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Au pays des milices

Deux ans après la liquidation physique de Mouamar Kadhafi dans des conditions tragicomiques et surtout cyniques, la Libye, « libérée » par l’Otan, est menacée de dislocation, et menace par ses désordres l’ensemble des pays de la région.

Plus personne ne regrette Kadhafi ? Cela reste à vérifier car il a sans doute ses partisans et ses nostalgiques. Mais il ne reste plus grand monde pour mythifier les « thuwars » qui ont proclamé deux jours après la mort de Kadhafi l’avènement de la nouvelle ère !

Cela s’est passé à Benghazi, une ville où les violences sont endémiques, où un mouvement séparatiste a vu le jour.
Une ville où le chef de la police militaire a été abattu, le 18 octobre dernier, dans un de ces sombres règlements de compte qui font l’actualité « politique » de la Libye.

C’est de Benghazi que la « révolution » est partie et c’est là que la réalité de la nouvelle Libye se manifeste avec le plus « d’éclat » par des attaques, des assassinats. Les représentations diplomatiques ont cessé d’y être présentes, le dernier consulat encore ouvert, celui de la Suède, a été attaqué le 11 septembre dernier.

Les Occidentaux parlent en « off » d’ingratitude des gens de Benghazi qui oublient qu’on les a « libérés ». Mais une intervention étrangère ne libère jamais une société, elle libère seulement les désordres et les divisions tribales. Et, par expérience, elle œuvre à les entretenir.

L’intervention de l’Otan en Libye a paralysé le Conseil de sécurité pour longtemps…

Pour la Libye, sans regretter Kadhafi, on peut en faire un inventaire. Ce n’est plus un État, ni même un semblant d’État.
La Libye aujourd’hui, c’est la Libye des milices. Qui n’ont rien de révolutionnaires. Ce sont des gens armés, qui agissent comme des gangsters, « défendent » leur territoire, « protègent » les uns, terrorisent les autres.
Ils ont créé la peur générale qui permet de justifier leur permanence. Et ils sont couvés par ceux qui sont censés faire de la politique et recréer un État qui a littéralement disparu.
Deux ans après la liquidation de Kadhafi, il y a eu des élections qui sont censées avoir donné une représentation nationale et un gouvernement. Mais cela n’empêche pas des miliciens, officiellement sous autorité des ministères de la Défense et de l’Intérieur, de débarquer à l’aube et enlever le Premier ministre dans un hôtel.

Les Libyens ne regrettent probablement pas Kadhafi mais ce serait s’aveugler de faire semblant qu’ils sont contents de ce présent sinistre où il faut être armé pour avoir voix au chapitre.

La Libye, ce n’est plus un pays, c’est des villes et des quartiers partagés par des milices aux dénominations vaguement djihadiste ou révolutionnaire. Ce sont des puits de pétrole qui deviennent de facto la « propriété » des miliciens chargés de les garder et qui en vendent sans se soucier du pouvoir « central » ou de l’entreprise nationale. Et les miliciens qui chapardent se permettent même d’accuser le gouvernement d’être des voleurs.

Deux ans après, l’Otan va envoyer des « conseillers » pour aider la Libye à renforcer ses appareils de sécurité. Mais gageons qu’on ne se limitera pas aux « conseils ». La Libye est devenue un territoire non « gouverné ». Il est installé dans le statut de « menace » qui justifiera une gestion directe.
L’Otan est bien entendu candidat. Après tout la Libye, c’est « sa » révolution.

M. Saadoune

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Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement.

H. Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT

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