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Le «  massacre » de Place Tienanmen a été un mythe (Workers World)

Deirdre GRISWOLD

LGS : les câbles de Wikileaks parfois n’intéressent pas les média... A la fin de cet article, un lien vers un autre article (en anglais) de Gregory Clark, ancien diplomate australien, publié récemment par Japan Daily qui est encore plus précis sur la création du mythe du massacre de la place Tienanmen.

Combien de fois a-t-il été dit que les Etats-Unis sont une société «  ouverte » et que les media y sont «  libres » ?

D’habitude ces affirmations sont faites quand on critique d’autres pays de n’être pas «  ouverts », en particulier pour des pays qui ne suivent pas l’agenda de Washington.

Il ne fait aucun doute que celui qui vit aux Etats-Unis et dépend des moyens de l’information commerciale, retenus comme «  libres » et «  ouverts », croit que le gouvernement chinois a massacré «  des centaines, peut-être des milliers » d’étudiants sur la Place Tienanmen le 4 juin 1989. Cette phrase a été répétée des dizaines de milliers de fois par les media du pays (USA, NdT).

Mais il s’agit d’un mythe. Et le gouvernement sait que c’est un mythe. Et tous les principaux media le savent. Mais refusent de corriger leurs comptes-rendus du fait de l’hostilité fondamentale de la classe dominante impérialiste des Usa.

Sur quoi fondons-nous cette affirmation ? Sur diverses sources.

La plus récente est une livraison, par Wikileaks, de câbles expédiés par l’ambassade étasunienne à Pékin au Département d’Etat en juin 1989, quelques jours après les événements en Chine.

En second lieu, sur une affirmation de novembre 1989 par le chef du bureau du New York Times à Pékin, affirmation qui n’a jamais été rapportée ensuite par quelque journal que ce soit.

Et en troisième lieu, sur le compte-rendu des événements par le gouvernement chinois même, corroboré par les deux premiers.

Un seul des plus grands media occidentaux a publié les câbles de Wikileaks. C’est le Telegraph de Londres, du 4 juin de cette année (2011, NdT), exactement 22 ans après que le gouvernement chinois ait mobilisé les troupes à Pékin.

Deux câbles datés du 7 juillet 1989 - plus d’un mois après les combats - référaient ce qui suit : «  Un diplomate chilien fournit un témoignage oculaire des soldats qui entrent Place Tienanmen : il a vu les militaires entrer sur la place et n’a noté aucun feu massif sur la foule, même si l’on entendait des tirs sporadiques. Il a dit qu’une grande partie des troupes entrées sur la place n’était en effet armée que d’instruments anti-émeute : des matraques et des barres en bois ; ils étaient appuyés par des soldats armés »

Un câble suivant affirmait : «  Un diplomate chilien fournit un témoignage oculaire des soldats qui entrent sur la place Tienanmen : même si l’on entendait des tirs sporadiques, il a dit qu’excepté quelques coups contre des étudiants, il n’y a eu aucun feu massif sur la foule d’étudiants à côté du monument ».

On se souviendra que le Chili de l’époque était gouverné par le général Augusto Pinochet, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat de droite, violent, anti-socialiste, soutenu par les Usa, et que des centaines de représentants de la gauche, y compris le président Salvador Allende, avaient été tués. Le «  diplomate chilien » cité ne pouvait pas être considéré comme un ami de la Chine.

Pas un journal, pas une télévision ou une station de radio étasunienne n’a rapporté ni commenté ces câbles délivrés par Wikileaks, ni sur l’histoire que le Telegraph a écrite. Comme s’ils étaient tombés dans un abîme sans fond.

Est-ce parce que les media pensent que le rapport n’est pas crédible ? Non, certainement pas.

Ils savaient la vérité dès 1989. Le New York Times sait que c’est crédible. Leur chef du bureau de l’époque, Nicholas Kristof, l’a confirmé dans un ample article intitulé «  China Update : How the Hardliners Won » [1], publié dans le Magazine du Sunday Times le 12 novembre 1989, cinq mois après les présumés massacres de la place.

A la fin justement de ce long article, qui se voulait fournir une vision de l’intérieur du débat interne du groupe dirigeant du Parti Communiste Chinois, Kristof affirmait catégoriquement : «  Sur la base de mes observations dans les rues, ni la version officielle ni de nombreuses versions étrangères ne sont du tout correctes. Il n’y a eu aucun massacre sur la Place Tienanmen, par exemple, même s’il y a eu une quantité de personnes tuées ailleurs ».

Même si l’article de Kristof était âprement critique à l’égard de la Chine, son affirmation qu’il n’y avait eu «  aucun massacre sur la Place Tienanmen » suscita immédiatement des cris de protestation de la part des détracteurs de la Chine aux Usa, comme le reflète la rubrique courrier du Times.

Y a-t-il eu des combats à Pékin ? Absolument. Mais il n’y a pas eu de massacre d’étudiants désarmés sur la place. Ceci a été une invention de l’Occident, destinée à diaboliser le gouvernement chinois et à gagner la sympathie du public pour la contre-révolution.

Le tournant vers une économie de marché sous Deng Xiaoping a éloigné de nombreux travailleurs. Il y a aussi eu un élément contre-révolutionnaire qui a essayé de tirer profit du mécontentement populaire pour restaurer complètement le capitalisme.

Les impérialistes espéraient que les batailles à Pékin auraient fait tomber le Parti Communiste Chinois, et détruit l’économie planifiée -de la même façon que ce qui allait arriver deux ans plus tard en Union Soviétique. Ils voulaient que la Chine s’ «  ouvrît », non pas à la vérité mais au saccage de la propriété populaire par des banques et des corporations impérialistes.

Après de nombreuses hésitations au sommet, l’armée a été mobilisée et la révolte écrasée. La Chine n’a pas été démantelée comme l’Union Soviétique ; son économie n’a pas implosé ni les niveaux de vie subi un déclin. Au contraire, salaires et conditions sociales se sont améliorés à un moment où en tout autre endroit les travailleurs ont subi de graves pertes sous l’effet d’une grave crise économique capitaliste.

Malgré de profondes concessions au capitalisme, à l’extérieur et à l’intérieur, la Chine continue à avoir une économie planifiée fondée sur de fortes infrastructures de propriété de l’Etat.

Workers World, 29 juin 2011.

http://www.workers.org/2011/world/tiananmen_0707/

Traduit par M-A. Patrizio de la version italienne réalisée par Domenico Losurdo :

http://domenicolosurdo.blogspot.com/2011/07/in-italiano-larticolo-sui-fatti-di.html

Deirdre Griswold (http://en.wikipedia.org/wiki/Deirdre_Griswold ) a été candidate à la présidence des Etats-Unis pour le WWP (Workers World Party) en 1980, et s’est occupé pendant plusieurs décennies du journal étasunien Workers World.

L’article original Tiananmen Square "massacre’ was a myth  a été signalé, entre autres, sur le blog de D. Losurdo, le 3 juillet dernier («  Une lecture alternative des faits de Place Tienanmen  ») ; le blog Nuova Libertalia l’a signalé aussi en joignant une image de la première page du Corriere della Sera intitulée : «  Tués par milliers, la mort du rêve chinois ».

Comme, étrangement, il semble que personne n’ait pensé à le traduire en italien (ni en français, NdT), je propose ci-après ma traduction, ne fût-ce que pour fournir l’énième, éclatante, démonstration de combien il est facile de manipuler les masses ou comment un mensonge répété des milliers de fois devient une vérité.

Domenico Losurdo, 20 juillet 2011.

EN COMPLEMENT :

Black info and media gullibility : creation of the Tiananmen myth par Gregory Clark (ancien diplomate australien) publié par Japan Times http://search.japantimes.co.jp/cgi-bin/eo20110701gc.html (en anglais) le 1er juillet 2011

[1« China Update : How the Hardliners Won », N. Kristof, The New York Times, 12 novembre 1989.


COMMENTAIRES  

23/07/2011 09:00 par Free movement Libya

Et voila que le "Grandsoir" devient la caisse de résonnance de la plus grande dictature du monde, dont les crimes ne se limitent pas à la repression de la place Tiananmen en 1989.

Cet argumentaire digne du négationnisme est balancé aux visiteurs etrangers, qui s’interrogent sur les evenements de 1989 à Pekin et vous faites de meme.

Et aux prochains articles, vous nierez les "laogai", les camps de concentrations maoïstes, la "Grande Famine en avant", la "Révolution criminelle" ...

A propos de liberté d’expression et comme vous soutenez les pouvoirs réactionnaires et criminels dans les pays arabes, comme Kadhafi et Al-Assad, nous allons voir ce que vos en faites !

23/07/2011 10:22 par Maxime Vivas

@ Free movement Libya

Ce qui est extraordinaire, c’est que, quand LGS donne à lire un article décalé et étayé par des sources qu’on ne peut balayer a priori, il est accusé de « devenir la caisse de résonnance de la plus grande dictature du monde » et implicitement de conversion tardive au maoïsme.

Or, cet article n’a pas été écrit par LGS qui le « donne à lire » comme un document intéressant dont le lecteur fera ce qu’il voudra.

De même, nous ne soutenons pas les « pouvoirs réactionnaires et criminels dans les pays arabes » mais nous proposons des informations dont les grands médias nous privent et dont beaucoup (voyez avec le recul) s’avèrent être utiles à la réflexion et à la connaissance.

A cette ligne de conduite, il est fréquent de voir opposer des arguments basés sur des analyses subjectives et partielles selon les méthodes classiques d’enfumage par les médias dominants.
- argument de l’empathie et du droit : appel à la compassion avec les victimes qui ont le droit de manifester. Nous sommes d’accord avec ça. Sans réserve.

- argument de la distinction entre les victimes et le contexte : on isole un cas ou une fraction d’événement du contexte global du pays. Par exemple, et même si personne ici ne se réjouirait de voir le système chinois remplacer le nôtre, pourtant si imparfait, il n’est pas interdit de regarder si la démocratie en Chine a avancé depuis l’époque de Mao et des gardes rouges. Ni de regarder si l’armée chinoise est engagée dans des guerres contre des pays pauvres et lointains.

- argument de la sélectivité dans les indignations : Les centaines de milliers de victimes des dictatures d’Amérique latine sont occultées ou traitées ad minima, ainsi que la férocité des dictatures dans les émirats arabes et en Arabie Saoudite. Or, depuis 1989, il s’est passé dans le monde des massacres terribles sur lesquels glissent les commentateurs occupés à regarder ailleurs et surtout, pas trop du côté de la Palestine, pays martyr.
- argument du relativisme et de l’objectivité. Les événements fâcheux (condamnables) survenus en dehors des pays ralliés à la pensée unique sont surmédiatisés et les autres abordés en passant. Les massacres, tortures, spoliations, enlèvements, assassinats perpétrés par les USA avec la complicité de l’OTAN sont déclarés entrer dans les dégâts collatéraux d’une lutte pour la liberté. La France est malheureusement engagée dans ces actions criminelles. Les tueries perpétrées par notre armée dans nos colonies sont classées dans le tiroir de l’Histoire et non dans celui de la politique. Elles ne peuvent donc être utilisées contre la France et son système politique actuel même s’il ne diffère pas de celui qui les a permises.

Il n’y a donc pas de « négationnisme » chez nous. Nous soutenons que des tours (trois) sont bien tombées aux USA en 2001, que Saddam Hussein était un dictateur, et aussi Ben Ali que nos médias choyèrent, etc. Le « etc. » vise à économiser l’espace en ne citant pas tous les dictateurs dont les démocrates libéraux et socio-démocrates d’accommodent volontiers parce que leur enrichissement personnel, l’appauvrissement de leur peuple, s’accompagnent de l’enrichissement de grandes puissances étrangères spoliatrices et complices.

Bref, ce que LGS propose, c’est d’être vigilants avec l’hémiplégie affective et politique.

MV.

PS : Méfiez-vous, cher Free movment Libya, des amis casqués qui viennent libérer les peuples contre la volonté d’une partie de celui-ci. Nous avons vécu ça à une époque où des envahisseurs ont voulu libérer la France des judéo -bolchevicks. La comparaison s’arrête-là , mais pensez qu’un peuple opprimé libéré par d’autres tombe dans une nouvelle oppression, plus puissante.

23/07/2011 09:30 par cf

Rideau de fer sur le boul’mich...!
Oui, moi aussi je l’ai lu sur le blog de l’excellent Domenico Losurdo,
Il me semble que l’Etat chinois, ou une équipe de journalistes (?) en avait parlé il y a quelques années, mais personne n’y a porté crédit : c’était de la propagande chinoise...
BHL a fait la promotion récente d’un documentaire arte au sujet "des crimes contre l’Humanité", ou du totalitarisme (?) de la Place T , ...c’est un indice ? A moins qu’il ne projette d’envahir et bombarder la Chine.

Il y a un certain nombre d’anciens de la CIA, à la "retraite" ou dégoutés par la politique étrangère de l’Empire, tel William Blum (journaliste récemment interviewé par feu Larry Portis pour Chroniques rebelles, radio libertaire) qui fait des confessions, maintenant que la Guerre Froide est finie, (enfin il parait).
Faudrait demander à vos correspondants et lecteurs américains de nous rencarder.
La Hongrie, c’était de l’agit-prop avec ou sans mouvement populaire ? Pour la Pologne, j’ai lu ALR.

Daniel Mermet a dit dans une de ses émissions que la France avait été "gravement stalinisée", à mon avis elle a aussi joui d’un encadrement dès plus étasunien, style roll-back et bobards dans les grandes largeurs.
Ce qui m’a le plus étonnée, à ce sujet, c’est la lâcheté et la crédulité des intellectuels français (pas tous bien-sûr), souvent perroquets.

J’en profite pour remercier Domenico Losurdo.

23/07/2011 11:32 par Paul

J’étais, pour ma part, arrivé aux mêmes conclusions de mon côté, après bien des années d’analyse et découverte de faits et témoignages.

Il y a effectivement eu un mouvement de rébellion contre le gouvernement ; mais il ne fut pas aussi angélique et spontané que le présent(èr)ent les médias. Il y avait bine sûr nombre de personnes qui l’étaient, mais il y avait aussi, de nombreux indices, et depuis peu même des documents étasuniens déclassifiés le corroborent, des agents extérieurs qui manipulaient et instrumentalisaient les événements dans un but bien précis.
La logique et la comparaison mènent d’ailleurs aussi aux mêmes conclusions, puisque c’est ce qu’il s’est passé (avec succès dans ces cas là ) en Europe de l’Est, en URSS.

Rétrospectivement, j’admets que le gouvernement chinois fit le bon choix ; que la répression de 1989 était nécessaire ; l’exemple de l’URSS et de la Yougoslavie nous donnent une idée de ce qui aurait pu arriver à la Chine si elle avait cédé.

Le monde actuel est déjà assez horrible avec un empire capitaliste sans contrepoids de l’URSS ; imaginez ce que ça aurait été avec en plus une Chine vaincue.

23/07/2011 12:14 par legrandsoir

@ notre nouveau Troll Free Libya

La base de cet article sont des câbles Wikileaks - ceux-là même que la presse cite lorsqu’il s’agit de (placer ici la liste des pays habituels) et lorsque cela les arrange. Et soudain, issues des mêmes sources, le silence.

The Telegraph et Japan Daily (dont l’article cité en complément est encore plus précis et "radical") seront ravis de recevoir vos commentaires à la noix.

23/07/2011 13:03 par legrandsoir

@ cf, petite précision : William Blum ne se "confesse" pas mais dénonce depuis des dizaines d’années (pour ne pas dire "depuis toujours") la politique étrangère des Etats-Unis.

23/07/2011 13:11 par Sierra

@Paul

"Rétrospectivement, j’admets que le gouvernement chinois fit le bon choix ; que la répression de 1989 était nécessaire"

Désolé, mais ça me pique les yeux de lire ça...tranquille dans mon fauteuil. Toutes répressions gouvernementales par les armes envers des manifestants désarmés est condamnable sans réserve, quand bien même ces derniers sont issues de mouvement crées et manipulés pour l’occasion, et les évènements de 1989 largement amplifié par les mégaphones étoilés.

Les cubains ont une immense expérience de l’opposition fabriqué à coups de dollars, et ô grand jamais une seule balle ne fut tirés envers ses fumeux "dissidents". Car le ridicule est plus mortel et efficace que n’importe quelle arme (Voir le cas Armando Valladares ou plus récement, le bataillon de crétin expulsé vers l’Espagne qui se plaignaient de leurs conditions de réception).

Si la Chine est l’ultime contrepoids à l’empire, devons nous pour autant les dédouaner de leurs actions brutales envers leurs opposants ? Evidemment qu’1 milliard de personne est bien moins aisé à gèrer que 250 millions d’abrutis à la Mac-Culture, cependant, l’éducation reste la seule issue possible face à une subvertion téléguidé de l’extérieur ou une révolte interieur légitime. Et l’éducation, la Chine à désormais largement les moyens de la dispenser, leur nationalisme faisant le reste pour discréditer toute attaques extérieures.

23/07/2011 13:19 par Lulu

@ Free movement libya :

Et oui, on a bien compris : les milliards et milliards et milliards de morts du communisme.

Mais je pense pas qu’il y en ait eu tant que ça, puisque visiblement, ils n’ont pas réussi à casser le moule à fabriquer des ânes.

23/07/2011 18:58 par CN46400

le moule à fabriquer des ânes.

Les ânes ne méritent pas cela, disons : "moule à fabriquer les cons" !

23/07/2011 21:17 par z

Vu le nombre d’articles vantant le capitalisme chinois dans les médias dominants, on attend la suite : « le communisme chinois » a été un mythe.

23/07/2011 22:59 par marie-ange patrizio

Bonsoir Monsieur ou Madame Free Movement Libya,
Je ne vois aucune trace de votre free movement sur Internet .. ? Peut-être êtes-vous un proche de celui qui signe ses commentaires Free Syria, et dont l’email n’existe plus quand on lui écrit ?
Quoi qu’il en soit, moi les gens qui s’affichent Free mais n’arrivent pas à signer de leur nom -ici, en Free France, pas dans les dictatures que vous dénoncez- ça m’amuse.

Et notre Sierra qui revient ! Comment il va notre Sierra ? Il a les yeux qui piquent. Et comment il sait notre Sierra que les manifestants chinois étaient forcément désarmés ?
J’avais dit à DL qu’on allait peut-être s’amuser en traduisant, c’est fait.
Merci les petits amis free,
m-a p.

Pour LGS, cf, Paul et Lulu : Jordan Pouille, « correspondant -de quoi ? de qui ?- à Pékin », lui ça l’a fait trembler de lire (rien que) le titre de l’article de G. Clark, publié aussi par le China Daily : « Tiananmen massacre a myth ».
« C’est le titre qui m’a fait trembler, ce matin, en lisant le China Daily. Même en 2011, il est rarissime qu’un média officiel chinois évoque les événements de juin 1989. Sauf quand il s’agit de les nier. Voici l’article (en anglais) : Tiananmen massacre a myth
"Gregory Clark, a former Australian diplomat who specializesin Chinese affairs, wrote an article in Japan Times recently, saying theWestern media forged the so-called Tiananmen myth. Excerpts : The recentWikiLeaks release of cables has helped finally kill the myth of an allegedmassacre in Beijing’s Tiananmen Square on the night of June 3-4, 1989. But howdid that myth come to exist in the first place ?

Jordan Pouille n’a pas pris la peine de traduire et Mediapart
(le site qui, d’ailleurs, efface le nom des traducteurs dont il utilise les travaux) non plus.
http://blogs.mediapart.fr/blog/jordan-pouille/140711/le-massacre-de-tiananmen-un-mythe .

Ca vaut la peine aussi d’aller voir les articles du blog du « correspondant -Free China  ?- de Pékin » :
http://www.jordanpouille.com/

24/07/2011 01:38 par lambda

Ce que je ne comprends, c’est que lorsque le massacre de Tiananmen a eu lieu, le gouvernement chinois n’était plus du tout communiste (si tant est qu’il l’ait été..) mais bien converti au néolibéralisme. Donc en quoi l’occident aurait voulu inventer un massacre qui a été effectué par un gouvernement capitaliste néolibéral ?
Ci-dessous, quelques passages extraits du livre "la stratégie du choc" de Naomi Klein.

A l’initiative de Deng Xiaoping, dirigeant chinois, Friedman débarqua en Chine en 1980 pour « initier des centaines de hauts fonctionnaires, de professeurs et d’économistes du Parti aux rudiments de l’économie néolibérale » (p286). Les caciques du Parti Chinois avaient décidé de convertir leur pays au néolibéralisme et comptaient bien s’enrichir personnellement. La nouvelle bourgeoisie chinoise était née.

p290 : « Dans son livre de 2003 intitulé China’s New Order, Wang explique que les manifestants représentaient un large éventail de la société chinoise - pas uniquement l’élite étudiante, mais aussi des travailleurs d’usines, de petits entrepreneurs et des enseignants. Ce sont les changements économiques "révolutionnaires" de Deng Xiaoping, cause de la diminution des salaires, de l’augmentation des prix et d’une crise des licenciements et du chômage, qui expliquaient le mécontentement populaire à l’origine des manifestations. […]
Les manifestations ne visaient pas les réformes économiques en elles-mêmes ; elles ciblaient plutôt la nature carrément friedmanienne de ces dernières - leur rapidité, leur caractère impitoyable et le fait qu’elles étaient profondément anti-démocratiques »

p291 : le 20 mai 1989, le gouvernement chinois déclare la loi martiale. « Le 3 juin, les tanks de l’Armée populaire de libération foncèrent sur les manifestants et firent feu au hasard sur la foule. Des soldats se ruèrent sur les autobus où des manifestants avaient trouvé refuge et les battirent à coups de matraque. D’autres soldats enfoncèrent les barricades dressées autour de la place Tiananmen, où des étudiants avaient érigé une statue à la gloire de la Déesse de la démocratie, et arrêtèrent les organisateurs. Au même moment, des mesures de répression similaires se multipliaient partout dans le pays. On ne saura jamais combien de personnes furent tuées ou blessées ces jours-là . Le Parti admet qu’il y en eut des centaines, et des rapports de témoins oculaires de l’époque font état de 2000 à 7000 décès. Quand aux blessés, il y en aurait eu jusqu’à 30000. On assista ensuite à une véritable chasse aux sorcières contre les critiques et les opposants du régime. Quelque 40000 d’entre eux furent arrêtés, des milliers furent emprisonnés et beaucoup -peut-être des centaines - furent exécutés. Comme en Amérique Latine, le gouvernement réserva ses châtiments les plus durs aux ouvriers, qui représentaient la plus grave menace pour le capitalisme déréglementé. »

Rien de mieux qu’un tel choc pour appliquer la thérapie de choc.

24/07/2011 03:51 par Aacitoyen

@ Free movement Libya

Ce pseudo signifie probablement un soutien au bombardement humanitaire de Tripoli, c’est à dire le degré zéro de l’analyse géopolitique ne nos actes de guerre.

Avant de critiquer l’analyse délicate des faits qui se sont déroulés à Tienanmen, il faudrait être capable de se poser certaines questions sur la Lybie.

- La Libye, est soumise à un dictateur depuis 42 ans, son économie est pénalisée par un embargo des US, comment expliquer que ce pays qui était l’un des plus pauvre du monde soit aujourd’hui le plus développé de toute l’Afrique au sens de l’IDH ?

- On nous dit que la population veut renverser Kadhafi, comment expliquer que les plus énormes manifestations se déroule à Tripoli en soutien au "Guide Suprême" ?

- Les bombardements répétés de la résidence de Kadhafi sont clairement destinés à le tuer, plusieurs membres de sa famille ont été tués, est-ce légitime ? Si non, va t on condamner les responsables ?

Quatre liens pour réfléchir :

http://www.michelcollon.info/VIDEO-Sarkozy-combien-d-enfants-as.html

http://www.agoravox.tv/actualites/international/article/aicha-khadafi-accuse-sarkozy-30804

http://www.lepost.fr/article/2011/07/21/2553508_libye-la-victoire-de-kadhafi-se-dessine.html

http://www.legrandsoir.info/libye-un-rapport-passe-inapercu.html

24/07/2011 09:28 par marie-ange patrizio

Monsieur ou Madame Lambda ,
« lorsque le massacre de Tiananmen a eu lieu, le gouvernement chinois n’était plus du tout communiste (si tant est qu’il l’ait été..)  » ?

Merci de donner au lecteur une occasion de voir la façon dont Naomi Klein traite l’information (notamment chiffres tout ronds, au forfait sans doute) concernant les pays communistes et l’analyse qu’elle en tire.

Vous pourrez avec profit vous reporter aussi à une autre analyse sur le communisme présumé ou réel de la République Populaire de Chine dans l’ouvrage Fuir l’histoire ? (Ed.. Delga, Paris) de D. Losurdo ou, plus bref et plus récent, à l’article du même auteur publié il y a un an sur ce même site :
Un voyage instructif en Chine - Réflexions d’un philosophe
«  Du 3 au 16 juillet j’ai eu le privilège de visiter quelques villes et réalités de la Chine, dans le cadre d’une délégation invitée par le Parti communiste chinois, délégation dont faisaient partie aussi des représentants de partis communistes du Portugal, de Grèce et de France et de la Linke allemande ; pour l’Italie, outre le soussigné, ont participé au voyage Vladimiro Giacchè et Francesco Maringiò . Le présent texte n’est pas un journal ni une chronique ; il s’agit de réflexions qui sont le fruit d’une expérience extraordinaire ».

http://www.legrandsoir.info/Un-voyage-instructif-en-Chine-Reflexions-d-un-philosophe.html

Je suis étonnée de voir que le commentaire que j’ai posté (ci-dessus, et signé simplement dans le texte m-a p.) en le signant de mon nom et en laissant mon email, comme d’habitude et comme requis par le site, a été présenté comme « Anonyme » par LGS.
m-a p.

24/07/2011 09:36 par CN46400

A l’initiative de Deng Xiaoping, dirigeant chinois, Friedman débarqua en Chine en 1980 pour « initier des centaines de hauts fonctionnaires, de professeurs et d’économistes du Parti aux rudiments de l’économie néolibérale » (p286)

DXP n’avait pas besoin de Friedman pour construire son choix. Longtemps écarté par Mao (pas éliminé contrairement aux pratiques staliniennes...), DXP savait, comme Lénine ou Boukharine voire Trotski) que le socialisme, privé de forces productives suffisamment développées se résumerait à une répartition la plus juste possible de la misère. Pour développer les forces productives, DXP, comme Lénine avec la NEP, choisi le mode de production le plus efficace que l’on connait, à savoir le capitalisme. Et en exploitant, grâce à l’énorme réservoir de force de travail chinois, l’addiction qui commande ce système : la baisse tendancielle du taux de profit !

Sauf que, contrairement au capitalisme classique où le capital commande l’état, c’est l’état qui doit commander au capital. Et, en fait, c’est cette conception qui était en jeu lors des incidents de la place Tiennamen, une version chinoise de Kronstadt 1921 !

Et, souvenons-nous, c’est sous les yeux de Gorbatchev venu avertir les dirigeant chinois de sa décision de s’incliner devant l’impérialisme américain ("la déesse Démocratie"...?..) que cela s’est passé. Vingt ans après, que sont, l’URSS et la Chine, devenus ?

Puisqu’il faut juger, je juge et entre la Russie de Poutine, les autres ex-républiques de l’URSS désormais plus ou moins ’bananisées" et la Chine du PCC actuel y-a pas, à mon sens, vraiment photo, y compris en terme de victimes humaines et de démocratie aussi !

Dans tous les domaines la Chine joue, maintenant, un rôle infiniment plus positif qu’à l’époque de Mao quand celui-ci s’alliait au USA pour maintenir la représentativité internationale des khmer "rouges".

24/07/2011 15:02 par Sierra

@m-a-p

"Et notre Sierra qui revient ! Comment il va notre Sierra ?"

Mais très bien, et j’adore ce que vous faites.

"Il a les yeux qui piquent. "

Oui, a chaque fois qu’une répression armé est légitimé par un révolutionnaire de salon.

"Et comment il sait notre Sierra que les manifestants chinois étaient forcément désarmés ? "

Effectivement, après quelques recherches, j’ai constaté qu’un manifestant pouvait stopper une colonne de char d’assaut avec un index. C’est très dangereux un index. Cependant, je suis suspendue à votre clavier, en l’attente d’éclaircissement quant à la nature des armes et le nombre de militaires tués, vous devez le savoir car pour être aussi péremptoire, forcément vous y étiez.

24/07/2011 15:14 par legrandsoir

... l’article porte spécifiquement sur le "mythe du massacre de la place Tienanmen", ce qui ne signifie pas qu’il n’y a pas eu répression ailleurs - en tous cas, à la lecture de l’article publié et celui cité en complément, c’est ce que je comprends. Et je retiens aussi que les câbles Wikileaks sont abondamment cités par les médias lorsque cela les arrange et tus dans le cas contraire.

24/07/2011 17:46 par lambda

à Marie-A et CN...
je constate avec amusement que les faux communistes et les vrais néolibéraux s’entendent au moins sur un point : les bienfaits du régime Chinois !

24/07/2011 19:30 par CN46400

@ Lambda

Répondre c’est bien, argumenter c’est mieux.....

25/07/2011 10:59 par un chileno

Un livre qui date, mais qui a eu le courage de paraître quand la patate était encore chaude.

Sous la direction de Gérard de Sélys, Mediamensonges, EPO, Bruxelles, 1990.

Parmi la série de sujets traités, quelques pages qui soutiennent qu’il n’y a pas eu de massacre sur la place Tiananmen, que si des violences ont eu lieu, elle se sont déroulées dans les rues aux alentours de la place et que l’intensité de ces violences a été amplifiée par les médias de nos pays dits "libres".

N’en déplaise à certains, la fameuse photo du gars qui arrête la file de tanks peut être interprétée, comme l’ont fait les médias dominants de nos pays, comme le courage et la volonté inébranlable d’un homme face à la force, mais aussi comme le fait que l’ordre donné aux militaires était de dégager la place en évitant un maximum la violence. C’est pour cela qu’au lieu de l’écraser ou de lui tirer dessus le tankiste essaie de le contourner et s’arrête même lorsque l’homme bouge pour l’empêcher de le contourner.

Et comme c’est un bon livre, il nous donne à lire quelques pages qui démontent un autre mythe : le "massacre" de Timisoara.

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