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Auteur : Mona CHOLLET

Recettes faciles pour une guerre civile - Le « chant d’amour pour Israël » de François Hollande, et ses conséquences

Mona CHOLLET
« Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens. Nous dansons entre deux martyrs et pour le lilas entre eux, nous dressons un minaret ou un palmier. Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens. Au ver à soie, nous dérobons un fil pour édifier un ciel qui nous appartienne et enclore cette migration. Et nous ouvrons la porte du jardin pour que le jasmin sorte dans les rues comme une belle journée. Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens. Là où nous élisons demeure, nous cultivons les plantes vivaces et récoltons les morts. Dans la flûte, nous soufflons la couleur du plus lointain, sur le sable du défilé, nous dessinons les hennissements Et nous écrivons nos noms, pierre par pierre. Toi l’éclair, éclaircis pour nous la nuit, éclaircis donc un peu. Nous aussi, nous aimons la vie quand nous en avons les moyens... » Mahmoud Darwich « Nous aussi, nous aimons la vie » (1986), La terre nous est étroite et (…) Lire la suite »
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Montée de l’islamophobie et banalisation du fémonationalisme

« Oui mais quand même, la religion, c’est mal »

Mona CHOLLET

Relayer l’information de la énième agression d’une femme voilée, ou les propos haineux tenus sur l’islam par la représentante d’une organisation pseudo-féministe, revient immanquablement à emboucher l’appeau à trolls religiophobes. Que des femmes soient insultées et tabassées, que le féminisme serve de leurre pour répandre et banaliser le racisme le plus crasse, tout cela, le/la religiophobe s’en moque : dans un pays où médias et politiques, de façon plus ou moins insidieuse, désignent à longueur de temps les musulmans comme la cause de tous les maux de la société, son seul sujet d’anxiété est que son droit à « critiquer la religion » soit garanti.

Pour l’exprimer, il usera de subtiles gradations dans la virulence, de la simple protestation à l’éructation scatologique probablement censée traduire la hauteur à laquelle il plane dans l’éther philosophique inaccessible aux benêts qui voient du racisme partout : « Moi, je chie sur toutes les religions. » Notez bien la perle argumentative que recèle cet étron déclaratif : il a dit « toutes les religions ». Ha, ha ! Vas-y, accuse-le de racisme maintenant ! Quand il défend les Femen ou les dessinateurs de Charlie Hebdo, le religiophobe fait valoir qu’ils ne peuvent pas être racistes, puisqu’ils s’en prennent autant aux cathos ou aux orthodoxes qu’aux musulmans : CQFD. Inutile d’aller lui expliquer que les religions ne sont pas de simples systèmes métaphysiques flottant dans la stratosphère, et qu’elles sont indissociables des populations qui s’en réclament ou qu’on y associe, de la culture, de la politique, de l’histoire, des rapports de domination entre groupes sociaux. Inutile (…) Lire la suite »
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Rafah : comment rendre un peuple fou

Mona CHOLLET

Un texte de Mai 2004 qui nous aurions aimé avoir publié à l’époque. - LGS

Dimanche dernier, le ministre israélien de la Justice, Yossef Lapid, s'élevait avec virulence contre les opérations militaires meurtrières et destructrices à Rafah, dans la bande de Gaza : « Il faut cesser la destruction de maisons, elle n'est ni humaine ni juive, et provoque des dégâts énormes dans le monde, déclarait-il. L'image de la vieille femme cherchant ses médicaments dans les ruines m'a rappelé ma grand-mère, expulsée de sa maison pendant l'Holocauste. » Naïvement, on se sentait réconforté par une telle intervention. On espérait qu'elle allait provoquer le débat, émouvoir enfin l'opinion israélienne et internationale, peut-être même amener certains à réclamer la démission d'Ariel Sharon... Résultat : ce qui provoque un tollé, ce ne sont pas les morts et les saccages de Rafah, mais les propos de Yossef Lapid. C'est de sa démission à lui qu'on discute gravement. Du tas de décombres et de victimes palestiniennes sur lequel il trône, Sharon se dit « scandalisé ». Il reproche à (…) Lire la suite »

Des « barbares » bombardés à Gaza : Construire l’ennemi

Mona CHOLLET
Qu'elle était naïve, décidément, cette idée selon laquelle, avec l'expansion des moyens de communication, il ne serait plus possible de commettre une exaction sans que l'opinion internationale, aussitôt alertée, réagisse par une protestation unanime... Alors que, pour compenser ce rétrécissement spectaculaire de la planète, il suffisait d'intensifier en proportion les efforts de propagande. Les bombardements israéliens sur Gaza en offrent la démonstration la plus achevée. Vous croyez voir une population prise au piège, privée de tout par un blocus inhumain, se faire massacrer par un Etat qui, soutenu par la première puissance mondiale et assuré, quels que soient ses forfaits, de ne jamais être inquiété, occupe illégalement des territoires et opprime un peuple depuis quarante ans, en violant sans cesse ses engagements ? Abracadabra ! Mais non : vous voyez un pauvre petit Etat merveilleusement démocratique se défendre contre les méchants islamistes qui veulent sa perte. Et le pauvre (…) Lire la suite »

Rêves de droite : Défaire l’imaginaire sarkozyste

Mona CHOLLET
« Elle, je l'adore. D'abord, elle me rassure : elle ne dit jamais "nous", mais "moi". » Gilles Martin-Chauffier, « Fichez la paix à Paris Hilton », Paris-Match, 19 juillet 2007. En 2000, aux États-Unis, un sondage commandé par Time Magazine et CNN avait révélé que, lorsqu'on demandait aux gens s'ils pensaient faire partie du 1 % des Américains les plus riches, 19 % répondaient affirmativement, tandis que 20 % estimaient que ça ne saurait tarder. L'éditorialiste David Brooks l'avait cité dans un article du New York Times intitulé « Pourquoi les Américains des classes moyennes votent comme les riches " le triomphe de l'espoir sur l'intérêt propre » (12 janvier 2003). Ce sondage, disait-il, éclaire les raisons pour lesquelles l'électorat réagit avec hostilité aux mesures visant à taxer les riches : parce qu'il juge que celles-ci lèsent ses propres intérêts de futur riche. Dans ce pays, personne n'est pauvre : tout le monde est pré-riche. L'Américain moyen (…) Lire la suite »

« Culte du corps », ou haine du corps ?

Mona CHOLLET
Peripheries, 4 octobre 2006. (Extrait) Des relations humaines sur le modèle du casting Ce qui est crapuleux, c'est de faire croire à des gens, hommes ou femmes, que c'est par l'obtention d'une plastique parfaite qu'ils pourront accéder à l'amour et au bonheur, et non par leur personnalité, leur spontanéité, leur goût de la vie, leur capacité à s'intéresser à ce et ceux qui les entourent et à développer avec eux des relations riches. « En tant que professionnel de santé mentale, témoigne Gérard Apfeldorfer, je suis confronté à toutes ces idées reçues et à leurs conséquences. Idolâtrer le corps, croire à la minceur, la beauté, la jeunesse et la santé au mérite sont des marchés de dupes. Croire que le bonheur est une denrée qui s'obtient par l'activisme, qu'il soit méditatif ou de l'ordre du business, aboutit en fait au désespoir. Et s'imaginer que le Grand Amour nous tombera dessus, que la personne en question correspondra forcément à un idéal, parce que, n'est-ce pas, on le vaut (…) Lire la suite »

L’obscurantisme beauf. Le tête-à -queue idéologique de Charlie Hebdo.

Mona CHOLLET
Mars 2006 ( extrait ) Flatter les plus bas instincts des masses tout en se prenant pour Jean Moulin S'étant peu à peu aliéné son lectorat d'origine, et ayant vu ses ventes baisser dangereusement, Charlie Hebdo en est désormais réduit, pour exister, à multiplier les coups de pub aussi lucratifs qu'insignifiants et à développer le « cobranding » tous azimuts. Après d'innombrables tentatives infructueuses pour créer un « buzz » médiatique autour du journal, comme en témoignaient semaine après semaine les titres d'un sensationnalisme maladroit étalés dans l'encart publicitaire de Libération, avec les caricatures danoises, enfin ! ça a pris. Le créneau ultra-vendeur de l'islamophobie, sur lequel surfe déjà sans vergogne l'écrasante majorité des médias, permet de copiner avec les puissants et de flatter les plus bas instincts des masses tout en se prenant pour Jean Moulin : bref, c'est idéal. Sauf que, en s'y précipitant comme sur une aubaine, le journal achève sa lente dérive vers (…) Lire la suite »