occident bien que membre de l’OTAN, pour cause de « Guerre Froide » et de sa frontière avec l’ex-URSS.

Comme aujourd’hui, est invoqué le « terrorisme » : soit pour protéger un régime, soit pour le renverser, suivant les critères de soumission, politiques ou économiques, exigés de l’Empire.

Raison de plus de lutter pour que les anciennes puissances coloniales respectent son droit à l’autodétermination, n’interviennent pas dans les affaires intérieures, soutenant un « clan » par rapport à d’autres, enfermant le pays dans un embargo et autres manoeuvres souterraines, le menaçant ou le diabolisant. Quand ce n’est pas le tout à la fois…

C’est, au contraire, permettre à un régime de perdurer dans la "radicalisation". Les équilibres s’établiront d’eux-mêmes, comme on vient de le voir dans l’exemple Turc si les pressions diminuent, accompagnés du développement économique et d’une meilleure répartition de la richesse nationale.

Reste que certains pays vivent une dictature, une autocratie, avec des simulacres électoraux, sans qu’il y ait de pouvoir militaire apparent.

Je pense aux pays d’Afrique sub-saharienne qui vivent avec la présence permanente de forces militaires françaises (Côte d’Ivoire, Gabon, etc.) ; ou britanniques, dans le cas des pays du Commonwealth… Qui ne sont en fait que la garde prétorienne des tyrans en place couvrant le pillage de leur pays. Le Nigéria, pays de 100 millions d’habitants immensément riche de son pétrole, étant un dramatique exemple.

Reste que même en Occident, en France, La Démocratie est un combat permanent…

En France, dans notre « monarchie élective », au service d’une ploutocratie qui n’occupe pas le devant de la scène, nous avons assisté récemment au coup d’Etat consistant à contourner les décisions des citoyens français rejetant, par référendum (principe ultime du droit de vote), le Traité de Lisbonne. A l’encontre de son souhait et pour satisfaire les intérêts de l’oligarchie, le « parlement croupion » a sciemment ignoré la décision républicaine en votant le contraire. De même, sans consulter les citoyens, notre « monarchie élective » lance notre pays dans des aventures militaires, sachant que soumises à une décision référendaire, ce serait un « non » franc et massif… Mais, c’est un autre débat.

Longue et fragile construction que la démocratie…

Amitiés

Source : http://www.alterinfo.net/Syrie-La-France-Asservie_a61573.html

27/07/2011 15:08 par Emelyne

Excellent article a méditer. Merci d’invoquer le passé pour mieux comprendre le présent. Les rapports ne changent pas malgré le verni du progrés, comme ils disent.

28/07/2011 23:02 par Abdelkader DEHBI

@ — LGS :

Voici en copie-collée le Commentaire sur cet article, que j’ai posté sur le Site de Georges Stanechy,
— http://stanechy.over-blog.com/ — ainsi que la réponse qu’a bien voulu m’adresser ce dernier. Je pensais, à tort, l’avoir posté "aussi" sur LGS.
........................................................

Cher Georges,

Qu’il est difficile d’émettre quelque critique que ce soit, sur ton brillant plaidoyer pour la Syrie ! Un pays que nous aimons et que nous considérons ici en Algérie, comme une seconde patrie, à plus d’un titre.

Ce qui me met d’autant à l’aise, pour soulever une question embarrassante - élégamment omise par ton tact, mon cher Georges… - à savoir, celle de la double illégitimité du pouvoir en place à Damas, un pouvoir exercé par un parti unique et dirigé par une quasi dynastie, celle des Assad.

Mon observation pourrait paraître déplacée, à un moment où ce pays frère est soumis à une opération de déstabilisation manifeste, préparée de longue main, par le tandem impérialiste-sioniste, ses relais et ses supplétifs de l’intérieur et de l’extérieur, comme la pauvre France qui en est réduite aujourd’hui, à subir la forfaiture permanente d’un petit télégraphiste-truand, jouant ouvertement, le rôle indigne de Proconsul d’Israël à Paris.

Mais la vérité oblige à dire que nous ne pouvons continuer de jeter l’anathème sur l’Extérieur ; car, tant que la souveraineté de nos peuples est confisquée, ici, par des monarchies totalement félonnes et corrompues comme l’Arabie et les autres monarchies du Golfe, là , par des oligarchies militaro mafieuses comme en Algérie ou en Syrie l’essor de nos pays demeurera plombé par cette illégitimité originelle des pouvoirs en place.

Commentaire n°7 posté par Abdelkader DEHBI il y a 3 jours à 15h21

..........................................................................................

Cher Abdelkader

Merci de ton commentaire, permettant de compléter mon texte. Voulant, avant tout, me focaliser sur les dérives de notre diplomatie il pourrait paraître, en effet, oublieux du système politique actuel.

Je souscris entièrement à ce que tu dis : les régimes locaux, quels qu’ils soient, portent leur large part de responsabilité dans la situation actuelle et sont, tous sans exception, indignes des grands résistants et combattants qui les ont précédés (sans remonter jusqu’à Saladin...).

Comme beaucoup, j’espère et souhaite que la Syrie, comme d’autres pays, s’affranchissent du pouvoir militaire, dans la paix civile, à l’exemple de la Turquie. Qui a vécu, ne l’oublions pas, pendant des décennies sous une dictature militaire effroyable, soutenue par l’Occident bien que membre de l’OTAN, pour cause de « Guerre Froide » et de sa frontière avec l’ex-URSS.

Comme aujourd’hui, est invoqué le « terrorisme » : soit pour protéger un régime, soit pour le renverser, suivant les critères de soumission, politiques ou économiques, exigés de l’Empire.

Raison de plus de lutter pour que les anciennes puissances coloniales respectent son droit à l’autodétermination, n’interviennent pas dans les affaires intérieures, soutenant un « clan » par rapport à d’autres, enfermant le pays dans un embargo et autres manoeuvres souterraines, le menaçant ou le diabolisant. Quand ce n’est pas le tout à la fois…

C’est, au contraire, permettre à un régime de perdurer dans la "radicalisation". Les équilibres s’établiront d’eux-mêmes, comme on vient de le voir dans l’exemple Turc si les pressions diminuent, accompagnés du développement économique et d’une meilleure répartition de la richesse nationale.

Reste que certains pays vivent une dictature, une autocratie, avec des simulacres électoraux, sans qu’il y ait de pouvoir militaire apparent.

Je pense aux pays d’Afrique sub-saharienne qui vivent avec la présence permanente de forces militaires françaises (Côte d’Ivoire, Gabon, etc.) ; ou britanniques, dans le cas des pays du Commonwealth… Qui ne sont en fait que la garde prétorienne des tyrans en place couvrant le pillage de leur pays. Le Nigéria, pays de 100 millions d’habitants immensément riche de son pétrole, étant un dramatique exemple.

Reste que même en Occident, en France, La Démocratie est un combat permanent…

En France, dans notre « monarchie élective », au service d’une ploutocratie qui n’occupe pas le devant de la scène, nous avons assisté récemment au coup d’Etat consistant à contourner les décisions des citoyens français rejetant, par référendum (principe ultime du droit de vote), le Traité de Lisbonne. A l’encontre de son souhait et pour satisfaire les intérêts de l’oligarchie, le « parlement croupion » a sciemment ignoré la décision républicaine en votant le contraire. De même, sans consulter les citoyens, notre « monarchie élective » lance notre pays dans des aventures militaires, sachant que soumises à une décision référendaire, ce serait un « non » franc et massif… Mais, c’est un autre débat.

Longue et fragile construction que la démocratie…

Amitiés

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