RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Mensonges et manipulations médiatiques

"Un Capitalisme Humaniste" vous dites ?

Le mode de production capitaliste de l’ère actuelle règne quasiment sur toutes les sociétés du monde. L’existence de ce système, sa prospérité et son avenir ont besoin d’une sorte de configuration théorique pour servir de modèle à la population consommatrice qui existe partout dans le monde. De là, recourir aux services des masses-médias, cet instrument d’unification qui capte l’attention et captive l’imaginaire, devient plus qu’utilitaire ; c’est une obligation. Ces dernières œuvrent à créer des modèles auxquels les spectateurs-consommateurs pourraient facilement s’identifier et leur serviront d’idoles, voire de référence en matière de savoir-vivre, du moment que ces moyens de communication exercent une domination sur ces individus hypnotisés qui préfèrent le paraître à l’être, l’image à la chose et surtout l’illusion à la réalité. Or, il se trouve que les moyens et les finalités employés pour ce genre de manipulation ne sont pas exempts de tout reproche. Elles sont souvent fallacieuses.

Le dispositif théorique sur lequel se fonde le stratagème médiatique du festival de vente à la foire capitaliste c’est de concentrer les regards sur une représentation saisissante de l’homme vivant. Cet agent de spectacle sert de modèle d’identification pour lequel le consommateur abandonne ses particularités, renonce à ses qualités autonomes pour s’identifier à lui. Le dessein de la création de ces vedettes, qui jouissent devant les caméras de ce pseudo bonheur, est de briser tout obstacle devant la consommation immédiate. Ni religion, ni coutumes, ni raisonnement logique ne devraient s’opposer au désir brûlant de profiter pareillement de la gaité et de la prospérité du prestidigitateur. Ce dernier, qui n’existe que derrière l’écran ou sur un poster, devient la véritable motivation et domine les gestes et le paraître de ses admirateurs, les jeunes en particuliers. C’est un modèle épicurien qui les appelle à vivre le moment, à consommer, à acheter maintenant et tout de suite. On n’oublie pas cependant de grimer cette star d’un peu d’humanisme pour flatter les sentiments des débiles. C’est le cas de celui qui est filmé entrain de distribuer quelques nourritures aux affamés ou de dénoncer le racisme. Et l’imagination dérisoire du spectateur se charge de compléter le reste en pensant qu’avec la famine et le racisme, on en a presque fini !

Il est évident que s’il y a une logique qui régit l’économie du marché et, d’une manière extensive, du capitalisme c’est celle du gain. L’époque de la gratuité et des actes dévoués est devenue une nostalgie. Et s’il existe encore quelques parangons, ils ne le sont en réalité que pour dissimuler les malignités du marketing. Dickens résume bien l’austérité de notre époque en disant que toute chose devait être payée. Personne ne devait jamais, en aucun cas, rien donner à qui que ce fût sans compensation. La gratitude devait être abolie et les bienfaits qui en découlent n’avaient aucune raison d’être. Chaque pouce de l’existence des humains, depuis la naissance jusqu’à la mort, devait être un marché réglé comptant*.

Au diable ceux qui sont dépossédés des biens de ce monde si bas ! Sous le règne de l’économie capitaliste, on s’évertue à faire payer tout, à tout le monde et à chacun. Et peu importe ce qu’est la marchandise ou ce qu’advienne au consommateur, et peu importe encore toutes les valeurs humanitaires. Le désir du profit a bel et bien aveuglé les regards des fabricants, des producteurs et des vendeurs. Des choses se présentent au marché sous forme de produit de consommation ce qui était impensable dans d’autres civilisations ou même à une époque où le capitalisme et, son alter ego, le libéralisme étaient moins imposés. Les exemples qui illustrent ces propos ne manquent pas. À commencer par les produits cosmétiques, en passant par les serviettes hygiéniques en arrivant aux femmes mariées comme produit sexuel. Cela est scandaleux. Il ne l’est pas dans le système capitaliste qui a le pouvoir, avec ses légistes et ses analystes, de fonder une démonstration de légalité à toutes les banalités qui s’exposent au marché.

Notre société moderne de consommation est un terrain rempli de pièges, petits et grands, où la tentation assiège le consommateur jusqu’à ce qu’il tombe dedans aussi averti, aussi avisé soit-il. Mais le marché n’a pas de sentiments. Les valeurs n’y existent que lorsqu’elles servent d’appât. On vous fidélise jusqu’à ce qu’un concurrent plus/moins cher se présente. On se montre aimable et bienveillant jusqu’à ce qu’on découvre votre indigence, autrement dit votre inutilité. C’est une grande sottise que de croire aux valeurs prônées par la propagande en faveur des grandes firmes multinationales. On prétend assurer la paix ici alors qu’ailleurs où se fomentent des conflits, et sous une autre appellation, un autre secteur du même groupe fournit des armes pour assurer la continuité de la destruction. On nous promet la beauté, on nous fournit des produits cosmétiques cancérogènes ; on nous promet la bonne santé, on nous vend des aliments pleins de pesticides. On nous promet le bonheur, on se retrouve dans la mélancolie. Pauvre de nous !

Adil GOUMMA

(*) Dickens, Temps difficiles, 1854.

URL de cet article 30885
  

Même Thème
Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ?
Monique Pinçon-Charlot - Michel Pinçon - Étienne Lécroart
Un ouvrage documentaire jeunesse engagé de Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, illustré par Étienne Lécroart Parce qu’il n’est jamais trop tôt pour questionner la société et ses inégalités, les sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot, passés maîtres dans l’art de décortiquer les mécanismes de la domination sociale, s’adressent pour la première fois aux enfants à partir de 10 ans. Avec clarté et pédagogie, ils leur expliquent les mécanismes et les enjeux du monde social dans lequel ils vont grandir et (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

« L’ennemi n’est pas celui qui te fait face, l’épée à la main, ça c’est l’adversaire. L’ennemi c’est celui qui est derrière toi, un couteau dans le dos ».

Thomas Sankara

L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
Hier, j’ai surpris France Télécom semant des graines de suicide.
Didier Lombard, ex-PDG de FT, a été mis en examen pour harcèlement moral dans l’enquête sur la vague de suicides dans son entreprise. C’est le moment de republier sur le sujet un article du Grand Soir datant de 2009 et toujours d’actualité. Les suicides à France Télécom ne sont pas une mode qui déferle, mais une éclosion de graines empoisonnées, semées depuis des décennies. Dans les années 80/90, j’étais ergonome dans une grande direction de France Télécom délocalisée de Paris à Blagnac, près de Toulouse. (...)
69 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.