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Arte, une chaîne enchaînée à la sinophobie

On nous annonce la diffusion sur Arte, le mardi 5 mars 2024, d’un documentaire d’1 h 30, déjà visible sur Youtube, intitulé « le Tibet face à la Chine, le dernier souffle ? », réalisé par François Reinhardt (1), qui ne cache même pas son intention de refléter le point de vue revanchard des exilés tibétains, sans la moindre considération pour les 6 millions de Tibétains restés au Tibet qui voient leurs conditions de vie s’améliorer d’année en année.

Pourquoi cette diffusion en mars 2024 ?

Le 27 septembre 2023, en préouverture du Festival des Écrans de Chine à Paris, le réalisateur Jean-Michel Carré, auteur d’une quarantaine de films et couronné par une vingtaine de prix (dont Cannes, Berlin, ainsi qu’une nomination aux Emmy Awards), y projetait son dernier opus : « Tibet, un autre regard », fruit de nombreux contacts sur le terrain et d’une impressionnante collection d’archives. (2)

La RTBF avait programmé pour le 11 novembre 2023 la diffusion de ce documentaire (en version raccourcie). Mais cette diffusion n’a jamais eu lieu.

Arte non plus n’a jamais diffusé le documentaire.

Pourquoi ce silence ? Comment expliquer la déprogrammation de la RTBF et la non-diffusion d’Arte ? Seule explication possible : des pressions auxquelles Arte, et par ricochet la RTBF, n’ont pas eu le cran de résister.

Jean-Michel Carré s’était déjà plaint de pressions subies en cours de réalisation de son film. Il faut écouter – ça ne dure que 3 min 49 – l’interview qu’il a donnée à CGTN France le 01/03/2022.

Tant bien que mal, il a quand même réussi à ficeler son projet et à y intégrer tous les aspects importants de la « Question tibétaine », des réalités mal connues des Occidentaux biberonnés aux mantras de la tendance « Free Tibet ».

Mais la simple présentation de certaines vérités historiques et de constatations sur le Tibet actuel a suffi à faire écumer de rage certains adeptes inconditionnels du dalaï-lama et de son entourage. Ainsi, après la projection du film à Paris, a-t-on entendu la sinologue Marie Holzman (arrivée en retard) accuser violemment le film d’être : « partial », « prochinois », « antiaméricain », de « ne pas donner la parole aux Tibétains » et de « ridiculiser le dalaï-lama », toutes accusations fausses auxquelles Jean-Michel Carré n’a eu aucune peine à répondre calmement.

Arte soumise aux vents dominants

Mais ce réquisitoire de Marie Holzman et consorts a dû faire mouche sur la rédaction d’Arte, toujours prête à prêter une oreille attentive aux contempteurs de la Chine et aux adorateurs du dalaï-lama. (3)

Tout nous porte à croire – qu’on nous prouve le contraire ! – qu’Arte, dont le Conseil de surveillance est dirigé par un certain Bernard Henri-Lévy, s’est complaisamment inclinée devant les pressions des ennemis de la République populaire de Chine, obtenant ainsi le remplacement du documentaire exemplaire de Jean-Michel Carré « Tibet, un autre regard » par un ersatz partial, signé François Reinhardt « Le Tibet face à la Chine, le dernier souffle ? ».

Des sources clairement partisanes

Notre intime conviction se base notamment sur la personnalité de celles et ceux auxquels Reinhardt adresse ses remerciements dans le générique de fin de son « documentaire » :

 Katia Buffetrille, co-autrice de Le Tibet est-il chinois ?, un ouvrage, prétendument scientifique, mais en réalité partisan, regorgeant d’omissions, de distorsions et d’interprétations abusives (4) ; elle est aussi co-autrice d’un article publié dans Libération, faisant preuve de révisionnisme, voire de négationnisme, à propos des liens entre les dignitaires tibétains amis du dalaï-lama et les explorateurs nazis au Tibet (5) ;

 Robert Barnett, un des fondateurs et ancien dirigeant du TIN (Tibet Information Network), qui a été longtemps financé par le NED (National Endowment for Democracy), branche civile de la CIA ;

 Jean-Pierre (sic !) Donnet, auteur de Tibet mort ou vif, un grand classique, vieux de trente ans (préface d’Élisabeth Badinter), de la littérature de propagande « pro-tibétaine », qui a connu plusieurs rééditions et qui est toujours brandi par les adeptes d’un « Tibet libre » malgré ses partis-pris et ses indigences patentes (6) ; à noter ici un indice supplémentaire de la désinvolture des auteurs du « reportage », qui attribuent à Donnet un prénom qui n’est pas le sien : en fait, il s’agit de Pierre-Antoine Donnet ;

 Vincent Metten directeur des politiques européennes pour l’ICT (International Campaign for Tibet), en Belgique. Rappelons que l’ICT est une ONG enregistrée auprès du département de la Justice des États-Unis et possédant des bureaux à Washington, Amsterdam, Bruxelles et Berlin ; elle est financée par des dons privés et par ... le NED ; Vincent Metten est un porte-parole, parmi d’autres, du Congrès des États-Unis (7) ;

 Mélanie Blondelle, chargée de politiques et de plaidoyer au sein de cette même ICT ;

 Marie Holzman, la passionaria antichinoise qui a témoigné publiquement son dévouement au culte du dalaï-lama.

Quelques éléments de critique interne glanés au cours d’une vision attentive

Avec de telles sources, il ne faut pas s’étonner de trouver dans le documentaire un ramassis d’erreurs et de contre-vérités. Petit florilège qu’un examen plus approfondi ne manquerait pas de compléter :

1:59 : le Tibet « un pays d’avenir, mais qui n’existe plus ; envahi par la Chine en 1950, il a été rayé des cartes ». FAUX : la Chine n’a pas envahi le Tibet ; elle a récupéré un territoire ayant échappé pendant quelques décennies à son pouvoir. Faux et ridicule : la Région autonome du Tibet (RAT) est en plein développement et tournée vers l’avenir.

5:30 : « il [le dalaï-lama] devra gérer les affaires politiques de ce royaume de deux millions et demi de km2, soit un quart de la Chine ». Grossière confusion entre le « Tibet proprement dit » (grossièrement l’Ü-Tsang, à peu près la RAT actuelle, soit environ 1.220.000 km2, où les dalaï-lamas d’Ancien Régime exerçaient un certain contrôle administratif sous l’autorité politique de l’amban (sorte de gouverneur chinois) et les régions annexes (grossièrement l’Amdo et le Kham, soit une superficie d’environ 1.280.000 km2, peuplée de Tibétains et de bien d’autres minorités) où les dalaï-lamas n’avaient strictement rien à dire.

5:55 : « il [le Tibet] est indépendant depuis 1913. » Fantasme des indépendantistes : La déclaration unilatérale d’indépendance du Tibet, proclamée en février 1913 par le 13e dalaï-lama, n’a été prise au sérieux ni reconnue par aucune puissance internationale.

7:26 : « la Chine de Mao hier, comme celle de Xi Jinping aujourd’hui, proclame que le Tibet lui appartient. » Oubli significatif : pour Sun Yat-sen, le premier Président de la République de Chine non communiste, la question tibétaine ne se posait même pas. En simplifiant plus qu’un peu la complexité ethnique de cet immense pays, il affirmait que la Chine, comme les cinq doigts de la main, était composée de Han, de Mongols, de Mandchous, de Ouïghours et de Tibétains, ces cinq groupes étant symbolisés par cinq bandes parallèles sur le drapeau de la République de Chine de 1912 à 1928.

11:20 : « une promesse qui ne sera jamais tenue » à propos de l’accord en 17 points sur la libération pacifique du Tibet de mai 1951. Faux : cet accord ne concernait que le Tibet proprement dit et il a été scrupuleusement respecté par Pékin. Les hostilités ne se sont déclarées en 1956 que dans le Kham (non concerné par l’Accord), quand les riches propriétaires et les moines de haut rang ont pris les armes pour combattre la réforme agraire imposée par Pékin.

25:02 : après sa fuite en Inde en 1959, « il [le dalaï-lama] s’empresse de dénoncer l’Accord en 17 points qui, selon lui, n’était qu’un écran de fumée ». Vrai, mais ce que Reinhardt ne dit pas, c’est que les raisons invoquées par le dalaï-lama pour dénoncer cet accord étaient fausses : il a prétendu que cet accord avait été acquis sous la contrainte, une fable démentie par les tibétologues sérieux, comme Melvyn Goldstein.

27:06 : « Dharamsala devient la petite Lhassa, la capitale d’une communauté en exil dans laquelle le chef tibétain peut poser les jalons d’un pouvoir démocratique ». Naïveté ou pire d’avaliser ces balivernes ? Le dalaï-lama est resté pendant un demi-siècle le chef suprême des Tibétains en exil. Comme il l’a dit lui-même : « Si le Kashag est ma chambre basse, les dieux, eux, sont ma “ chambre haute ”. Quand se pose à moi une question concernant l’État, il me paraît normal de la soumettre à ces deux instances. » (8) Sa démission de toutes ses fonctions politiques en 2011 n’a pas changé les choses, au point de susciter le mécontentement de nombreux exilés, fustigeant les règles édictées par la commission électorale de Dharamsala (9). Ce n’est d’ailleurs pas très étonnant : le Tibet traditionnel a été une théocratie pendant un millénaire et le bouddhisme tibétain ne reconnaît pas encore le concept, somme toute assez moderne, de séparation du religieux et du politique.

38:23 : « au Tibet, les Gardes rouges chargés de mener cette révolution [la Révolution culturelle] précèdent des centaines de familles d’ethnie han, l’ethnie largement majoritaire envoyée pour siniser la nouvelle province » : invention pure et simple : la majorité des Gardes rouges au Tibet étaient des Tibétains qui, en détruisant temples et monastères, ont voulu faire payer à leurs maîtres un millénaire d’exploitation et d’humiliation, comme l’avaient fait près de deux siècles plus tôt les révolutionnaires français en saccageant églises et abbayes. Comment encore parler de sinisation alors qu’en RAT les Tibétains représentent 92,8% de la population, vivant en bonne entente avec 4% de Chinois han et 3,2% d’autres minorités (monba, luoba, xarba, deng, sherpa, naxi, nu, tu, mandchou, miao, mongol, bai) et que, par ailleurs les deux langues officielles sont le chinois (putonghua) et le tibétain ? Quant à l’appellation « nouvelle province », c’est un mensonge de plus. Le Tibet est devenu une province chinoise plusieurs siècles avant que le duché de Bretagne, la Corse ou le Comté de Nice ne soient rattachés à la France.

46:35 : à propos des enfants tibétains poursuivant leur scolarité hors du Tibet, la parole est donnée à Fernand de Varennes, Rapporteur spécial des Nations unies sur les questions relatives aux minorités, qui déclare solennellement : « Il est clair qu’il y a en fait une situation où on cherche à éliminer finalement – on peut dire éliminer – la culture, la langue tibétaine. Je n’hésite pas à utiliser le terme de génocide culturel ». Rien que ça ! Par une ironie involontaire, cette affirmation pour le moins déplacée dans la bouche d’un fonctionnaire de l’ONU qui devrait connaître le sens des mots, est contredite par la photo d’une classe, en 46:15, où l’on peut voir, inscrites au tableau, des phrases en mandarin et ... en tibétain.

52:53 : « le 15 juin 1988, il [le dalaï-lama] est au Parlement européen. Face à l’auditoire, il pèse ses mots, proposant une autre voie que celle du conflit frontal ou de la soumission totale. Il invente la voie du milieu » : comment prendre au sérieux ce discours quand on sait qu’un grand nombre d’exilés, et les lobbies qui les soutiennent, n’ont jamais abandonné leur revendication d’indépendance et qu’ils continuent à parler d’occupation illégale ? Comme le note finement Donald Sewell Lopez Jr., lequel par ailleurs ne cache pas sa sympathie pour les indépendantistes, « il arrive au Dalaï-Lama lui-même de brouiller les cartes, en particulier dans des déclaration destinées à l’Occident, en passant d’un appel à l’indépendance du Tibet à un appel à la préservation de la culture tibétaine (10). »

Avec une étude plus approfondie, on trouverait à coup sûr d’autres éléments ponctuels à critiquer.

Arrêtons-nous, dans le paragraphe suivant, à un discours particulièrement déplaisant du « documentaire ».

Parti pris antichinois et pro-indien

Si l’on voulait une preuve supplémentaire de la sinophobie intériorisée par Arte, c’est bien le discours antichinois et pro-indien dans lequel baigne le « documentaire-ersatz » de Reinhardt destiné à remplacer le vrai documentaire équilibré de Jean-Michel Carré.

Comment peut-on admettre qu’une chaîne sérieuse comme Arte laisse libre cours à un discours reprenant à 100% la vue indienne sur les frontières disputées ? N’y aurait-il pas à interroger sur la question d’autres personnes que des journalistes indiens ayant fait allégeance à l’ultranationaliste Narendra Modi ?

Qu’est-ce qui permet à Arte de donner tort au Président de la Chine et de donner raison au Président de l’Inde, lequel, faut-il le rappeler, est en train non seulement d’essayer de marginaliser ses concitoyens musulmans, mais aussi de remplacer les statues du pacifiste Mahatma Gandhi par celles de Subhas Chandra Bose, connu pour son ralliement dans les années quarante à l’Axe Berlin-Tokyo-Rome ? Cette complaisance d’Arte à l’égard de Modi serait-elle due au fait que, malgré son adhésion aux Brics, l’Inde reste arrimée aux États-Unis ?

La frontière séparant l’Inde et la Chine est une question complexe qui mériterait assurément une approche un peu moins biaisée que celle de Reinhardt. Voir, par exemple, le commentaire critique, dû à la plume d’Albert Ettinger, d’un article paru dans Le Monde diplomatique qui, lui aussi hélas, semble épouser plutôt le point de vue indien (11).

Tout n’est pas à jeter dans le « documentaire » de François Reinhardt

Soyons de bon compte. Reinhardt ne nie pas, comme d’autres, les efforts de la CIA pour déstabiliser la Tibet redevenu chinois. De 21:20 à 23:50, le reportage montre clairement comment les États-Unis, en pleine guerre froide contre le communisme, ont utilisé des Tibétains pour entretenir un abcès de fixation sur les flancs du géant chinois. Particulièrement intéressant : le témoignage de Tenzing Sonam, fils d’un de ces guérilleros tibétains formés au Colorado, qui a conservé le cahier où sont notés et dessinés tous les détails à connaître pour faire le coup de feu.

Autre information, dont Reinhardt n’a sans doute pas mesuré la portée. À la question : « Pourquoi la Chine construit-elle un État autoritaire, sécuritaire et dur ? », Shivshankar Menon, Directeur de la sécurité nationale de l’Inde (2010-2014) apporte, en 39:17, cette réponse qui vaut son poids de roupies : « Parce la société chinoise, son économie, sont plus difficiles à contrôler dans les zones où les populations ont des liens de loyauté avec l’extérieur hors de Chine, l’Islam dans le cas du Xinjiang, le dalaï-lama et la communauté en exil dans le cas du Tibet. »

Vous avez bien lu ? Il parle de « liens de loyauté avec l’extérieur », c’est-à-dire, en français, d’ « intelligence avec l’ennemi », qu’il s’agisse du WUC (World Uyghur Congress) ou du TYC (Tibetan Youth Congress) qui ne font pas mystère de leur visée séparatiste et indépendantiste, et se déclarent ouvertement partisans de la lutte armée. Sans le vouloir sans doute, ce haut fonctionnaire indien à la retraite justifie le droit de la Chine à réprimer ceux qui manquent de loyauté vis-à-vis de leur État.

Détail amusant qui ne devrait pas échapper aux téléspectateurs critiques. Le dissident chinois Xia Ming commente ainsi, à partir de 1:00:01, le discours du dalaï-lama lors de la réception du Prix Nobel de la Paix en 1989 : « Le dalaï-lama a embrassé les valeurs universalistes, parce que, à la fin de la guerre froide, il a constaté que la lutte non violente pour la démocratie, comme celle de Vaclav Havel (...) était plus efficace. » S’affichent alors sur l’écran les portraits de Martin Luther King, Lech Wałęsa, Mère Teresa, Desmond Tutu, mais pas celui de Nelson Mandela.

C’est sans doute mieux comme ça, quand on sait que le dalaï-lama n’a jamais remué le petit doigt pour la libération de Nelson Mandela, préférant plaider la cause d’Augusto Pinochet.

Une petite dernière remarque pour le fun : en 1:11:02, on apprend que « le Tibet n’est pas un pays fantôme puisqu’il a son équipe de football »...

(1) Le 8 février 2022, on avait déjà pu voir sur Arte un « documentaire » de ce même François Reinhardt, sur les Ouïghours, regorgeant de procédés déontologiquement contestables pour diffamer la Chine.
(2) Voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/mediatisation/718-tibet-un-autre-regard-avant-premiere.
(3) Voir, notamment :
 http://tibetdoc.org/index.php/politique/mediatisation/467-arte-dindecrottables-prejuges (29/11/2018),
 https://www.legrandsoir.info/la-sinophobie-rampante-d-arte.html (23/11/2020).
 https://www.legrandsoir.info/jean-quatremer-un-perroquet-a-l-aise-surarte.html (02/04/2021),
 http://tibetdoc.org/index.php/politique/ouighours-et-tibetains/657-calunnia-del-arte (21/02/2022),.
 Mentionnons aussi deux interviews complaisantes, dans le « 28 minutes » le 19 janvier 2021 et le 14 janvier 2022, d’une exilée ouïghoure au témoignage pour le moins fluctuant).
(4) Voir la recension qu’en a faite Albert Ettinger ;
(5) Voir Albert Ettinger : Croix gammée sur le Tibet, À propos de l’expédition SS au Tibet et des amis nazis du dalaï-lama Éditions Delga, 2022 et la recension de ce livre ;
(6) Voir http://tibetdoc.org/index.php/politique/mediatisation/487-une-reedition-superflue-d-un-livre-partisan-et-obsolete) ;
(7) http://tibetdoc.org/index.php/politique/geopolitique/559-le-directeur-des-affaires-europeennes-de-l-international-campaign-for-tibet-un-porte-parole-du-congres-americainporte-parole-du-congres-americain.
(8) Dalaï Lama, Au loin la liberté, Fayard, 1990, p. 299.
(9) Voir Élisabeth Martens.
(10) Donald S. Lopez, Fascination tibétaine. Du bouddhisme, de l’Occident et de quelques mythes, éd. Autrement, 2003, p. 226.
(11) http://tibetdoc.org/index.php/politique/geopolitique/574-pourquoi-l-inde-et-la-chine-s-affrontent-sur-le-toit-du-monde.

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COMMENTAIRES  

04/03/2024 21:33 par Zéro...

La chaîne Arte, outil de l’UE atlantiste et du Système capitalo-mondialiste américain, ne mérite ni d’être vue ni qu’on en parle.

04/03/2024 23:06 par Vania

À la question :"Pourquoi cette diffusion en mars 2024 ? " Je réponds car Arte est devenu une chaîne de propagande étasunienne comme n’importe quelle chaîne hollywoodienne.
Voir vidéo ""El Tibet::realidad historica vs leyendas occidentales "" de Mirko C (en espagnol)
https://odysee.com/@ahilesva:e/2024.01.30_Mirko-Tibet_Odysee:4

05/03/2024 07:25 par Georges Rodi

> Vania
Nous sommes même en droit de nous demander quand est-ce qu’Arte a pu être autre chose qu’une chaîne de propagande étasunienne :)
Le 02/10/1999 et le 07/04/2001, dans ses dessous des cartes, Jean-Christophe Victor nous présentait déjà Lhassa comme une capitale dont l’urbanisme est transformée par « l’occupant chinois ».
Tout ne serait que génocide culturel. Le Potala destiné à devenir un musée, les nouveaux quartiers, les lycées, l’invasion de la population Han programmée pour réduire à moins que rien la proportion des tibétains, les priver de leur culture et transformer leur pratiques religieuses en attraction touristique.
Le simple fait de tourner un moulin à prières était présenté comme une acte de résistance à la colonisation chinoise...

C’est un peu comme la "fin du miracle économique chinois" qui nous est annoncée tous les ans.
Répéter des idioties ne suffit plus pour en faire des vérités.

05/03/2024 07:34 par André LACROIX

Merci à Vania de m’avoir fait découvrir cette intéressante vidéo (8 min 42 s) de Mirko Casale.

05/03/2024 07:47 par Georges Rodi

Et grand merci à André Lacroix de rappeler qu’il y a beaucoup d’autres minorités dans la région.
Je sors justement d’un séjour parmi le peuple Naxi, probablement le seul au monde à utiliser encore une écriture pictographique.
Les efforts de Beijing pour maintenir cette culture vivante doivent bien évidemment être soulignés.

Pour le plaisir des yeux...

05/03/2024 09:23 par Zéro...

@ Georges Rodi,

Et pendant ce temps, en France, on affirme haut et fort que le Français est LA langue de la République - sous-entendu la seule langue de la République ! - et on étouffe les langues minoritaires régionales, ramenées au rang de curiosités si ce n’est d’incongruités, en faisant mine de les promouvoir sachant pertinemment que ne pas les rendre officielles - via une coofficialité - revient à les condamner à mort...

Même l’URSS et la Russie, et bien sûr la Chine que vous citez, que le Système nous présente comme des antres du Diable, ont préservé les langues minoritaires à côté d’une indispensable langue commune !!

Ces duplicités ne me rendent que plus satisfait de venir de m’offrir le livre de Jacques BAUD « Gouverner par les fake news » sur 30 ans d’infox diffusées par les pays occidentaux - je n’ai jamais douté de ce que je vais lire mais je vais renforcer mon argumentation avec cet ouvrage décrit comme bien documenté...

05/03/2024 14:31 par Suzanne

Moi aussi j’envoie un très grand merci à Vania pour son lien, je ne parle pas espagnol, mais j’arrive quand même à saisir le principal. Quelque chose me frappe dans toutes ces histoires, c’est qu’elles sont imbibées d’idéologie américaine. La preuve ? C’est la définition systématique des pays comme reliés à leur religion ou à leur ethnie, alors que d’autres pays comme la France, si du moins elle conservait son esprit français, ne devraient pas être émus qu’on passe au-dessus des notions d’ethnie ou de religion, pour "faire nation". Par exemple, être français ne dépend pas de l’ethnie, de la religion, de la couleur de la peau. Et c’est également ce que martèle constamment la Chine, dans l’expression qu’elle est une nation multi ethnique, expression qu’elle emploie tout le temps, dans tous les discours.
C’est ce discours toujours fondé sur l’ethnie ou la religion qui me fait le plus me méfier de tous ces documentaires américo-centrés dans l’esprit.

06/03/2024 02:10 par T 34

Voici une preuve du "génocide culturel". Depuis la seconde série de billet de banque en 1955 ceux ci sont plurilingues : mandarin, mongol, ouïgour, tibétain. Auquel est venu s’ajouter le zhuang en 1962 (l’alphabet latin pour le zhuang n’existant pas encore en 1955). Et depuis tout les billets de banque chinois comportent cinq langues.

Exemple le billet de 5 yuans de 2005 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:5_yuans,_s%C3%A9rie_5_Verso.png

Le gouvernement chinois est décidément un très mauvais élève en matière de "génocide culturel", je vais donc lui donner quelques leçons :

Pour faire un bon "génocide culturel"

1 Ne pas mettre les langues des ethnies minoritaires sur la monnaie
2 Ne pas leur créer de régions autonomes
3 Ne pas les alphabétiser dans leurs langues maternelles et avec leurs écritures spécifiques
4 Ne pas leurs reconnaître un statut officiel
5 Ne pas mettre de panneaux bilingues dans leurs régions
6 Ne pas sauvegarder leurs cultures
7 Ne pas développer leurs régions
8 Ne pas les exempter de la politique de l’enfant unique

07/03/2024 15:11 par Sophie OLLIE

Rien d’étonnant à ce que ARTE soit sinophobe, russophobe, pro-guerre, etc... lorsqu’on sait que Bernard-Henri Lévy en est son Président du Conseil de surveillance depuis le début de la chaîne :
https://www.arte.tv/sites/fr/corporate/les-organes-de-decision/

« BHL est aussi régulièrement accusé de se mettre personnellement en avant dans ses reportages, ce qui a été particulièrement relevé dans son film Le Serment de Tobrouk198. Il a également fait financer sur des budgets publics plusieurs documentaires sur lui-même, en particulier un documentaire racontant la rénovation de sa villa de Tanger financé par France 5, ainsi qu’un autre sur la tournée de sa pièce Looking for Europe, financé à hauteur de 730 000 € entièrement par les chaînes françaises (dont 200 000 € d’Arte, dont il préside depuis des décennies le conseil de surveillance) »
https://fr.wikipedia.org/wiki/Bernard-Henri_L%C3%A9vy

14/04/2025 21:53 par CAZAp

Pour tout savoir et pourquoi et comment arte la chaîne de levy l’ entarté s’ autocensure faut lire le Diplo d’ Avril .
Après tant d’ années de propagande atalantico,sioniste anti:Véné/Chine/Cuba/Iran/Assad les collabos des infaux d’arte du régime à macron devraient pourtant savoir que la seule chose qui compte c’ est le choix du dévoyé spécial envoyé in situ .
Avec levy c’ était tout OK .
Avec JM Carré y avait déjà eu des PB même qu’ il avait fallut le diffuser pendant le foot et après le couvre feu .Là c’ est censure directe .
Après la censure sur les gaz de l’ armée française c’ est bien les infaux qu’il faut pour les avachis devant la télé .

<<<< Arte au Tibet
par Renaud Lambert :

Il arrive que le monde flirte avec l’abysse sans même s’en rendre compte. La télévision française vient ainsi de passer à deux doigts de la catastrophe, dans la plus grande discrétion.

Tout commence lorsque Jean-Michel Carré — auteur d’une cinquantaine de documentaires, nommé aux César 1977 et lauréat d’une quinzaine de prix internationaux — décide de s’intéresser au Tibet. Une thématique balisée dont tout journaliste peut exposer les enjeux depuis son bureau. Le Tibet, « un monde de paix », de « sérénité » et de spiritualité, a connu un âge d’or avant la violente invasion chinoise de 1950 (1). Contraint de fuir vers l’Inde en 1959, le dalaï-lama tente depuis d’arracher l’autonomie à un envahisseur déterminé à écraser la culture et la langue locales. Cette image d’Épinal fait du Tibet l’une des plus célèbres causes du combat en faveur des droits humains engagé par le « monde libre » depuis les années 1980. Initialement contre l’hydre communiste puis contre tous les ennemis de la démocratie libérale et de son compagnon de route : le capitalisme à l’américaine.

Il était donc tout à fait possible pour Carré de reprendre à son compte le récit établi, de sorte à ne pas trop perturber le ronron médiatique. Pour une raison qui demeure à éclaircir, il décide de procéder autrement. L’engrenage infernal se met en branle…

Après avoir consacré deux films à la Chine, dont un en trois parties d’une heure, le réalisateur identifie certains témoignages, souvent ignorés en France. Celui de l’historien Laurent Deshayes, en lieu et place d’un monde de paix et de sérénité, décrit un « système féodal reposant sur le servage, le service des nobles à l’État et les corvées (2) ». Celui de l’ancien nazi Heinrich Harrer, auteur du livre Sept Ans d’aventures au Tibet (3) — difficilement suspect de sympathies communistes —, qui observe lors de son séjour, entre 1944 et 1951, combien la domination des moines constitue l’« exemple type de la dictature cléricale ». Ou encore une foule d’archives démontrant les tentatives d’instrumentalisation de la Central Intelligence Agency (CIA). Bref, convaincu que le Tibet que l’on croit connaître en Occident est un Tibet rêvé, Carré se propose de s’appuyer sur des entretiens avec Pierre Grosser, Emmanuel Lincot et Jean-Louis Rocca pour illustrer les mots d’Alexandra David-Néel, la première femme européenne à entrer à Lhassa en 1924 : « Beaucoup de tenants de l’ésotérisme européen se sont empressés d’y voir une terre merveilleuse, idéale et harmonieuse si bien dépeinte dans les contes et loin des affres de la nouvelle société occidentale matérialiste qu’ils qualifient d’un monde pour démons (4). »

Cette idée saugrenue, Carré la propose à la chaîne Arte, avec laquelle il collabore depuis 1990 (elle se nommait alors La Sept). Audacieux pari eu égard à l’engagement sans faille de la chaîne strasbourgeoise dans le juste combat de la liberté (occidentale) contre l’autoritarisme (chinois). Comme en témoignent certains titres des documentaires consacrés à l’empire du Milieu disponibles au visionnage sur son site : Les Camps, secret du pouvoir chinois (Tania Rakhmanova, 2022) ; Chine : la tribu des rats (Brando Baranzelli, 2017) ; Sous l’œil de Pékin (Zhang Jialing, 2023)…

Contre toute attente, Arte accepte en 2017. Peut-être dans l’espoir de rectifier les conceptions erronées du réalisateur ? Car la chaîne ferraille, écarte des intervenants — critiques de la théocratie —, en impose d’autres — à l’impeccable pedigree antichinois — et demande à Carré d’amputer son film de certains passages, qu’elle juge complaisants envers Pékin.

Le documentariste bataille à son tour, et, au bout de cinq ans de travail, en juin 2023, voit enfin valider un fichier « prêt à diffuser » (PAD), sous le titre Tibet, un autre regard. Le film documente la stratification sociale de la société tibétaine avant 1950, l’amélioration des conditions de vie de la population depuis, les sympathies initiales du dalaï-lama pour le communisme, ou encore son sentiment d’avoir été manipulé par Washington… Autant de faits étayés que le manque de vigilance d’Arte allait porter à la connaissance des téléspectateurs.

Mais advient un petit miracle : vingt-neuf sinologues et tibétologues parviennent à prendre connaissance du film, alors qu’aucun lien de visionnage n’était disponible — sauf à imaginer que la chaîne Arte ait elle-même fait circuler les images du documentaire sans en informer le réalisateur. Ils mesurent très vite que Carré n’épouse pas leurs analyses, et décident d’agir.

Ces experts auraient pu manifester leurs désaccords auprès du réalisateur et engager le dialogue avec lui. Rien ne les empêchait non plus de demander à la chaîne un débat après la diffusion du film, afin de faire valoir leurs critiques tout en offrant à l’auteur la possibilité de défendre son œuvre. Mais cela aurait impliqué que les téléspectateurs visionnent le documentaire. Et si Carré en amenait certains à douter ?

Les experts prennent donc leur courage à deux mains. Imitant les méthodes qu’ils reprochent aux régimes totalitaires, ils exigent la censure du documentaire dans un courrier adressé à la chaîne. Faisant grief au réalisateur de reprendre le « discours des autorités chinoises », ils décrètent que « la diffusion de ce documentaire est indigne d’Arte (…) connue pour le sérieux de sa programmation » : « Arte n’a nullement vocation à être le relais des chaînes CCTV, chaînes de propagande chinoise de la République populaire de Chine. C’est d’ailleurs à CCTV plutôt qu’à Arte que le réalisateur devrait offrir son documentaire : il y aurait en effet toute sa place. » Par chance, le courrier correspond parfaitement à ce dont Arte avait besoin pour rattraper son erreur initiale — avoir accepté le projet de Carré. Et l’on peut parier que si la chaîne avait sollicité elle-même les universitaires, ils n’auraient pas écrit autre chose.

La controverse autour du Tibet ne date pas d’hier. Elle oppose différentes lectures, alimentées par des présupposés politiques distincts. Proposer un débat contradictoire aurait offert un miroir télévisuel à ces querelles historiographiques. A minima, Arte pouvait diffuser le film en l’« enterrant », c’est-à-dire le programmer tard, ou un soir de football. Elle l’avait déjà fait pour un autre documentaire de Carré. Mais la chaîne (publique) choisit d’obtempérer à l’injonction des universitaires : la censure.

Le 17 novembre 2023, Carré reçoit une lettre recommandée lui annonçant qu’Arte a décidé de se retirer du projet. « Au regard des griefs invoqués relatifs au sérieux et à l’impartialité du contenu du programme, il s’avère que le contenu de ce programme est gravement remis en cause », écrit son directeur éditorial Boris Razon, qui ne devait pas encore avoir pris ses fonctions lors de la diffusion par la chaîne des documentaires du président de son conseil de surveillance, M. Bernard-Henri Lévy, célèbre pour ses affabulations (5). « Dans ce contexte, et faisant toutes réserves de nos droits, poursuit-il, nous vous demandons instamment de retirer toutes mentions d’Arte France du générique de ce programme et de n’associer le nom d’Arte France à aucune forme d’exploitation ou de promotion du programme. »

« Même Goebbels défendait la liberté d’expression pour les opinions alignées sur les siennes », explique le linguiste américain Noam Chomsky (6). Avant d’ajouter : « Si vous êtes vraiment en faveur de la liberté d’expression, alors vous devez soutenir la possibilité d’exprimer des opinions que vous méprisez. Sinon, vous n’êtes pas en faveur de la liberté d’expression. » À l’approche de Chomsky, la chaîne strasbourgeoise — dirigée par M. Bruno Patino, auquel M. Emmanuel Macron a confié la présidence du comité de pilotage indépendant des États généraux de l’information — semble préférer celle de la philosophe Marie Grand : « Garantir la liberté d’expression exige parfois de la restreindre » (La Croix, 28 février 2025).

Grâce à Arte, elle aura été à la fois « restreinte » pour les opinions non conformes de Carré et « garantie » pour celles, parfaitement dans la ligne, d’un autre documentaire consacré au Tibet finalement diffusé en mars 2024 (Le Tibet face à la Chine, le dernier souffle, de François Reinhardt et Aurine Crémieu).

Une victoire pour le pluralisme et le public français.

Renaud Lambert

(1) Isabelle Van Geem, Crier avant de mourir. La tragédie du Tibet, Robert Laffont, Paris, 1976.

(2) Laurent Deshayes, Histoire du Tibet, Fayard, Paris, 1997.

(3) Heinrich Harrer, Sept Ans d’aventures au Tibet, Arthaud, Paris, 2008 (1re éd. : 1952).

(4) Propos tenus dans une émission de Radio France en 1954.

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