Plein écran
18 commentaires

Dangereux dirigeants

Alain Garrigou

Comment peut-on nier l’évidence ? En étudiant les mécanismes de dissonance cognitive, Leon Festinger a élucidé ce mystère [1]. En s’attachant aux communautés millénaristes annonciatrices de la fin du monde, lesquelles refusaient d’admettre — sinon sur un calcul — s’être trompées lorsqu’elle n’advenait pas, il pointait des individus auxquels on attribue au moins un soupçon de folie [2]. Son analyse des dénis de réalité conservait un parfum d’irrationalité finalement rassurant. Il faut cependant convenir que la défense opposée par l’homme de foi à la réalité qui le dément s’applique très généralement à l’homme politique : « Supposons qu’un individu croit de tout cœur à quelque chose. Supposons aussi qu’il est engagé et a commis au nom de cette conviction des actes irréversibles. Supposons enfin qu’on lui fournisse la preuve incontestable et sans équivoque du caractère erroné de sa croyance. Que se passe-t-il bien souvent ? Non seulement l’individu ne sera pas ébranlé mais il en sortira plus convaincu que jamais de la “vérité” de sa foi. Peut-être ira-t-il jusqu’à montrer une ardeur nouvelle à convaincre et à convertir des profanes [3]. »

La dissonance cognitive est un pathos beaucoup plus grave au centre de la politique où elle menace le monde. Prenons les récents événements irakiens : les djihadistes de l’EIIL mènent une offensive en direction de Bagdad en s’emparant au passage des armes laissées par les Etats-Unis. On se souvient que l’intervention de 2003 était justifiée par un mensonge, celui des armes de destruction massive inexistantes. Sûr de son succès, le principal initiateur de l’aventure, Dick Cheney, avait eu cette formule, à placer parmi les plus belles inepties de l’histoire : « Les Irakiens nous accueillerons en libérateurs ». Accompagnés par le Royaume-Uni de Tony Blair, les Etats-Unis avaient donc le projet d’instaurer la démocratie et la paix par les armes. Il est vite apparu qu’en détruisant le régime de Saddam Hussein, ils préparaient une guerre civile meurtrière, sanctionnée par des centaines de milliers de morts irakiens et quelques milliers de soldats américains, et contribuaient à placer au pouvoir les chiites soutenus par leur pire ennemi, l’Iran. Un fiasco comme il en existe peu, d’autant plus grave qu’il était annoncé. Ne manquaient plus que les djihadistes. Comment réagirent les responsables de l’intervention de 2003 ? Croit-on qu’ils se turent ? Bien au contraire, cela leur donnait raison.

Pour Dick Cheney, l’offensive djihadiste serait la faute de l’administration Obama qui a refusé d’intervenir en Syrie, laissé le pays s’enfoncer dans la guerre civile et servir de base au djihadisme. Une administration qu’il accuse aujourd’hui de se préoccuper de réchauffement climatique, à coup sûr un sujet négligeable pour l’ancien PDG de l’entreprise pétrolière Halliburton. A cet égard, on ne saurait lui reprocher l’incohérence : l’initiateur de la guerre pour le pétrole ne saurait accepter qu’on se soucie d’environnement. Si l’intervention en Syrie a été abandonnée au dernier moment, c’est notamment à cause de sa justification — l’usage d’armes chimiques par le régime syrien contre sa population —, qui rappelait trop la tricherie tragique de George W. Bush. Le Parlement britannique se chargea d’ailleurs de le rappeler au premier ministre David Cameron, qui renonça. Au concert des justifications folles, citons encore la voix de son prédécesseur Tony Blair, « caniche » de Bush en 2003, qui déclarait récemment que si l’intervention en Irak n’avait pas eu lieu, le Proche Orient serait aujourd’hui en guerre (Le Monde, 19 juin 2014).

Quel mal affecte donc l’esprit de ces dirigeants qui ne sauraient jamais convenir qu’ils se sont trompés ? Les néocons américains ont sans doute quelque affinité intellectuelle avec les millénaristes, dont ils partagent les traits psychiques sectaires. En France, ils sont plus difficile à approcher tant ils sont rares. Toutefois, en ayant croisé des spécimens dans mon entourage universitaire, j’ai été confronté aux paralogismes de la mauvaise foi. Comme le notait immédiatement Leon Festinger, « l’homme de foi est inébranlable. Dites-lui votre désaccord, il vous tourne le dos. Montrez-lui des faits et des chiffres, il vous interroge sur leur provenance. Faites appel à la logique, il ne voit pas en quoi cela le concerne. Nous savons tous d’expérience ce qu’il y a de dérisoire à essayer de changer une conviction forte...  ».

Alors que je donnais rendez-vous à ce partisan de l’intervention en Irak de 2003 dans dix ans afin d’en évaluer le succès, il me répondit que la meilleure armée du monde chargée d’apporter la démocratie aux Irakiens ne pouvait que réussir. En eût-il été autrement, il ne serait pas à cours de ressources rhétoriques, m’assurait-il, ayant dirigé une organisation étudiante dans sa jeunesse [4].

Sans doute la responsabilité de milliers de morts pèse-t-elle sur la conscience de dirigeants politiques pris en flagrant délit de mensonge. Tellement insupportable qu’il leur est impossible de l’admettre. La dissonance cognitive apparaît comme un mécanisme élémentaire de faiblesse. Non point une faiblesse ordinaire de citoyens sans pouvoir, mais celle de chefs politiques qui, incapables de bien juger, deviennent incapables de se déjuger et dès lors, dangereux.

La dissonance cognitive opère aussi au-delà des questions tragiques où les humains font face à de colossales responsabilités. Il suffit d’écouter des dirigeants de l’opposition non seulement critiquer le gouvernement — c’est leur devoir — mais expliquer doctement ce qu’ils feraient à sa place. Et préparer leur retour. Le plus souvent évoqué, celui de Nicolas Sarkozy, laisse dubitatif. N’était-il pas au pouvoir il y a seulement deux ans ? Avec un bilan très négatif si l’on se fie aux statistiques économiques et aux affaires, et un programme non tenu puisqu’il est à nouveau proposé. En somme, l’ancien président prétend aujourd’hui gouverner pour faire ce qu’il n’a pas fait au cours de son mandat. On serait tenté de mettre l’amnésie sur le compte de traits de caractères personnels. Mais son ancien « collaborateur » François Fillon semble atteint du même mal quand, devant la Thatcher Conference, think tank ultralibéral, il promet de mener une politique... ultralibérale. Cinq ans à Matignon ne lui ont pas suffi. Il faut donc des boucs émissaires : « Les médias sont très majoritairement à gauche. Et nos universités sont des foyers de marxisme » (Huffington Post, 19 juin 2014).

Parfait exemple de professionnel de la politique, François Fillon n’a jamais exercé d’autre métier puisqu’il fut assistant parlementaire dans la Sarthe dès sa sortie de l’université. Comme Nicolas Sarkozy, il aura trouvé dans la politique l’occasion de se venger des professeurs qui lui ont mis des mauvaises notes au cours de ses ternes études - sur Marx qu’il ne connaissait pas, ou tout autre sujet dont on imagine que la trépidante vie politique ne donne pas le temps d’approfondir. Au même moment, Nicolas Sarkozy montrait de l’audace (il est vrai que la conférence rémunérée était organisée par le cabinet Deloitte) en assurant : « la meilleure façon de combattre les extrémistes c’est de les laisser aller au pouvoir pour que les gens comprennent que, en plus de leur fanatisme, ils sont nuls. » (Nice Matin, 18 juin 2014). Sans doute l’orateur n’a-t-il jamais su qu’en 1933, ce même argument avait été utilisé par Franz von Papen pour convaincre le président maréchal Hindenburg de nommer chancelier Adolf Hitler.

Il n’est pas nécessaire de donner tant d’exemples de la mauvaise sélection du personnel politique que déplorait Max Weber dans un autre pays et dans un autre temps [5]. La médiocrité intellectuelle et morale d’une partie importante (la partie supérieure, semble-t-il), du personnel politique français, est dangereuse puisqu’elle conduit à ne pas comprendre ses échecs, à aligner les clichés et les incohérences. Bref, à persévérer.

Que dire encore de l’obstination de la politique néolibérale en France ? Il a suffi d’habiller de quelques équations mathématiques l’autorégulation par le marché pour faire oublier qu’il s’agissait là d’une autre forme de foi dans la providence qui résiste obstinément à la raison. La lecture de la presse depuis deux décennies suffit à convaincre que rien n’a changé dans les grandes orientations politiques. Il est toujours question de critères de convergence et de déficit inférieur à 3 % pour satisfaire les accords de Maastricht, de la nécessité de privatiser pour réaliser l’Europe de la concurrence, de réduction des dépenses de l’Etat pour équilibrer le budget, de baisse des impôts pour encourager l’entreprise. Si les mêmes buts continuent d’être affichés, c’est bien que quelque chose ne fonctionne pas depuis vingt ans. Au lieu de cela, on nous explique qu’il n’y a pas d’autre politique possible ! Que diront-ils nos dirigeants politiques si, par malheur (!), ils échouent ? A qui la faute ? Pas à eux, n’en doutons pas. Il y aura toujours des boucs émissaires : une conjoncture défavorable, le peuple rétif, l’université marxiste, la presse à gauche ou le manque de chance. Cela n’empêchera pas les responsables de chercher un placard doré à Bruxelles ou ailleurs, selon un paradoxe ancien dont se moquait Marc Bloch dans les circonstances tragiques de 1940, lorsqu’il remarquait que les chefs militaires vaincus recevaient le pouvoir « des mains du pays qu’ils n’ont pas su faire triompher [6] ». S’agissant des deux principaux personnages dont il parlait, Hindenburg et Pétain, le danger n’était pas surestimé.

Alain Garrigou

[1] Leon Festinger, Cognitive Dissonance, 1959.

[2] Leon Festinger, Hans Rieken, Stanley Schachter, L’échec d’une prophétie, PUF, 1993.

[3] Ibid., p. 1

[4] Faute de néocons et selon une conception dévoyée du pluralisme, la presse française lui donne parfois la parole pour justifier les massacres faits au nom du mensonge.

[5] Max Weber, Œuvres politiques (1895-1919), Paris, Albin Michel, 2004. Cf. Alain Garrigou, « La médiocrité du personnel politique occidental », in L’Etat du monde (sous la direction de B. Badie et D. Vidal), Paris, La Découverte, 2011.

[6] Marc Bloch, L’étrange défaite, Paris, Gallimard, 1990, p. 56.

 http://blog.mondediplo.net/2014-06-25-Dangereux-dirigeants
Print Friendly and PDF

COMMENTAIRES  

07/08/2014 23:52 par Le fou d'ubu

Temps que les analystes de tous bord croiront à la dissonance cognitive de ses agités, rien ne changera. Il est marrant de constater dans cet article, la même nature du déni chez l’auteur que celui dénoncé dans son article ...
Ces gens là dont il parle, ne peuvent pas dire réellement leurs objectifs (créer un chaos mondial pour instaurer un nouvel ordre) Parce qu’ici, les populations réagiraient violemment contre eux à ce foutoir volontaire ... Alors tout le monde préfère croire qu’ils sont incompétents au mieux, malade au pire et que c’est ’comme ça’ ...Un nihilisme crasseux et involontaire en quelque sorte ... Pour être malade ces dirigeants sont bien malade. Mais leur folie n’est pas de la dissonance cognitive. Ça c’est bon pour les masses manipulés. Pas pour ceux qui manipulent ... Einstein là aussi avait raison : "Un dogme est plus dur à briser qu’un atome". Cela vaut pour tout le monde ....
Il n’y a guère de différence entre un millénariste et un sioniste. L’un se sert de la religion pour un but politique, l’autre se sert de la politique pour un but religieux. Mais les deux convergent vers Jérusalem ...
Allez, c’est la der ! Même si c’est difficile à admettre, je sais ... Ces gens là mènent une politique tout à fait conforme aux objectifs fixés par leurs maîtres. MAIS ILS NE PEUVENT PAS L’AVOUER AU PUBLIC. Alors ils mentent et s’appuie sur l’oubli d’une part. Puis favorisent ensuite un flot continu de news et d’emmerdes qui les fait passer au travers de toutes mémoires ... La grande question est jusqu’à quand ... La réponse dépendra de l’éveil du plus grand nombre. Pour l’instant bonne nuit encore à certains ...

08/08/2014 05:37 par patrice

C’est avant toute chose le problème de cette idéologie matérialiste où tout est corrompu !
Ethique morale devraient être remises à l’ordre du jour et comme gardiens des institutions des hommes de sciences vertueux, enfin on peut toujours réver d’autant plus que les nombreuses prophéties notamment le kali yuga prédisent la dégénérescence, l’entropie actuelle !
 "Ceux qui pourraient se sentir tentés de se livrer au découragement devraient se rappeler que rien de ce qui s’accomplit dans ce monde ne peut être inutile, que la confusion, l’erreur et l’obscurité ne peuvent jouir que d’un triomphe trompeur et purement éphémère, que toute sorte de déséquilibre partiel et transitoire doit nécessairement contribuer au grand équilibre du tout, et que rien ne peut finalement prévaloir contre la puissance de la vérité ..."

08/08/2014 07:47 par desobeissant

L’angle mort de ce constat est l’impunité permanente de ces dirigeants (pantins), qui donc peuvent tout se permettre, cette impunité est desormais comptée :

Des coups de feu et des explosions secouent Kiev

Par La Voix de la Russie | Des tirs et des explosions sont entendus sur le Maïdan (place de l’Indépendance) à Kiev, des pneus de voiture brûlent. Les militants du Maïdan jettent des bouteilles et des pierres vers des employés des services publics qui essayent de démanteler les barricades.

Par La Voix de la Russie |

Entre-temps, les services publics, à l’aide de l’équipement spécial et sous la protection des policiers armés, continuent de démanteler les barricades.

Auparavant, les employés des services publics ont saisi sur la place de l’Indépendance environ 20 boîtes contenant des cocktails Molotov. La police a commencé à concentrer ses forces vers la place.

La place principale de l’Indépendance de Kiev est occupée par les partisans de l’intégration européenne depuis le 21 novembre 2013.

http://french.ruvr.ru/2014_08_07/Des-coups-de-feu-et-des-explosions-secouent-Kiev-8243/

A Venise, un procès contre Obama et Porochenko

11:48 06/08/2014

Les partisans de l’indépendance de Venise ont l’intention d’organiser un procès exemplaire de trois dirigeants politiques à la fois, accusés du massacre de civils dans le Donbass : le président américain Barack Obama, le président ukrainien Piotr Porochenko et le président du Conseil européen Herman Wan Rompuy, écrit mercredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

Les partisans de l’indépendance de Venise ont l’intention d’organiser un procès exemplaire de trois dirigeants politiques à la fois, accusés du massacre de civils dans le Donbass : le président américain Barack Obama, le président ukrainien Piotr Porochenko et le président du Conseil européen Herman Wan Rompuy, écrit mercredi le quotidien Rossiïskaïa gazeta.

La proposition de créer un "Tribunal Russell" pour les criminels de guerre a été formulée par un groupe de Vénitiens prônant l’indépendance de leur région et la proclamation de la République de la Vénétie. "Notre initiative, certes, ne réglera pas tous les problèmes, mais nous sommes persuadés qu’elle permettra de briser le silence imposé par les forces punitives qui procèdent au nettoyage ethnique dans le Donbass. Si elles ne parvenaient pas à faire capituler les institutions politiques de Donetsk et de Lougansk, elles espèrent libérer ce territoire de leur propre population et la remplacer par de nouveaux habitants loyaux envers Kiev et l’UE", a souligné le leader du mouvement Gouvernement de la Vénétie, Albert Gardin, insistant sur le fait qu’il fallait "sauver l’Europe du diktat des banques et du pouvoir de la bureaucratie" avant qu’il soit trop tard.

Le procès d’Obama, de Rompuy, de Porochenko et de leurs "complices" est officiellement prévu le 23 août. Il se déroulera à Venise même, où des actions publiques pour le soutien des forces prorusses s’étaient récemment tenues à plusieurs reprises. En dépit de certains problèmes de logistique, les organisateurs ont l’intention d’organiser ce tribunal dans les délais annoncés.

Une sélection de 50 jurés indépendants est activement en cours à cet effet.

Pour attirer l’attention du grand public et proclamer haut et fort ses griefs contre la politique de Kiev vis-à-vis de la population du sud-est ukrainien, Albert Gardin a entamé une grève de la faim. "Nous devons protester contre cette guerre voilée, ce massacre et ces destructions quotidiennes. Il faut mettre un terme à la supercherie fasciste de l’Union européenne. Protégeons la liberté des peuples à la souveraineté", peut-on lire sur la page de Gardin sur les réseaux sociaux.

Le Tribunal Russell, fondé en 1967 par le philosophe britannique Bertrand Russell avec l’écrivain Jean-Paul Sartre, qui examinait les crimes de guerre commis dans diverses régions du monde, n’a pas de force juridique directe. Néanmoins, depuis presqu’un demi-siècle, il s’est fait la réputation d’une institution internationale de premier plan dont les décisions ont un certain poids.

http://fr.ria.ru/presse_russe/20140806/202050098.html

08/08/2014 08:53 par gérard

Il est des textes que l’on a envie de conserver bien au chaud blotti dans sa mémoire, dont le seul commentaire qu’on pourrait se permettre de formuler sur la pointe des mots serait, que dire de plus ?
Il est des textes que l’on a envie illico de partager autour de soi, et qu’un avis négatif sur lui ferait immédiatement bondir ou mépriser, c’est selon l’humeur du moment.
Il est des textes aussi, qui ne s’emberlificotent pas d’himalayens concepts marxisto-sartriens intellos et obscurs, en oubliant que « si vous ne pouvez expliquer un concept à un enfant de six ans, c’est que vous ne le comprenez pas » pour s’avérer être tranchant, efficace et redoutable comme une lame de samouraï.
Ce texte en fait partie.
Merci

08/08/2014 17:39 par Lionel

Je rejoins le raisonnement de Foud’Ubu, je trouve incroyable que des analystes puissent encore présenter les politiques des Politiques comme des échecs potentiels.
Ne semble-t-il pas évident que les options idéologiques du néolibéralisme - et donc du productivisme - sont et ne sont que des choix de la part des "dirigeants" et par conséquent les résultats ne sont que ceux escomptés, qu’il s’agisse de n’importe quel domaine sociétal ?
Qui peut encore croire que ces gens sont incompétents ?
Ils ont été formés ( moulés, formatés, initiés... ) à mener une politique et pas une autre et je trouve insupportable que des gens sérieux puissent faire semblant de croire ( déni ! ) que des grandes Écoles il puisse nous sortir de quelconques intentions démocratiques !
Assez d’enfantillages et de fausse crédulité !

08/08/2014 19:29 par Lea

Sur la dissonance cognitive et ses dégâts chez les politiques français (et plus généralement US/européens), vous avez raison, mais à mon sens, il s’y ajoute un narcissisme pathologique avéré. Témoin, la "stupeur" de l’UE face aux contre-sanctions russes "impossibles à prévoir". De bonne foi, ils pensaient que suite aux sanctions des USA/UE, la Russie allait "revenir de ses erreurs" et s’aligner sur leurs positions. En d’autres termes, ils avaient oublié que la Russie a une autonomie, une existence indépendante et une opinion qui lui est propre. Pour eux, la Russie était une chose, un objet sans volonté personnelle, une simple extension de leur volonté de puissance. Cette façon de réifier l’autre, de le nier en tant qu’être indépendant/interlocuteur et de se croire omnipotent est un des symptomes majeurs de narcissisme pathologique.
D’un autre côté, de toute évidence, certains (beaucoup ?) des leaders politiques sont achetés. Or, avec de l’argent, des privilèges ou des hochets, on n’achète pas les meilleurs, mais seulement les plus faciles à corrompre et les moins psychologiquement stables... donc les moins aptes à gouverner de façon rationnelle. D’où la pénible impression d’amateurisme, d’arrivisme et de veulerie qui émane des instances dirigeantes de l’UE.

08/08/2014 22:52 par olivier

Merci pour ce texte.
Pour le coup j’aurais tendance à rejoinde Le fou d’ubu et Lionel sur ce sujet.
L’hypothèse que nos dirigeants sont d’inaptes ineptes est bien pratique pour décrédibiliser les sinistres personnages, cependant penser que la politique de nos gouvernants est une suite d’erreurs non assumées les unes derrière les autres me semble peu plausible (tous les dirigeants occidentaux de manière répétée ?) ou en tout cas moins plausible que l’hypothèse qui avancerait le fait qu’ils tentent d’appliquer une politique différente de celle qu’ils affirment publiquement appliquer.
La première hypothèse nous amènerait à penser que la politique de l’occident au moyen orient est un échèc cuisant. La deuxième nous amènerait à penser que les politiques mises en oeuvres ne correspondent pas avec les attentes affichées et que du coup (si les actions ne sont pas des échècs du point de vue de celui qui les met en oeuvre), les attentes affichées ne correpondent pas aux attentes réelles. Il s’agira ensuite de tenter de déterminer les attentes réelles qui ont conduit à ces politiques. (On pourra par exemple inférer que la politique des occidentaux concernant le moyen orient vise simplement à y instaurer un certain niveau de chaos et d’affrontement perpetuel afin d’éviter toute possibilité d’union du monde arabe... si l’on se réfère au rapport Campbell-Bannerman de 1907)
La deuxième perspective qui vise donc à attribuer des intentions non affichées à nos chers dirigeants se trouve souvent discréditée (conspirationnisme), mais depuis la scène des armes de destruction massive de Colin Powell à l’ONU et la funeste opération organisée en conséquence, est-il encore permis de croire qu’il y a adéquation entre les motivations affichées par nos politiques et leurs motivations réelles ? L’Irak, puis la Yougoslavie, puis l’Afghanistan, puis l’Irak à nouveau, puis la Lybie (et j’en oublie sans doute) ont-ils reçus la démocratie des bombes de nos soldats ?
La première hypothèse nous amène à pointer du doigt les personnages/caricatures politiques (interchangeables), la deuxième nous conduirait à remettre en question la structure politique (et avec elle, le modèle économique qui la sous-tend) qui permet aux élus d’appliquer inpunément des politiques en désaccord avec leurs attentes affichées, ce qui, il me semble, permettrait des retombées et des changements autrement plus significatifs.

08/08/2014 23:58 par Le fou d'ubu

@ Lionel

Merci. Je commençais à me sentir un peu ’alone’ ces derniers temps. Comment faire comprendre aux ’analystes’ que ’l’orchestre’ jouera encore les mêmes notes après la collision ici aussi ... Puisque le but EST la collision !!!!!! Malgré tous les indices. Que dis-je ! Les preuves accumulées depuis maintenant des lustres, le déni se renforce de manière inversement proportionnelle (c’est trop affreux pour y croire. On nous aurait menti jusque-la !!!) Même si ’ vox populi ’ commence à voir poindre une Lune trouble derrière un doigt clair, maintenant il ferme les yeux ... A mon avis ce n’est plus de la dissonance cognitive dont on parle ici. Plutôt d’un "syndrome de Virenque" aggravé ...
En parlant de ça ! Juste pour sourire un peu. Combien de spectateurs et téléspectateurs à perdu l’organisation du tour de France depuis l’affaire Festina et autres ( il y en a eu trop) ? ...
Alors cette foule sans synapses chimiques, je veux bien ... mais Alain Garrigou comme bien d’autres ... non. Je ne peux pas m’y résoudre.
Encore merci de votre élan de fraternité non dû à une quelconque générosité dont je ne doute pas mais dans le cas présent, dû à une certaine lucidité. Pour ne pas dire lucidité certaine ...
Ce n’est pas le cas encore de certains intellectuels que nous attendons pour remplir nos rangs. Dommage ... mais ça viendra pour eux aussi ... En attendant il est encore urgent d’attendre d’autres preuves. Après tout ! Tout cela n’est peut être qu’une blague de mauvais goût qui sait ; " tellement y sont pas bons nos représentants "...

09/08/2014 00:33 par Le fou d'ubu

@ Lionel

Après réflexion je pense avoir trouvé pourquoi certains intellectuels n’arrivent pas à comprendre ... Parce qu’après y avoir réfléchis quelques instants ... Y veulent plus sans doute ... ca fout trop les ’ chocottes ’ ...
Alors ils restent plantés sur la dissertation en fuyant du regard ... L’analyse et questionnement d’Olivier plus haut dans ces commentaires me semblent par exemple, bien meilleure que l’analyse de Chomsky sur le 11/9 ... Cela n’enlève pourtant rien aux autres analyses de cet éminent chercheur. Je dis simplement que dans le cas du 11/9 ce grand chercheur ( là ) n’a rien trouvé ( ici ). Bizarre bizzare ... Il n’est pas le seul. Bricmont aussi est dans le même cas mais ne boxe pas dans la même catégorie ...
Ché pas pourquoi ça me dérange autant ce genre d’intellectuels à géométrie variable ... On dirait qu’ils réfléchissent bien ... mais pas sur tout ...
Bon, comme l’a dit Bouffi " l’important n’est pas de convaincre mais de donner à réfléchir " ... Olivier le fait beaucoup mieux que moi. Profitez-en et Merci à lui aussi ...

09/08/2014 16:06 par Roger

Non, tu n’es pas "a pore lonesome" fou d’Ubu. Moi aussi je suis certain qu’il y a une "intelligentsia" plutôt brillante d’ailleurs, qui sait ce qu’elle fait, et qui conspire ( ça respire ensemble), avec évidemment l’obligation de dissimuler les vrais buts de ses actions pour que ça marche (et le moins qu’on puisse dire, c’est que ça va fort et de plus en plus).
Ceci dit, une action concertée et cohérence est nécessairement ancrée dans un "imaginaire" commun, et c’est sans doute là que joue la dissonance cognitive : construction d’une réalité faussaire pour que ça colle rationnellement avec l’imaginaire (ce qui est le propre de la "fausse conscience" idéologique).
C’est d’autant plus dangereux, que socialement sélectionnés comme des "élites" , leur ego se renforce au fur et à mesure de la réussite de carrières qui sont "leur seule vraie vie". Toute remise en cause personnelle peut amorcer un effondrement...Et ici la dissonance cognitive se ramène à un mécanisme de "survie"...

09/08/2014 22:47 par Feufollet

Cette démonstration par la dissonance cognitive est très intéressante
Surtout après la lecture de "l’ultime retour des barbares" de Féthi Gharbi
Lui parle, "d’installation du chaos", "d’expérimentation du chaos", du "chaos constructeur"
Comme moyens de déstabilisation, puis d’instauration du pouvoir de l’empire
Si la théorie de la dissonance cognitive n’est pas appropriée à nos grands dirigeants
Qui sont plutôt frappés par la tare du mensonge systématique et de la manipulation
Elle me semble parfaitement exacte pour les acteurs de l’échelon inférieur
Voir aussi pour la plupart du commun des mortels
Hélas, comme il a déjà été relevé par divers commentateurs
C’est beaucoup plus grave concernant nos dirigeants conspirateurs de l’empire

10/08/2014 00:45 par Le fou d'ubu

@ Roger
Effectivement je commence à me sentir moins seul. Et je suis bien d’accord sur le ’modèle’ de renouvellement de nos élites avec la pathologie narcissique et dissonante qu’ils trainent. Elle est tellement évidente avec leurs affiches de campagnes style "ma tronche partout". Dire que ces gens-là ont fait la leçon au régime de Saddam pour son culte de la personnalité ! Mais comme le souligne fort justement Olivier dans son com, ils sont interchangeables ...Sauf que leur politique NON. Elle est linéaire, prévisible et maintenant parfaitement lisible. Il suffit seulement de remonter jusqu’au traité de Rome et dérouler l’histoire récente pour s’en convaincre. Pour s’apercevoir que les résultats de leur politique de "rapprochement des peuples" est l’exact contraire des objectifs annoncés depuis déjà longtemps. Il en est ainsi dans pratiquement tous les pays. Cuba et le Vénézuela font figurent d’exception, on en connait les raisons. Tous les Etats ont derrière eux un Etat ’profond’ qui coordonne l’ensemble des actions et maitrise l’ensemble de la communication. Vulgairement appelé médias mainstream, ce terme cache de fait la concentration en quelques mains fraternelles de toute la pensée organisée. Le fameux NON au traité de Lisbonne a montré que plusieurs millions de Français ne souffrent d’aucune dissonance. Référendum qui au passage a sonné le glas de ce qui restait de démocratique dans ce pays, dans un silence et un flegme médiatique non pas assourdissant mais tout à fait complice. Car le vrai problème est là. Le quatrième pouvoir. L’outil de propagande ... Aujourd’hui entièrement et planétairement entre les mains d’un seul pouvoir, d’une seule pensée et de quelques hommes et femmes qui eux ne pratiquent pas le culte de la personnalité. Sans le petit écran tout leur système en entier ne tiens plus ... (et pourtant ça tiens encore).
Ce qui est pénible et le plus difficile à combattre dans ce système sont les sbires mis en place à chaque étage . Ceux que je nomme les "bétonneurs du statu quo". De leur statu quo bien entendu. Ils sont nombreux, déterminés et depuis peu décomplexé (merci sarko) Avant lui ils se savaient "dissonants" ... Commencez par éteindre sa télé et se retrouver sur des forums qui prêtent à réfléchir est le premier pas nécessaire à toute résistance future ...Car n’oublions pas que là où Alain Garrigou à tout à fait raison c’est que nos dirigeants sont dangereux. Mais trop peu encore se doutent à quel point. Alors comme ils sont interchangeables, dans un autre monde il faudra apprendre à s’en passer où tout du moins changer sérieusement les critères de sélection et de réfutation ... Bien sûr, à condition que nos dangereux psychopathes nous en laisse le loisir ... Ce n’est pas gagné Roger. Pour le moment nous sommes quatre sur ce forum à partager une même conclusion ...Et si ce n’était qu’un début dont il faut continuer le combat ? ... Après tout, faudrait commencer à se décomplexer nous aussi ... Merde on mérite ...

10/08/2014 11:25 par GBDC

Je n’interviens jamais sur ce forum, mais j’acquiesce largement à tout ce qui est évoqué ici. Nous sommes donc déjà cinq (voire plus) ! C’est un bon début, continuons...!!!

10/08/2014 12:19 par gérard

@ Le fou d’ubu
Je ne comprends pas où tu te« sentirais seul »...
Je vais essayer de mettre tout le monde d’accord (mais il me semble qu’il n’y a pas de différents notoires) en disant que les deux existent et qu’ils se complètent, mais aussi qu’il est bien plus difficile d’admettre l’incompétence (dissonance cognitive) des dirigeants, que leurs orientations politiques de pouvoir, de corruption etc qui seraient de leur propre volonté...
Ceux qui détiennent effectivement le Pouvoir avec des objectifs clairs nets et précis de leurs politiques, se tiennent en général loin des projecteurs et à mon avis ils sont peu nombreux. Il leur suffit de manipuler ceux qui sont en "dissonance cognitive" pour arriver à leurs fins. C’est juste une question d’impulsion, le reste doit suivre sans problème, tant ils sont nombreux et que le zèle dans l’incompétence est quelque chose de redoutable...
Dans nos systèmes dits démocratiques, admettre l’incompétence des dirigeants c’est faire insulte à soi-même, c’est se déjuger, puisqu’on les a élus. Et se déjuger c’est la chose la plus difficile à faire, c’est admettre, il n’y a pas d’autre mot, la connerie de sa propre incompétence...
Que quelqu’un que l’on a élu se révèle être ensuite corrompu ou tout autre joyeuseté du même style, son action restera très souvent en dehors de soi, car on trouvera toujours une quelconque échappatoire pour justifier son choix, par exemple celle du style : « peut-être qu’il s’est enrichi dans son mandat, mais sur tel ou tel point il a été un bon gestionnaire ». Quitte à inventer ou à maquiller la vérité...simplement pour ne pas passer pour un con en se déjugeant. Et on revotera pour lui toujours pour la même raison !
L’incompétent (en dissonance cognitive) se reproduit fort bien et beaucoup mieux que les autres, voir l’exemple "bateau" d’un Chef de Service dans une Entreprise, qui fera tout ce qui est en son pouvoir pour que ne soit pas nommé en dessous de lui quelqu’un de trop compétant, aux idées trop différentes des siennes, sous le prétexte, dissimulé, qu’il risquerait de lui piquer sa place...
Tout cela participe grandement à faire grossir le "fleuve" des incompétents.
On retrouve donc les " incompétent (en dissonance cognitive) à TOUS les niveaux du Pouvoir, dans toutes les sphères de la Société, dans tous les partis politiques, y compris à Gauche...hélas !
On en arrive à cette notion que j’ose qualifier de dramatique, celle du plus petit dénominateur commun, du nivellement par le bas..., c’est la pire !
Mais tu le dis pertinemment bien d’une autre manière :
Ce qui est pénible et le plus difficile à combattre dans ce système sont les sbires mis en place à chaque étage . Ceux que je nomme les "bétonneurs du statu quo".
On est d’accord....

10/08/2014 18:27 par Le fou d'ubu

@ Gérard

Ne vous inquiétez pas ce n’était pas du pathos ... Simplement à deux on est plus fort que un pour trouver des solutions intelligentes à nos problèmes. A trois plus fort que deux et ainsi de suite ... Pourquoi essayer de répondre individuellement à un problème collectif ... Vous en êtes ? ...

11/08/2014 01:44 par Lionel

@ Fou d’Ubu, je crois que ce sont les initiatives de petite échelle, petits groupes ou personnes, qui vont avoir un effet sur le collectif !
J’avoue que je ne crois d’ailleurs qu’à ça...
Comment faire germer de la pensée critique à des foules qui sont justement assujetties par le collectif ( opinion générale, médias... ) sinon en leur montrant les autres possibles en les prenant par la main et pour ça il faut avoir des relations proches et avoir instauré un climat de confiance dans des relations de respect de l’autre ?
C’est pas gagné mais à mes yeux c’est la seule méthode qui porte des fruits !

12/08/2014 01:51 par Le fou d'ubu

@ Lionel

Tout à fait d’accord avec vous pourtant ... Depuis douze ans que j’exerce un "prosélytisme informationnel différent" tout autour de moi, j’avoue ne pas avoir ratissé bien large. Pas un de mes amis d’enfance n’a osé poser les yeux sur ce forum. Quand au soutien à la Palestine pour une manif ou autre, leur seule réponse a été "Vas y toi" ... Un multivers nous sépare désormais ... Mais l’espoir renait avec certains évènements ...L’entêtement féroce, barbare et crétin d’Israël au nettoyage ethnique commence à gonfler beaucoup de monde. Pas qu’il soient encore pro-hamas, mais anti-israélien oui.. Et pas que les populations. De grandes voix également. La dynamique est lancée. L’enjeu est de taille pour les palestiniens qui perdent des vies tous les jours en attendant qu’un mouvement mondial conséquent émerge. Mais il est désormais inéluctable, la parole est libérée .... Il y a douze ans à la suite des attentats de New-York, un mauvais journaliste écrivait à sa Une " Aujourd’hui. Nous sommes tous américains". ... Avec les plumes raffinées que connait LGS, j’attends avec impatience celui qui attestera que désormais "Nous sommes tous Palestiniens" ... Je signe ...
Au fait Lionel. Comment fait-on pour demander la nationalité Palestinienne. Le savez-vous ? Je la désire ...

Fraternellement

14/08/2014 02:18 par Lionel

Là où je vis, une colonie Française qu’ils s’entêtent à nommer département, un mouvement indépendantiste propose une carte d’identité spécifique, peut-être que ça se fait pour Gaza ???
Je trouve l’idée excellente !

(Commentaires désactivés)
 Twitter        
 Contact |   Faire un don
logo
« Informer n'est pas une liberté pour la presse mais un devoir »
© CopyLeft :
Diffusion du contenu autorisée et même encouragée.
Merci de mentionner les sources.