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Attention, il fait Onfray.

Même dans la radicalisation individualiste égoïste et extrême droitière qui fait petit à petit notre France nouvelle, on n'avait jamais entendu une intervention aussi folle blessante et ordurière que celle que vient de livrer le sinistre Onfray à propos des Palestiniens qui ont été "des collabos de Hitler", de Mélenchon qui aurait eu naguère Ahmadinejad comme modèle, avec en passant une traduction d'un discours de l'ancien président d'Iran qui est un "fake". Tout y passe, le philosophe au petit pied nous fait sa grande rentrée de printemps.

Onfray mieux de se taire, de la fermer. Ça fait courant d’air en ces temps encore froids. Car on ne lui a rien demandé au philosophe des Relay de gare. Même pas l’heur, celui de déplaire. Mais ces gens-là, BHL et lui, le Normand double crème, se sentent mourir s’ils ne sont pas sous les feux de la rampe, là où l’on avance en rampant. Voilà donc que dans une nouvelle livraison de sa pensée ris de veau (forcément crémeuse), Onfray déclare son amour au CRIF, ce qui est son droit. Mais pas celui de déformer les faits et l’histoire. Le petit docteur en philo nous explique donc, vous avez bien lu, que si les Palestiniens sont aujourd’hui un peuple sans terre c’est qu’ils furent nazis. Et sont justement punis de leur vieil engagement. Ecoutons-le car ce qu’il aime, Michel, c’est la justice. Celle par exemple qui voudrait que des fonds publics, sortis des caisses du Calvados ou d’ailleurs, soient mobilisés afin de lui offrir son université à lui, en solo. Le tout pour occuper à l’heure du thé ou de la soupe des retraités qui hésitent à tuer le temps. Buridan entre des leçons de macramé, de gemmologie ou de yoga. Vous me direz que ce n’est pas sot. Quand on a renoncé à entrer dans le corps universitaire, et qu’on est las d’enseigner la philo au lycée technique privé catholique Sainte-Ursule, le mieux est de s’offrir la boutique. Sa Sorbonne perso.

Le problème c’est qu’Onfray n’est pas Gaston Bachelard qui, lui, a largement rattrapé son retard initial, perdu comme employé de la Poste. Notre préposé a obtenu une licence en Maths, une agrégation de Philo et un doctorat de Français, avant de publier « La Psychanalyse du feu » et autres Bibles. Michou, lui, a calé après un doctorat de troisième cycle à 27 ans, et puis c’est tout. Voilà l’étendue des connaissances qui vous permettent de l’ouvrir à tout propos, et d’ouvrir aussi une boutique franchisée, « Chez Platon » ou « Chez Botul ». Ce qui est dommage c’est que notre philosophe de surfaces (grandes), en dépit du temps laissé libre par ses études qui n’étaient pas la mine, n’ait pas eu l’idée d’étudier aussi l’histoire.

Ainsi, avant de nous servir une tarte à la crème digne de BHL, pour nous prouver que les Palestiniens furent nazis, « le grand mufti de Jérusalem était un partisan des nazis et a fait le voyage à Berlin », il ignore que le maître de la Palestine de ce temps, sous joug britannique, n’était pas ce mufti mais Abdallah I le roi de Transjordanie. A propos de cet ignoble mufti, notons qu’il a quitté la Palestine en 1937 pour vivre entre l’Irak, le Liban et la Bosnie, ce qui est une position bien éloignée pour celui qu’Onfray présente comme une sorte d’Arafat du moment ! Charger tout un peuple des péchés de cet imam, c’est accuser tout le clergé français de collaboration avec l’Allemagne au prétexte que monseigneur Mayol de Lupe a été un nazi tricolore sous soutane. Allez Michel, on te pardonne. Dommage que tu n’aies pas eu assez de sous pour te payer un abonnement au Reader’s Digest, tu aurais pu en apprendre des choses. Et Awni Abd al-Hadi ? Tu ne connais pas non plus ? Pourtant c’est un ancien de la Sorbonne, qui a contribué à la fondation du Fatah en 1911, un « modéré » mais tellement suivi par le peuple que les Anglais l’ont exilé au Caire. « Les Palestiniens collaborateurs des nazis entre 1930 et 1945 », je crois que même tes nouveaux amis du CRIF n’avaient jamais osé écrire une telle sottise car elle injurie l’histoire au-delà du raisonnable. Pour ce qui est de la « Légion musulmane » formée par le III e Reich et que tu évoques, elle ne n’était pas formée de Palestiniens mais d’amis de BHL, de musulmans de Bosnie. Heureusement que tu n’as jamais enseigné dans une « université » autre que la tienne. Que de dégâts évités !

Autre petite leçon d’histoire. Si on te parle de ces dirigeants de l’extrême droite sioniste qui, pendant cette même guerre, ont eu la dégueulasse audace de tenter de « s’entendre avec le Berlin d’Hitler »... Par exemple pour « libérer la Palestine », est-ce que cela signifie que les autres juifs, pourchassés et torturés avant l’holocauste, étaient des amis d’Hitler ? Il y a eu de nombreux livres et travaux sur la collaboration avec les nazis de certains hommes ou femmes de confessions juive. Hanna Arendt n’a pas été la dernière à le noter. Pour moi, mettre en avant cette histoire sombre n’est en rien donner une explication à l’inexplicable : l’Holocauste. Elle conduit à vomir alors que le mieux est de laisser les morts enterrer les morts. Je ne cite l’anecdote tragique, le choix de ces juifs d’extrême droite prêts à s’allier avec les nazis que pour souligner l’odieux égarement d’Onfray. Les Palestiniens ne sont pas plus les acteurs de leur malheur que ces hommes et femmes de confession juive ne le furent dans la barbarie qui les a détruits.

Vraiment en forme, en ce printemps, Onfray s’en prend à Jean-Luc Mélenchon qui, si j’ai bien compris, fut le conseiller occulte, l’ami, la nounou d’ Ahmadinejad, le flic qui a dirigé l’Iran pendant quatre ans, de 2005 à 2009. Voilà, à ce propos, ce que nous livre l’universitaire du soir :

« Dire que Ahmadinejad qui à l’époque voulait rayer Israël de la carte était un personnage très sympathique parce qu’il était un ennemi des Américains, ce sont quand même des choses dites par Mélenchon, eh bien ce sont des propos qu’on peut tenir comme ça en l’air, sans que ce soit extrêmement conséquent.

C’est très conséquent de défendre un individu qui veut rayer Israël de la carte, on ne peut pas défendre Ahmadinejad simplement parce qu’il est un opposant des États-Unis quand il a dit qu’ il fallait rayer Israël de la carte, qu’est-ce que ça veut dire, c’est un propos qu’Adolf Hitler aurait pu tenir.

On ne peut pas dire d’un côté qu’Ahmadinejad est quelqu’un de défendable et de l’autre côté descendre en disant “le fascisme ne passera pas”...

Madame Knoll a été assassinée, c’est une chose qui n’est pas correcte, c’est pas correct mais je veux dire que monsieur Ahmadinejad il en aurait tué beaucoup des madame Knoll et des madame Halimi et des, et des, et beaucoup de gens qui ont été tués parce qu’ils étaient juifs !

Donc on ne peut pas d’un côté jouer comme ça faire le cador, faire le malin, faire le kéké, en disant “il faut boycotter Israël”, “Ahmadinejad est un personnage intéressant bien qu’il veuille supprimer Israël de la carte” puis après descendre dans la rue et continuer à faire du ... (sic) en même temps en disant “on est là pour éviter les crimes antisémites” et cetera.
Eh bien non, le CRIF a eu raison, de dire à Mélenchon qu’il n’avait pas sa place ici, que les Insoumis n’avaient pas leur place ici, un peu de décence. »

Pardon pour le jargon, mais la phrase du maître exige la plume servile du scribe. Rendu à ce point je vous dois deux aveux, un, je n’ai aucune envie de partager une cabine de plage avec le chef des Fous de Dieu, deux, je ne parle pas le farsi. Sachant toutefois que la traduction du fameux discours du président iranien, qui voulait donc « rayer Israël de la carte », était de facture israélo-américaine, je me suis replié sur le savoir des sots : Wikipédia. Voilà ce que nous dit cette encyclopédie sans philosophes :

« En octobre 2005, lors d’un discours en l’honneur de l’Ayatollah Khomeiny Ahmadinejad a déclaré, reprenant les propos de ce dernier, que « ce régime qui occupe Jérusalem doit disparaître de la page du temps », formule qui fut généralement rapportée en Occident sous la forme « Israël doit être rayé de la carte ».

Les commentaires d’Ahmadinejad ont été condamnés par la plupart des gouvernements occidentaux, l’Union européenne, la Russie, le Conseil de sécurité des Nations unies et le secrétaire général Kofi Annan. Les dirigeants égyptiens, turcs et palestiniens ont aussi exprimé leur inconfort face à cette remarque d’Ahmadinejad.

Une controverse sur la justesse de la traduction a ensuite vu le jour. Des spécialistes comme Juan Cole de l’Université du Michigan et Arash Norouzi du projet Mossadegh soulignant que la déclaration originale en persan ne signifiait pas qu’Israël devait être rayé de la carte, mais plutôt que le régime s’effondrerait de lui-même. »

Pour être précis ce Juan Cole, autre thuriféraire – avec Mélenchon - du président iranien, est bien mieux diplômé qu’Onfray, voici un petit CV : « "Juan" Cole est un universitaire américain, historien du Moyen-Orient moderne et d’Asie du Sud, commentateur politique, et intellectuel public. Il est professeur d’Histoire à l’Université du Michigan.  »

L’autre expert, Arash Norouzi, qui donne quitus à Ahmadinejad, est un exilé et opposant farouche au régime des mollahs. Mais dans le puits qui l’accompagne, et où il puise sa science, c’est sûr qu’Onfray doit aussi bien maîtriser le Khomeiny que le patois normand.

Comme le répétait si bien le regretté Jean Yanne dans son sketch « Le permis de conduire » : « Ah qu’est-ce qu’on perd comme temps en formalités ! ». Donc un conseil, cher Michel, dans la bibliothèque de ton université du « Savoir » (sic), au lieu de n’entreposer que les 90 opus écrits de ta main clairvoyante, achète quelques autres livres pour accroître les possibles. Tiens lis Edward Saïd... Un universitaire et militant palestinien, professeur à l’université américaine de Columbia, autrement dit un frère des « collabos ». Mais lis, nom de Dieu ! Ce serait sot, après tous tes efforts et le pompon, la future invitation au dîner du CRIF, de mourir idiot.

Jacques-Marie BOURGET

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