Commenter un film de Lars von Trier, c’est toujours un work in progress, inachevable, tant il fonctionne sur divers plans à la fois, du plus naïf ou anecdotique au plus critique ou grandiose, du conte pour enfant à l’analyse politique ou au mythe. The House that Jack Built en apporte une nouvelle illustration : partant d’un personnage de fait divers, le serial ailler, et d’une comptine (le titre renvoie à une « chanson à accumulation » – analogue de la chanson française : « Le fermier prend sa femme, La femme prend la nourrice, La nourrice prend l’enfant... »), il construit une allégorie historique, mais surtout illustre (et il est le seul à pouvoir le faire) le mythe eschatologique de l’Enfer.
Depuis qu’on a commencé à entendre parler du projet, les commentaires se sont focalisés sur l’histoire du serial killer. De ce point de vue, on peut d’abord se sentir déçu : on pensait que LvT allait aborder le thème de façon originale et percutante, que l’aspect fait divers gore serait (…)Lire la suite »
Toute critique de film (ou toute information) lue ou entendue dans les medias officiels doit être tenue a priori pour fausse : tel devrait être l’axiome n°1 du citoyen autonome tel que l’imaginait Kant.
Ne nous soucions donc pas du venin distillé (tout particulièrement par Rue 89) à propos du dernier opus de Lars von Trier : comme tous les précédents, Nymphomaniac apporte un grand moment de jouissance, et il prouve que l'inventivité de son auteur ne faiblit pas ; à 57 ans, il est toujours aussi malicieux et gourmand d'images et d'expériences nouvelles. La richesse du film nous fait prendre conscience de la médiocrité du cinéma actuel, tout en apportant de nouvelles expériences visuelles et une réflexion sur le sexe et l'amour dans notre société.
Quel cinéaste vivant pourrait se targuer d'une oeuvre aussi riche que LvT ? En 30 ans, il a constitué une véritable Comédie humaine où il ne cesse d'interroger l'idéologie dominante en même temps que les possibilités visuelles du cinéma, et, de film en film, se tissent des réseaux d'associations entre les idées, les images et les acteurs. Car s'il y a des personnages récurrents chez Balzac, il y a chez LvT des acteurs récurrents, qui (…)Lire la suite »