Cris d’Égypte
07/02/2011
Le 7 février, 2011. Il est 17h00. L’information vient d’être annoncée publiquement par un groupement d’avocats. Ceux-ci demandent une mise en examen du ministre de l’intérieur sortant, Habib el Adly, pour son implication dans l’explosion de l’Eglise d’Alexandrie, le 1er janvier 2011.
Le 5 février nous avons publié l’article reproduit ci-dessous.
Le Caire, 5 février 2011. Nous avons reçu ce matin par e-mail un lien vers un article en arabe, publié sur le site libanais tayyar.org. L’article indique que, selon une source diplomatique britannique, le Ministère de l’Intérieur Egyptien serait impliqué dans l’explosion de l’Eglise d’Alexandrie "Al Qiddissin" (1er janvier 2011).
Info, intox ou théorie du complot, nous invitons des journalistes professionnels à mener l’enquête et à nous faire part de leurs résultats sous forme d’articles ou de commentaires. L’article désigne deux instances auprès desquelles l’enquête pourrait commencer : l’Elysée, et les services secrets britanniques.
Ci-dessous la traduction française de l’article publié sur le site www.tayyar.org
Preuves
Services secrets britanniques : Le ministère de l’intérieur Egyptien fait exploser l’église
Détails complets : Un diplomate britannique a dévoilé aux autorités compétentes de l’Elysée les raisons suscitant l’insistance de la Grande Bretagne pour un départ du président Moubarak et de son équipe, en particulier l’appareil du Ministère de l’Intérieur de Habib el Adly. La raison est que les services secrets britanniques détiennent de preuves composées de documents écrits et d’enregistrements audio prouvant que " depuis six ans " le ministre aujourd’hui démis de ses fonctions a créé un corps spécial qu’il dirige personnellement, composé de 22 officiers. Ce corps est composé de membres des "Gammaat Islameyya" (groupes islamiques) longtemps emprisonnés dans les geôles égyptiennes, de trafiquants de drogues et de criminels dangereux connus des services de police. Ce corps est constitué de petits groupes et réparti par zone géographique et par affiliation politique. Ce corps est programmé pour consistuer une force capable de mener des campagnes de destruction totale au cas où le régime se trouverait menacé. Les services secrets britanniques ont également découvert que le lieutenant Fathi Abdel Wahid, un proche du ministre de l’intérieur, prépare à l’action, depuis le 11 décembre 2010, un certain Ahmed Mohamed Khaled. Ce dernier, qui a passé 11 ans dans les geôles de l’Etat, a pour mission de contacter les groupes extremistes pour les inciter à attaquer l’église d’Alexandrie. Il contacte alors le groupe extremiste, Guond Allah (Soldats de Dieu), et leur indique qu’il dispose d’explosifs et d’équipements obtenus à Gaza, suffisants pour faire exploser l’église afin de "punir les coptes". Le leader des Guond Allah, Mohamed Abdel Hadi, est séduit par l’idée et confie la mission à Abdel Rahman Ahmed Ali à qui l’on indique qu’il suffira de garer la voiture et qu’elle explosera d’elle-même. Cependant, c’est le lieutenant Fathi Abdel Wahid qui fera exploser la voiture grâce à l’utilisation d’une télécommande. Il fait exploser la voiture tandis que le conducteur Abdel Rahman Ahmed se trouve encore à son bord. Ceci fut le crime terrifiant qui secoua l’Egypte et le monde dans la nuit du nouvel an 2011. Le lieutenant se rendit alors chez Ahmed Khaled et lui demande d’appeler le leader des Guond Allah, Mohamed Abdel Hadi, pour qu’il se rende dans un appartement à Alexandrie pour discuter de la suite des événements. Dès qu’ils pénètrent tous deux dans un appartement de la rue Abdel Moneim Riad, le lieutenant Fathi les arrête et les conduit au Caire à bord d’une ambulance très moderne. Ils arrivent dans un immeuble du ministère de l’intérieur dans le gouvernorat de Guizeh où ils sont détenus jusqu’au soulèvement populaire de vendredi. Ils réussissent à prendre la fuite et tente de trouver refuge à l’Ambassade de Grande Bretagne. Le diplomate britannique explique que la décision d’exploser l’église émane, pour les raisons suivantes, du ministère de l’intérieur :
– A l’intérieur du pays et dans les pays musulmans, la pression exercée sur le régime égyptien au sujet du siège de Gaza est forte " ainsi, désigner l’Armée de l’Islam de Gaza ("Gueish el Islam el Ghazzawy") comme l’auteur de l’explosion est, d’une certaine manière, une invitation pour que les égyptiens accusent des factions armées de Gaza de comploter, de saboter, détruire l’Egypte. Ce faisant, le ministère de l’intérieur souhaite renforcer le sentiment d’unité nationale et de sympathie avec le régime. A l’extérieur, il souhaite donner l’impression que le régime protège les chrétiens.
– Faire à l’administration israélienne un "cadeau" en leur donnant l’opportunité de justifier et de maintenir le siège de Gaza et d’y préparer une grande opération. Ces cadeaux égyptiens sont offerts en contre-partie du soutien apportée par l’administration israelienne à la candidature de Gamal Moubarak, à la présidence de l’Egypte.
– Créer une diversion pour faire oublier les éléctions législatives dont les résultats ont été falsifiés, et concentrer l’opinion sur les islamistes, l’extremisme et l’agression des chrétiens afin que le régime puisse jouir d’une légitimité internationale, prouver qu’il a bien fait de falsifier les résultats des élections, prouver qu’il fait bien d’arrêter tous ses opposants.
Voilà ce qui s’est passé après l’explosion quand le nombre des islamistes arrêtés à dépassé le nombre de 1000 personnes. Le diplomate britannique conclut enfin que le régime de Moubarak a perdu toute légitimité et que "l’opération église" pourrait conduire plusieurs états et organisations civiles à demander le jugement du régime. Cela, s’ajoute à ce que ce régime a fait aux égyptiens depuis 30 ans et à ce qu’il lui fait subir depuis une semaine.
Lire aussi l’article d’Alain Gresh En Egypte, rien n’est joué