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Auteur : Ann JONES

Les enfants soldats des Etats-Unis (Tom Dispatch)

Ann JONES
Le Congrès pensait certainement agir correctement quand à l’automne 2008, il approuva la Loi de Prévention des Enfants Soldats (CSPA, sigle en Anglais). La Loi avait pour objet de protéger les enfants du monde entier d’une participation à la guerre des Grands. Dès lors, il était admis que tout pays qui ferait pression sur des enfants pour qu’ils se convertissent en soldats perdrait toute aide militaire des EU. Cela tourna court, le Congrès – dans une des rares occasions où il s'était soucié de la prochaine génération – s’était lourdement trompé. Dans sa grande sapience, la Maison Blanche considère que des pays comme le Tchad et le Yémen sont d’une importance tellement vitale pour l’intérêt national des EU qu’elle préfère fermer les yeux sur ce qui arrive aux enfants de ces régions. Comme l’exige la CSPA, cette année le Département d’État a dressé la liste des dix pays qui utilisent des enfants soldats : Birmanie (Myanmar), République Centrafricaine, Tchad, République Démocratique du Congo, Rwanda, Somalie, (...) Lire la suite »

Ils ne savaient pas dans quel guêpier ils se fourraient : Le coût de la guerre, à l’américaine (mondediplo.com)

Ann JONES

La dernière fois que j’ai vu des soldats étasuniens en Afghanistan, ils étaient silencieux. Ils se trouvaient dans un état de sidération, provoqué autant par les fusillades, les explosions, qui leur avaient infligé de terribles blessures, que par les médicaments que les médecins leur avaient administrés sur le champ de bataille ; on les descendait d’un hélicoptère sanitaire pour les faire admettre dans un hôpital militaire, où ils seraient branchés à des machines qui mesureraient la quantité de vie à sauver qu’il restait en eux. Ils étaient en sang. Ils étaient des morceaux manquants d’eux-mêmes. Ils se taisaient.

Ce silence est le souvenir que je conserve, de la période que j’ai passée dans des services de traumatologie, parmi les blessés, les mourants, les morts. On aurait presque dit qu’ils s’étaient enfui de leur propre corps, et avaient abandonné cette chair ensanglantée sur les lits à roulettes, à des chirurgiens qui étaient prêts à tenter le coup du salut. Par la suite, quelquefois bien plus tard, ils reviendraient peut-être habiter ce que les médecins étaient parvenus à sauver. Ils relèveraient peut-être ces corps, ou ce qu’il en restait, pour les faire marcher à nouveau, ou bien courir, ou encore skier. Peut-être s’habilleraient-ils, trouveraient-ils un emploi, concevraient-ils un enfant. Mais je garde le souvenir des premiers jours, ceux de leur évacuation en urgence, et de leur admission dans un hôpital pour lequel l’expression « silence de mort » semblait avoir été inventée. Ils se ressemblaient si peu. Plus précisément, ils ressemblaient si peu aux soldats que j’avais vus lors de mon premier passage dans (...) Lire la suite »
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