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Auteur : Michel ROGALSKI

Samuel Huntington, le messager qui apporte la mauvaise nouvelle !

Michel ROGALSKI
Peu d’auteurs auront fait l’objet d’aussi nombreux commentaires, pour être décrié ou salué, qu’Huntington qui annonçait en 1993, dans un article de la revue américaine Foreign Affairs [1], que nous étions désormais entrés dans l’ère du « choc des civilisations », thèse qu’il développera dans un livre portant le même titre et paru en 1996 aux États-Unis, puis traduit en France l’année suivante [2]. Le contexte idéologique étasunien de sa rédaction doit être rappelé : dès 1989 Francis Fukuyama, conseiller au ministère de la défense publiait un article intitulé « La fin de l’Histoire » [3], exprimant ainsi l’idée qu’après la chute du Mur de Berlin les valeurs de la démocratie libérale l’avaient définitivement emporté et que le temps des grands conflits idéologiques susceptibles de dégénérer en guerres étaient terminés. Huntington conteste cette vision irénique de l’avenir et pose qu’au contraire, il faut s’attendre à la survenue de conflits qui ne trouveront principalement leurs sources ni dans l’économie, ni dans l’idéologie (...) Lire la suite »
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La chronique de Recherches internationales

L’Iran, le retour.

Michel ROGALSKI
Longtemps écarté de la scène internationale comme acteur de poids, l’Iran est en passe d’y faire un retour remarqué. L’avènement, en 1979, de la République islamique succédant au régime du shah, avait marqué le début de l’isolement du pays et de l’ostracisme que lui témoignaient les puissances occidentales. Après plus d’une vingtaine d’années d’interventions des États-Unis et de leurs alliés dans la région (Afghanistan, Irak, Libye, Syrie) traduites par des échecs et le chaos, la situation est devenue tellement dégradée et incontrôlable qu’il n’est plus possible d’envisager un retour à un minimum de stabilité sans une implication, inimaginable hier encore, de l’Iran qui contrairement à toute attente a pu faire face douloureusement à des décennies de sanctions économiques et montrer, en accueillant les 120 pays participant au 16ème Sommet des Non-Alignés en 2012, qu’on devait encore compter avec lui. Ce retour reste hypothéqué par la conclusion d’un accord en cours de négociation avec les pays du groupe 5+1 (les cinq (...) Lire la suite »
La chronique de Recherches internationales

La diplomatie française ou le Molletisme en action.

Michel ROGALSKI
Il est vrai qu’une diplomatie ne peut s’inverser en quelques semaines tant il y va de la continuité de l’État et des engagements souscrits. Mais à mi-parcours d’un mandat présidentiel, la marque nouvelle a pu et dû s’imprimer et le sillon se tracer, être compris et pris en compte par la communauté internationale attentive aux nouveaux signaux d’un pays qui reste encore l’une des principales puissances de la planète et dont la diplomatie a rarement été isolée. Un pays dont les atouts, façonnés par l’histoire, ne sont pas mince. Ancien empire colonial sur lequel le soleil ne se couchait jamais, partie prenante du côté des vainqueurs de deux conflits mondiaux, détenteur de l’arme nucléaire et donc assurée de la pérennité de son siège permanent au Conseil de sécurité, dotée d’une langue largement partagée dans le monde, et enfin grande puissance maritime par l’étendue de ses côtes, la France est un pays qui compte encore sur la scène mondiale même si elle ne fait plus jeu égal avec l’Allemagne en Europe, continent lui (...) Lire la suite »
La chronique de Recherches internationales

BNP Paribas, victime expiatoire ?

Michel ROGALSKI

« Même pas mal ! », auraient pu dire les dirigeants de BNP Paribas après l’accord négocié avec la justice américaine les condamnant à verser près de 9 milliards de dollars d’amende pour infraction à la réglementation bancaire édictée par les autorités américaines.

En effet, l’équivalent d’une année de profits ou 10 % de ses fonds propres n’allaient pas mettre la banque à genoux, même si cette amende ne sera pas déductible des impôts. D’ailleurs le cours de l’action ne s’est pas effondré. Tout ceci a surtout permis d’éviter un procès dont personne ne voulait. Car comme on le sait aux États-Unis la transaction et le marchandage sont toujours préférés au droit et à la recherche de la vérité. Tout doit concourir à un bon arrangement dont les conditions sont discrètement négociées par une nuée d’avocats. Les peines « annexes » sur lesquelles on s’est moins focalisé sont peut être plus redoutables. Car les Américains ne plaisantent pas. Derrière l’institution, ce sont des hommes qui commettent des délits. Des têtes ont donc été exigées. Et elles sont tombées. En tout une trentaine de hauts cadres licenciés en quelques mois. Pour pouvoir conserver sa licence, la banque a dû accepter de suspendre pour un an à partir du 1er janvier 2015 ses opérations de compensations en dollars sur les (...) Lire la suite »

Les enjeux du traité transatlantique

Michel ROGALSKI
Dans la tradition d’un Jacques Delors qui expliquait que « l’Europe devait avancer masquée » un nouveau saut vers l’inconnu se prépare, hors de tout débat et à l’insu des opinions publiques. La Commission européenne s’est ainsi vu confier en 2013 un « mandat de négociation » afin de créer un « Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement » entre l’Union européenne et les États-Unis. Les dirigeants européens justifient la « diffusion restreinte » mise sur le contenu du mandat de négociation afin, affirment-ils, de rendre le travail des négociateurs plus efficace. À l’heure où les téléphones portables des dirigeants européens sont écoutés par la NSA et où sont révélées les intrusions massives des services américains dans l’observation des communications mondiales, on reste confondu par de tels arguments. D’autant que les protestations européennes ont bien été timides, au regard notamment de celle du Brésil. Quant à la docilité française, elle s’est manifestée lors de l’interdiction par la France du (...) Lire la suite »

Les « grandes oreilles » américaines - d’un scandale, l’autre.

Michel ROGALSKI
« Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d’atteintes à son honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes » Déclaration universelle des droits de l’Homme (Art. 12, Nations unies,1948) Les révélations d’Edward Snowden, courageux lanceur d’alertes et ex-consultant d’une filiale de l’agence de renseignement américaine liée à la défense et chargée des écoutes - la NSA -, ont confirmé, preuves à l’appui, ce que tous les dirigeants savaient depuis toujours. Les états-Unis se sont lancés dans un vaste programme d’interception des communications téléphoniques et informatiques à l’échelle du monde sans aucun discernement entre pays amis ou ennemis. Ils ambitionnent de savoir tout ce qui se passe sur la planète et sont en passe d’y parvenir en s’appuyant sur les technologies modernes qui entourent nos existences et dont on ne saurait se résoudre à se passer. Bref, si (...) Lire la suite »

« Le néolibéralisme domine la planète en causant toujours plus de dégâts »

Michel ROGALSKI
Algeriepatriotique : La démondialisation est un concept qui revient souvent dans votre travail de recherche. Pouvez-vous nous expliquer en quoi cela consiste ? Michel Rogalski : Nombreux sont les travaux qui s’accumulent depuis une vingtaine d’années qui dénoncent les méfaits de la mondialisation et suggèrent qu’elle n’est pas un phénomène inéluctable. Construite par l’homme depuis des siècles, elle connaît des phases d’emballement qui créent généralement les conditions de son essoufflement, voire de crises à répétition. Mais elle présente des aspects positifs que personne ne songe à remettre en cause : une plus grande facilité de circuler, des échanges culturels et scientifiques accrus, une meilleure connaissance de l’autre, un commerce de marchandises dans une large part à l’origine de l’essor des pays émergents et qui a contribué à dessiner une nouvelle configuration des rapports nord-sud … Tout cela, c’est de la bonne mondialisation qu’il convient de préserver. Mais à l’ombre de celle-ci s’est développée (...) Lire la suite »

Que faire de l’Europe ?

Michel ROGALSKI

Nul ne doute plus que l’Union européenne et sa zone euro soient entrées depuis nombre d’années dans une crise profonde. Les sondages répétés annuellement sur l’adhésion des populations concernées indiquaient depuis longtemps une lente désaffection pour le processus de la construction européenne, chiffres confirmés par l’extrême faiblesse des mobilisations lors des consultations électorales européennes. Le refus par referendum du Traité constitutionnel proposé en 2005 avait alors secoué les certitudes les mieux établies. Les manœuvres entreprises par la droite, avec l’aval du Parti socialiste, pour contourner ce séisme à travers l’adoption du traité de Lisbonne avaient fini par convaincre qu’Europe et démocratie ne faisaient décidément pas bon ménage.

La frayeur fut grande. Car au-delà du refus du Traité et de ses orientations, le message envoyait le refus d’un quitus donné à ce qui se faisait depuis des décennies. Refus du passif, refus des promesses, la sanction était lourde. Depuis, la crise américaine et son impact sur la crise des dettes européennes ont révélé les fragilités de la construction de la zone euro actée dans son principe dès le traité de Maastricht. Pensée pour accélérer le processus de convergence économique entre les pays membres, elle en a exacerbé les contradictions et les divergences, au point que cette monnaie est devenue un atout pour certains et un boulet pour d’autres qui n’ont même pas l’espoir de pouvoir dévaluer. Ses mesures de sauvetage ont été prétexte à imposer des politiques austéritaires frappant plus violemment les pays de l’Europe du Sud. Aujourd’hui, la zone euro avec son taux de croissance économique quasiment le plus faible du monde, apparaît comme la région qui s’est montrée la plus incapable de se sortir de la crise (...) Lire la suite »

Les rapports Nord-Sud à l’épreuve de la mondialisation

Michel ROGALSKI
Il y a une cinquantaine d’années, les pays qu’on appelait alors « sous-développés » venaient de se voir regrouper sous le terme de « Tiers monde », exprimant l’idée plus géopolitique qu’économique qu’ils n’appartenaient ni au monde capitaliste ni au monde se réclamant du socialisme, donc qu’ils étaient hors « guerre froide ». Tour de passe passe sémantique car ils restaient totalement articulés – désarticulés disait déjà François Perroux - à l’économie dominante du monde occidental. C’est pour s’en dégager qu’ils constituèrent à l’occasion du Sommet de Bandoung le mouvement Afro-asiatique et quelques années plus tard le Mouvement des non-Alignés, ce qui dans le contexte de l’époque signifiait tenter de se dégager de l’hégémonie du monde occidental, et mettre en concurrence les deux premiers mondes. Très vite, ces pays dont les économies avaient été déformées par l’énorme pillage colonial ont dû s’intégrer dans l’économie internationale, c’est à dire servir les besoins erratiques des économies du Nord. Ceci eut un prix ! Et (...) Lire la suite »

Voir ailleurs et comparer : l’art de l’embrouille

Michel ROGALSKI
Nous sommes médiatiquement sommés de nous comparer aux autres. Dès qu’il se passe quelque chose dans l’hexagone nous sommes vivement invités à aller voir comment nos voisins font face au même problème. Les statistiques sont mobilisées et les différences constatées immédiatement pointées du doigt comme variables explicatives que nous serions appelés à combler. On passe ainsi aisément de l’observation à la préconisation sans s’interroger sur ce qui fonde et explique la différence qui a souvent sa raison d’être. On conviendra que l’observation d’autres sociétés peut être d’une grande richesse et nous apprendre beaucoup sur nous- mêmes. Elle peut même être menée avec beaucoup de finesse, d’humour, et permettre de se jouer de la censure comme le fit Montesquieu avec tout son talent dans ses fameuses Lettres persanes. C’est là l’une des grandes richesses de l’anthropologie et des sciences sociales à laquelle aucun chercheur ne saurait renoncer. À condition d’être mené sérieusement, notamment en sachant comment sont (...) Lire la suite »
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