RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
Retour sur une homosexualité désavouée

Et le désir s’accroît lorsque l’effet se recule

Tel Quel, Par Karim Boukhari

L’affaire de la "prétendue" homosexualité du ministre marocain continue de faire des vagues au Maroc. Le directeur du journal qui avait publié l’article incriminé a été condamné à 10 mois de prison ferme et 300 000 euros d’amende pour "pour indélicatesse vis-à -vis des services de l’Office des changes" : Suite à des poursuites lancées contre lui en 1994 et en application d’un jugement prononcé en 2001. l’article qui suit a été publié dans le magazine marocain Tel Quel

Comment un article de presse ne répondant à aucun critère déontologique a pu faire de Oualalou, en quelques jours, le premier sujet de conversation de tous les Marocains, des officiels jusqu’aux plus anonymes.

Le 9 avril, l’hebdomadaire Akhbar Al-Ousbouaâ a publié, dans ses pages intérieures, un article non signé sur "l’homosexualité et la classe politique au Maroc". Le texte, ignominieux et déontologiquement inacceptable, n’est pourtant pas le premier du genre. Ceux qui suivent régulièrement la feuille d’Anas Tadili savent que celle-ci avait déjà publié, quelques semaines auparavant, une information similaire. L’allusion au ministre des Finances était à peine plus voilée et le contenu de l’information se perdait dans les généralités moralisatrices. Le 9 avril, l’hebdomadaire revient à la charge pour aller, cette fois-ci, beaucoup plus loin dans le glauque : l’allusion à Oualalou est claire et le contenu gravement offensant.

Dans les 24 heures qui ont suivi, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Le tirage de l’édition s’est rapidement épuisé et le téléphone arabe a fonctionné à une vitesse vertigineuse. Tout l’axe Casablanca-Rabat, et bientôt tout le Maroc, ne parlent que de "ça". Oualalou et sa petite famille sont partagés entre la colère et le deuil. La première réaction vient du bureau de l’USFP, le parti du ministre des Finances. Réunis en urgence, les ittihadis saisissent le Premier ministre Driss Jettou dans les coulisses et lui font part de la gravité de la situation. Ils exigent réparation dans l’immédiat et vont, d’après une source du parti, "jusqu’à menacer de se retirer en bloc du gouvernement Jettou (ndlr : huit ministres USFP y siègent), si celui-ci ne fait rien pour mettre fin à la perfidie". Une démarche individuelle est entreprise par Oualalou en direction de Jettou, lequel convoque son ministre de la Justice Mohamed Bouzoubaâ, ittihadi lui aussi, et le charge de réfléchir à la question.

La cellule de crise mise en place étudie l’affaire et rend rapidement sa copie. La première décision prise est d’arrêter Anas Tadili et sa publication, dans le but de stopper l’hémorragie tout en enquêtant sur les dessous de l’affaire. Reste à déterminer le motif de l’arrestation. C’est là que les conseillers juridiques de la Primature entrent dans la danse : Oualalou est visé par l’article, sans que son nom ne soit cité. Conclusion : ce n’est pas à lui de porter plainte.

En fouinant dans le casier judiciaire (bien rempli) de Tadili, ancien fonctionnaire de l’administration pénitentiaire reconverti en journaliste de caniveau, l’équipe du ministre de la Justice trouve la parade. Le directeur de la publication fait l’objet d’une poursuite pénale, depuis 1994, pour indélicatesse vis-à -vis des services de l’Office des changes. Une affaire pour laquelle il a été condamné à verser une amende de 3 millions de dirhams. C’était en 2001 et la sentence n’a jamais été exécutée ! En plus, l’administration des douanes le poursuit depuis pour l’obliger à payer, sous peine d’écoper d’une peine de prison. Et le tribunal examinera de nouveau cette affaire le 22 avril.

Le 15 avril, la police débarque, de nuit, chez Tadili dont l’hebdomadaire a été saisi quelques jours auparavant. Il commence, lors des interrogatoires, par rejeter la responsabilité de l’article incriminé sur son correspondant régional du Nord. Lequel est arrêté le lendemain à Tétouan, avant d’être relâché. Le même jour, on décide à Rabat de faire avancer d’une semaine la date du procès opposant Tadili à l’administration des douanes ! En quelques heures à peine, Tadili est condamné à 10 mois de prison ferme pour le non-paiement des 3 millions de dirhams. Tout s’est passé très vite et l’accusé a plongé, depuis, dans les bras de Zaki, la prison de Salé. Le 19 avril, Jettou ordonne enfin, en sa qualité de Premier ministre, l’ouverture d ?une enquête sur Tadili.

Entre-temps, l’affaire a pris sur le terrain des dimensions franchement hallucinantes. Bien que le numéro en question ait été rapidement saisi, l’article a été photocopié en plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires. Des badauds l’ont proposé, parfois gratuitement, dans les cafés, les écoles, les usines, et jusqu’au réseau Internet. Du jamais vu. Et ce n’est sans doute pas fini puisque l’enquête sur Tadili et sur l’incroyable réseau de diffusion qui s’est mis en place ne fait que commencer.

Voir l’article original sur Tel Quel : Presse à scandale : Oualalougate


URL de cet article 1530
  

L’Âge du capitalisme de surveillance
Shoshana Zuboff
« Révolutionnaire, magistral, alarmant, alarmiste, déraisonnable... Inratable. » The Financial Times Tous tracés, et alors ? Bienvenue dans le capitalisme de surveillance ! Les géants du web, Google, Facebook, Microsoft et consorts, ne cherchent plus seulement à capter toutes nos données, mais à orienter, modifier et conditionner tous nos comportements : notre vie sociale, nos émotions, nos pensées les plus intimes… jusqu’à notre bulletin de vote. En un mot, décider à notre place – à des fins (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

Le comportement borné des hommes en face de la nature conditionne leur comportement borné entre eux.

Karl Marx

Ces villes gérées par l’extrême-droite.
(L’article est suivi d’un « Complément » : « Le FN et les droits des travailleurs » avec une belle photo du beau château des Le Pen). LGS Des électeurs : « On va voter Front National. Ce sont les seuls qu’on n’a jamais essayés ». Faux ! Sans aller chercher dans un passé lointain, voyons comment le FN a géré les villes que les électeurs français lui ont confiées ces dernières années pour en faire ce qu’il appelait fièrement « des laboratoires du FN ». Arrêtons-nous à ce qu’il advint à Vitrolles, (...)
40 
Le fascisme reviendra sous couvert d’antifascisme - ou de Charlie Hebdo, ça dépend.
Le 8 août 2012, nous avons eu la surprise de découvrir dans Charlie Hebdo, sous la signature d’un de ses journalistes réguliers traitant de l’international, un article signalé en « une » sous le titre « Cette extrême droite qui soutient Damas », dans lequel (page 11) Le Grand Soir et deux de ses administrateurs sont qualifiés de « bruns » et « rouges bruns ». Pour qui connaît l’histoire des sinistres SA hitlériennes (« les chemises brunes »), c’est une accusation de nazisme et d’antisémitisme qui est ainsi (...)
124 
Comment Cuba révèle toute la médiocrité de l’Occident
Il y a des sujets qui sont aux journalistes ce que les récifs sont aux marins : à éviter. Une fois repérés et cartographiés, les routes de l’information les contourneront systématiquement et sans se poser de questions. Et si d’aventure un voyageur imprudent se décidait à entrer dans une de ces zones en ignorant les panneaux avec des têtes de mort, et en revenait indemne, on dira qu’il a simplement eu de la chance ou qu’il est fou - ou les deux à la fois. Pour ce voyageur-là, il n’y aura pas de défilé (...)
43 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.