18 
Quatrième bras d’honneur adressé à Bruxelles en moins d’un an

L’Union européenne est morte

Brexit ! L’événement est littéralement historique. Pour les élites mondialisées, il dépasse les pires cauchemars et était, en réalité, inconcevable. Pour ceux qui suivent attentivement l’actualité européenne, et sont conscients du rejet populaire croissant que l’UE inspire à juste titre, il était au contraire prévisible.

Tout d’abord, un constat saute aux yeux. Certes, une partie de la bourgeoisie anglaise a soutenu le choix de sortir le Royaume-Uni de l’Union européenne. Il n’en reste pas moins que le clivage est saisissant : d’un côté, les élites institutionnelles et politiques (et syndicales, à quelques louables exceptions près), la City, les banques, les patrons des grandes entreprises (1300 d’entre eux avaient lancé un ultime appel deux jours avant le scrutin) – et les milieux urbains huppés ; de l’autre, les quartiers populaires, les villes ouvrières et les banlieues délaissées, les régions entières désindustrialisées et à l’abandon.

C’est ce fossé qui a avant tout déterminé le résultat. Il suffit du reste d’écouter les quolibets haineux qui fusent contre ces « milieux défavorisés » dotés d’« un niveau d’éducation inférieur », « irrationnels et mus par la haine ». Ce mépris de classe, rehaussé par la hargne de la défaite, en dit long sur la nature réelle de l’enjeu.

De même qu’en dit long l’interminable liste des membres de la Sainte-Alliance qui, des mois durant, a tout tenté – en particulier un incroyable chantage au chaos – pour éviter le « cataclysme » annoncé : G7, chefs d’Etat et de gouvernement, ministres, dirigeants de multinationales, banquiers, agences de notation, OCDE, FMI... et même OTAN. Les USA remportent à cet égard la palme, avec une visite à Londres tout exprès du président Obama ...

Certes, chaque pays a sa propre culture politique. Mais cette opposition entre « le haut » et « le bas » de la société est une constante qu’on retrouve dans toutes les consultations sur l’Europe. Car ce bras d’honneur adressé à Bruxelles est le quatrième en moins d’un an. Les Grecs (juillet 2015), les Danois (décembre 2015) et les Néerlandais (avril 2016) avaient déjà fait entendre un Non retentissant lors des référendums portant sur l’Europe.

Cette géographie sociale du refus de l’intégration européenne avait été particulièrement impressionnante lors du référendum français de mai 2005 qui rejeta le traité constitutionnel européen (TCE). Un scrutin qui constituait en quelque sorte un premier tremblement de terre au sein de l’UE.

A l’époque, ce sont bien les ouvriers, et plus généralement le monde du travail, les exploités, les dominés, qui s’étaient révoltés contre le projet européen dont on pourrait résumer ainsi l’objectif le plus essentiel : enlever aux peuples (« peuples » au sens politique, et non ethnique) la liberté de déterminer les grands choix qui conditionnent leur avenir. Le terme même de « communauté de destin » (comme se définit l’UE) dit tout : interdiction de faire des choix différents de ceux de la « communauté » ; et, surtout, le « destin » dépasse la volonté humaine...

On notera au passage que la plus haute distinction accordée par l’Union européenne s’appelle le « prix Charlemagne ». Un choix qui en dit long sur les ambitions impériales de cette « construction », qui fut, dès l’immédiat après-guerre, activement promue par Washington.

Certes, cette volonté de récupérer sa liberté politique collective – le terme juridique est « souveraineté », un concept souvent caricaturé, alors qu’il s’agit du cadre même de la démocratie réelle – relève plus souvent de l’aspiration collective que d’une motivation explicite de chaque citoyen. Reste que les électeurs britanniques n’ont sans doute pas oublié comment fut bafoué le Non français au TCE, de même que la manière humiliante dont furent traités les Irlandais lorsqu’on leur demanda – par deux fois – de recommencer leur vote parce qu’ils n’avaient pas donné la bonne réponse du premier coup...

Une telle forfaiture ne sera pas possible avec les Anglais. Ceux-ci viennent de délivrer un message simple : on peut s’en aller. La conséquence est certaine : l’Union européenne est morte. Seules la forme et l’échéance de l’agonie sont inconnues.

En 1989, la chute du Mur de Berlin ouvrait une ère où les dirigeants occidentaux ont espéré étendre leur domination sur le monde entier, dessaisir les peuples de leur liberté, et en profiter pour imposer des reculs sociaux littéralement sans précédent.

La suite n’est pas écrite. Mais un formidable retournement du rapport de force s’est esquissé le 23 juin 2016. On suggère à tous les progressistes d’en mesurer l’ampleur.

Et le sens.

Pierre LEVY

 https://francais.rt.com/opinions/22682-union-europeenne-morte

COMMENTAIRES  

24/06/2016 18:56 par ozerfil

L’édifice vient de se fissurer, c’est ce qui affole les milieux de la finance et leurs relais audiovisuels - pas le départ de l’Angleterre en lui-même mais le fâcheux exemple anglais...

Aux autres pays de suivre, non pas pour faire s’écrouler l’Europe ou par nationalisme, mais pour mettre à mal le sinistre projet mondialiste !!

Mais, je rassure tout de suite le CAC 40, E. Macron, M. Valls, F. Hollande et leurs fidèles amis de France Inter et France 2, 3, du Monde, sans oublier Le Figaro, Les Echos et autres politiciens de tous bords (joli mélange...) : deux tiers des français se trouvent bien dans cette Europe.

Ouf !

Comme d’habitude, comme avec Cuba et l’Iran, nous réagirons lorsque notre Maître nous y aura autorisé...

En attendant, Bruxelles que nous aimons tant, a donné ses ordres : une nouvelle "Loi Travail" pour la France ! Nous pleurerons après...

24/06/2016 19:56 par SZWED Christian

On les aime bien les grands bretons, ils montrent l’exemple. Mais attention, il ne faut pas faire croire que la sortie de l’Europe des british s’explique uniquement par le nationalisme et le refus de l’immigration thèmes prisés par les nationalistes d’extrême droite. On évoque peu (Sauf ici au Grand Soir et dans cet article) le refus des citoyens européens de voir s’effondrer le travail(Chômage), augmenter les inégalités, réduire les acquis sociaux pour le profit des 1% de prédateurs en tout genre de la City. C’est un ensemble de transformations engagées et concoctées par la Commission de Bruxelles avec l’appui de nos représentants y compris contre notre gré qui expliquent ce refus. Beaucoup de français sont dans le même état d’esprit que les anglais. L’Europe nous y croyons et nous la soutenons.

L’Europe oui, mais surtout pas celle de l’oligarchie des 1% et de ses actuels nervis au pouvoir dans les États !

24/06/2016 19:56 par résistant

« « souveraineté », un concept souvent caricaturé, alors qu’il s’agit du cadre même de la démocratie réelle »

Une phrase en or, bravo.

Par contre, je ne partage pas votre optimisme : Il faut noter l’importante différence de débats entre les pays anglo-saxon et la France. Là-bas, ils débatent vraiment, même sur les médias de masse. Ici, c’est l’omerta. Je ne crois pas une seconde que l’on aura un vrai débat national et un référendum sur la sortie de L’UE par l’article 50 en France. Et ce ne sont pas les mensonges maladroits de madame Lepen, de Monsieur Dupont-Aignan ou de Monsieur Mélenchon qui me feront prendre des vessies pour des lanternes. Ce sont des agents du système en place, destinés à canaliser et neutraliser les mécontents. Tout comme en Espagne avec Podemos, ou en Grèce avec Syriza ou Aube Dorée, ou... ou... la liste est très longue.

24/06/2016 22:11 par macno

@ résistant

Et ce ne sont pas les mensonges maladroits de madame Lepen, de Monsieur Dupont-Aignan ou de Monsieur Mélenchon qui me feront prendre des vessies pour des lanternes. Ce sont des agents du système en place, destinés à canaliser et neutraliser les mécontents. Tout comme en Espagne avec Podemos, ou en Grèce avec Syriza ou Aube Dorée, ou... ou... la liste est très longue.

Le concours du commentaire le plus à l’emporte-pièces possible continue.
La barre est placée assez haute, rien ne va plus, faites vos jeux...

24/06/2016 22:25 par AF30

À résistant , déjà le pseudo est comment dire ? un peu too much, un peu pompeux comme on dit trivialement une prise de melon. Secondement le rapprochement Le Pen Melenchon prouve une grande finesse d’analyse qui rejoint, on est rassuré, la pensée de la cohorte de nos grands analystes politiques.

24/06/2016 23:00 par lecteur

Je soumet mon scenario à l’auteur :

- un prochain référendum sur l’indépendance de l’Écosse qui passe cette fois.
- l’Écosse indépendant rejoint l’EU
- une partie de la City s’installe à Glasgow.

Dans 10 ans, les pro-brexit d’aujourd"hui vivront avec toujours autant d’émigrés autour d’eux, une façon pour eux de comprendre que le Brexit n’aura pas eu l’effet escompté.

Et si c’était (le debut de) la fin du RU que l’on vient d’assister et non pas celle de l’EU ?
Un RU sans Ecosse et peut etre sans Irlande ...
Les anglais auront l’Europe sans l’Europe de toutes façons, comme les suisses ou les norvégiens, et je vous propose un test :
Attendons l’EU pose enfin sa directive sur l’interdiction des "bouilloires électriques", puisque les anglais sont enfin partis, et j’y verrais un signe très palpable de vie de cette fameuse l’EU et de ses préoccupations.

25/06/2016 04:42 par de rire

Cette "Europe" est celle du capital mais les fauxsociaux-démocrates qui s’y sont compromis lui ont voulu un vernis démocratique et, soyons fous, social.

Quelques minuscules garde-fous résiduels, pour le vernis. Pour le capital UK qui a financé la campagne du Brexit, ce minable vernis était déjà de trop. Puisqu’ils n’ont pu en venir à bout, bye !

Donc oui, dans les dents de cette "Europe" c’est toujours bon à prendre mais y voir " un formidable retournement du rapport de force (s’est) esquissé le 23 juin 2016" et de suggérer "à tous les progressistes d’en mesurer l’ampleur", j’hésite franchement...

La suite ne va pas dans "le sens de l’histoire", ce ne sont pas les progressistes qui écrivent ce scénario. Ils feraient bien de se réveiller et s’organiser avant d’êtres emmenés aux stades...

25/06/2016 12:57 par aldamir

Il semblerait que la nature de l’ultime révolution à laquelle nous avons à faire face est précisément celle-ci. : nous sommes en train de développer toutes une série de techniques qui permettront aux oligarchies aux commandes – qui ont toujours existé et qui probablement existeront toujours – d’amener les gens à aimer leur servitude ;
Aldous Huxley

2% de la population réfléchit
3% croit qu’elle réfléchit
Et 95% préféreraient mourir plutôt que de réfléchir.
George Bernard Show
Cette situation rappelle celle du Général de Gaulle lorsqu’il parlait de peuple de veaux.

25/06/2016 14:48 par Faumont

Et bientôt, le Frexit !

25/06/2016 19:21 par Roger

Sur notre commentateur "résistant" :
"résistant" est un pseudo de vérité qui en dit long sur le fond "ontique" d’où il émerge : c’est manifestement un "être", un sujet, profondément résistant...à tout, il résiste parce qu’il est dans sa nature de "résister". On peut même se demander s’il ne résiste pas à sa propre résistance, c’est à dire qu’il s’oppose à sa propre résistance et que donc au fond il est d’accord avec tout...euh ! je m’y perd, je ne résiste pas à la résistance de "résistant et je m’arrête là !

25/06/2016 20:35 par Charles

Good riddance !
Good riddance !

26/06/2016 04:05 par Aris-Caen

@résistant
Moi, je trouve très bien vu ce que tu dis.

29/06/2016 21:20 par Scalpel

@ résistant, le bien nommé
Moi aussi je souscris et plussoie à votre propos.
Mais voilà, toucher à l’ami de Serge Dassault, mitterrandiste revendiqué, vaut l’opprobre des bas du FdG.
Front contre Front. Tout contre. C’en est caricatural.
Les anglais ne "désobéiront" pas ( comme des moutards de maternelle) eux, mais ils sortiront par l’unique porte de sortie, celle que le PG et le Fhaine s’emploient, chacun dans son rôle, à renfort de medias, à condamner.
Les voilà bien em...
Article 50 c’est par cet appel que l’on distingue les résistants des collabos et autres moutons bêlant refusant de comprendre que la nation est le sanctuaire des conquêtes sociales et non un quelconque "marechalisme".

30/06/2016 09:08 par Vincent Lessage

@ Scalpel

Mais voilà, toucher à l’ami de Serge Dassault, mitterrandiste revendiqué, vaut l’opprobre des bas du FdG

C’est une obsession quasiment maladive chez vous de piquer Mélenchon à toute occasion.
Imaginez que sur tout article publié sur LGS quelqu’un envoie un scud sur votre champion, vieux cheval de retour qui fut ami, collaborateur et militant du mini-parti du sinistre Pasqua, fondateur du SAC, organisation factieuse.

30/06/2016 11:18 par Scalpel

@ Vincent Lessage

C’est une obsession quasiment maladive chez vous de piquer Mélenchon à toute occasion.
Imaginez que sur tout article publié sur LGS quelqu’un envoie un scud sur votre champion, vieux cheval de retour qui fut ami, collaborateur et militant du mini-parti du sinistre Pasqua, fondateur du SAC, organisation factieuse.

Souffrez monsieur Lessage que l’on puisse préférer un homme issu de la droite (même ex collaborateur, et non "ami", du sinistre Pasqua -un saint comparé à Francisque 2202 Mitterrand, il résista quand l’ortolanophage collaborait déjà-) allant vers la gauche (programme du CNR réactualisé, peut-on faire plus à gauche ?) à un leurre du système, juste là pour le faire perdurer ad vitam aeternam.
Asselineau n’a pas de stratégie fluctuante au gré de la météo sondagière. Il ne fait pas des ronds dans l’eau.
Rien que l’appel à voter pour le "capitaine de pédalo" sic disqualifie définitivement le sous-traitant du parti des traîtres duquel à aucun prix il ne coupera le cordon ombilical.
Le PG n’a pas d’autre vocation qu’être l’éternel supplétif des solfériniens et en définitive de Peter Sutherland.
Le cap UPR de 2017 reste plus que jamais le même que celui de 2007, année de création du mouvement.
Que d’atermoiements, de changements tactiques, tête-à-queue et autres improvisations dans l’annexe du PS (Pseudo Socialiste).
C’est un un chaviste dans l’âme qui vous dit cela, .
Au risque de me répéter, je m’honore de mépriser ce tribun embourgeoisé depuis qu’il osa reprendre à son compte, pour complaire à ses maîtres, l’immonde fable tsahalienne sur l’illégitime colonie raciste "menacée d’être rayée de la carte par l’Iran". Mensonge encore plus gros que les ADM de Saddam.
Propos que ce Tartuffe/matador de plateau TV n’a jamais renié.
Dans l’échelle de la traîtrise, JLM est à 10, comme son ami Tsipras ou l’anti chaviste Iglesias. Tous trois jouissent ou ont joui d’une généreuse exposition médiatique des tireurs de ficelles. En comparaison, demandez-vous pourquoi un parti deux fois plus riches d’adhérents brille par son absence médiatique.
Voilà pourquoi JLM suscite chez moi un paroxystique degré d’écœurement, car tout indique chez ce carriériste qu’il agit en pleine conscience de ses choix.
On n’est pas l’ami d’une richissime raclure, d’un corrompu chimiquement pur reléguant Balkany au rang de primo-délinquant, du pire des cyniques, marchand de mort gavé (de sang) comme jamais par ses partenaires, du plus caricatural, stupide et inhumain des assistés ultralibéraux pour rien.

30/06/2016 14:40 par legrandsoir

On n’est pas l’ami d’une richissime raclure, d’un corrompu chimiquement pur reléguant Balkany au rang de primo-délinquant, du pire des cyniques,

Vous parlez du couple Asselineau/Pasqua ? Modérez vos propos, pas d’injures, c’est la règle ici.
MV

01/07/2016 16:51 par Aris-Caen

Il n"y aura plus de lecteur/commentateur après moi pour cet article déjà vieux de... 8 jours (époque de la sur-vitesse), cependant, je trouve personnellement que les commentaires se font de plus en plus radicaux sur LGS comme partout ailleurs.
Nous entrons dans une période radicale, "virile" et...logique !
Logique parce que nous avons tous été biberonné au cartésianisme de l’école de la République, avec des profs d’une logique implacable. C’est grâce à eux que je ne confond pas "pensée magique" et réalité (et un peu grâce à mes parents aussi).
Je ne comprends toujours pas pourquoi la gauche ne soutient pas la Nation, le Peuple et Souveraineté ?
Enfin, si... je ne le comprend que trop bien. Comprador un jour, comprador toujours !

Même Lord On -Frédiric Lordon- ( cf Jean Pierre Garnier chez Tropique) nous dit que la gauche est en dessous de tout et qu’elle laisse à la seule droite les fruits de la révolte que cette même droite à toujours voulu étouffer.
Un comble !
Un Comble ou une logique de traître libéraux atlantiste anti-communiste ???

Les peuples ont toujours raisons et aurons la peau des salauds tôt ou tard.

01/07/2016 17:36 par Aris-Caen

LGS :
Vous parlez du couple Mélanchon/(Mitterand-Jospin) ? Modérez vos propos, pas d’injures, c’est la règle ici.

Bon, je vais enterrer mon bon sens dans le jardin.

(Commentaires désactivés)