La brute est entrée dans l’histoire comme celle qui écrasa la grève des mineurs de 1984-1985 (3 morts, 20.000 blessés), cassa les reins au syndicat, qui ferma les puits de mines pas assez "rentables" pour le capital qui n’en a jamais assez, qui vécut une tendre amitié avec Pinochet en cage dorée à Londres à l’initiative du juge Garzon (déchu depuis par le PP-PSOE) et qui fut une pionnière de néo-libéralisme, religion pratiquée par M.M Valls et Hollande. Thatcher voulait rayer de la carte, à tout jamais, toute perspective "socialiste". Une seule alternative, un seul horizon indépassable : le néosocio-ultralibéralisme.
Valls-Hollande-Thatcher même combat ?
Plus loin, en 1948, lors de la grande grève minière française contre l’Etat-patron, les diminutions de salaire (décrets du socialiste Lacoste) un ministre socialiste vraiment très moche, anticipait Thatcher en s’acharnant contre une profession qui venait de "relever la France". Jules MOCH s’était juré (et ses amis socialistes et radicaux avec lui) de se servir de la longue grève minière de 1948 pour briser l’ennemi juré : la CGT, et mettre en avant un syndicalisme enfin "raisonnable", un troupeau syndical dont le patronat serait le berger. Une répression terrible et "de gauche" s’abattit sur les puits, les bassins et les corons envahis par l’armée, les tanks, les CRS, les Gardes mobiles ; les mineurs se battent, résistent, au prix de morts, de centaines de blessés et d’arrestations, de militants assassinés.
Jules MOCH, ministre socialiste de l’Intérieur, déchaîne à dessein une violentissime campagne anti-cégétiste, anti-communiste, délirante, mensongère, ignoble, dans un contexte politique favorable de "guerre froide". Et les mineurs ne bénéficièrent pas de toute la solidarité qu’ils étaient en droit d’attendre.
Le matamore caricatural de Matignon 2014 n’a rien inventé, avec ses postures menaçantes, sa com’ anti-grévistes. "La gauche peut mourir" crie le fossoyeur. La ficelle est trop grosse M.Valls. Je te hais. Avec des "socialistes" comme toi, on n’a pas besoin de droite.
Jules Moch s’adressa lui aussi sur un ton dramatique aux Français à l’automne 1948, lors de l’émission radio "les Français parlent aux Français"(rien que çà !), afin d’annoncer le débarquement des syndicats combatifs, et de traumatiser le clampin de base pris en otage par les soviets, les mineurs, les terroristes, la Kominform, l’Armée rouge, les destructeurs, les agents de l’étranger...
M.M Valls et Hollande ont bien appris l’histoire. Pour les cheminots : l’intransigeance, la trique, la haine de classe, le mépris, les tentatives d’humiliation. Pour le Medef : les "inflations", comme aurait dit la regrettée Rachida.
Camarades cheminots : quelle que soit l’issue de ce bras de fer inégal, vous sortirez du conflit la tête haute. Vous avez lutté par délégation pour nous tous...même si beaucoup n’ont pas été à la hauteur de ce que vous attendiez.
Vous avez tenu le discours et l’engagement que devraient tenir tous ceux qui se réclament de la gauche, de la lutte des classes, de la transformation sociale.
Vous avez porté très haut des valeurs , une vision du monde, qui est la seule alternative pour ne pas sombrer dans la barbarie. Qui se souviendra dans quelques années des petits politiciens qui se couchent devant le Medef, les Etats-Unis, la "Troïka", avant même qu’on ne le leur demande ?
Nous sommes tous des cheminots !
Jean Ortiz, Maître de conférences, Université de Pau.