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«  L’Affaire de Hama » ou comment 10.000 manifestants se multiplient en 500.000 dans les dépêches de l’AFP

SYRIE - Mensonges et manipulations

Durant ce mois de juillet 2011, je me suis rendu en Syrie, dans le but d’y vérifier une hypothèse relative aux origines de la contestation.

J’ai pu circuler en toute liberté et indépendance dans tout le pays, de Deraa à Damas et de Damas à Alep, en croisant tout le Djebel druze, au sud, en passant par Homs, Hama, Maarat-an-Nouman, Jisr-al-Shugur, en longeant la frontière turque et en inspectant les points de passage vers la Turquie, par lesquels, comme on sait, les réfugiés ont quitté la Syrie, puis de Alep à Deir-ez-Zor, tout à l’est du pays, en traversant le désert syrien suivant plusieurs itinéraires…

J’ai ainsi pu vérifier que, d’une part, le mouvement issu de la société civile aspirant à la démocratisation du régime s’essouffle et que, d’autre part, il existe d’autres mouvances d’opposition, parfois violentes et dont les objectifs ne sont pas identiques à ceux des démocrates pacifiques.

C’est notamment le cas de la fraction islamiste de la communauté sunnite, organisée autour des Frères musulmans, qui ambitionnent l’instauration d’une république islamique en Syrie, ce qui terrifie les Chrétiens et la plupart des autres minorités, dès lors favorables au statu quo actuel et au parti Baath, garant de la laïcité de l’État.

Mais, outre cette vérification de mon hypothèse, j’ai aussi été confronté, de facto, à une constatation qui m’a stupéfait, alors que je m’attendais à trouver un pays en révolution : l’image de la Syrie qui est proposée dans les médias occidentaux, image d’un pays en en plein chaos régulièrement ébranlé par des manifestations gigantesques rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes, ne correspond en aucun cas à la réalité observable sur le terrain.

En effet, déjà minoritaire à l’origine, la contestation démocratique des débuts s’est progressivement étiolée, notamment du fait de la répression exercée par le gouvernement, et se limite aujourd’hui à quelques quartiers périphériques des grandes villes, où se rassemblent épisodiquement quelques centaines de personnes seulement, quelques milliers parfois, le plus souvent le vendredi, à la sortie des mosquées, non sans une certaine influence islamiste, très présente dans ces quartiers défavorisés. Ces manifestations n’ont que peu de conséquence sur le régime.

A côté de ce mouvement démocratique, la contestation se traduit aussi dans l’action de bandes armées, principalement à Homs, en une forme de guérilla urbaine, dont il est bien difficile de déterminer l’origine et les objectifs. Ces jeunes, cagoulés et violents, peu nombreux, ne constituent pas non plus une réelle menace pour le gouvernement.

Par contre, une contestation plus ample se poursuit à Hama, fief des Frères musulmans, la seule ville de Syrie, quasiment en état de siège, où ont encore lieu de grandes manifestations.

Hama avait été le centre d’une violente révolte, en 1982, qui avait été écrasée par Hafez al-Assad, le père de l’actuel président, Bashar al-Assad. Le bilan de la répression avait été estimé entre dix et quarante mille morts.

Lorsque la contestation a commencé, en février dernier, les Frères ont relancé leur mouvement à Hama et le régime, craignant une insurrection similaire à celle de 1982, a directement ouvert le feu contre un mouvement qui, cette fois, s’est révélé, à ce stade, non-violent (à Hama du moins).

Les habitants de Hama ont dès lors fortifié les entrées de la ville, dont l’armée s’est aujourd’hui retirée et qu’elle a encerclée de blindés prêts à intervenir en cas de débordement. Le gouvernement, de toute évidence, a choisi d’éviter le bain de sang, par crainte des réactions de la communauté internationale, et, la contestation s’essoufflant partout ailleurs, a opté pour le pourrissement.

Le vendredi 15 juillet, je suis entré dans Hama, sans être arrêté aux barrages routiers. Dans la ville, déserte, c’est le chaos : voitures et autocars calcinés, gravats, rues fermées par des barricades de fortunes, immondices qui ne sont plus enlevés… L’ordre y est maintenu par des groupes de jeunes en moto qui sillonnent les boulevards.

Très vite, j’ai été entouré par ces jeunes, inquiets de me voir prendre des photographies. Quand j’ai montré mon passeport belge, la situation s’est détendue : «  Belgîcaa !, Belgîcaa ! » ; seul observateur étranger sur place (le régime refuse l’entrée dans le pays aux journalistes), j’ai été encadré par ces jeunes qui m’ont fait toute une fête ; j’ai pu me déplacer parmi les manifestants, puis accéder à un haut immeuble, d’où j’ai pris une série de clichés d’ensemble.

Sur la place Asidi, au bas de la grande avenue al-Alhamein, la prière terminée, des milliers de personnes sont sorties des mosquées et ont déboulé de tous les quartiers de la ville. Au cri de «  Allah akbar », elles ont invectivé le régime. «  Voulez-vous de Bashar ? » ; «  Non ! ». Un long cortège a ensuite fait le tour de la place, déployant un drapeau syrien de plusieurs dizaines de mètres. L’armée n’est pas intervenue ; il n’y a pas eu de violence. J’ai ensuite eu l’occasion de m’entretenir avec ces jeunes, qui m’ont demandé de témoigner de leur mouvement.

Le soir même, rentré dans ma chambre d’hôtel, quelle ne fut pas ma surprise de lire la dépêche de l’AFP, qui annonçait un million de manifestants à travers la Syrie, ce 15 juillet, considéré comme la journée ayant connu la plus forte mobilisation depuis le début de la contestation, dont 500.000 à Hama.

A Hama, ils n’étaient, en réalité, pas 10.000.

Cette «  information » est d’autant plus absurde que la ville de Hama ne compte que 370.000 habitants. D’autres dépêches ont suivi, tout aussi absurdes : 450.000, puis 650.000 manifestants à Deir ez-Zor, une ville de 240.000 habitants. Je m’y suis rendu ; la ville est l’une des plus calmes du pays.

Certes, les chiffres sont toujours différents, d’une source à l’autre ; ils varient parfois très sensiblement ; et les estimations ne sont pas toujours aisées.

Mais, dans ce cas-ci, il ne s’agit plus d’estimations difficiles ou de variantes ; dans ce cas, il s’agit «  d’intox », de désinformation, de propagande. 500.000 manifestants peuvent ébranler le régime ; 10.000 n’ont que peu de conséquence.

Et toutes les «  informations » qui sont diffusées sur la Syrie depuis des mois sont du même ordre.

Comment ces 10.000 manifestants ont-ils pu ainsi miraculeusement se multiplier en 500.000 dans les dépêches de l’AFP ?

La source de l’AFP ? Celle qui revient et revient, systématiquement, depuis des mois, dans tous les médias. Celle qui est devenue, peu à peu, quasiment la seule source sur les événements qui touchent la Syrie. C’est l’Observatoire syrien des droits de l’homme (l’OSDH).

Je me suis immédiatement intéressé à cet OSDH. Il ne m’a pas fallu bien longtemps pour découvrir que, derrière cette étiquette aux apparences honorables, comme peuvent l’être des associations telles qu’Amnesty International ou la Ligue des droits de l’homme, se cache une organisation politique, basée à Londres, dont le président, Rami Abdel Ramane, opposant de longue date au régime baathiste, est très connu en Syrie où l’on sait les rapports étroits qu’il entretient avec les Frères musulmans, dont il serait lui-même membre.

C’est cette même organisation, l’OSDH, qui multiplie les vidéos sur Youtube, montrant des «  dizaines de milliers de manifestants », dans toutes les grandes ville de Syrie, alors que, si l’on examine ces vidéos, on ne peut compter que quelques dizaines de personnes, filmées en plans rapprochés, qui, certes, donnent une impression de masse, mais ne trompent pas l’oeil critique.

Ainsi, depuis plusieurs mois, c’est une réalité imaginaire que les médias diffusent à propos de la Syrie, une réalité revue et corrigée par une source unique sur laquelle personne, semble-t-il, n’a jugé utile de s’interroger.

Cette image d’une Syrie en pleine révolution et d’un parti Baath au bord du gouffre ne correspond en aucun cas à la réalité du terrain, où le pouvoir contrôle la situation et où la contestation s’est considérablement réduite.

Mais, au-delà de cette désinformation relative au cas syrien, il y a plus grave : de manière générale, les leçons de Timisoara, de la Guerre du Golfe ou des événements de Yougoslavie n’ont toujours pas porté. Et les médias, même les plus fiables, continuent de se laisser prendre au piège des dépêches hâtives, sans prendre davantage le temps d’en vérifier ni le contenu, ni l’origine, au risque de servir à leurs lecteurs une réalité virtuelle et de leur construire un monde imaginaire...

Pierre PICCININ
Professeur d’histoire et de sciences politiques
(de retour de Syrie)

COMMENTAIRES  

02/08/2011 12:13 par Guerrillero31

Merci pour ce témoignage....dans des contextes différents je suis persuadé depuis le début que ce qui est présenté comme des mouvements populaires et massifs en Libye et en Syrie ne sont que des manipulations.On soutient ici des islamistes que l’ on combat ailleurs...Mossad,Cia,Dgse......je suis dégouté par le rôle des médias dans ces tentatives de destabilisations et la naiveté et l’ inaction de la gauche en France.
Salutations

Sébastien de Toulouse

02/08/2011 12:23 par Free Movement Libya

A défaut de "rayer de la carte" l’Etat d’Israël, le régime arabo-fasciste de Bachar Al-Assad a lancé son armée contre les villes syriennes, pour "rayer de la carte" les manifestants syriens dans tout le pays.

Attention parce que ces "massacres du Ramadan" en Syrie vont laisser des traces profondes dans la mémoire collective des Musulmans à travers le monde et pas uniquement dans cette partie de l’Humanité.

C’est l’ensemble des pays arabes qui est traversé par cette "lame de fond" d’une contestation populaire contre les régimes en place, du Maghreb au Moyen-Orient et les renversements en Tunisie, puis en Egypte ainsi que les manifestations au Maroc, en Algérie, en Jordanie, à Oman, au Yemen...ne pouvaient avoir que des effet-dominos en Syrie et en Libye jusqu’en Arabie Saoudite et même en Iran, ou la répression sanglante de juin 2009 a permis au régime islamo-fasciste iranien de gagner du temps mais ... ça va recommencer et la situation en Syrie aura des incidences en Iran.

Nb : l’accès à la Syrie est verrouillé pour la presse étrangère, sauf pour les personnes invitées par le pouvoir syrien dont nous retrouvons les articles dans les médias pseudo-alternatifs.

02/08/2011 12:43 par legrandsoir

A défaut de "rayer de la carte" l’Etat d’Israël

Rien de tel qu’une fausse citation pour se positionner, n’est-ce pas ?

l’accès à la Syrie est verrouillé pour la presse étrangère,

On avait pourtant cru que la presse étrangère était sur place et rapportait ce qu’elle voyait...

sauf pour les personnes invitées par le pouvoir syrien dont nous retrouvons les articles dans les médias pseudo-alternatifs.

hé, Pierre, tu peux toucher deux mots à Al-Assad pour qu’il envoie deux billets d’avion pour le Grand Soir en échange d’une série d’articles dithyrambiques sur la dictature syrienne ? (offre valable aussi pour la démocratie saoudienne) Le Grand Soir a décidé de se vendre au plus offrant et pour l’instant le cours n’est pas très haut.

02/08/2011 13:37 par Eric

@ Free Movement Libya

archi faux, revoyez votre copie

pour info
Hala Jaber une journaliste britannique du Sunday Timess’est rendue en Syrie en juin
articles disponibles sur le site du Sunday Times (payants)
Syria caught in crossfire of extremists
Hala Jaber The Sunday Times Published : 26 June 2011

Islamists battle Syrian regime
Hala Jaber The Sunday Times Published : 26 June 2011

l’un des articles a été traduit ici
La Syrie prise sous le feu croisé des extrémistes
http://www.silviacattori.net/article1695.html

les médias français reprennent paresseusement les dépêches qu’ils répêtent tels des perroquets sans vérifier quoi que ce soit. la plupart n’ont jamais mis les pieds en Syrie.

Eric Colonna

02/08/2011 13:42 par DG, Canada

@Free Mouvement Libya

Le site web bien lèché des rebelles libyafeb17.com donnent des informations depuis le 16 février sur la situation ’aux supporteurs’ principalement à partir des État-Unis.

Le serveur est situé au :

5 Roundwood Avenue
Stockley Park
Uxbridge
UB11 1FF
United Kingdom
et enregistré par Mohamed Abdelati.

http://whois.domaintools.com/libyafeb17.com (on a protégé le nom à partir du 22 mars -Identity Protection Service - truc : l’écrire en majuscules http://whois.domaintools.com/LIBYA17FEB.COM)

Mohamed Abdelati écrit de Chicago sur un journal supposé ’activiste islamique’ affilié au Jewish Council on Urban Affairs (JCUA) : http://www.cairchicago.org/2011/02/22/chicagoans-rallied-for-libya-at-daley-center/

Pendant une manifestation (lundi le 22 février à Chicago), un participant a reçu la nouvelle déchirante que son frère avait été tué en Libye. (tiens donc ?) https://www.cairchicago.org/our-staff/ (parmis les 70 manifestants)

Et vous venez défendre votre position par les mêmes arguments que pour la Libye !

DG

02/08/2011 15:48 par Prairial

Les médias ( occidentaux est-on inclinés à souligner ) se laissent-ils prendre au piège des communiqués ? La bonne blague ...ou la mauvaise selon le coté des armes létales où l’on est. Non , les médias participent du piège et de la désinformation , de la manipulation , et au delà des crimes qu’on en dise ce que l’on veut .
Il ne saurait y avoir aujourd’hui un évènement international instrumenté sans le concours et la complicité de la presse avec ou sans technologie nouvelle réactive .
Citez-moi je vous prie les noms des journalistes indépendants en exercice sur les lieux d’un conflit , et le cas échéant , dite-moi dans quel haut parleur ils sont en mesure de nous informer avec un minimum d’objectivité personnelle cher professeur , ensuite nous reconsidérerons le problème .

02/08/2011 21:29 par vagabond

Je ne crois pas qu’Assad soit un enfant de choeur. Il y a peut-être infiltration mais le régime n’a rien à envier aux dictatures de cette région du monde.
C’est malheureux pour les syriens, ça me rappelle la tragédie algérienne.
Ca me surprend que ce soit déclenché de façon aussi soudaine.
Il y a quand même trop de morts. Ces gouverneurs arabes ne sont pas mieux que leurs voisins israéliens. Des forces de colonisation contre leurs peuples.

02/08/2011 22:10 par yellow

le constat après plus de trois mois de campagne militaire et médiatique est plutôt contre productif pour l’empire et ses allier, voir l’échec.
Je crains qu’un gros évènement a prétexte soit en préparation pour reprendre la main...un gros mensonge est en route.

02/08/2011 22:17 par lemond31

Paru dans ce quotidien belge....je ne connais pas du tout le syrie moi même mais je pense que ce Thomas Pierret apporte des éléments intéressants....

Une totale méconnaissance

Dans une tribune intitulée "Vicissitudes et réalités " ("LLB" 15 juillet 2011), M. Pierre Piccinin décrit l’épisode syrien du Printemps arabe comme un " mirage ". Selon lui, le régime de Bashar al-Assad bénéficierait du soutien de la " majorité " de la population en vertu d’un " consensus nécessaire ", nécessaire à quoi, on se le demande. Le problème que pose cette apologie de la dictature syrienne n’est pas seulement d’ordre éthique. Il réside d’abord et avant tout dans une accumulation de grossières erreurs factuelles qui démontrent une totale méconnaissance de la Syrie. Selon M. Piccinin, les manifestations ne concerneraient que " trois territoires bien délimités " : la région de Deraa, dans le Sud, la zone frontalière de la Turquie au Nord-Ouest, et la ville de Hama, au centre. Cette minimisation de l’ampleur géographique du soulèvement est parfaitement inexacte. Après Deraa, les protestations se sont rapidement étendues aux villes de la côte (Lattaquié, Banyas, Jable), aux banlieues de Damas (Duma, Ma’damiyya, Dariya, al-Qabun), aux trois gouvernorats de Syrie centrale (Homs, Hama, Idlib) et, ultérieurement, aux villes de l’Euphrate frontalière de l’Irak (Deir ez-Zor, Abu Kemal). On est donc très loin d’un phénomène "bien délimité " : le régime s’est senti suffisamment menacé par le soulèvement populaire pour envoyer des unités blindées le réprimer dans sept des quatorze gouvernorats du pays. Si un calme précaire est revenu depuis lors dans certaines de ces régions, c’est au prix, à chaque fois, de centaines de morts et de milliers de prisonniers. Sur la base d’autres affirmations fantaisistes, M. Piccinin explique une partie de ces révoltes par le rôle de minorités ethno-religieuses hostiles à l’Etat central. Selon lui, le nord-ouest serait " la région des Turcomans " qui, " soutenus par Ankara ", revendiqueraient une "autonomie régionale ". Une phrase, trois erreurs. D’abord, il n’existe tout simplement pas de "région des Turcomans" en Syrie, ce groupe ethnique extrêmement minoritaire (tout au plus quelques pour cent de la population) étant éparpillé à travers le pays. Le nord-ouest du pays (Jisr al-Shughur, Maarat al-Numan) est en réalité très majoritairement arabophone. Ensuite, lors des violences qui ont récemment secoué cette zone, il n’a jamais été question de revendications autonomistes : ni dans le chef des protestataires ni même dans le discours du régime, qui n’a jamais prétendu affronter un mouvement ethno-régional mais bien une "insurrection islamiste" sans toutefois avancer d’autre preuve que des clichés de paysans buvant le thé en tenant à la main des fusils de chasse. Enfin, l’idée d’un soutien turc à ce mouvement ne résiste pas à une analyse sérieuse : rien n’effraie plus Ankara que la perspective d’un démantèlement de l’Etat syrien, qui conduirait à la sécession des régions kurdes de ce dernier (Nord-Est) et donnerait un nouvel élan aux indépendantistes kurdes de Turquie. Dans une autre affirmation farfelue, M. Piccinin décrit la région de Deraa comme le foyer d’une " très large majorité de druzes ". En réalité, la plaine du Hauran, dont Deraa est la capitale, est une région presque exclusivement sunnite (la confession majoritaire en Syrie). Quant aux druzes, ils vivent dans le gouvernorat voisin de Soueida et n’ont joué à peu près aucun rôle dans les événements actuels.
Thomas PIERRET

Chargé de Cours en Islam contemporain à l’Université d’Édimbourg

Auteur de Baas et Islam en Syrie. La dynastie Assad face aux oulémas (à paraître aux Presses Universitaires de France en octobre 2011).

04/08/2011 09:31 par Délia

J’ai lu tous les commentaires après avoir lu tout aussi attentivement l’article .... et voilà  : qui croire, quand on est profane comme moi ?
Deux professeurs visiblement dignes de foi autant l’un que l’autre assènent chacun leur vérité, à coup d’arguments "imparables"....
Pour l’un, ce qu’il constate de visu, pour l’autre, ses connaissances d’historien spécialisé, les deux, analysant la situation avec une honnêteté militante incontestable.
Cela ne vous fait pas froid dans le dos, vous ?....
Petite européenne en quête de clés pour comprendre ce qui secoue si méchamment le monde - et le monde arabe en particulier - je me retrouve là devant l’incapacité de positionner mon entendement !
Et c’est là que se situe la puissance manipulatrice de la (des ?) gouvernance mondiale : Positionner d’abord des "faits" , réels et mensongers en gros titres, comme des salves provoquant ainsi une première réaction de la "populasse" que nous sommes, puis ensuite, en deuxième vague, utiliser les "réalités" en les positionnant médiatiquement de telle façon qu’elles s’annulent, pour celui qui cherche à y comprendre quelque chose d’autre que ce qui est lancé en pâture au premier jet....
Et ça marche : l’élan solidaire (avec qui ?), les revendications basiques (ici), la conscience de la capacité et de la force d’action qui réside en chacun au quotidien, tout cela est figé, muselé, bâillonné, ..."formaté"...
C’est dur à combatre, ça, non ?

04/08/2011 13:56 par legrandsoir

@ Délia

Il y a parfois des indices qui permettent d’avoir une idée (rien qu’une idée) de la réalité. Par exemple, où sont passés les images des "bombardements de civils" par l’armée de Kadhafi ? Piccinin nous montre une photo "plan large". Et quant à votre humble modérateur, il a vécu au Nicaragua en 1990 une manifestation de la droite pro-américaine annoncée dans la presse (y compris Le Monde) qui parlait de 600.000 personnes. J’y étais, j’ai les photos. Ils étaient entre 5.000 et 10.000 maxi.

04/08/2011 16:08 par lecteur
04/08/2011 16:33 par interrogation

Je veux bien croire aussi à la manipulation, et on sais tous qu’elle est bien présente partout, mais j’ai quand même l’impression que l’on crie maintenant très/trop souvent au-loup pour tout !!!

Bachar qui annonce officiellement une ouverture au multipartisme après plus de trente ans d’interdiction, il fait ça car il n’a pas peur des 10.000 personnes à Hama ?

Bachar el-Assad est quand même colonel et à remplacer son père au pouvoir depuis presque 30 ans sans élection, il y à quand pour moi quelques relent de régime autoritaire non ?

04/08/2011 17:47 par Henri

Deux choses concernant cet article et les commentaires :

- Pierre Piccinin n’a certainement pas été « invité » par le régime dictatorial syrien. Pas plus qu’Alain Gresh (du Monde diplomatique), qui a aussi pu se rendre à Hama un peu après Pierre Piccinin (voir le Diplo de ce mois) ; l’article de Gresh est aussi en ligne sur le site de P. Piccinin. Il semble donc qu’il faille seulement avoir le cran d’y aller. C’est tout. Si non que je trouve dommage que la rédaction du Grand Soir s’en prenne ainsi quelqu’un qui fait bien son métier, chose devenue rare dans le domaine de l’info.

- Je vois qu’un intervenant affiche l’article de mr Thomas Pierret, qui a attaqué Pierre Piccinin dans le journal La Libre Belgique en l’accusant de soutenir la dictature et de raconter n’importe quoi. Mais c’est dommage qu’il n’a pas aussi donné la réponse de Pierre Piccinin, que j’ai moi-même commentée sur le site de LLB. Elle est sans appel : http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/676338/apres-avoir-ete-sur-le-terrain.html.

04/08/2011 19:57 par legrandsoir

je trouve dommage que la rédaction du Grand Soir s’en prenne ainsi quelqu’un qui fait bien son métier

A quoi faites-vous référence ?

04/08/2011 19:54 par Guérillero-31

Ce n est pas parce que le régime syrien n est pas parfait que ça justifie une manipulation des médias et des mensonges si énormes !!!pour préparer l opinion publique a un changement politique.qui sommes nous pour décider quel dirigeant mérite de rester en place....surtout que ça ne derange personne quand nos amis du quatar ou d Arabie saoudite commettent des exactions....

04/08/2011 21:18 par etienne

Ce qui me chagrine, c’est que je ne comprend pas pourquoi LGS soutient comme ça, plus ou moins ouvertement, un tel régime. Car AlAssad est farouchement anti israelien ou autre ? Les ennemis de mes ennemis sont mes amis ? Ca fait juste je trouve. AlAssad ne vaut pas mieux que des ben ali ou moubarak...Ces manifestants ont un courage fou de manifester contre ce régime, lutter pour la liberté.

04/08/2011 21:31 par Henri

Mes excuses. Plus haut, vous lui demandez des billets d’avion. Mais, à la relecture, je perçois l’ironie. J’ai réagi trop vite.

05/08/2011 00:28 par Anonyme

@eteinne :
LGS ne soutient pas le gouvernement syrien ; mais par contre LGS denonce les mensonges et les manipulations.
Sachant quel est le but de ces mensonges et manipulations (les guerres et les centaines de milliers de morts en Irak, Afghanistan, Lybie, LIban, etc le demontrent bien, non ?) il me semble que c’est une position juste (je dirais même, c’est la position d’un Juste) que de les denoncer.

Ce que, moi, je ne comprends pas, c’est pourquoi pour certains le désir de voir le mechant du jour (defini par les médias) tomber prime à ce point qu’il soit justifié de tuer des dizaines ou centaines de milliers d’innocents pour y parvenir.

05/08/2011 11:45 par lighthouse keeper

http://www.lalibre.be/debats/opinions/article/674550/une-totale-meconnaissance.html

Il semble que certains professeurs bien renseignes mettent en doute certaines des affirmations de M. Piccinin...

Prendre le contrepied d’une information evidente pour faire parler de soi. Ca me rappelle un certain Claude Allegre a propos du climat...

05/08/2011 19:22 par legrandsoir

Prendre le contrepied d’une information evidente

Evidente comment ? Comme les bombardements de la population civile par les autorités Libyennes ou évidentes comme les armes de destruction massive irakiennes ?

07/08/2011 21:53 par Daniel BESSON

Bonjour ,
Il existe un juge de paix absolument imparable pour estimer la taille des manifestations : L’imagerie satellitaire . Celle-ci n’est plus l’apanage des agences gouvernementales mais est desormais accessible à des sociétés privées comme DigitalGlobe ® qui ont deja commencé à surveiller ces manifestations ( dernière publication le 28 février 2011 sur le site de DigitalGlobe ® ) . "Curieusement " , on n’ a aucune image de ces " manifesations monstres " de 300 à 500 personnes !
Daniel BESSON

08/08/2011 01:25 par G.yansoun

En Syrie, aujourd’hui se déroulent une des plus grandes révolutions de l’histoire de l’humanité, tout le monde y participe, à l’intérieure et à l’extérieur du pays, les Syriens solidaires, plus que jamais dans leur lutte pacifique, non-violente, pour mettre fin à un régime de dictature sanguinaire, qui contrôle la Syrie depuis 40 ans par la terreur, le support de la communauté internationale joue un rôle primordial et donne l’espoir à un peuple, d’avoir enfin sa liberté, mourir pour la liberté de son pays aujourd’hui, c’est un rêve pour des milliers des Syriens .

08/08/2011 01:32 par legrandsoir

"Pacifique, non-violente", on dirait le Dalai-Lama.

Les médias nous ont raconté que des centaines de policiers syriens avaient été tués. Ils sont morts sous les coups de matraques des manifestants ? (Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de raisons de manifester, ca veut dire qu’on nous raconte - ENCORE - n’importe quoi)

12/08/2011 08:41 par mimi brin d'acier
31/08/2011 09:40 par mohamed algerie

bizarrement vous êtes le seul occidental qui dit qu’il a circuler en toute liberté en Syrie contrairement a la majorité des journalistes qui parle de l’omniprésence des services lorsqu’il essaye de filmer ou parler avec les citoyens et comment en peut vous croire alors que les vidéos pullulent par centaine quotidiennement ou en voit des centaines ou des milliers de syriens qui manifestent si ce n’est que manifester maintenant en Syrie est un acte de bravoure car comme si en part en guerre

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