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Après les retraites, haro sur les retraités !

La droite s’est occupée des retraites, inspirée par des travaux de « spécialistes » (le COR dont la plupart des prévisions n’ont pas été avérées) impulsés par Jospin. La gauche va s’occuper, s’occupe déjà , des retraités.

Dans le discours et la pratique du capitalisme financier, un retraité, comme un travailleur, à un coût. Oh, pas bien élevé, ce coût ! La retraite moyenne en France est actuellement de 1 100 euros. Avec une disparité considérable - et qui ne cesse de s’aggraver - entre les hommes (1 500 euros) et les femmes (850 euros). C’est encore trop pour les financiers, pour l’Europe, pour les socio-libéraux et les libéro-sociaux qui nous gouvernent.

Une antienne court les rues selon laquelle les retraités seraient moins frappés par « la crise » que les actifs. Or le taux de pauvreté est le même pour les premiers que pour les seconds. Les « experts » prévoient une baisse des retraites de 30% d’ici à 2060. Avec 1,35 cotisant par retraité. Actifs d’aujourd’hui, gare à vous ! Gare, surtout, aux « experts » qui prennent leurs désirs pour des réalités, en particulier lorsqu’ils se lancent dans des prophéties autoréalisatrices.

Le « coût » des retraites représente actuellement moins de 1% du PIB. Cela n’empêche pas nos socio-libéraux de prévoir des cotisations plus fortes, d’augmenter la CSG des retraités (par souci d’« équité » avec celle des actifs, bien sûr) et de désindexer les retraites par rapport à l’inflation. Le discours dominant est que les retraités sont des privilégiés, selon le Conseil d’orientation des retraites, selon la Cour des Comptes du sarkozyste Migaud, des institutions chargées de lancer des ballons d’essai dans une opinion publique qu’il convient d’anesthésier. Point trop tout de même pour que les salariés du privé et ceux du public pensent que l’ennemi, c’est l’Autre, et qu’ils n’aient surtout pas l’idée de s’unir autour de causes communes.

Le contexte aujourd’hui est celui de pertes de pouvoir d’achat déjà programmées. Le blocage des tranches du barème de l’impôt sur le revenu, décidé par Sarkozy pour 2012 (sur les revenus 2011) a été maintenu par Hollande. Les pensions ayant été revalorisées de 1,8% à compter du 1er avril 2012, cette augmentation entraînera une augmentation de l’impôt de 2% et plus s’il y a changement de tranche. Concernant la CACA (Contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie), les retraités imposables seront soumis à un prélèvement supplémentaire de 0,3% sur le montant de leur pension, cette contribution permettant de réduire le déficit de la protection sociale. Elle sera ensuite affectée au financement de la prise en charge de la perte d’autonomie. Concernant cette dernière, Marisol Touraine a été claire : il faudra « aider les aidants », c’est-à -dire (presque) tout déléguer aux familles alors que, dans l’esprit des fondateurs de la Sécurité sociale, les prestations d’aide à l’autonomie doivent être financées par l’Assurance maladie dans le cadre de la SS.

Dans l’esprit de nos gouvernants, le pensions ne seront plus revalorisées. Depuis 1993, la loi stipule que le montant des retraites du régime général est indexé sur l’évolution des prix à la consommation. Les négociations en cours pour les retraites complémentaires AGIRC et ARRCO laissent entrevoir des perspectives de non revalorisation ou de sous-revalorisation : 1% de moins que l’inflation, par exemple, ou même la désindexation. Le ministre Cahuzac a déclaré qu’un accord de ce type des partenaires sociaux sur les retraites complémentaires « serait un élément très important et qu’on ne pourrait pas ne pas en tenir compte. » Le patron Charles Begbeider estime que « revenir sur cette indexation est loin d’être une proposition iconoclaste puisque certains de nos voisins l’ont déjà appliquée. » Outre l’augmentation de la CSG, les « niches fiscales » dont jouissent les retraités devraient disparaître, comme l’abattement de 10% (ce qui rapporterait 2,7 milliards d’euros) et la majoration de pension pour les parents de 3 enfants (gain : 800 millions d’euros).

Le dernier rapport de la Cour des Comptes désigne les retraités comme cible privilégiée. Pour Marisol Touraine, les retraités ne sont pas « intouchables ». Pas même les 4 millions qui touchent le minimum contributif et dont le nombre augmente chaque année ? Pas même les 5 millions de retraités qui touchent entre 800 et 1 100 euros par mois ? Pas même ces retraités qui doivent travailler tout en percevant une pension et dont le nombre a triplé ces six dernières années au grand bonheur du patronat car ils ont de l’expérience et induisent des « charges » sociales légères ? Pas même tous ces retraités qui demandent de l’aide aux Centres communaux d’action sociale ? Pas même les 10% de retraités qui ont recours aux organisations caritatives pour se nourrir (Secours populaire, Restos du coeur etc.) ?

Bernard Gensane

http://bernard-gensane.over-blog.com/

Rédigé avec l’aide de camarades de la FSU et de la CGT.

PS : L’illustration de cet article provient du site de la section socialiste de l’àŽle de Ré, en 2010, à l’époque bénie où les socialistes étaient dans l’opposition.

URL de cet article 19509
   
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