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Auteur : Jamilla FARAH

Deux marches contre le racisme font boiter la lutte pour l’égalité

Jamilla FARAH

Au départ de la marche à Vénissieux Minguettes, sept marcheurs partent pour Paris : Arbi Rezgui et Amstar des Minguettes, Leila Bendib et Sarah Latoche de lyon centre, Souad Bouallaga de Toulon, Adnane Ghiloufi de Grenoble et Lakhdar Firam. Certains sont venus pour lancer et encourager la marche et doivent rentrer après la première étape de Villefranche S/S qui ne fait pas moins de 50 kilomètres. D'autres comme Souad, mère célibataire, restera à marcher jusqu'à Belleville S/S et devra rentrer inopinément chez elle pour raison de santé concernant son jeune enfant.

Nous les avons questionnés lors de leur hébergement à la Ruche des citoyens ce 17 Octobre au soir pour connaître leurs motivations à lancer cette longue et difficile marche. Bien qu’épuisés, sans préparation physique réelle, ils acceptent de partager leurs motivations qui les a conduits à entreprendre une marche symbolique partant des quartiers populaires à Paris, la capitale. Souad confie que ce qui l’a invitée à faire ce parcours, c’est la dénonciation de la précarité des mères célibataires, divorcées, comme elle, qui élèvent seules leurs enfants. L’absence de proposition de formation ou d’emploi autre que "femme de ménage" ou "auxiliaire de vie" restreint le champ d’ouverture quant à la possibilité de carrière graduelle qui permet la valorisation des compétences et salariale. Sarah, surnommée Tochka, dénonce un état de fait général des instances républicaines qui condamnent les habitants des quartiers populaires par un traitement différencié discriminant dans la continuité du colonialisme et "l’indigénation" (...) Lire la suite »

Much Loved ou la prostitution dans la cité musulmane moderne

Jamilla FARAH

Citer Paul Klee, à cet endroit, est à juste titre car « l’art n’imite pas le visible, il rend visible ». Le film polémique Much Loved rend compte d’une réalité marocaine dont le scénario est construit à partir de témoignages humains réels du monde de la nuit, de la prostitution, des bordels, du sexe, de la violence qui lui est inhérente, de l’argent et des rapports de domination. Et parfois de l’amitié, de la solidarité, du jeu et du plaisir, aspects que nous occulterons afin d’éviter l’écueil d’une réduction sur l’échelle de la gravité de la prostitution. Bien évidemment, cette problématique n’est pas exclusive au Maroc. Les sociétés musulmanes et les sociétés occidentales connaissent autant la prostitution avec pour ces dernières moins de tabous et d’hypocrisies peut-être, tout en précisant qu’il est difficile de choisir entre les deux termes. Cela dit, la censure de ce film au Maroc montre que la question du marché du sexe et du tourisme sexuel en tant que réalités sociales et économiques est sensible.

Le film Much Loved est cru dans sa manière d’aborder ce sujet de la prostitution parce qu’il montre en plans larges les pratiques sexuelles des prostituées qui dominent l’imagerie et peuvent donc heurter, sans compter les durs propos « de rue » et le dégradant traitement infligé aux prostituées. Certains, hommes et femmes en témoigneront dans la salle « Le Comédia » à Lyon lors de l’avant-première le 3 septembre 2015 présentée par Nabil Ayouch, le réalisateur. Pour autant, il place le spectateur face à une dure réalité sociale qui pose moult questions, de tous ordres. Mais nous privilégierons pour ne pas être trop généralistes les angles anthropologiques et politiques. A partir de l’anthropologie, nous verrons comment il est possible d’envisager cette gestion politique des désirs, des passions, des frustrations et des pulsions sexuelles chez l’homme tout particulièrement. Nous arrêterons notre propos à la prostitution hétérosexuelle des femmes issues de milieux défavorisés et qui n’entre pas nécessairement (...) Lire la suite »
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L’évènement « Tel-Aviv sur Seine » d’Anne Hidalgo ou l’exemple des limites de la démocratie représentative

Jamilla FARAH

L’exemple de l’initiative du maire de Paris Anne Hidalgo constitue un exemple type qui illustre les paradoxes et limites de la démocratie représentative telles que nous la connaissons aujourd’hui en France. Anne Hidalgo et NKM, deux candidates à la mairie de Paris, avaient en 2014, avant leur élection, mobilisé moult moyens de communication à plein régime et renfort financier pour convaincre un potentiel électorat en leur faveur et sensiblement dragué le vote juif parisien auprès du le B'naï Brith devenu passage obligé dans la logique de la « lobbycratie », organisation qui soutient la politique et la pérennité de l'État d'Israël et le mouvement sioniste. Le temps du « prosélytisme politique », de la publicité politique de surface est assez court. L’hyperactivité du candidat devient par conséquent nécessaire pour s’imposer sur la scène médiatique, les invectives n’étant d’ailleurs pas rares mais parties prenantes du jeu électoral. En outre, il y a lieu de distinguer ici la définition de ce qu’est la politique de surface de celle de fond. La politique de surface médiatiquement dominante, est en interaction avec l’espace public, peut s’essentialiser opportunément autour d’une actualité de faits divers, surfe sur l’opinion et l’émotion publiques pour capter et optimiser l’attention. Elle est souvent stigmatisante à l’égard d’une catégorie de population déjà ostracisée et peu influente en tant que décideur politique, elle répond notamment à une tendance idéologique de l’instant, contrainte par le temps. La politique de fond elle, à l’inverse, est plus silencieuse, plus libre, agit en "commensal" dans des espaces réservés élitistes où les intérêts de lobbies peuvent être inclus, mène des projets sur le long terme, est plus structurelle, demande des compétences techniciennes, elle est davantage méditative et rationnelle sur les enjeux de demain.

Une fois l’élection d’un candidat confirmée, le processus court de discussion et de publicité n’existe plus et là, il y a lieu de pointer les limites de la démocratie représentative, cette confiance actée pour un mandat pluriannuel qui supposerait la liberté tacite pour chaque élu de choisir et mener les politiques qu’il désire. Dans le cas présent du maire actuel Anne Hidalgo, en ce 13 août 2015, celle-ci a opté pour la promotion de Tel-Aviv, capitale administrative de l’Etat colonial d’Israël artificiellement créé par l’ONU en 1947, présentation qui n’est pas exposée ainsi dans le discours dominant en Occident et en France particulièrement. Ainsi, ce phénomène pose donc la première question problématique du partage équitable et de l’égale disposition de l’information via les médias dominants qui permettraient aux citoyens (1) de juger rationnellement de l’opportunité d’un tel choix politique, c'est-à-dire de l’égalité devant l’information entre les citoyens considérée comme une condition dans la théorie normative (...) Lire la suite »

Les « dégâts collatéraux » de la guerre contre le terrorisme : les enfants musulmans tous suspectés de djihadisme à l’école de la République !

Jamilla FARAH
Il est temps de dénoncer les dérives de l’Education Nationale et les nouvelles directives de la ministre Najet Vallaud-Belkacem. Après le retrait du PowerPoint de l’académie de Poitiers, dû à l’action de CRI, qui avait au nom de la lutte contre le djihadisme établi un profil pour le moins stigmatisant des enfants susceptibles de devenir djihadiste, nous revoilà avec un autre PowerPoint du même acabit que le ministère de l’Education Nationale publie dans ses réseaux sans complexe pensant que l’affaire de l’attentat de Charlie hebdo permet de tout cautionner. Comment peut-on toucher à la classe de personnes les plus vulnérables, les enfants, ceux que les familles envoient à l’école de la République chaque matin, en toute confiance, et se retrouver à leur insu sous contrôle, leurs comportements étant observés, analysés à la loupe selon des critères risibles émanant d’ « experts cupides » ? Est-ce que la lutte contre le terrorisme n’est pas l’arbre qui cache la forêt ? C’est à dire une islamophobie qui vient (...) Lire la suite »
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L’Ethique de responsabilité dévoyée par le politique - Ou quand N. Morano divise et ne mesure pas les conséquences de ses actes

Jamilla FARAH
Les propos polémiques de Nadine Morano nous ramènent d’une part à l’actualité de l’égalité homme-femme et ce qu’elle revêt, axe politique prioritaire dans nos sociétés dites « modernes » où le droit, ici, assure théoriquement à chacun la possibilité de la revendiquer. D’autre part, régulièrement, les médias, depuis plus d’une décennie rapportent des déclarations de politiques qui stigmatisent une frange de la population française, musulmane. Ce phénomène grandissant nous invite à revisiter la fonction essentielle du politique et son utilisation des médias. L’égalité homme-femme s’entend donc rationnellement en termes de droits inscrits dans la Constitution. Cependant, dans la réalité, la mesure de cette égalité est difficilement préhensible, et davantage dans le domaine de la sphère privée, celle du couple en particulier. Ce projet d’égalité homme-femme constitue donc une problématique en soi qu’il est intéressant d’analyser à la loupe. Quels sont les critères retenus qui permettent la qualification d’inégalité entre (...) Lire la suite »

L’abrogation de la loi de 2004 contre le port des signes ostensibles à l’école, loi d’exclusion, devient inéluctable

Jamilla FARAH

Plusieurs associations dans leur mission de lutte contre le racisme et l’islamophobie maintiennent et renforcent leur mobilisation pour l’abrogation de la loi liberticide 2004 contre le port de signes ostensibles dans les établissements scolaires, loi d’exclusion et de stigmatisation d’enfants musulmans.

Plusieurs arguments forts légitiment cette initiative qui ne date pas d’hier mais qui, aujourd’hui, trouve sa pleine pertinence et audibilité après dix années d’existence de la loi. Cette dernière a montré sa foncière iniquité en excluant de nombreuses jeunes filles de l’école républicaine et/ou en empêchant l’expression de leur identité religieuse. Il est d’abord nécessaire de rappeler d’une part l’histoire de la laïcité constamment invoquée à mauvais escient par certains courants islamophobes pour les nommer franchement, et d’autre part les objectifs de l’école pour dévoiler l’absurdité d’une loi qui rejetterait les enfants de la République dont des jeunes filles sous prétexte qu’elles soient musulmanes. Les longues guerres de religion depuis le XVIe siècle ont longtemps miné le moral des Européens (donc des Français) qui aspiraient à la paix et au bien-être. Les penseurs des Lumières se sont alors emparés d’un projet de pacification de l’Europe en donnant naissance au droit moderne, le libéralisme dont (...) Lire la suite »
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