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Thème : Développement durable/Décroissance

Afrique et développement

Rorik DUPUIS VALDER
Ceux qui ne perçoivent le monde qu’à travers le prisme du sacro-saint « développement économique », passent sans doute à côté des richesses spirituelles et des réalités humaines de l’Afrique. Ce travail de « dissociation culturelle » – sorte de gymnastique intellectuelle faite d’empathie profonde et de métaphysique – demande, il est vrai, une certaine humilité et un goût de l’effort (ou du sacrifice, c’est selon) particulier, lorsqu’on a été élevé dans les normes de la domination matérielle et les restes d’un racialisme historique. Ceux-là, par une malheureuse rigidité bureaucratique et les certitudes mesquines héritées de l’eurocentrisme colonial, n’ont manifestement pas compris grand-chose de la place déterminante qu’occupe la mystique sur le continent. Je ne parle pas ici de religion définie ni de mystique au sens dogmatique du terme, mais d’une certaine vision globale de la place de l’homme sur Terre, d’un certain rapport qu’on peut avoir au destin et aux évènements du monde, assez éloignés du pragmatisme (...) Lire la suite »

Cuba montre l’exemple en matière de changement climatique (Jacobin Mag)

Helen YAFFE

Cuba, petite île assiégée par les États-Unis, prend des mesures concrètes pour réorienter son économie dans le cadre de la lutte contre le changement climatique. C’est un exemple que le monde entier devrait prendre au sérieux.

Cuba n’est peut-être responsable que de 0,08 % des émissions mondiales de CO2, mais cette île des Caraïbes est touchée de manière disproportionnée par les effets du changement climatique. La fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques extrêmes – ouragans, sécheresse, pluies torrentielles, inondations – sont en augmentation, au détriment des écosystèmes, de la production alimentaire et de la santé publique. Si aucune mesure n’est prise pour protéger le littoral de l’élévation du niveau de la mer, jusqu’à 10 % du territoire cubain pourrait être submergé d’ici la fin du siècle. Cela risque d’anéantir les villes côtières, de polluer les réserves d’eau, de détruire les terres agricoles, de rendre impraticables les plages touristiques et de forcer un million de personnes à se déplacer – soit environ 9 % de la population. Mais à la différence de nombreux pays, pour lesquels l’action en faveur du climat est toujours une promesse pour l’avenir, à Cuba, des mesures sérieuses sont entreprises dès maintenant. Entre (...) Lire la suite »

Le système, l’opinion publique et les grandes causes

Bernard CONTE
« L'opinion publique est la clé. Avec l'opinion publique, rien ne peut faillir. Sans elle, rien ne peut réussir. Celui qui manipule les opinions est plus important que celui qui applique les lois. » Abraham Lincoln (1809-1865), 16e président américain Le système d’exploitation et de contrainte, capitaliste depuis trois siècles, instrumentalise l’opinion publique pour arriver à ses fins. En effet, la domination du petit nombre sur le grand nombre a besoin d’un « pseudo » consentement de la part de la masse. Pour l’obtenir, le système met en lumière et promeut des causes « humanitaires » qui, tellement « évidentes », charitables et flatteuses pour la dignité humaine, deviennent rapidement des dogmes, des vérités imposées (révélées) qu’il est interdit de mettre en doute ou de contester sous peine de sanctions (mise au ban, exclusion, excommunication). Il s’agit le plus souvent de « sauver » tout ou partie de l’Humanité. L’adhésion et la participation à ces « croisades » ne peut se négocier. Au mieux, il est (...) Lire la suite »

Ce que le film Après Demain ne vous a (toujours) pas dit

Emmanuel WATHELET
Si le film Demain a été un tel succès et qu’il a touché tant la société civile que les décideurs politiques et le monde marchand, pourquoi les résultats sont-ils aussi minces ? Désolé, le film Après Demain ne vous apportera pas de réponse, même s’il est obligé de faire un constat d’échec du bout des lèvres. Pire : le nouveau documentaire de Cyril Dion, accompagné cette fois par la journaliste environnementale Laure Noualhat, est confus, trompeur et très intéressé. Ils y confirment l’indigence de leur analyse économique et politique, mais aussi l’incapacité à se défaire de leurs œillères. La caution « autocritique » qu’aurait dû apporter Noualhat fait un « flop » qu’on ne saurait attribuer qu’à l’ (auto)censure ou à l’ignorance. Essayons de comprendre. Je ne vais pas faire traîner un scoop qui n’existe pas. Lorsque j’ai écrit ma première critique sur le film Demain – un article abondamment relayé et je vous en remercie ! – j’ai très précisément expliqué l’erreur originelle de Cyril Dion et Mélanie Laurent : le fait (...) Lire la suite »

Quelques remarques sur « L’affaire du siècle »

Kevin Amara, Nicolas Casaux
En cette fin d’année 2018, une coalition de quatre ONG — Greenpeace, Oxfam, la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH) et Notre affaire à tous — s’est formée pour poursuivre l’État français en justice[1], afin de le contraindre à respecter la limite de 1,5° C de réchauffement climatique. Pour le lancement de cette procédure, elles ont organisé une campagne médiatique d’envergure, notamment sur les réseaux sociaux, où un clip vidéo tourné pour l’occasion est rapidement devenu viral. Clip vidéo dans lequel nos plus célèbres écolos, youtubeurs, et quelques célébrités ayant accepté de se prêter au jeu — profitant ainsi d’une belle occasion de verdir leur image — expliquent le comment et le pourquoi de ce procès, et tentent de recueillir un maximum de signatures. Nous voyons deux raisons pour lesquelles ce projet pourrait servir à quelque chose. La première, assez discutable, c’est qu’il permet de parler des problèmes écologiques actuels, et donc, d’une certaine manière, de sensibiliser — assez superficiellement, (...) Lire la suite »

Collapse : nuit noire ou grand soir

Denis DUPRÉ
Il flotte dans l’air un parfum de fin du monde. Ça va chauffer pour l’humanité. Mais le prix Nobel d’économie de 2018 s’en fout. William Nordhaus prévoit une baisse de 10% de la richesse mondiale produite (PIB) pour 2100 dans l’hypothèse d’une augmentation de température de 6 °C d’ici la fin du siècle. Ce n’est pas dramatique. Pourtant un autre économiste, Nicholas Stern, sonne l’alerte et anticipe une baisse de 90% du PIB pour la même hausse de température de 6 °C. Dans ce cas cela ressemble plutôt à l’apocalypse. On ne sait qui a raison. Quand on le saura, il sera trop tard. Mais il faut prendre des décisions aujourd’hui et dans cette incertitude. Chacun y va de son imagination et porte des réponses à ces deux questions vitales. Peut-on échapper au scénario noir ? Faut-il s’insurger pour y arriver ? On n’échappera pas au pire nous dit le philosophe Dominique Bourg « Dans la prochaine décennie, je doute que l’on puisse changer vraiment les choses ; si on commence à les changer substantiellement, ce sera (...) Lire la suite »
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L’éco-consommation : misère de l’écologie bourgeoise ou pourquoi pour être un vert honnête il faut être un rouge sérieux !

Louis- JRCF

Avec un intérêt croissant depuis plusieurs années, la bourgeoisie* a découvert en « l’éco-consommation » une nouvelle éthique, laquelle correspond parfaitement à son intérêt de classe et à sa logique idéologique : jouer la carte du progressisme (attrait pour la nature, l’autre, le bien-être général, les conditions de vie (et de mort) des animaux) tout en étant farouchement conservatrice (maintenir sa position de classe). Bref, jouer la carte du changement et de l’innovation, afin que les choses restent les mêmes. Si l’éco-consommation est un subtil moyen pour la bourgeoisie de repeindre en vert ses frontières de classe (§1) et que cette sensibilité contemporaine est aussi l’incarnation d’une nouvelle manière de faire de la politique (§2), il est clair qu’une écologie conséquente ne passera jamais par un réformisme consumériste mais par l’inscription de cet impératif dans le programme révolutionnaire (§3).

§1 L’éco-consommation comme subtil moyen pour la bourgeoisie de repeindre en vert ses frontières de classe Les pratiques qui marquent les frontières entre les classes peuvent être plus ou moins ostensibles : l’achat d’une voiture d’un certain type le sera plus que le choix d’une filière particulière dans le secondaire ; le choix du lieu de vacances bien davantage que celui où l’on fait ses courses alimentaires. Si peu significatif que soit ce dernier domaine en apparence, il est comme tous les autres le lieu d’une cruelle différenciation sociale : il y a ceux dont le « pouvoir d’achat » – expression terriblement caractéristique du néolibéralisme – permet l’accès à certains produits (sains, frais, de qualité supérieure, etc.) et ceux condamnés au « bas de gamme ». Ainsi d’aucuns peuvent se nourrir de « bio », de « local », de « fait-maison » et d’autres pas. Cependant, dire que les riches achètent ce qu’il y a de mieux – par définition plus cher – et les pauvres ce qui est disponible à moindres frais est une (...) Lire la suite »
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La Tunisie à la croisé du chemin...de l’Investissement ?

Mohamed CHEIKHALIFA

Faute d'Europe il est légitime de prendre la route de la soie pour moderniser le pays afin de créer 1 million d’emplois ! L’enveloppe de l’investissement requis est de l’ordre de 150 milliards de dollars !

La Chine a établi des accords de coopération avec 80 pays dans le cadre de l’initiative de « La Ceinture et la Route ». Elle a déployé une coopération systématique en matière de production avec une trentaine de pays, a créé 75 zones de coopération économique et commerciale à l’étranger en partenariat avec 24 pays, et a investi plus de 50 milliards de dollars pour créer près de 200 000 emplois dans des pays situés le long des nouvelles routes de la soie. Il est opportun pour la Tunisie de joindre ladite initiative afin de répondre aux aspirations légitimes de toute une jeunesse qui n’a rien vu venir en matière d’emplois, de développement durable ou de protection de l’environnement. Trois secteurs porteurs de larges promesses mériteraient une métamorphose totale pour nous permettre de participer à l’économie-monde avec une valeur ajoutée consistante et bénéfique pour cette jeunesse hantée par le chômage source de sa perdition et la privant de tout horizon et d’espoir en un devenir digne. Faute d'Europe, il est (...) Lire la suite »

Comment les Cubains ont converti leur île au bio

Frédérique Basset

Les écologistes du monde en entier en rêvent, les Cubains l’ont réalisé. Depuis plus de vingt ans, l’île s’est convertie à l’agriculture biologique. Nécessité, possibilité et volonté ont été les clés de cette success story !

1989. Chute du Mur de Berlin. Deux ans plus tard, effondrement du bloc soviétique. Cuba perd alors son principal fournisseur de pétrole, de matériel agricole, d’engrais chimiques et autres pesticides. Avec la disparition de l’URSS et des anciens pays de l’Est, qui achetaient ses produits à prix constants, l’île perd aussi des marchés juteux, notamment celui du sucre, dont elle exportait 85% de sa production. Tous les ingrédients sont réunis pour que le pays plonge dans le chaos. D’autant que le blocus américain se resserre. Pour Cuba, c’est le début d’une nouvelle ère, de cette « période spéciale en temps de paix » annoncée en 1992 par Fidel Castro et qui durera cinq ans, autrement dit une période de grave crise économique : le produit intérieur brut (PIB) chute de 35 %, le commerce extérieur de 75%, le pouvoir d’achat de 50% et la population souffre de malnutrition. « Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait » (Marc Twain) Nécessité fait loi. Afin de satisfaire ses besoins (...) Lire la suite »
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Le "buen vivir" ou "Sumak Kawsay" en quechua et "Suma Qamana" en aymara : un "nouveau" paradigme de pensée et de civilisation.

Le concept andin de "buen vivir" et "l’écosocialisme"

Jean ORTIZ

L’humanité est aujourd’hui confrontée à une crise globale, d’une ampleur telle qu’elle met désormais en danger la vie même de l’espèce humaine et des écosystèmes. En Amérique latine, après l’effondrement du "Mur de Berlin", et les années noires (1990) du "Consensus de Washington", la faillite du néolibéralisme a accéléré la recherche d’alternatives "post-néolibérales". C’est tout naturellement que les notions de "buen vivir", d’"éco-socialisme" ont pris corps et consistance, même si elles ne sont pas toutes récentes.

Dans les années 1970-1980, en Amazonie brésilienne, le leader des "seringueiros", Chico Mendez, dénonçait déjà le capitalisme prédateur de l'homme et de l'environnement ; il cherchait des solutions alternatives. Le "buen vivir" ou "Sumak Kawsay" en quechua et "Suma Qamana" en aymara, présenté comme un "nouveau" paradigme communautaire de pensée, de civilisation, est l'une d'elles. Ce "concept fondateur" andin, né de siècles de résistances indiennes, de revendications identitaires, cet appel à "reconstruire la vision de communauté des cultures ancestrales" commence à essaimer. Il est étroitement lié à l'"ayllu", la forme communautaire aymara d'organisation de la vie. Dans la cosmovision aymara, "suma" correspond à "plénitude", "sublime", "magnifique", et "qamana" à "vivre", "vivre ensemble". En quechua "sumak" peut se traduire par "plénitude", "sublime", "beau", et "kawsay par "vie", "être en étant". La reconnaissance actuelle du bien-fondé, de l'originalité, de ces propositions indigènes, de ces (...) Lire la suite »
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