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Ana Belén Montés...

Ana Belén Montés, née en 1957, est fille d’un médecin militaire d’origine portoricaine, qui travaillait au sein de l’armée US.

Après avoir obtenu une licence, puis une maîtrise en relations internationales à l’Université de Virginie, elle est entrée à 28 ans à l’Agence de Renseignement pour la Défense du Pentagone (DIA), où elle devenait, 7 ans plus tard, analyste. Elle a eu quelques temps un emploi fictif à la représentation diplomatique à La Havane, soit disant pour « étudier » les militaires cubains. En 1998, retour dans l’Ile pour cette fois, « observer » le déroulement de la visite du Pape Jean-Paul II.

Cette femme discrète, devenue analyste de première catégorie au Pentagone, spécialiste de Cuba, avait accès à presque toute l’information sur l’Ile dont disposait la communauté du renseignement, en particulier sur les activités militaires cubaines. De par son rang, elle était membre du très secret « groupe de travail inter agences sur Cuba », qui rassemble les principaux analystes des plus hautes agences de renseignements des Etats-Unis, comme la CIA par exemple.

Elle a été arrêtée en septembre 2001, jugée et condamnée à 25 ans de prison en mars 2002 pour espionnage. Elle avait remis à Cuba, sans contre partie financière, l’information lui permettant de connaître les plans d’agression des Etats-Unis contre l’île.

Je laisse la parole à Ana Belén Montés. Voici ce qu’elle a déclaré lors de son plaidoyer au moment de son procès :

« Il existe un proverbe italien qui peut-être, décrit le mieux ce que je crois :

Le monde entier n’est qu’un seul pays. Dans ce pays mondial, le principe d’aimer son prochain comme soi même, est le guide essentiel pour des relations harmonieuses entre tous les pays.

Ce principe implique tolérance et compréhension pour la façon de se comporter envers les autres. Il implique que nous traitions les autres nations comme on aimerait être traité : avec respect et considération. C’est un principe que, malheureusement nous n’avons jamais appliqué à Cuba.

Votre honneur, je suis devant vous aujourd’hui pour une activité à laquelle je me suis livrée parce que j’ai obéi à ma conscience plutôt qu’à la loi. Je crois que la politique de notre gouvernement vis-à-vis de Cuba est cruelle et injuste, profondément agressive, et je me suis sentie moralement dans l’obligation d’aider l’île à se défendre contre nos efforts de lui imposer nos valeurs et notre système politique. Nous avons fait preuve d’intolérance et de mépris à l’égard de Cuba depuis plus de 40 ans. Nous n’avons jamais respecté le droit pour Cuba de choisir sa propre voie vers ses propres idéaux d’égalité et de justice. Je ne comprends pas pourquoi nous devons continuer à dicter aux Cubains comment ils doivent choisir leurs dirigeants, qui peuvent ou ne peuvent pas être leurs dirigeants, et quelles sont les lois appropriées pour ce pays. Pourquoi ne pouvons-nous pas laisser Cuba poursuivre son propre chemin, comme le font les Etats-Unis depuis plus de deux cents ans



Ma manière de réagir à notre politique Cubaine a peut-être été moralement condamnable. Peut-être que le droit pour Cuba d’exister libre de toute pression politique ou économique ne justifie pas les informations secrètes que j’ai transmises pour l’aider à se défendre. Je peux seulement dire que j’ai fait ce qui me paraissait être juste pour réparer une grave injustice. 



Mon plus grand désir est de voir des relations amicales s’établir entre les Etats-Unis et Cuba. J’espère que mon cas contribuera d’une certaine manière à encourager notre gouvernement à abandonner sa politique hostile envers Cuba et à collaborer avec la Havane dans un esprit de tolérance, de respect mutuel, de compréhension... »

Ana Belén Montés a été en quelque sorte précurseur des nouvelles relations entre Cuba et les Etats-Unis.

Elle est la prisonnière 25037-016 de la prison de Carswell, une annexe du FBI de la Station Aérienne de la Marine des Etats-Unis. Elle y est internée dans la section de psychiatrie, bien que ne présentant pas de troubles de ce type. C’est un lieu dangereux pour elle, qui pourrait avoir de graves répercussions sur son état mental.

Ana Belén Montés est sensée recouvrer la liberté en 2027, dans 12 ans. Elle a déjà accompli 13 ans de réclusion. Elle est soumise à un régime d’isolement extrême :

Elle ne peut pas avoir la visite d’amis, uniquement celles de son père et de sa fratrie. Elle est interdite de téléphone, n’a accès a aucun moyen d’information, ni journal, ni revue, ni livre. Elle n’a pas le droit de regarder la télévision et ne peut recevoir de colis. Il lui est même interdit d’avoir le moindre contact avec les autres personnes détenues dans cette prison.

Les autorités pénitentiaires ne donnent aucune information sur sa santé, les traitements médicaux qu’elle reçoit, ni ne justifient le fait qu’elle soit dans un centre destiné aux personnes souffrant de troubles psychiatriques.

Le régime carcéral qu’elle subit n’est pas conforme aux Droits de l’Homme et est beaucoup plus sévère que celui appliqué aux dangereux criminels.

Un essai a été fait de lui écrire. La lettre a été renvoyée à l’expéditeur en recommandé. Le Bureau fédéral des Prisons y précisait qu’elle ne pouvait avoir de contacts qu’avec ses parents les plus proches, étant donné qu’elle était condamnée pour espionnage.

Nous devons aider cette femme courageuse. Nous devons faire connaître son histoire, et développer des campagnes pour que dans la prison où elle endure sa peine, elle puisse au moins avoir un traitement plus humain.

Jacqueline ROUSSIE

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COMMENTAIRES  

19/09/2015 07:23 par benzekri hamid

Merci Jacqueline pour cette initiative sur femme pas du tout ordinaire...
"Votre honneur, je suis devant vous aujourd’hui pour une activité à laquelle je me suis livrée parce que j’ai obéi à ma conscience plutôt qu’à la loi..." Sans commentaire.

19/09/2015 08:01 par CN46400

Voilà une infos qui ne risque pas d’encombrer nos médias.....

19/09/2015 10:50 par Nicolas

Merci mille fois, Jacqueline Roussie et vous, Le Grand soir, de m’avoir informé de ce parcours, de cette conscience, de cette vie et de ce supplice infligé à cette femme admirable qui aurait pu exploiter confortablement sa situation et qui a obéi à sa conscience plutôt qu’à son égoïsme. En d’autres temps, un soit-disant Jésus n’en fit pas plus et fut glorifié. Comme lui, Ana Belén Montés est crucifiée dans l’indifférence presque générale des nouveaux pharisiens. Assurément les Damas de Blanco, de La Havane et de Miami, exposeront son cas à François Iº, assurément, et dans leur inventaire fabuleux des "prisonniers politiques" elle ajouteront son nom sur leur liste. Comptons sur nos "journalistes" laborieux pour l’exiger. Mais c’est bien là le talon d’Achille de ce système : il ne peut même plus appliquer ses "principes", ses "valeurs" de justice d’égalité, de probité, de progrès, de liberté, de Droits de l’Homme... Et certains veulent ré-enseigner la morale dans nos écoles ! Ça finira de les tuer !

19/09/2015 11:06 par erwin

...et si elle avait été arrêtée à Cuba pour espionnage pour le compte des Etats-Unis et momentanément emprisonnée (dans des conditions évidemment beaucoup plus clémentes), là on aurait pu compter sur certains médias et organisations de " défense des droits humains" pour crier à la prisonnière politique !

19/09/2015 13:35 par Sierra

Les USA ne comprenant que les rapports de force, elle ne sera pas libéré avant terme sans monnaie d’échange.

20/09/2015 11:23 par CLERON

Raison il faut savoir garder !
Ana a travaillé pour les services secrets de l’empire, et à ce titre elle peut être considérée comme espionne. Qu’elle avoue ensuite avoir remis des informations à Cuba fait d’elle, de facto, une contre-espionne. Il ne faut donc pas s’étonner si elle purge une peine de prison. S’étonner aussi de ses conditions carcérales relève aussi de la naïveté quand tout le monde connaît Abu GrahibÏ et Guantanamo, sans parler des cinq héros cubains. Je suis bien sûr SOLIDAIRE d’elle comme je le suis de Cuba et de son gouvernement et il faut espérer que dans le très leger réchauffement entre ma belle Cuba et l’immonde pieuvre impérialo-capitaliste, une libération puisse intervenir.
Ceci dit c’est bien et essentiel que LGS existe pour ouvrir les yeux et surtout les oreilles des hordes ne niais.
Hasta la victoria siempre.

20/09/2015 11:43 par Le fou d'ubu

Merci au Grand Soir. Je ne connaissais pas l’histoire de cette Femme exceptionnelle de courage. Mais toujours la même question me taraude l’esprit quand je lis ce genre d’info : Que faire pour extraire cet Être Humain de l’enfer dans lequel elle se trouve ? ... A part créer un égrégore phénoménal souhaitant aux usa les dix plaies d’Egypte, je ne vois pas ....

Ps : Un égrégore est une pensée collective puissante et sincère qui peut trouver sa matérialité dans l’effort continu de la pensée. Les religieux appellent cela, une prière ...

Ps bis : Une pensée est une onde informationnelle émise par les émetteurs de chaque ADN voyageant à très grande vitesse à travers l’espace/temps et dont les récepteurs de chaque ADN peuvent capter les réponses en retour. Nous sommes ici dans le monde quantique. Chose qui n’intéresse pas grand monde, malheureusement ... et pourtant ...

20/09/2015 14:10 par Autrement

On ne le croirait pas dans le monde d’aujourd’hui, du moins dans le spectacle superficiel et trafiqué qui est celui des médias, tellement ce sont toujours des femmes pré-formatées et arrivistes bien arrivées que l’on nous montre sur le devant de la scène : mais Ana Belén Montés prouve bien qu’il existe encore des Antigone. Il doit bien y avoir quelque part, à Porto-Rico ou à Cuba même, un mouvement d’opinion en sa faveur ? Une pétition à signer pour demander sa libération, maintenant que les USA ont modifié - du moins pour la forme - leurs relations avec Cuba ? Est-ce une condamnation "pour l’exemple", même si elle a reconnu sa "culpabilité" ? On comprend pourquoi Assange et Snowden tiennent tant à leur clandestinité.

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