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Après la Grèce, ce fascisme financier qui menace l’Europe…

Onze personnalités grecques, dont le compositeur Mikis Theodorakis et Manolis Glezos, le héros de la Résistance qui arracha en 1941 le drapeau hitlérien qui flottait sur l’Acropole durant l’occupation nazie, dénoncent le fascisme financier qui menace. Ils appellent les peuples d’Europe à s’unir pour en finir avec la dictature des marchés.

Cet appel, rédigé en octobre dernier, est plus pertinent que jamais après l’humiliante convocation de Georges Papandréou par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel à la veille du G-20 de Cannes. Rudoyé pour zèle insuffisant dans l’application du plan de rigueur infligé au peuple grec, le premier ministre (par ailleurs président de l’Internationale socialiste) a dû remballer son projet de référendum et s’engager, le doigt sur la couture du pantalon, à obéir aux ordres de la troïka Commission, BCE et FMI, fondée de pouvoir de la finance internationale.

Ayant transformé son pays en république bananière, Georges Papandréou, mission accomplie, a démissionné de ses fonctions pour laisser la place à un gouvernement de coalition où les « socialistes » du Pasok siègent au côté de la droite de la Nouvelle Démocratie. A Athènes, comme dans les autres villes du pays, les Grecs sont dans la rue pour refuser l’asservissement.

Mémoire des luttes

Soixante-cinq ans après la défaite du nazisme et du fascisme, les peuples européens sont aujourd’hui confrontés à une menace dramatique, non pas militaire cette fois, mais financière, sociale et politique. Un nouvel Empire de l’Argent a attaqué systématiquement un pays européen après l’autre au cours des 18 derniers mois, sans rencontrer de véritable résistance.

Les gouvernements européens n’échouent pas seulement à organiser une défense collective des peuples européens face aux marchés, mais, au contraire, ils cherchent à "calmer" ces marchés en imposant des politiques qui nous rappellent la manière dont les gouvernements ont tenté d’affronter le nazisme dans les années 1930. Ils organisent des "guerres de la dette" entre les peuples européens, tout comme ils firent de la Belle Epoque à la Première guerre mondiale.

L’offensive des marchés a commencé par une guerre contre la Grèce, État membre de l’Union européenne (UE) dont le peuple a joué un rôle décisif dans la résistance à la barbarie et dans la libération de l’Europe au cours de la Deuxième guerre mondiale. Au début, il s’agissait d’une guerre de communication, qui nous rappelait les campagnes contre les pays hostiles, proscrits, comme l’Irak ou la Yougoslavie. Cette campagne présentait la Grèce comme un pays de citoyens paresseux et corrompus, tout en entreprenant de rejeter la responsabilité de la crise de la dette sur les "porcs" [PIIGS, acronyme anglais des initiales du Portugal, de l’Italie, de l’Irlande, de la Grèce et de l’Espagne] de l’Europe et non sur les banques internationales.

Rapidement, cette campagne s’est muée en une offensive financière, qui entraîna la soumission de la Grèce à un statut de souveraineté limitée et l’intervention du FMI dans les affaires internes de la zone euro.

Quand ils eurent obtenu ce qu’ils attendaient de la Grèce, les marchés prirent pour cible les autres pays de la périphérie de l’Europe, plus petits ou plus grands. Le but est toujours le même : garantir pleinement les intérêts des banques contre ceux des États, la démolition de l’Etat providence, pierre angulaire de la démocratie et de la culture européennes, la démolition des États européens et la soumission de ce qu’il reste de structures étatiques à la nouvelle Internationale de l’Argent.

L’Union européenne, qui était présentée à ses peuples comme l’outil du progrès collectif et de la démocratie, tend à devenir l’outil de la fin de la prospérité et de la démocratie. Elle était présentée comme un outil de résistance à la mondialisation, mais les marchés souhaitent qu’elle soit l’instrument de cette mondialisation.

Elle était présentée aux Allemands et aux autres peuples européens comme le moyen d’augmenter pacifiquement leur pouvoir et leur prospérité, et non comme le moyen d’abandonner tous les Européens aux injonctions des marchés financiers, de détruire l’image de l’Europe et de transformer les marchés en acteurs d’un nouveau totalitarisme financier, en nouveaux maîtres de l’Europe.

Nous sommes confrontés au risque de reproduire l’équivalent financier des Première et Deuxième guerres mondiales sur notre continent, et de nous dissoudre dans le chaos et la décomposition, au bénéfice d’un Empire international de l’Argent et des Armes, dont le pouvoir des marchés est à l’épicentre économique.

Les peuples d’Europe et du monde font face à une concentration sans précédent historique du pouvoir financier, mais aussi politique et médiatique, par le capital financier international, c’est-à -dire par une poignée d’institutions financières, d’agences de notation, ainsi qu’une classe politique et médiatique qu’ils ont convertie, et dont les centres sont plutôt extérieurs qu’intérieurs à l’Europe. Ce sont les marchés qui attaquent aujourd’hui un pays européen après l’autre, utilisant le levier de la dette pour démolir l’État providence européen et la démocratie.

L’ Empire de l’Argent exige aujourd’hui la transformation rapide, violente et brutale d’un pays de la zone euro, la Grèce, en un pays du tiers-monde, à l’aide d’un programme dit de "sauvetage", en fait de "sauvetage" des banques qui ont prêté aux pays concernés. En Grèce, l’alliance des banques et des dirigeants politiques a imposé - par le biais de l’UE, de la BCE et du FMI - un programme qui équivaut à un assassinat économique et social du pays et de sa démocratie. Ce programme organise le pillage du pays avant la banqueroute à laquelle il mène tout droit, en souhaitant en faire le bouc émissaire de la crise financière mondiale et en l’utilisant comme "paradigme" pour terroriser tous les peuples européens.

La politique menée actuellement en Grèce, et qui tend à se généraliser, est la même que celle appliquée dans le Chili de Pinochet, dans la Russie d’Eltsine ou en Argentine, et elle aura les mêmes résultats si l’on n’y met pas fin immédiatement. Victime d’un programme censé l’aider, la Grèce est maintenant au bord d’un désastre économique et social ; elle sert de cobaye pour étudier les réactions des peuples au darwinisme social.

Les marchés peuvent aussi encourager et utiliser le leadership de l’Allemagne pour détruire l’Union européenne. Mais, pour les forces dominantes de l’UE et d’abord pour l’Allemagne, ce serait faire preuve d’un extrême aveuglement politique et historique que de penser qu’il puisse y avoir un projet d’intégration européenne - ou seulement de simple coopération - sur les ruines d’un ou de plusieurs membres de la zone euro.

L’Union européenne ne peut en aucun cas s’établir sur la destruction planifiée d’acquis politiques et sociaux majeurs, de grande portée mondiale. Cela conduira au chaos et à la désintégration et favorisera l’émergence de solutions fascistes sur notre continent.

En 2008, les banques privées géantes de Wall Street ont forcé les États et les banques centrales à les sortir d’une crise qu’elles avaient elles-mêmes créée, en faisant payer aux contribuables le coût de leur fraude gigantesque, telle celle de leurs prêts immobiliers, mais aussi le coût opérationnel du capitalisme de casino dérégulé, imposé au cours des vingt dernières années. Ils transformèrent leur propre crise en une crise de la dette publique.

Maintenant, ils utilisent la crise et la dette, qu’ils ont eux-mêmes créées, pour dépouiller les États et les citoyens du peu de pouvoir qu’ils détiennent encore.

C’est là une partie de la crise de la dette. La seconde partie est que le capital financier, avec les forces politiques qui le soutient globalement, impose un agenda de mondialisation néolibérale qui se traduit inévitablement par la délocalisation de la production hors de l’Europe et la convergence vers le bas des normes sociales et environnementales européennes avec celles du tiers-monde. Pendant de nombreuses années, ils ontdissimulé ce processus derrière les prêts, et maintenant ils utilisent ces prêts pour achever le travail.

L’Internationale de l’Argent, qui entend éliminer toute notion d’État en Europe, menace aujourd’hui la Grèce, demain l’Italie ou le Portugal ; elle encourage la confrontation entre les peuples d’Europe et elle place l’Union européenne devant ce dilemme : se transformer en une dictature des marchés ou d se dissoudre. Le but visé est que l’Europe et le reste du monde reviennent à la situation d’avant 1945, ou même à avant la Révolution française et les Lumières.

Dans l’Antiquité, l’abolition par Solon des dettes qui forçaient les pauvres à devenir esclaves des riches, appelée la réforme Seisachtheia, posa les bases qui allaient conduire à l’émergence des idées de démocratie, de citoyenneté, de politique et d’Europe, et d’une culture européenne et mondiale. En luttant contre la classe fortunée, les citoyens d’Athènes ouvrirent la voie à la Constitution de Périclès et à la philosophie politique de Protagoras selon laquelle "l’homme est la mesure de toute chose".

Aujourd’hui, les classes fortunées cherchent à venger cet esprit de l’homme : "Les marchés sont la mesure de tous les hommes", telle est la devise que nos dirigeants politiques embrassent, en s’alliant au démon de l’Argent, comme le fit Faust.

Une poignée de banques internationales, d’agences de notation, de fonds d’investissement, une concentration mondiale du capital financier sans précédent historique, revendiquent le pouvoir en Europe et dans le monde. Elles se préparent à abolir nos Etats et notre démocratie, utilisant l’arme de la dette pour asservir la population européenne, instituant en lieu et place de nos démocraties imparfaites la dictature de l’argent et des banques, le pouvoir de l’empire totalitaire de la mondialisation, dont le centre politique se situe à l’extérieur de l’Europe continentale, malgré la présence de banques européennes puissantes au coeur de l’empire.

Ils ont commencé par la Grèce, l’utilisant comme cobaye, pour se tourner ensuite vers les autres pays de la périphérie européenne et, progressivement, vers le centre. L’espoir de quelques pays européens d’y échapper finalement prouve que les dirigeants européens sont face à la menace d’un nouveau « fascisme financier », auquel ils ne répondent pas mieux que face à la menace d’Hitler dans l’entre-deux-guerres.

Ce n’est pas par accident qu’une grande partie des médias contrôlés par les banques ont choisi de s’attaquer à la périphérie européenne, en traitant ces pays de « porcs », et de diriger leur campagne médiatique méprisante, sadique et raciste non seulement contre les Grecs, mais aussi contre l’héritage grec et la civilisation grecque antique. Ce choix montre les buts profonds et inavoués de l’idéologie et des valeurs du capital financier, promoteur d’un capitalisme de destruction.

La tentative d’une partie des médias allemands d’humilier des symboles tels que l’Acropole ou la Venus de Milo - qui furent respectés même par les officiers d’Hitler- n’est rien d’autre que l’expression d’un profond mépris affiché par les banquiers qui contrôlent ces médias, non pas tant contre les Grecs que contre les idées de liberté et de démocratie qui sont nées en Grèce.

Le monstre financier a produit quatre décennies d’exemptions fiscales pour le capital, toutes sortes de « libéralisations », une large dérégulation, l’abolition de toutes les barrières aux flux de capitaux et de marchandises, des attaques constantes contre l’Etat, la prise de contrôle des partis et des médias, et l’appropriation des surplus mondiaux par une poignée de banques vampires de Wall Street. Maintenant, ce monstre, véritable « État derrière les États » entend réaliser un « coup d’État permanent » [en français dans le texte] financier et politique.

Face à cette attaque, les forces politiques de droite et la social-démocratie européennes semblent contaminées, après des décennies d’entrisme, par le capitalisme financier. Par ailleurs, les syndicats et les mouvements sociaux ne sont pas encore assez forts pour bloquer cette attaque de manière décisive, comme ils l’ont fait à de nombreuses reprises par le passé. Le nouveau totalitarisme financier cherche à tirer avantage de cette situation de manière à imposer des conditions irréversibles dans toute l’Europe.

La coordination immédiate et transfrontières des actions d’intellectuels, des hommes et des femmes des arts et lettres, des mouvements spontanés, des forces sociales et des personnalités qui comprennent l’importance des enjeux s’impose. Il nous faut créer, avant qu’il ne soit trop tard, un front de résistance puissant contre l’empire totalitaire de la mondialisation. L’Europe ne peut survivre que si elle met en avant une réponse unie contre les marchés, un nouveau « New Deal » européen.

Nous devons stopper immédiatement les attaques contre la Grèce et les autres pays de l’UE de la périphérie ; nous devons arrêter cette politique irresponsable et criminelle d’austérité et de privatisation, qui conduit directement à une crise pire que celle de 1929.

Les dettes publiques doivent être radicalement restructurées dans la zone euro, particulièrement aux dépens des géants des banques privées. Il faut reprendre le contrôle des banques et placer sous contrôle social, national et européen le financement de l’économie européenne. Il n’est pas possible de laisser les clés de la finance européenne aux mains de banques comme Goldman Sachs, JP Morgan, UBS, la Deutsche Bank, etc. Nous devons bannir les dérives financières incontrôlées, fer de lance du capitalisme financier destructeur, et créer un véritable développement économique, à la place des profits spéculatifs.

L’architecture actuelle, basée sur le traité de Maastricht et les règles de l’OMC, a installé en Europe une machine à fabriquer de la dette. Nous avons besoin d’une modification radicale de tous les traités, de soumettre la BCE au contrôle politique de la population européenne, une « règle d’or » pour un minimum social, fiscal et environnemental en Europe. Nous avons un urgent besoin de changement de paradigme ; un retour de la stimulation de la croissance par la stimulation de la demande, via de nouveaux programmes d’investissements européens ; une nouvelle réglementation ; la taxation et le contrôle des flux internationaux de capitaux et de marchandises ; une nouvelle forme de protectionnisme souple et raisonnable dans une Europe indépendante qui serait à l’avant-garde de la lutte en faveur d’une planète multipolaire, démocratique, écologique et sociale.

Nous appelons les forces et les citoyens qui partagent ces idées à s’unir dès maintenant dans un large front d’action européen, à produire un programme de transition européen et à coordonner notre action internationale. Il s’agit de mobiliser les mouvements populaires, de faire basculer à notre avantage les rapports de forces et de balayer les directions politiques irresponsables en place dans nos pays. L’enjeu : sauver nos populations et nos sociétés avant qu’il ne soit trop tard pour l’Europe.

Athènes, octobre 2011

Alexis Tsipras, John Mylopoulos, Dimitris Constantakopoulos, Theodosis Pelegrinis, Constantinos Tsoukalas, Costas Douzinas, Costas Vergopoulos, Kyriakos Katzourakis, Katia Gerou, Mikis Theodorakis, Manolis Glezos

Texte traduit de l’anglais en français (première moitié par Robert Joumard le 7 novembre 2011 à partir du texte publié par http://arirusila.wordpress.com/2011/10/11/fw-common-appeal-for-the-res..., et seconde moitié publiée par http://www.cnr-resistance.fr/mikis-thedorakis-et-manolis-glezos-appell... et revue par Robert Joumard).

Ce document a été publié sur le site d’Attac Rhône : http://local.attac.org/rhone/article.php3?id_article=1623

Texte original en grec : http://ecoleft.wordpress.com/2011/10/27/ ou http://www.mikis-crete.gr/diary/news-2011/412-eklisi

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