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Conflit Israélo-palestinien : Deux intellectuels français grièvement blessés.

Les soutiens se multiplient en faveur de deux intellectuels français victimes collatérales de tirs aveugles.

L’état des deux français, frappés dans des conditions analogues, inquiète leur entourage. Hébétées, les deux victimes ne comprennent pas comment des missiles ont pu être tirés dans leur direction alors qu’ils se trouvaient chacun dans une zone sécurisée.

Si leurs jours ne sont pas en danger, les deux Français devront néanmoins faire l’objet de soins attentifs et une longue convalescence sera nécessaire avant qu’ils puissent reprendre leurs activités normales.

Un journaliste présent sur les lieux du premier tir a pu rapporter les circonstances de l’agression : « Il se trouvait entouré du service d’ordre et de quelques centaines de personnes venues assister à sa prestation intellectuelle quand une mémé, soutenu par deux ou trois dizaines de trublions qui se servaient d’elle comme « bouclier humain » ont violemment lancé vers lui des invectives. Le coup passa si près que la victime a senti leur haleine. Sévèrement ulcérée, elle a déclaré d’une voix nasillarde (séquelle de l’explosion de violence) : « J’annule mon spectacle, je n’ai plus le coeur à rire ». Un excité particulièrement humouristicide a lancé : « Il ne rit plus, ce bouffon ? Comme moi lors de son concert de soutien à Israël et à son armée au Trocadéro en mai 2008 ».

Le célèbre éditorialiste de la télévision Jean Sire Despompes a déclaré au JT de 20 heures : « Déjà affecté pour avoir été accusé de « financer l’État israélien », Arthur éprouvait des difficultés à se bidonner et à faire bidonner en sachant que les enfants de Palestine, dans leurs maisons, dans la rue, dans les caves, dans leurs écoles, dans celles de l’ONU, dans les hôpitaux, étaient tués par l’armée qu’il soutient. Les lazzis jetés à son encontre avec une rare sauvagerie ont été la goutte d’eau qui a débordé de ses paupières. Pourquoi tant de haine a-t-il demandé, éperdu, à son entourage ? ». Incompréhensible en effet.

Et Jean Sire Despompes d’ajouter : « Certes, les citoyens ont le droit de désapprouver le positionnement politico-militaro-idélologique d’Arthur, mais est-ce une raison pour venir le crier avec des pancartes (et à plus de douze !) alors que l’histoire récente nous a appris que les partisans des Gazaouis doivent se pointer à un contre cent, face aux chars, avec leur bite et leur couteau ? »

Heureusement, la suite de la tournée du comique dans la région a été garantie par la « mobilisation des services de police, des sapeurs-pompiers et le filtrage des spectateurs » à des checks-points. A ce jour, il n’est pas prévu de dérouler des barbelés ni de bâtir un mur pour contenir les contestataires. Effondré au point de divaguer, Arthur a déclaré qu’il « n’est pas là pour faire de la politique », provoquant un sourire gêné du gouvernement et des élus locaux pro-israéliens qui multiplient les déclarations en sa faveur, tandis que Tel-Aviv se bidonne : « C’est un vrai comique, on est fier qu’il soit des nôtres ».

L’agression qui a frappé l’autre intellectuel français est particulièrement odieuse et inattendue. Conscient que son public hexagonal pouvait être désorienté par son soutien récent à une armée qui a occis plus de trois cents bambins palestiniens alors qu’il doit sa fortune et sa gloire à des chansons d’amour et de tolérance comme « Enfants de tous pays et de toutes couleurs… » il a choisi d’aller s’exhiber loin de l’Ardèche où son ami comique a eu l’imprudence d’affronter une grand-mère en colère et ses nervis dont l’enquête dira si leurs poches n’étaient pas bourrées de châtaignes (explosives dans la braise).

Or, des musulmans se sont glissés dans la population de l’île Maurice et les organisateurs, craignant la polémique, ont annulé le concert d’Enrico Macias, l’empêchant ainsi de régaler son public avec un de ses tubes : « Malheur à celui qui blesse un enfant ». Une polémique était née dans l’île paradisiaque après la participation de l’artiste à un rassemblement parisien pour le soutien à l’offensive de Tsahal à Gaza. Cette initiative avait été condamnée par des dirigeants politiques mauriciens et des groupuscules islamiques. Il y a pire encore : le 9 janvier, le gouvernement mauricien a suspendu les activités du consul honoraire d’Israël à Port-Louis « en raison de l’usage disproportionné de la force par Israël ».

Devant les blessures d’amour-propre infligées à ces deux héros de la scène comico-musicale, des associations et des personnalités ont crié leur souffrance avec une telle force qu’on se demande s’il leur restera un filet de voix pour déplorer l’éclatement de crânes juvéniles sous l’acier de bombes, la crémation d’enfants vivants par des produits chimiques tombés du ciel.

Le Grand rabbin de France, Gilles Bernheim, s’est inquiété dimanche à Bordeaux, après les annulations. Il a ajouté : « j’exprime ma compassion envers les plus de trois cents enfants palestiniens, pauvres martyrs tués par l’armée d’Israël. Ils avaient le coeur pur, ils étaient toute innocence » (Non, il n’a rien ajouté du tout).

Le Consistoire Central de France a fait part de sa « plus profonde indignation », contre de tels massacres (heu, non, contre l’annulation des spectacles). Il a ajouté : « Enrico Macias est ambassadeur pour la Paix auprès des Nations Unies et n’a eu de cesse depuis quarante ans d’être avant tout un défenseur acharné des valeurs de tolérance, de fraternité, et de respect de l’autre, et surtout de la vie des « enfants de tout pays et de toutes couleurs » (en vérité, la déclaration s’arrête avant : « et surtout »).

Le 25 mars 2004, le cinéma Utopia de Toulouse avait programmé la projection du film « Écrivains des frontières », de Samir Abdallah, suivie d’un débat avec Leila Shahid, alors déléguée de la Palestine en France. Le CRIF (Conseil représentatif les institutions juives de France) a exercé des pressions, a annoncé des perturbations. La projection a été annulée. Pareille mésaventure est arrivée à Leila Shahid dans d’autres villes de France). Utopia, avait protesté dans un communiqué contre les méthodes du CRIF.

Ils ont dit quoi, alors, les ministres concernés, les associations, les intellectuels, les apôtres de la paix, les passionnés de Liberté ? Rien. Ils s’entraînaient au mutisme pour quand tomberaient des centaines de bombes sur un peuple sans armée.

Et aujourd’hui, les petits malheurs professionnels d’un chanteur compassionnel et d’un pitre qui doit plus à la télé qu’à son talent les fait bondir d’indignation.

Ah ! qu’ils se taisent pour que toute cette tension s’apaise.

Dans l’attente, gardons le sourire, cher Arthur, gardons la note, cher Enrico, puisque dans notre bon vieux pays, tout fini par des chansons qu’on peut rendre parfois hilarantes en changeant une petite lettre : « Enfants de tous pays, et de toutes Douleurs… ».

Gérard Bayo
Le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

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