Les idées, les conceptions, on le sait, ont une histoire. Elles naissent, se développent, vieillissent et meurent plus ou moins vite dans un contexte économique, social, politique et culturel déterminé. Elles sont, à un certain moment de l’histoire d’un groupe social l’expression de ses besoins, de ses attentes, de ses angoisses. Elles ont des parents, une famille, portent l’empreinte de cet héritage et remplissent une fonction. Le décodage de cette génétique en dehors de tout présupposé idéologique ou partisan, apporte, souvent, un éclairage intéressant. Le réchauffement climatique n’échappe pas à cette règle.
Est-ce que notre quête incessante de croissance économique est en train de tuer la planète ? Les climatologues ont observé les données - et leurs conclusions sont alarmantes.
Ce n’est pas une question d’optimisme ou de pessimisme, de connaissance ou d’ignorance de choses élémentaires, de responsabilité ou d’irresponsabilité face aux événements. Il faudrait jeter à la poubelle de l’Histoire ceux qui se targuent d’être des hommes politiques alors qu’en règle générale, ils ignorent tout ou presque tout de ce qui a trait à cette activité.
En dévoilant récemment les contours de son futur système d’allocation des quotas d’émission de gaz à effet de serre (GES), l’Union européenne a franchi une étape importante dans l’élaboration de sa stratégie de « lutte contre le changement climatique » pour l’après-2012, date à laquelle prendra fin le Protocole de Kyoto. Le nouveau dispositif prévoit deux aménagements principaux. Les quotas de GES, souvent qualifiés à juste titre de « droits à polluer », ne seront plus attribués par les Etats, mais par la Commission européenne, qui décidera comment les volumes se répartiront entre les différents secteurs industriels. D’autre part, ces quotas ne seront plus offerts, mais vendus aux entreprises par le biais d’enchères. Plusieurs associations environnementalistes se sont réjouies de ces évolutions, considérant qu’elles allaient dans le sens du principe pollueur-payeur. Pourtant, l’Union européenne ne fait que confirmer ici le choix d’une logique néolibérale qui prétend articuler la gestion de la crise environnementale avec la compétitivité économique, le tout sur fond de libre-échange. Et donc, de chantage aux délocalisations.