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Les observateurs de tous bords, exception faite des « médias crasseux », avancent que l’intervention militaire française au Mali n’est, en fait, qu’une forme de recolonisation de l’Afrique. François Hollande, qui prétend avoir divorcé avec la Françafrique, n’a fait que se trahir par une succession de paradoxes.

Comme nous l’avons mentionné dans une précédente chronique, Hollande prétendait intervenir au Mali pour défendre un pays pauvre contre la nébuleuse terroriste. Or, ce pays dispose de ressources qui, exploitées à bon escient, le rendrait plus riche que la France. Le second grain de sable qui semble enrayer le mécanisme discursif français concerne la durée des opérations militaires françaises dans ce pays. Au début de l’opération, on avait annoncé que cette intervention n’allait pas durer longtemps puisqu’il s’agissait d’affronter au maximum près de 5000 terroristes. Or, avant son déplacement au Mali, Hollande a indiqué que ces opérations allaient durer le temps qu’il faudrait. Et le revoilà qui réajuste son tir lors de sa récente visite au Mali en déclarant : « Depuis le 11 janvier, nous avons accompli beaucoup de travail, mais il n’est pas encore complètement terminé. Cela va prendre encore quelques semaines ». Des propos en quelque sorte rassurants à l’image de ceux avancés par Bush lors de l’invasion de l’Afghanistan. Or, selon certains observateurs, « l’intervention militaire française au Mali est le signe que la France suivra dorénavant la doctrine des néo-cons US et des faucons israéliens de la guerre contre le terrorisme partout dans le monde ». Ce qu’on a commencé au Mali s’arrêtera où ? Cela fait plaisir en tout cas à Netanyahu qui avait salué « l’action militaire française en Afrique » et exprimé ses regrets pour les pertes françaises (et non maliennes). Cela dit, au-delà du discours hypnotisant de la diplomatie française copié-collé du discours néo-cons, rappelons-nous les propos d’Obama qui avançait que les Etats-Unis, « source d’espoir pour les pauvres, soutiennent la démocratie en Afrique ». Quel espoir pour les peuples africains quand on sait que c’est Washington qui avait installé au pouvoir l’an dernier le capitaine Sanogo, entraîné aux USA par le Pentagone et par la CIA, en aiguisant les conflits internes. Aussi, il ressort, selon certains spécialistes, que cette opération était planifiée depuis longtemps et conjointement à Washington, Paris, Londres et dans d’autres capitales. N’oublions pas également que ces rapaces néo-coloniaux, « dont les groupes multinationaux rivalisent entre eux pour accaparer les marchés et les sources de matières premières, se compactent quand leurs intérêts communs sont en jeu », souligne le journaliste italien Manlio Dinucci. Donc, de là à induire l’opinion en erreur sous prétexte d’intervention humanitaire de courte durée, l’avenir prouvera encore une fois que l’on se dirige vers une afghanisation de l’Afrique dans la mesure où cette opération fait partie d’un plan stratégique visant à mettre la totalité du continent sous le contrôle militaire des « grandes démocraties, qui reviennent en Afrique avec un casque colonial peint aux couleurs de la paix », souligne l’analyste italien.

Chérif Abdedaïm, La Nouvelle République du 5 février 2013

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