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Eric Hazan. Changement de propriétaire. La guerre civile continue. Le Seuil, 2007

Très incisif et très complet livre du directeur des éditions La Fabrique (qui publie Rancière, Depardon, Benjamin etc.), ce texte n’est pas près de perdre de son actualité. Tout y est sur les conséquences extrêmement néfastes de l’élection de Sarkozy.

Je me contenterai d’en citer le sombrement lucide incipit, et l’excipit qui force l’espoir.

« Dimanche 6 mai 2007. Au bureau de vote, la cabine dont on tire les rideaux derrière soi pour mettre son bulletin dans l’enveloppe s’appelle un isoloir. On voit bien les raisons historiques qui font s’isoler pour " accomplir son devoir de citoyen " : c’est se mettre à l’abri des pointages policiers et des curiosités malveillantes. Il y a pourtant là comme un paradoxe. Pour se fondre dans ce moi commun dont parle Rousseau, pour décider en tant que membre du corps social ce que sera son avenir, il faut s’en séparer à l’instant décisif. Celui ou celle qui va gagner ce soir aura été choisi(e) par des millions d’isolés. »

En épilogue à son ouvrage, Hazan dialogue (fictivement) avec Jonathan Litvak, professeur d’histoire française aux États-Unis. Ils se projettent en 2017.

« Pour rétablir la situation [le pays en proie à des grèves insurrectionnelles], il aurait fallu un geste spectaculaire, peut-être la démission du gouvernement et l’annonce d’élections anticipées. Au lieu de cela, il y a eu le discours télévisé menaçant de Sarkozy (" J’ai donné l’ordre aux préfets et aux autorités militaires de rétablir l’ordre républicain… " ), l’instauration de l’état d’urgence, la nomination de Brice Hortefeux à l’Intérieur en remplacement de Martin Hirsch, toutes mesures qui n’ont fait qu’attiser la révolte.

Si Sarkozy a été à ce point maladroit, c’est qu’il n’avait jamais eu à faire à une situation grave. Des gens comme De Gaulle et même comme Mitterrand avaient dans leur entourage de vieux combattants qui connaissaient la musique. Sarkozy et les siens n’avaient connu jusque-là que le confort des banlieues résidentielles de l’Ouest parisien. Devant la dissémination de la révolte, ils ont pris peur, ce qui conduit à se montrer tantôt brutal, tantôt hésitant. Le président, qui régentait tout quand tout allait bien, était, d’après les témoins, comme absent. Même si ce n’est pas lui qui a donné l’ordre de tirer sur la foule qui s’apprêtait à donner l’assaut à la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine, il a été tenu pour responsable du massacre. A partir de là , il ne pouvait plus tenir. Son départ précipité a signé la fin de la Ve République, en attendant l’écroulement du système capitaliste en France. »

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