De Gaulle, Pompidou, Giscard... Oui, déjà le grand patronat et la grande bourgeoisie se battaient contre la sécu, les retraites, les acquis sociaux issues du CNR. Il faut reconnaitre que ces gens là n’ont jamais baissé les bras et ont continuellement œuvré pour détruire toute avancée sociale afin de pouvoir faire fructifier leur capital sans entrave. L’illusion Mitterrand a duré presque18 mois, avant qu’il ne montre son vrai visage, puis vient Chirac et ensuite tout s’accélère avec Sarkozy, Hollande... Macron. A la veille de la Seconde Guerre mondiale ce sont leurs semblables qui proclamaient « Plutôt Hitler que le Front Populaire ». Ils n’ont pas changé, ce sont les mêmes. C’est nous qui avons changé, eux comprennent parfaitement ce qu’est la solidarité de classe, ils savent à quelle classe ils appartiennent, quels intérêts ils doivent défendre. Nous, nous n’avons pas réellement conscience à quelle classe nous appartenons, nous sommes divisés, toujours à chercher des boucs émissaires : immigrés, chômeurs, fonctionnaires... sans jamais vouloir regarder la réalité en face, sans vouloir affronter nos véritables adversaires. Chacun croit être meilleur que son voisin et espère pouvoir s’en sortir sans combattre... tout en profitant des luttes que d’autres ont le courage de mener.
Aujourd’hui les différents partis qui se disputent le pouvoir sont de plus en plus semblables : pro-UE, pro-Otan, pro-capitaliste, le récent rapport Draghi (1) pour la Commission européenne est sans équivoque : Les gouvernements doivent mettre en place des incitations monétaires et fiscales pour « encourager » les capitalistes à investir. C’est la solution du capitalisme de copains, de coquins et des banques centrales réunis, « pour générer des investissements privés il faudrait réduire le coût du capital privé par des incitations fiscales pour débloquer l’investissement privé nécessaire afin de financer un plan d’investissement cohérent aux cotés de l’investissement public direct ». Les gouvernements de l’UE doivent donc fournir davantage de fonds publics. Il faut donc encore recourir aux fameuses béquilles du capital c’est à dire aux incitations fiscales, aux subventions directes et indirectes pour faire ruisseler la monnaie dans les poches des actionnaires et des paradis fiscaux !
Nous savons tous que les élections sont jouées d’avance et ne changeront pas grand-chose à notre quotidien. LFI, que les médias taxent d’extrême gauche, est simplement un parti réformiste, pro-UE, pro-Otan ; quant au capitalisme, il souhaite seulement l’aménager, le rendre un peu plus humain mais sans toucher à ses fondements, sans faire de tord à la petite « clique » qui a entre ses mains tous les leviers économiques, financiers et médiatiques... Le changement de société n’est plus à l’ordre du jour ! Ce genre de réformisme ne peut adoucir le sort de la majorité, seulement à la condition que les « masses » soient fortement mobilisées, que les syndicats soient extrêmement forts et qu’il existe dans le paysage politique un parti comme le PCF d’antan, capable de faire un score à deux chiffres et de pointer un horizon rempli de justice et d’espoir pour le plus grand nombre... Cette boussole n’existe plus.
L’évolution naturelle du capitalisme arrive fatalement à sa forme la plus achevée, le fascisme. Les symptômes les plus manifestes sont la répression des travailleurs, la destruction des organisations ouvrières, la division des classes populaires des villes et des campagnes et de la petite bourgeoisie en « clans » que l’on s’évertue à rendre irréconciliables. Pour cela il faut brandir les spectres du racisme, de l’antisémitisme, de l’immigration, des chômeurs-profiteurs et des Rmistes-fainéants. Il est également avantageux de monter en épingle n’importe quel problème sociétal sous le prétexte de l’insécurité, du retour aux valeurs et aux traditions ancestrales. Bien sûr, si cela est nécessaire il ne faudra pas hésiter à manipuler l’histoire et la culture sans oublier de ressusciter les haines chauvines. Diviser la société en classes, en races ou en genre pour permettre une meilleure exploitation des individus par une élite auto-proclamée. Évidement il faut enrôler une partie de cette classe populaire dans des bataillons de miliciens officiels ou officieux et les persuader qu’ils sont l’avant-garde des défenseurs des intérêts de la nation... en réalité ils ne défendent que les intérêts de la Grande Bourgeoisie et de quelques oligarques ! Ces symptômes ne datent pas de ce matin, ils se sont implantés dans la société il y a plusieurs décennies, doucement au début, puis grâce à une propagande bien huilée le phénomène s’est emballé ces dernières années pour en arriver là où nous en sommes.
Lorsque l’extrême droite arrivera au pouvoir, la société sera encore plus violente, les derniers gouvernements lui ont tracé une voix royale. Une partie de la police se sentira « tout permis », les manifestations seront réprimées plus violemment, des organisations radicales extrémistes organiseront des bastonnades contre les étrangers, les communistes, les syndicalistes... ou par des appels au meurtre (2). Mais au niveau économique se sera la continuité de ce que nous connaissons. Le samedi 7 septembre 2024, sur France Inter, à 8 h 20, j’ai écouté l’interview de Thomas Ménagé (3), député R.N. du Loiret. De sa prestation, je n’ai retenu qu’un passage, à première vue anodin, mais qui est révélateur. Dans son interview, Ménagé a cité l’i-FRAP. Vous connaissez ? L’i-FRAP signifie « Fondation pour la Recherche sur les Administrations et les Politiques publiques ». Présenté ainsi, cela n’a l’air de rien mais il s’agit en réalité d’un think tank lobbyiste en faveur d’intérêts privés, proche de la droite libérale, voire ultralibérale et du MEDEF, créé en 1985 par le milliardaire Bernard Zimmern, un des chiens de garde du grand patronat (4). Cerise sur le gâteau, les dons de financement privés de cette fondation sont déductibles des impôts. Cet institut milite pour la privatisation la plus large possible de toutes les activités publiques, pour la dérèglementation, pour la concurrence à outrance. Cette officine estime que les riches ne sont jamais assez riches et que l’existence du SMIC et du RSA est un scandale. Cette officine est présidée et représentée par Agnès Verdier-Molinié. Cette femme, avec pour bagage un master d’histoire, invitée par tous les médias, est écoutée comme un oracle par des journalistes, qui sur un ton déférent et révérencieux, ne lui posent jamais de questions gênantes. Normal, tous ces journalistes sont les salariés de ces riches qui ne sont jamais assez riches et qui possèdent la totalité des médias.
En quoi cette référence à L’i-FRAP est-elle révélatrice ? Elle l’est en ce que le R.N. dévoile ainsi ce qui est sa véritable référence en matière économique et sociale : à savoir l’ultralibéralisme des débuts du F.N., porté par Jean-Marie Le Pen, et mis sous le boisseau pour raisons bassement électoralistes. On le voit bien lors des votes au Parlement européen ou au Parlement français, lorsque le R.N. vote systématiquement contre toutes les mesures sociales, et tout aussi systématiquement pour les mesures patronales. Les ouvriers, petits employés, commerçants, artisans, chômeurs, smicards, retraités à petites pensions, qui forment les gros bataillons du R.N., seraient sans doute surpris s’ils se penchaient de plus près sur les références (et les préférences) de leur parti favori. En Italie, Mélonie nostalgique de Mussolini et de ses brigades fascistes, parle de relever l’âge de la retraite à 70 ans !
Ref :
(1) Bruno Bertez, le 10/09/2024 : « Quand Draghi tricheur, fraudeur, imposteur, fausse valeur nous donne des conseils ! ». (2) Disclose.ngo, le 18/07/2024 : « « Une balle dans la nuque » : Disclose s’associe au dépôt de deux plaintes pour menaces de mort ». (3) D’après la lettre de Phillipe Arnaud, amis du Monde Diplomatique sur le Blog d’El Diablo. (4) L’Humanité, le 10/11/2014 : « Le quinté de tête des chiens de garde du patronat ».