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Yougoslavie, Irak, Libye, Syrie, Venezuela, Ukraine... : trop, c’est trop !

Ces derniers jours, le monde entier vit un véritable bouleversement. Les événements en Ukraine que suit attentivement la planète toute entière confirment le changement tant annoncé depuis le temps : adieu l’ère du diktat, bonjour l’ère multipolaire !

L’élite politique occidentale tremble. Elle ne s’attendait certainement pas à cela. Pourtant, la Russie avait prévenu maintes fois les Occidentaux que s’allier avec des extrémistes est un jeu bien dangereux. Que ce soient des intégristes salafistes ou des révisionnistes néo-nazis. Pourtant, l’occident politique a confirmé une nouvelle fois que tant que cela sert ses intérêts géopolitiques et que cela peut déstabiliser les Etats qui mènent une politique indépendante, il est prêt à s’allier y compris avec le diable. Mais il y a une ligne rouge à ne plus dépasser désormais.

Aujourd’hui, nous y voilà. Revenons à l’Ukraine puisque c’est l’actualité phare en ce moment. Où en est-on ? Pour résumer la situation brièvement (bien que cela soit difficile) : un putsch a eu lieu dans la capitale ukrainienne Kiev, à la suite duquel est destitué le président légitime du pays, reconnu par la communauté internationale (dont fait partie également la communauté occidentale), Viktor Ianoukovitch. Le tout, dans la violation totale des accords conclus entre Ianoukovitch et « l’opposition ». Cet accord de sortie de crise signé le 21 février à Kiev en présence des « médiateurs » français, allemands et polonais, prévoyait notamment une élection anticipée du chef de l’Etat, la formation d’un gouvernement d’unité nationale, ainsi qu’une réforme constitutionnelle qui diminuerait les pouvoirs du président au profit du Premier ministre.

Evidemment et dès le départ, c’était une erreur stratégique de la part de Ianoukovitch, qui d’ailleurs n’en est de loin pas à sa première erreur dans l’histoire plus ou moins récente de l’Ukraine. Cela sans parler de la mauvaise gestion. Manque de caractère, faiblesse personnelle ? Que ce soit l’un ou l’autre, voire autre chose, la question n’est pas là. Des accords ont été conclus sous supervision et garanties de représentants de pays de l’Union européenne et devaient être appliqués. Et que se passe-t-il après ? Des menaces sont proférées à l’encontre de Ianoukovitch, ainsi que des membres de sa famille. Plus encore, une tentative d’assassinat aurait été organisée alors qu’il se rendait dans la nuit du 21 février à Kharkov pour participer au forum du Parti des régions (dont il est membre) : des extrémistes armés ont tiré sur son cortège. Au matin du 22 février, son service de sécurité lui annonce la présence de groupes extrémistes radicaux dans la ville. Parallèlement à Kiev et sous pression des groupes radicaux armés, les députés votent un décret transférant les pouvoirs du chef de l’Etat au président de la Rada suprême, Alexandre Tourtchinov, en violation donc des accords signés précédemment. Ianoukovitch fuit en Russie.

Les élites politiques occidentales pensaient alors « avoir gagné » et avoir accompli leur « mission », à savoir (au moins) destituer un chef d’Etat qui avait « osé » se retourner contre leurs intérêts en refusant au dernier moment de signer un accord d’association avec l’UE (sa principale faute vis-à-vis des occidentaux). Mais que se passe-t-il par la suite ? Toute la Crimée et l’Ukraine du Sud-Est se révoltent massivement : Sébastopol, Simferopol (capitale de la Crimée), Donetsk, Kharkov, Odessa, Lougansk, Marioupol, Dnepropetrovsk, Kherson, Nikolaïev,.... Le Sud et l’Est du pays montrent clairement qu’ils ne comptent nullement reconnaitre les autorités-putschistes de Kiev. Les extrémistes des organisations ultra-nationalistes et néo-nazies de l’ouest ukrainien (PraviySektor, Svoboda, UNA-UNSO...) qui font désormais la loi dans les rues, aussi bien dans la partie occidentale du pays que dans la capitale également, menacent alors directement les régions pro-russes de « descentes armées » massives afin de « mâter toute résistance Moskal » (Moskal : terme péjoratif signifiant « Russe »).

La Crimée organise des groupes d’auto-défense, l’Est du pays suit le pas. La République autonome de Crimée demande la protection de la Russie. Le président russe Vladimir Poutine soumet la demande au Conseil de la Fédération (Chambre haute du Parlement russe). Les sénateurs donnent une réponse positive pour l’autorisation de l’utilisation des forces armées de la Fédération de Russie en Ukraine jusqu’à la normalisation de la situation politique dans le pays. Ils demandent par ailleurs au président russe de rappeler l’ambassadeur de Russie aux USA, suite aux menaces étasuniennes. La Crimée est sécurisée mais la Russie n’a pas encore fait usage de la possibilité d’envoi de troupes russes supplémentaires. A ce propos, une défection massive se poursuit dans les rangs des forces armées ukrainiennes, et ce à différents niveaux. Fait majeur : le commandant de la marine ukrainienne, l’amiral Denis Berezovski, a prêté tout dernièrement serment à la Crimée.

Sans oublier la frégate Hetman Sahaidachniy, le navire amiral de la flotte ukrainienne qui revenait d’une patrouille dans le golfe d’Aden. Ayant refusé de reconnaitre et de suivre les ordres du nouveau pseudo-gouvernement ukrainien, le navire a hissé le drapeau de la flotte militaire maritime de Russie. Un coup très dur pour les autorités improvisées de Kiev. D’autre part et à l’heure actuelle, plus de 3000 militaires des forces armées ukrainiennes ont déjà prêté allégeance au peuple de Crimée. Apparemment, ce n’est que le début. Peut-on d’ailleurs parler de défection ? Certainement pas. Plutôt d’un engagement moral lorsque le pays (ou du moins une partie dont la capitale) est aux mains de forces et de marionnettes néo-fascistes. La Crimée elle, est devenue le pôle de résistance par excellence, à l’image de sa glorieuse histoire : que ce soit lors de la résistance face à la coalition du Royaume-Uni, la France et l’Empire ottoman au XIXème siècle ou la résistance farouche aux occupants nazis durant la Seconde Guerre mondiale.

L’Ukraine est donc divisée plus que jamais. A qui la faute ? La Russie et ses canaux diplomatiques ont prévenu tellement de fois les « partenaires » occidentaux de ne pas attiser la haine et la division dans un pays déjà tellement divisé. Une division qui ne date pas d’hier car l’Ukraine dans sa forme actuelle est un Etat (il faut bien le dire) artificiel avec des composantes qui trop souvent ont une interprétation de l’histoire, du passé, du présent et du futur totalement opposée. Si les Occidentaux avaient écouté, l’Ukraine aurait peut-être pu garder ne serait-ce qu’un semblant d’unité. Ont-ils écouté ? Non, ils ont préféré poursuivre leurs plans maléfiques et néfastes dans la déstabilisation du pays, en espérant par la même occasion prendre une revanche sur la Russie pour tous leurs échecs plus ou moins récents.

Aujourd’hui et on le voit bien, cela est tout simplement impossible. Le pays est partagé entre des populations voyant leur avenir d’une manière entièrement différente. La Russie continue pourtant de demander à ce qu’il y ait un véritable dialogue en Ukraine. Le problème, c’est que tant qu’il y a un gouvernement illégitime à Kiev, qu’une partie du pays est contrôlée par des éléments racistes et xénophobes et qu’il y a une menace ouverte vis-à-vis des populations russophones et russophiles d’Ukraine, vraisemblablement le dialogue est très peu probable.

Maintenant, revenons aux « menaces occidentales », en premier lieu des États-Unis (on s’abstiendra de parler des satellites). Obama a menacé la Russie en déclarant « qu’elle paiera cher son intervention (éventuelle) en Ukraine ». La seule chose à dire ici est qu’avant de parler de paiement, les États-Unis devraient commencer par rembourser leur colossale dette extérieure, le pays le plus endetté du monde se nourrissant des ressources et du sang des autres États. Quant aux déclarations du secrétaire d’Etat étasunien John Kerry qui a affirmé que « la Russie serait isolée au sein de la communauté internationale », cela avait bien l’air d’une très mauvaise blague, surtout suite aux échanges en ce 3 mars entre le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et son homologue chinois Wang Yi, desquels il ressort que la Chine soutient la position de la Russie. « Les ministres ont procédé à un échange de vues sur les événements en Ukraine et constaté la similitude des positions russe et chinoise face à la situation qui règne dans ce pays et autour de lui », indique le communiqué publié sur le site ministériel russe... Une position qui est et qui sera certainement soutenue par les autres alliés, et ce au niveau global. En protégeant la vie de tous ceux qui ont demandé son aide et assistance, de même que ses intérêts, la Russie évite justement qu’il y ait un bain de sang aujourd’hui en Ukraine. Une mission qu’elle remplit en ce moment avec succès. Et ses alliés et partenaires honnêtes le savent parfaitement. Donc parler « d’isolation » est véritablement une bien grande farce.

Pour revenir aux États-Unis et mis à part l’alliance de ce pays avec des extrémistes, que ce soit les salafistes en Libye et en Syrie, et maintenant avec les néo-nazis en Ukraine, ce pays a vraiment du culot d’oser parler de justice alors que son rôle dans l’histoire de l’humanité a justement été non pas d’éviter les bains de sang mais au contraire de les accroître. Un pays responsable des pires crimes contre l’humanité : seules utilisations d’armes nucléaires contre la population à ce jour, guerre du Vietnam, putschs criminels en Amérique latine, soutien actif des régimes racistes d’apartheid en Afrique du Sud et Israël, bombardement de la Yougoslavie et de la Libye. Financement, soutiens armés et logistiques de rébellions responsables de crimes contre l’humanité, comme en Côte d’Ivoire et plus récemment en Syrie, maintes tentatives de déstabiliser aujourd’hui les alliés de la Russie en Amérique latine, comme en ce moment au Venezuela, des victimes aux quatre coins du monde parmi lesquelles beaucoup de femmes, d’enfants et d’hommes de tous les âges. La liste est loin d’être exhaustive. Maintenant, on dit stop !

Quant aux « menaces » de faire sortir la Russie du G8, il est à croire que cela ne pourrait être que positif. Ce groupe ne représente aucunement les intérêts de la Russie à l’heure actuelle. Le temps du G7 + 1 (où la présence russe était comme une sorte de « bienfaisance » de la part des Occidentaux) est aujourd’hui complètement révolu. La priorité de la Fédération de Russie est aujourd’hui le développement de l’alliance au sein des pays du BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), ainsi qu’au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) qui compte en son sein la Russie, la Chine et les pays d’Asie centrale (Kazakhstan, Ouzbékistan, Kirghizistan, Tadjikistan), de même que plusieurs Etats observateurs, dont l’Iran. Sans oublier bien évidemment l’intégration au niveau eurasiatique avec l’Union douanière et le projet d’Union eurasiatique. C’est cela la priorité. Pour finir, rappelons-nous que l’occident politique n’est aucunement représentatif de toute la communauté internationale, très loin de là, et surtout pas de toute l’humanité. Plus vite ses élites politiques et financières le comprendront, mieux ce sera pour elles-mêmes.

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