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Auteur : Slavoj ZIZEK

La plus grande menace que pose l’épidémie de Covid-19 n’est pas notre régression vers la violence survivaliste, mais la barbarie à visage humain

Slavoj ZIZEK
L'impossible s'est produit et le monde que nous connaissions a cessé de tourner. Mais quel ordre mondial émergera après la fin de la pandémie de coronavirus - le socialisme pour les riches, le capitalisme de catastrophe ou quelque chose de complètement nouveau ? Ces jours-ci, je me surprends parfois à vouloir attraper le virus - de cette façon, au moins l'incertitude débilitante serait terminée. Un signe clair de la croissance de mon anxiété est ma relation avec le sommeil. Jusqu'à il y a environ une semaine, j'attendais avec impatience la soirée : enfin, je peux m'endormir et oublier les peurs de ma vie quotidienne. Maintenant, c'est presque le contraire : j'ai peur de m'endormir car les cauchemars me hantent dans mes rêves et me réveillent en panique - des cauchemars sur la réalité qui m'attend. Quelle réalité ? Alenka Zupancic l'a parfaitement formulée et permettez-moi de reprendre sa ligne de pensée. Ces jours-ci, nous entendons souvent que des changements sociaux radicaux (…) Lire la suite »

Slavoj Zizek : allocution à Liberty Place / Occupy Wall Street (Impose Magazine)

Slavoj ZIZEK
Ils disent que nous sommes des perdants, mais les véritables perdants sont là -bas à Wall Street. Ils ont été sauvés avec des milliards de notre argent. Ils nous appellent des socialistes, mais il y a toujours du socialisme pour les riches. Ils disent que nous ne respectons pas la propriété privée, mais lors de la crise financière de 2008, plus de propriété privée durement acquise a été détruite que tout ce que nous aurions pu détruire nous mêmes en nous y consacrant jour et nuit pendant des semaines. Ils disent que nous sommes des rêveurs. Mais les véritables rêveurs sont ceux qui pensent que les choses peuvent continuer ainsi indéfiniment. Nous ne sommes pas des rêveurs. Nous sommes en train de nous réveiller d'un rêve qui se transforme en cauchemar. Nous ne détruisons rien. Nous ne faisons que constater comment le système se détruit lui-même. Nous connaissons tous cette scène classique dans les dessins animés. La chat arrive au bord d'un précipice mais continue de marcher, en (…) Lire la suite »

Derrière le Mur, les peuples ne rêvaient pas de capitalisme.

Slavoj ZIZEK
Vingtième anniversaire de la chute du mur de Berlin le 9 novembre, célébrer cet événement devrait nous donner à réfléchir. C'est un lieu commun que d'insister sur ce que ces événements ont eu de "miraculeux". Un rêve est devenu réalité, il s'est passé quelque chose qu'on n'aurait même pas envisagé quelques mois auparavant : des élections libres, la fin des régimes communistes qui se sont effondrés comme un château de cartes. Qui en Pologne aurait pu imaginer Lech Walesa président de la République ? Mais à ce miracle s'en ajoute un plus grand encore, advenu quelques années plus tard : le retour au pouvoir des ex-communistes par la vertu du scrutin démocratique, la marginalisation du même Lech Walesa, désormais beaucoup moins populaire que le général Jaruzelski dont le coup d'Etat avait écrasé Solidarnosc quinze ans plus tôt. L'explication classique de ce deuxième renversement renvoie aux espérances "infantiles" d'un peuple qui se faisait une image peu réaliste du capitalisme : (…) Lire la suite »