RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Yémen : Lettre d’un habitant de Sanaa (New Orient News)

Parce que j’ai vécu la guerre de 1994 à Sanaa et que j’en ai rendu compte à l’époque, certains de mes amis yéménites, avec lesquels je n’ai cessé de correspondre, insistaient de temps à autre pour que j’accorde au Yémen et à l’agression qu’il subit la place qui leur revient dans mes articles.

Bien que la guerre qui se déroule contre notre région, en Syrie, et celle qui frappe le Yémen ont pour dénominateur commun les mêmes agresseurs, je progressais lentement dans mes recherches pour finaliser mon article sur ce sujet, la situation au Liban et en Syrie prenant le plus gros de mon temps. C’est alors que j’ai reçu cette lettre de Sanaa.

Je l’ai faite mienne et la publie telle que reçue, sans autre commentaire.

Souraya Assi,
journaliste Libanaise.

Chère Souraya,

Te souviens-tu du Yémen ? Il a eu sa part des « révolutions » arabes, la révolution du 11 février 2011 ayant accouché d’un pouvoir qui s’est chargé de soumettre le pays à la famille des Al-Saoud. Notre révolution n’a donc pas dévié des normes préétablies, puisque comme toutes les autres révolutions arabes, elle est passée par le baptême obligé et nécessaire pour entrer dans l’ère des « cheikheries » [*] du Golfe.

Je ne sais pas ce qui se passe en Libye ! Et, il est probable que la « révolution » des Al-Saoud en Syrie est contrecarrée par des difficultés et des obstacles ayant conduit à faire de nouveau appel aux forces de l’OTAN, mais sans recourir au Conseil de sécurité de l’ONU cette fois-ci, ni exploiter un mandat truqué du Secrétaire général de la Ligue arabe. Quant à l’Égypte et à la Tunisie, il est bien connu que les circonstances particulières dans ces deux pays ont nécessité une révolution contre « la révolution golfiste » [*] ou, plus précisément, ont amené les gens à préférer le pouvoir déchu au pouvoir des Frères Musulmans.

Cette expérience s’est répétée au Yémen, la guerre en cours ayant ses racines dans la révolution contre « la révolution des golfeux et des frérots » [*] dans le but de débarrasser le pays de la domination de la famille Al-Saoud. Cependant, il semble que l’OTAN en tant qu’organisation policière et répressive mondialisée, interdit la « révolution » aux pauvres et aux nécessiteux. Autrement dit et en toute franchise, l’OTAN mène une guerre afin de rétablir la loi de la famille Al-Saoud et réinstaller sa mainmise sur le Yémen.

Il est aussi notoirement connu que des navires de la flotte américaine ont procédé, sous pavillon de l’armée des Émirats arabes unis, à une opération de débarquement à Aden et que c’était là l’annonce du début de la guerre terrestre, suite aux frappes aériennes ininterrompues depuis mars 2015, lesquelles frappes ont obligé les adversaires des Al-Saoud à se retirer de certaines positions qu’ils contrôlaient jusqu’ici.

À l’heure actuelle, nous pouvons dire que le plan d’annexion du Yémen en est au stade préparatoire du siège de Sanaa, soumise quotidiennement à des vagues successives de raids aériens. Il est possible que les hordes militaires « golfistes » [*] s’y dirigent selon trois axes :

  • Le premier, à partir du port d’Al-Hudaydah sur la mer Rouge.
  • Le deuxième, à partir de la ville de Ta’izz au sud.
  • Le troisième, supposé être emprunté par les forces qui tentent de se rassembler dans la ville de Marib à l’est où, d’après les dernières nouvelles, 15 000 soldats seraient déjà sur place, rejoints par les équipements et les véhicules militaires d’un pays dont le nombre d’avions et de chars dépasse celui de sa population… Je veux parler du Qatar, l’État de ce prince penseur et résistant Al-Qaradawi !

Quoi qu’il en soit, l’accès par voie terrestre à Sanaa ne sera sans doute pas facile, étant donné que les routes ne sont pas sécurisées ou bien sont toujours sous le contrôle des Houthis.

Dans ce contexte, il n’est pas inutile de noter que la victoire des Al-Saoud au Yémen sera très probablement un énorme désastre pour la population, encore plus douloureux et plus dangereux que la tragédie libyenne, témoin en est le déploiement des bandes de voleurs, de truands et d’extrémistes, dans les régions d’où les Houthis se sont retirés sous la pression des frappes américaines et saoudiennes, en plus de l’apparition de diverses formations militaires appartenant à des agences de sécurité étrangères dans les zones des puits de pétrole, des raffineries et des oléoducs.

Traiter de la question du Yémen comme se lancer dans des prévisions à court terme, exige de prendre en compte deux facteurs importants, ou plutôt d’introduire le facteur israélien ; lequel, à mon avis, influe sur la guerre des Al-Saoud au Yémen de deux manières en se présentant sous deux visages :

  • Le premier visage est celui de l’impérialisme euro-américain, et les colonialistes israéliens en sont une facette. Ce visage est évidemment connu et bien présent sur la scène yéménite aux côtés des Pays du Golfe. Ici, il est nécessaire de rappeler que cet impérialisme a construit ses propres bases à Djibouti et au nord de la Somalie, après avoir démantelé l’État somalien et découpé ce qu’ils appellent le « Somaliland » où se trouve, justement, une base israélienne ; la largeur du détroit de Bab el-Mandeb, c’est-à-dire la distance entre la côte yéménite et la côte somalienne, étant d’une trentaine de kilomètres.

  • Le deuxième visage se déduit logiquement à partir du rôle joué au Yémen, par les gouvernements actuels de l’Égypte et de la Jordanie aux côtés des Al-Saoud et aussi des colonialistes israéliens, sur la base d’informations indiquant une présence militaire israélienne à l’entrée du détroit de Bab al-Mandeb et donc, en Somaliland.

Pour exposer les choses telles qu’elles sont, et éviter les polémiques, il faut dire que les raisons de cette méfiance à l’égard des autorités égyptienne et jordanienne repose sur le fait que depuis que ces deux pays ont signé respectivement les Accords de Camp David et de Wadi Araba, ils ont toujours adopté des positions essentiellement favorables à Israël. Ce fut le cas lors des conflits israélo-libanais et israélo-palestiniens, ainsi que du conflit réunissant les États-Unis, la Turquie et l’Arabie saoudite contre la Syrie. Je ne pense pas que nous pourrions nous passer de citer tous ces cas.

Source : New Orient News ; le 10/09/2015

http://www.neworientnews.com/index.php/2013-08-24-22-19-26/17510-2015-09-10-07-07-21

Traduction de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal

NdT : Suite à la publication de cette lettre, une citoyenne yéménite s’est adressée à Madame Assi en ces termes : « Nous Yéménites, nous vous saluons et vous remercions pour vos paroles de vérité sur le Yémen et les Yéménites. Ci-joint une documentation certifiée de quelques crimes, non de tous les crimes… peut-être sera-t-elle utile ». Un message que Madame Assi a publié aussi.

Cette documentation, la voici :

https://www.facebook.com/noora.alaqmer/media_set?set=a.650160718454524.1073741838.100003818064162&amp ;type=3

Note : [*] néologismes obligés dérivés des mots cheikh, pays du Golfe, Frères Musulmans…

URL de cet article 29261
  

Sur les eaux noires du fleuve.
Maurice LEMOINE
Plus de six décennies de conflit armé affectent la Colombie, pays considéré, d’un point de vue formel, comme une démocratie. Aux guérillas nées en réaction à la violence structurelle et à l’injustice sociale a répondu une épouvantable répression. En cette année 2002, le gouvernement a rompu les négociations avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie. Ces terribles FARC viennent d’enlever Ingrid Betancourt. L’élection présidentielle se profile, dont est favori un dur, un certain à lvaro. De (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

2% de la population réfléchit.
3% croit qu’elle réfléchit.
Et 95% préférerait mourir plutôt que de réfléchir.

George Bernard Shaw

Le DECODEX Alternatif (méfiez-vous des imitations)
(mise à jour le 19/02/2017) Le Grand Soir, toujours à l’écoute de ses lecteurs (réguliers, occasionnels ou accidentels) vous offre le DECODEX ALTERNATIF, un vrai DECODEX rédigé par de vrais gens dotés d’une véritable expérience. Ces analyses ne sont basées ni sur une vague impression après un survol rapide, ni sur un coup de fil à « Conspiracywatch », mais sur l’expérience de militants/bénévoles chevronnés de « l’information alternative ». Contrairement à d’autres DECODEX de bas de gamme qui circulent sur le (...)
103 
Analyse de la culture du mensonge et de la manipulation "à la Marie-Anne Boutoleau/Ornella Guyet" sur un site alter.
Question : Est-il possible de rédiger un article accusateur qui fait un buzz sur internet en fournissant des "sources" et des "documents" qui, une fois vérifiés, prouvent... le contraire de ce qui est affirmé ? Réponse : Oui, c’est possible. Question : Qui peut tomber dans un tel panneau ? Réponse : tout le monde - vous, par exemple. Question : Qui peut faire ça et comment font-ils ? Réponse : Marie-Anne Boutoleau, Article XI et CQFD, en comptant sur un phénomène connu : "l’inertie des (...)
93 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.