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Thème : Arts

Quelques remarques sur l’art renouvelable de la récupération

Jaime SEMPRUN

Le texte qui suit constitue la préface et le chapitre introductif du livre de Jaime Semprun intitulé Précis de récupération, illustré de nombreux exemples tirés de l’histoire récente, paru aux éditions Champ libre en janvier 1976.

« Mais ce qui est excellent non seulement ne peut échapper au destin d’être ainsi dévitalisé et déspiritualisé, d’être dépouillé et de voir sa peau portée par un savoir sans vie et plein de vanité ; il doit encore reconnaître dans ce destin même la puissance que ce qui est excellent exerce sur les âmes, sinon sur les esprits ; il faut y reconnaître le perfectionnement vers l’universalité, et la déterminabilité de la forme, en quoi consiste son excellence, et qui rend seulement possible l’utilisation de cette universalité d’une façon superficielle. » Hegel, Phénoménologie de l’Esprit (préface). S’il est une lecture plus propre à persuader de l’inéluctable effondrement de cette société que celle des très nombreux ouvrages en exposant les diverses tares, c’est bien celle de ceux, plus nombreux encore, qui s’avisent d’y proposer quelque remède. Ma supériorité évidente, dont le lecteur appréciera bien vite tous les avantages, est de ne présenter aucune solution : j’attaque le problème, en la personne de ceux qui (...) Lire la suite »

Les artistes sont aussi des travailleurs - Convergence des luths

Sébastian RENAUD, Rémy CARDINALE

"La période post-crise verra (et on le voit déjà) le secteur musical se concentrer encore plus sur les stars ultras médiatisées. Les artistes des deuxième et troisième cercles connaîtront une sévère précarité, avec une baisse non négligeable de la valeur de leurs cachets, sans compter qu’un grand nombre d’entre eux seront exclus du régime de l’intermittence du spectacle. Le moment peut-être pour eux d’enfin réfléchir à un autre mode de production. "

« La culture est en danger », entend-on partout. Et, de fait, voici plus d’un an que toute activité artistique en présence de public est arrêtée. Plus d’un an qu’il faut répéter, assurer la maintenance des lieux culturels, annuler festivals et représentations dans l’espoir que ça cesse un jour. Si les salles commencent à rouvrir, n’en demeure pas moins un problème de fond : c’est quoi, la culture ? Ou, plutôt, qui donc la rend possible ? On répondra sans doute : « Les artistes. » La catégorie est commode, englobant tout et son contraire : grands génies solitaires et hors-sol, stars du marché mondial et multitude de précaires et de pauvres romantisés sous couvert de « bohème » et de « chance », celle, tout de même, de pouvoir exercer sa « passion ». Nous nous sommes entretenus avec le jeune collectif de musiciens Convergence des Luths. Pour ces travailleurs de la culture — tel est le titre qu’ils revendiquent —, il est urgent de reconsidérer de fond en comble notre rapport à l’ensemble de ces métiers. Le collectif (...) Lire la suite »

Mademoiselle de Joncquières et les féministes

Rosa LLORENS

Le film d’Emmanuel Mouret, tiré d’une nouvelle insérée dans Jacques le Fataliste de Diderot, n’engage apparemment pas de grands débats. C’est même le consensus des critiques qui est fastidieux, en particulier sur la subtilité et l’élégance des dialogues, écrits dans une langue XVIIIe, et sur le jeu parfait des acteurs.

Sur le premier point, il faut avouer qu’il y a bien des platitudes (on est loin de Marivaux !), que les acteurs s’efforcent de débiter comme des traits d’esprit ; on relève aussi un « délivrer une éducation », totalement incompréhensible au XVIIIe siècle : « délivrer » dans ce sens (formuler, énoncer, ou, ici, impartir) est un anglicisme qui ne s’est imposé que dans ces dernières décennies. Sur le deuxième, on comprend bien que Cécile de France est tendance et qu’il faut la porter aux nues ; mais son espiègle voix de petite fille, pas plus que son maintien raide et guindé, ne conviennent guère au rôle de Mme de la Pommeraye ; peu subtile, elle répond à toutes les situations par le même sourire de toutes ses dents. Quant à Edouard Baer, plus que par sa « séduction naturelle », on est frappé par son aspect rondouillard et crade (barbe de trois jours, qui ne se portait guère à l’époque), qui en fait un Don Juan peu convaincant. Bref, tous deux sont loin de former « un duo fascinant ». Enfin, l’ingénue (malgré son (...) Lire la suite »

Quand on chantait sous l’Occupation (I)

Bernard GENSANE

En 1939, en France, la radio touchait un public de masse (5 millions de postes récepteurs pour environ 40 millions d’habitants). Il était naturel que l’occupant nazi, les collaborateurs, mais aussi les résistants de Londres s’intéressent à ce nouveau moyen de communication et à ce qu’il véhiculait en priorité : information, propagande et divertissement.

En 1939, la chanson était passée depuis une décennie de la salle de spectacle aux ondes radiophoniques. Dans le climat munichois et celui de la “ drôle de guerre ”, les chansons de qualité à succès étaient celles, quelque peu acidulées, ironiques ou parodiques de Pills et Tabet ou de Mireille et de Jean Nohain (“ Couchés dans le foin ”, “ Le vieux Château ”). Juste avant la conflagration, Charles Trénet avait popularisé l’insouciant “ Y’a d’la Joie ” : Y’a d’la joie Bonjour, bonjour les hirondelles Y’a d’la joie Dans le ciel par dessus les toits. et le fameusement – quoique involontairement – proleptique “ Boum ” : Boum ! Quand notre cœur fait boum ! Tout avec lui dit boum ! Et c’est l’amour qui s’éveille. Dans le même temps, le climat international devenant tendu, la chanson patriotique, pratiquement disparu depuis 1920, refleurissait. Des auteurs de chansons tentaient de retrouver le style des années 1870 à 1914. Lucienne Boyer chante “ La Fille à Madelon ”, et George Thill prévient : “ Ils ne la gagneront pas ! (...) Lire la suite »

La Grèce start-up

Gaëtan PELLETIER

« Emma Coats, ancienne scénariste du studio, a décrypté le code de Pixar, créant du même coup un modèle de pitch ’irrésistible’. Selon elle, tous les films de Pixar partagent le même ADN narratif, une structure qui fait intervenir les 6 phrases suivantes :

Il était une fois_____. Chaque jour_____. Puis un jour_____. À cause de ça_____. C'est pourquoi_____. Jusqu'à ce qu'enfin_____. Le truc génial de Steve Jobs pour convaincre n'importe qui Il y a quelques décennies, on vendait des recettes pour être heureux. Maintenant, on vend des recettes pour devenir riche. Ou devenir Steve Jobs... Il est décédé d'un cancer du pancréas en 2011 soulevant une vague d'émotion à travers le monde. Une vague d'émotion ? Oui, une vague d'émotion. Car il avait inventé un ordinateur. Oui, un ordinateur. Et pas le moindre : Il était une fois un poisson veuf appelé Marin, qui se faisait beaucoup de soucis pour son fils unique Nemo. Chaque jour, Marin rappelle à Nemo que l'océan est plein de dangers et l'implore de ne pas nager au loin. Puis un jour, par défi, Nemo ignore les mises en garde de son père et nage jusqu'à la pleine mer. À cause de ça, il est capturé par un plongeur et se retrouve poisson d'aquarium chez un dentiste de Sydney. C'est pourquoi Marin part en voyage pour (...) Lire la suite »

La Bataille de la Montagne du Tigre ou comment raconter l’Histoire à la génération vidéo.

Rosa Llorens

Tsui Hark a depuis longtemps ses fans, qui encensent ses films aux spectaculaires effets spéciaux, comme dans les deux Détective Dee, sortis en France en 2010 et 2014. Mais voilà que les admirateurs du "génie de Hong Kong" font la moue : "on ne sent plus ici l’approche chaotique du monde et du langage cinématographique qui font de Tsui Hark un authentique révolutionnaire du 7e art" (la "révolution" par le chaos, si tristement actuelle, est-ce vraiment l’idéal d’Abusdeciné ?). Pourquoi donc ?

La Bataille de la Montagne du Tigre n'est plus, comme Détective Dee, un film hongkongais, mais chinois, et l'histoire ne se passe plus dans un lointain Moyen-Age, mais en 1946, pendant la guerre civile entre le fasciste Tchang Kaï Chek et les communistes. Le Monde réagit donc mécaniquement : c'est "un bon film sur fond de soupe patriotarde", qui montre une "évidente concession à l'industrie de Pékin comme aux exigences du pouvoir central". Et Abusdeciné estime que Tsui Hark se contente de "flatter l'héroïsme national sans chercher à le bousculer dans ses croyances et ses habitudes". Comme on aurait aimé voir cet esprit critique si aigu s'exercer sur Argo, Zero Dark Thirty, ou American Sniper ! Mais non, là, impossible de voir la patte de la CIA ou du Pentagone, ou autre organe du "pouvoir central", et travailler pour l'industrie de Hollywood vous met à l'abri de toute tentation patriotarde. Il n'y a pas lieu non plus de "bousculer" les certitudes et les habitudes du public étasunien (qui se (...) Lire la suite »

Les Sorcières de Zugarramurdi : un film où l’on rit !

Rosa LLORENS

Alex de la Iglesia est plus populaire en Espagne qu’Almodovar. Il y a deux ans, il s’était fourvoyé dans le genre sérieux, essayant d’appliquer son humour à l’Histoire, celle de la Guerre civile, mais n’aboutissant qu’à renvoyer dos à dos républicains et franquistes.

Ses films purement comiques donnent en fait des critiques bien plus pertinentes et percutantes. Dans le cinéma populaire, il représente un comique grotesque et même brutal qui rit de tout, y compris de sujets tabous (l'esperpento) ; il a pour compère Santiago Segura, auteur du plus grand succès espagnol, avec son film Torrente, le bras gauche de la loi (où il se moque même des mongoliens). Rire de tout, grave défaut aujourd'hui, où le domaine du rire se rétrécit de plus en plus : on n'a pas le droit de rire des Juifs (pourtant, l'humour juif ne consiste-t-il pas à se moquer de sa tribu ?), mais on ne peut plus se moquer non plus du sexe (d'où les attaques haineuses contre Nymphomaniac sur Critikat par exemple), ni des femmes et du féminisme ; c'est pourquoi les Cahiers du Cinéma exécutent les Sorcières : film machiste ! Pourtant, sur cette voie, les Étasuniens (semble-t-il) l'ont précédé, démolissant aujourd'hui la figure de la super-woman répressive, parfaite dans tous les domaines et porte-parole (...) Lire la suite »

Thierry Aymès. La Philo en 50 chansons

Bernard GENSANE

Pour écrire un tel livre, il fallait être philosophe, auteur-compositeur, musicien, féru de chanson française. You name him, comme disent les Grands-Bretons, et vous dévorez cet ouvrage très original qui prend le pari (et le gagne) d’associer des extraits de chansons populaires françaises à des développements philosophiques des plus grands penseurs de l’histoire de l’humanité.

Qu’ont donc Brassens, Ferré, mais aussi Clo-Clo ou Lorie à nous apprendre en matière de philosophie ? Beaucoup. Car, même si c’est à l’insu de leur plein gré, ils nous transmettent des pensées philosophiques élevées, des visions du monde originales, une phénoménologie, un « sens de l’être », pour reprendre une expression de Heidegger. Dans son Éthique à Nicomaque, Aristote postule que « nous sommes ce que nous répétons sans cesse ». Dans son plus grand succès, notre Clo-Clo national ne dit rien d’autre : Sur toi je remonte le drap J’ai peur que tu aies froid Comme d’habitude Ma main caresse tes cheveux Presque malgré moi Comme d’habitude D’où cette puissante réflexion du philosophe grec : « L’excellence n’est donc pas un acte, mais une habitude ». Est un homme bon, est un être qui accède à la vertu, celui qui réalise bien sa fonction. Le problème ici est le « Presque malgré », annonciateur de la fin de leur amour. Par ce « comme si », les deux amants ne sont plus dans le sentiment mais dans l’artifice, dans la fin (...) Lire la suite »

Art critique médias

CurcumaBio

Place aux images dans la cri­tique des médias. L’importance des médias — et de leur cri­tique par consé­quent — dans le fonc­tion­ne­ment démo­cra­tique ne sera pas démon­trée ici. Mais par­fois “mon­trée” plu­tôt que “démon­trée”. C’est de cette façon qu’opèrent les gens d’image : mon­trer, sen­si­bi­li­ser, tra­vailler les signes et les ima­gi­naires. Cette approche — ni plus ni moins impor­tante que d’autres — reste très mar­gi­nale dans le cou­rant (lui-même très mar­gi­nal) de la “cri­tique des médias”.

Le but de cet article est de reven­di­quer briè­ve­ment la légi­ti­mité de l’art dans la cri­tique des médias puis de s’atteler modes­te­ment à la tâche, un coup de crayon après l’autre. Cla­ri­fions d’emblée les sta­tuts du texte et des images dans cet article. Les images priment, elles ne rem­plissent pas la fonc­tion illus­tra­tive dans laquelle on cherche géné­ra­le­ment à les can­ton­ner. Ce texte, lui, est secon­daire. Il rem­plit les fonc­tions mini­males d’introduction, de liai­son, de com­men­taires qui satis­font à nos habi­tudes de lec­ture. Place aux images. Infor­mer c’est don­ner forme Quel rap­port entre le tra­vail des jour­na­listes (sur­tout) et celui des artistes ? L’information. Chaque jour, ils “informent” et le dic­tion­naire m’autorise à le dire : “infor­mer c’est don­ner forme”. Chaque jour, le jour­nal télé­visé nous pré­sente le monde, il le condense, il en orga­nise la repré­sen­ta­tion, le met en scène. Dif­fé­rem­ment, les artistes aussi. Une guerre n’est jamais un spec­tacle S’il est vrai que les (...) Lire la suite »

Appel aux artistes. Naissance d’un nouveau mouvement artistique : RevotEmotion

Boris Lesoir

Bonjour à vous, voici le manifeste du mouvement artistique : RevoltEmotion.

RevoltEmotion Salut à toutes et à tous, amis artistes. Face à des sociétés de plus en plus conformistes, formatées et autodestructrices, un art enragé, dénonciateur et émancipateur est nécessaire ! Nous lançons le mouvement artistique RevoltEmotion pour développer et partager des créations qui appellent à la résistance, à la critique, à d'autres mondes. Nous souhaitons que les participants défendent les mêmes idées de base, à savoir dénoncer les absurdités et violences de nos prétendues sociétés, du système capitaliste et de toute autre forme d'oppression. L'important est d'être animé d'un solide esprit de révolte et de déchaîner notre imagination pour créer des catalyseurs contre ce Monde immonde, destructeur incohérent,et pour un monde en paix,de partage,de liberté et de fraternité. L'objectif de ce mouvement artistique n'est pas de rentrer dans le système, mais bien de lui rentrer dedans ! En opposition au lard contemporain, qui est un fourre-tout insignifiant ne défendant aucune valeur éthique, mais (...) Lire la suite »