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Auteur : Bernard FRIOT

L’offensive du salariat

Bernard FRIOT

Pour reprendre un thème cher à Lucien Sève, il y a une urgence communiste à cause du péril et à cause des possibles. Le bateau est ivre, notre confiance devant ceux qui prétendent le conduire est nulle, et en même temps on ne voit pas s’exprimer de détermination pour que nous en assumions nous-mêmes la conduite. Comme si la soumission au capital était encore plus forte que la haine qui monte contre lui et poussait à des conduites collectives négatives.

Il y a donc urgence à faire advenir tous les possibles émancipateurs. Les très nombreuses activités de formation et de débats de Réseau Salariat (1) vont à la rencontre d’une vitalité militante considérable qui s’exprime aussi bien dans les mobilisations syndicales ou partisanes que dans des passages à l’acte où, localement, se mettent en œuvre des formes d’appropriation de notre travail, de maîtrise de nos vies. En même temps, cette vitalité militante est confrontée à une double impasse : d’une part le caractère peu additif de toutes les expérimentations locales qui connaissent souvent un épuisement après le moment de la réalisation collective, et d’autre part l’échec des mobilisations syndicales et politiques contre l’entreprise réformatrice de réduction des droits salariaux et contre le saccage patronal de l’outil de travail. L’hypothèse de Réseau Salariat est que ces combats sous-estiment le déjà-là de subversion du capitalisme construit par la classe ouvrière au XXe siècle. Faute de voir les tremplins à (...) Lire la suite »

Les retraités, modèles d’une nouvelle production de valeur économique

Bernard FRIOT

Les retraités le disent : « je n’ai jamais autant travaillé », « je n’ai jamais été aussi heureux de travailler ». Cela veut-il dire qu’ils sont utiles, ou qu’ils sont productifs ? Leurs pensions sont elles un salaire exprimant leur contribution à la production de valeur économique, ou un revenu différé de leur participation passée à cette production ?

Qu’est ce que travailler ? Est ce avoir un emploi sur un marché du travail et produire de la valeur pour un actionnaire dans une entreprise dont on n’est pas propriétaire, ou est ce, comme ces retraités heureux au travail, avoir un salaire à vie et travailler dans des collectifs (une association, une mairie) où l’on décide et dont on ne tire aucun revenu ? L’enjeu du conflit sur la retraite, c’est le devenir du travail : exploité par des propriétaires lucratifs, ou émancipé du marché du travail par le salaire à vie, et des actionnaires par la copropriété d’usage de l’entreprise ? Contre les réformateurs, la démonstration faite à grande échelle par les retraités que nous travaillons mieux sans actionnaire et sans employeur, en étant dotés d’un salaire à vie et de la copropriété d’usage des outils de travail, doit être dite, confirmée et généralisée. Premièrement, il faut dire que les retraités travaillent. Trop souvent, nous disons que les retraités sont utiles mais ne travaillent pas, c’est à-dire ne produisent (...) Lire la suite »

Un salaire à vie. Pourquoi ?

Bernard FRIOT

La retraite n’est pas une libération du travail mais une seconde carrière libérée de l’emploi.

La pension de retraite a été construite avec comme objectif syndical la continuation à vie du salaire atteint à 55 ans. Le modèle a été le régime de la fonction publique, étendu à l’EDF (où on parle de « salaire d’inactivité »), à la SNCF et aux autres entreprises publiques. Une conquête révolutionnaire Ainsi, au début des années 1990, le taux de remplacement du dernier salaire net dans la première pension nette était dans le privé en moyenne de 84 % pour une carrière de 37,5 ans. L’objectif de la CGT n’était pas encore atteint, mais on s’en était considérablement rapproché. Les axes de l’action syndicale ont été la hausse du taux de cotisation afin d’arriver à un taux de remplacement de 75 % du meilleur salaire brut, soit 100 % du net, à un âge le plus bas possible (55 ans et 50 ans pour les métiers pénibles), avec indexation sur les salaires de la pension. La hausse constante du taux de cotisation (passé entre 1945 et 1995 de 8 à 26 % du salaire brut), en reconnaissant toujours davantage la valeur économique (...) Lire la suite »
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En finir avec les annuités et les points, libérer donc aussi les hommes et assumer la portée révolutionnaire de la sécurité sociale

Contre la double peine des femmes en matière de retraite

Bernard FRIOT

Les inégalités entre les femmes et les hommes en termes de salaires, autour de 22%,explosent au moment de la retraite : l’écart monte alors à 47%. En effet, actuellement la pension moyenne de droit direct des femmes est d’environ 900 euros contre environ 1600 euros pour les hommes.

Incriminer la décote n’est pas faux mais la décote est loin d’expliquer l’essentiel du différentiel : elle ne s’applique que depuis 2004 dans la fonction publique et par ailleurs 30% des femmes attendent 65 ans pour liquider leur pension afin précisément de ne pas subir la décote (1). L’explication principale de la double peine des femmes, ce sont les annuités (et les points dans le régime complémentaires) qui conditionnent la hauteur de la pension au nombre d'années travaillées. Même en tenant compte des bonifications pour enfants, compter les trimestres validés (dans le régime général), les années de service (dans la fonction publique) ou les points accumulés au long de la carrière (dans les régimes Agirc-Arrco), revient à pénaliser les femmes une seconde fois. Non seulement, du fait de la double journée, elles arrivent à 60 ans avec un salaire inférieur aux hommes parce que, bien qu’étant plus diplômées, elles accèdent à des postes moins qualifiés faute de pouvoir mener leur carrière ; mais, en plus, cette (...) Lire la suite »

Financement des retraites : l’enjeu des cotisations patronales.

Bernard FRIOT
Il est plus facile de dépenser beaucoup quand on est riche que de dépenser peu quand on est pauvre. Comme on va le voir, le volet financier du dossier « retraites » est vite présenté : il est plus facile de consacrer aujourd'hui aux retraites 12% d'un PIB de 1500 milliards d'euros qu'il ne l'était il y a quarante ans d'y consacrer 5% d'un PIB de 750 milliards, et il sera plus facile encore dans quarante ans de dépenser pour les retraites 20% d'un PIB qui sera alors de 3000 milliards. De quarante ans en quarante ans, le doublement du PIB en monnaie constante permet de consacrer de trois à cinq fois plus aux retraites tout en quasi-doublant la richesse affectée aux actifs ou à l'investissement. Cela, la classe dirigeante le sait parfaitement. Pourquoi alors son acharnement à « sauver » une institution en parfaite santé ? C'est que c'est cette santé qui l'affole. A la naissance des assurances sociales, le salaire était fait de 85% de salaire direct et de 15% de cotisation sociale, et ça ne prêtait (...) Lire la suite »
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